En France règne (si l'on fait abstraction des diplômes délivrées par les écoles internationales, notamment européennes et allemandes) le monopole de la collation des grades : le gouvernement délivre les diplômes du baccalauréat (D.E.C.) à ceux qui réussissent ses examens et donc qui se plient à son programme scolaire. Certains comme Guilhem Golfin, professeur de philosophie, s'en insurgent :
« Le débat public n’aborde que trop rarement la question cruciale des programmes scolaires. S’il le fait, c’est toujours de façon ponctuelle et sous le coup de l’émotion, à l’occasion d’une énième réforme malheureuse, comme récemment sur l’introduction de l’idéologie du gendre en SVT [sciences naturelles], l’expulsion de Louis XIV des programmes au profit du Monomotapa [royaume africain dont on ne sait que très peu !], ou la suppression de l’histoire-géographie en terminale S [deuxième année du cégep concentration scientifique].
Pourtant, il est urgent aujourd’hui de repenser les programmes, tant ils sont à la fois vides de l’essentiel et embarrassés d’exigences accessoires. Les écoles indépendantes ne peuvent se soustraire à cette responsabilité, puisque la loi les laisse libres de déterminer de manière autonome leurs programmes pour peu qu’elles respectent le « socle commun de connaissances ». À elles d’être à la hauteur de cette liberté !
La piètre qualité des programmes en vigueur est désormais largement reconnue. Le simple fait que l’État ait cru bon, en 2005, de fixer un socle commun de connaissances en sus de ces programmes en dit long. N’est-ce pas reconnaître leur caractère irréaliste ? Leurs fréquents remaniements pour faire droit aux revendications de groupes communautaristes ou pour intégrer les thématiques au goût du jour ajoutent à la confusion, en nuisant à la logique des progressions et à leur cohérence interne.
Face à une vision traditionnellement organique et unitive de la connaissance, s’est affirmée une approche pointilliste déstructurée, donnant toujours le primat au thème sur la chronologie, et ne respectant pas les méthodes propres à chaque matière au nom de la pluridisciplinarité et de la pédagogie de projet.
La nature même des programmes est donc incompatible avec la structuration des esprits, dont la nécessité est pourtant unanimement soulignée. Sans conscience du déroulement historique des événements comme des idées ou des styles, l’élève ne peut se forger une représentation du monde autre qu’arbitraire et éclatée. Il sait des bribes sur le roman noir, il a traité le thème du rire, mais il est privé de l’intelligence du tout, de la vision architectonique de l’ensemble, qui est pourtant l’objectif de toute formation généraliste. Il est donc clair qu’il faudrait refonder les programmes.
Pour ce faire, il faudrait commencer par se débarrasser de l’idée même d’un programme unique imposé à tous par l’État, ce monopole sur les esprits étant proprement tyrannique, quand bien même on invoquerait l’impératif d’unité nationale pour défendre cette idée : l’État doit s’en tenir à un rôle de garant de l’accès de chacun à une éducation digne de ce nom, et de suppléant lorsque l’offre éducative est défaillante. Les critères de son contrôle doivent être définis par le législateur, démocratiquement et en toute transparence. Ce travail de libération ne sera assuré que lorsque l’État aura également renoncé au monopole de la collation des grades (monopole d’octroi des diplômes). Hélas, la passion exclusive des Français pour le baccalauréat, au mépris d’autres grades et certificats nationaux ou internationaux, aide peu l’État à renoncer à son privilège ! C’est bien dans l’indifférence générale que la préparation du baccalauréat continue de condamner chaque lycéen à un bachotage stérile qui vicie radicalement le rapport à la connaissance.
Les écoles indépendantes doivent faire un effort de libération mentale et mettre à profit leur liberté de programme pour définir et suivre humblement un ordre d’acquisition des connaissances. De manière responsable, c’est-à-dire philosophiquement fondée et « citoyenne », c’est-à-dire publiquement justifiée. Au risque sinon de tomber dans une autre forme de communautarisme et dans l’arbitraire. C’est en ayant une claire conscience du rôle de l’école, qui est de former le jugement à travers l’acquisition de connaissances certaines, que les écoles échapperont à tout communautarisme diviseur. La transmission de ces savoirs insérera nécessairement l’élève dans une tradition et dans l’universel, auquel tend de soi tout savoir. Au-delà des spécialisations selon les filières, il conviendra donc de ne pas perdre de vue que le but demeure toujours une formation d’ordre général, une « culture ». »
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« Le débat public n’aborde que trop rarement la question cruciale des programmes scolaires. S’il le fait, c’est toujours de façon ponctuelle et sous le coup de l’émotion, à l’occasion d’une énième réforme malheureuse, comme récemment sur l’introduction de l’idéologie du gendre en SVT [sciences naturelles], l’expulsion de Louis XIV des programmes au profit du Monomotapa [royaume africain dont on ne sait que très peu !], ou la suppression de l’histoire-géographie en terminale S [deuxième année du cégep concentration scientifique].
Pourtant, il est urgent aujourd’hui de repenser les programmes, tant ils sont à la fois vides de l’essentiel et embarrassés d’exigences accessoires. Les écoles indépendantes ne peuvent se soustraire à cette responsabilité, puisque la loi les laisse libres de déterminer de manière autonome leurs programmes pour peu qu’elles respectent le « socle commun de connaissances ». À elles d’être à la hauteur de cette liberté !
La piètre qualité des programmes en vigueur est désormais largement reconnue. Le simple fait que l’État ait cru bon, en 2005, de fixer un socle commun de connaissances en sus de ces programmes en dit long. N’est-ce pas reconnaître leur caractère irréaliste ? Leurs fréquents remaniements pour faire droit aux revendications de groupes communautaristes ou pour intégrer les thématiques au goût du jour ajoutent à la confusion, en nuisant à la logique des progressions et à leur cohérence interne.
Face à une vision traditionnellement organique et unitive de la connaissance, s’est affirmée une approche pointilliste déstructurée, donnant toujours le primat au thème sur la chronologie, et ne respectant pas les méthodes propres à chaque matière au nom de la pluridisciplinarité et de la pédagogie de projet.
La nature même des programmes est donc incompatible avec la structuration des esprits, dont la nécessité est pourtant unanimement soulignée. Sans conscience du déroulement historique des événements comme des idées ou des styles, l’élève ne peut se forger une représentation du monde autre qu’arbitraire et éclatée. Il sait des bribes sur le roman noir, il a traité le thème du rire, mais il est privé de l’intelligence du tout, de la vision architectonique de l’ensemble, qui est pourtant l’objectif de toute formation généraliste. Il est donc clair qu’il faudrait refonder les programmes.
Pour ce faire, il faudrait commencer par se débarrasser de l’idée même d’un programme unique imposé à tous par l’État, ce monopole sur les esprits étant proprement tyrannique, quand bien même on invoquerait l’impératif d’unité nationale pour défendre cette idée : l’État doit s’en tenir à un rôle de garant de l’accès de chacun à une éducation digne de ce nom, et de suppléant lorsque l’offre éducative est défaillante. Les critères de son contrôle doivent être définis par le législateur, démocratiquement et en toute transparence. Ce travail de libération ne sera assuré que lorsque l’État aura également renoncé au monopole de la collation des grades (monopole d’octroi des diplômes). Hélas, la passion exclusive des Français pour le baccalauréat, au mépris d’autres grades et certificats nationaux ou internationaux, aide peu l’État à renoncer à son privilège ! C’est bien dans l’indifférence générale que la préparation du baccalauréat continue de condamner chaque lycéen à un bachotage stérile qui vicie radicalement le rapport à la connaissance.
Les écoles indépendantes doivent faire un effort de libération mentale et mettre à profit leur liberté de programme pour définir et suivre humblement un ordre d’acquisition des connaissances. De manière responsable, c’est-à-dire philosophiquement fondée et « citoyenne », c’est-à-dire publiquement justifiée. Au risque sinon de tomber dans une autre forme de communautarisme et dans l’arbitraire. C’est en ayant une claire conscience du rôle de l’école, qui est de former le jugement à travers l’acquisition de connaissances certaines, que les écoles échapperont à tout communautarisme diviseur. La transmission de ces savoirs insérera nécessairement l’élève dans une tradition et dans l’universel, auquel tend de soi tout savoir. Au-delà des spécialisations selon les filières, il conviendra donc de ne pas perdre de vue que le but demeure toujours une formation d’ordre général, une « culture ». »
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