mardi 2 octobre 2012

Belgique — un décret de mixité sociale obligatoire soulève l'ire des parents et des enseignants

Parents francophones en Belgique qui s'opposent
 aux décrets idéologiques en éducation
En Belgique, un nouveau décret est paru, son objectif de mixité sociale prévoit que chaque école doive réserver 20 % de ses places à des élèves à indice socio-économique faible (ISEF).

C’est peu dire que les parents et les enseignants désapprouvent ce décret.

À la lumière des entretiens qu’ils ont menés, que pensent l'anthropologue Olivier Servais et son assistante Anne Baudaux du décret inscriptions ?

« Tous les acteurs, et particulièrement les parents, considèrent qu’une des valeurs centrales c’est l’interprétation qu’ils font de la liberté scolaire, affirme Olivier Servais. Pour eux, la liberté scolaire, c’est la liberté du choix d’établissement. Chaque enfant est différent. Donc, qui mieux qu’un parent, au départ en tout cas, connaît son enfant pour choisir une école ? »

Et Anne Baudaux d’enchérir : « D’ailleurs, les enseignants et directeurs n’approuvent absolument pas ce décret inscriptions. Souvent, la solidarité que peuvent ressentir les parents de la part des enseignants et surtout de la direction autour du décret est vécue très positivement. »

Pour Olivier Servais, « il y a vraiment un refus de l’égalitarisme : 'on va traiter tout le monde de la même manière.' Non, car tous les enfants sont différents. On le fait bien pour l’enseignement spécialisé, mais, en fait, on doit le faire pour tous. Il y a donc nécessité de la diversité scolaire et de l’autonomie pédagogique (par rapport au monde politique). »

Quid de l’objectif de mixité sociale du décret qui prévoit que chaque école doive réserver 20,4 % des places aux élèves Isef (Indice socio-économique faible) ?

« La plupart des parents sont favorables à une diversité scolaire tant qu’elle n’est pas un frein pour leur enfant, rapporte M. Servais. Il faut donc une vraie diversité et pas une fausse diversité où on va avoir ces petits quotas de ‘minoritaires’. Et cela, on ne peut pas l’imposer; cela doit être mis en œuvre dans les projets d’école. Dans l’imaginaire des parents, le directeur apparaît comme une figure symbolique, celle qui insuffle à l’école son esprit. Pour pouvoir construire et maintenir vivace un véritable projet d’établissement, les directeurs ont besoin d’autonomie, notamment pour recruter leur équipe. »

Pour mener à bien cette recherche qualitative, Olivier Servais et Anne Baudaux, assistante de recherche à l’UCL et anthropologue de formation, ont réalisé 12 entretiens préliminaires avec les directeurs de 12 établissements (8 wallons et 4 bruxellois/6 du fondamental et 6 du secondaire). Dans un second temps, ils ont effectué 70 entretiens qualitatifs (parents, PO, enseignants, ) ainsi que des visites sur les sites des écoles.

Déjouer le décret

Des parents tentent d'obtenir l'école de leur choix par des stratégies, parfois coûteuses, voire des tricheries. Les parents ont reçu le formulaire fatidique : ils doivent y inscrire leurs vœux pour l'entrée en 1re secondaire de leurs enfants. Ils peuvent formuler jusqu'à 10 choix, par ordre de préférence, et devront attendre le 23 mars au plus tôt pour savoir où leur progéniture a été acceptée. Certains dépensent des trésors d'énergie pour obtenir la « bonne » école, jusqu'à franchir la ligne jaune, encouragés parfois par des chefs d'établissement. Plus de détails ici.






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