jeudi 12 novembre 2009

Louis O'Neill sur le calendrier multiinterculturel

L'ex-ministre Louis O'Neill revient sur son carnet sur le calendrier multiinterculturel distribué cette année dans les écoles québcéoises.

Extraits (les gras ainsi que l'intertitre sont de nous) :
Le calendrier interculturel - multiculturel, diraient certains - que le ministère de l’Éducation distribue cette année dans les écoles constitue une véritable innovation. Il se veut l’annonciateur d’une ère nouvelle. Il est un produit dérivé du cours d’éthique et de culture religieuse. Ses concepteurs souhaitent qu’on s’en inspire au moment de planifier des activités scolaires. Ils sont d’accord en outre pour qu’y a y apporte des ajouts afin de tenir compte de « l’information culturelle » susceptible d’intéresser chaque milieu scolaire particulier.

[...]

L’innovation se manifeste dans une deuxième composante qui intègre une quantité impressionnante d’apports étrangers. À noter : les fêtes chinoise et vietnamienne des ancêtres, la neuvaine hindoue consacrée à la déesse Durga, la fête musulmane de la rupture du jeûne du mois du Ramadan, le Yom Kippour juif, la Soukkot juive, les fêtes chinoise et vietnamienne de la lune scintillante, la Pavarana bouddhiste, la Divali hindoue, le jour de naissance de Guru Nanak, l’Aïd al-Adha musulman, l’Achoura des musulmans chiites, la Maha Shivaratri hindoue, la période de la Maha Kumbh Mela (grand pèlerinage hindou), Le Bodhi bouddhiste, l’Hanoukah juive, la Parinirvana hindoue, la naissance du prophète Mohommed, la fête juive du Pourim, le festival hindou du printemps, le Nouvel An perse, la Rama Navami hindoue, la Magha pûja , le nouvel an solaire indien, sri-lankais et sikh, le Vesak bouddhiste. Une abondance de nouveautés qui submerge les points de repère traditionnels.

[Note du carnet : M. O'Neill ne mentionne pas la profusion de fêtes du politiquement correct et du chartisme : Journée des Nations-Unies, de l'UNICEF, de la tolérance, des droits de l'homme, contre le racisme...]

Pour faire place à autant d’innovations il a fallu sabrer quelque part, ce qui a conduit à supprimer des commémorations reliées à l’essor et au développement du christianisme. On a donc renvoyé aux limbes de la mémoire les noms de grands témoins de la foi dont les accomplissements spirituels et sociaux ont contribué à édifier la civilisation judéo-chrétienne : les premiers Apôtres, les Pêres de l’Eglise, le grand Augustin, Benoit de Nursie, François d’Assise, Thérèse d’Avila, Thomas d’Aquin, Ignace de Loyola, Thomas More, Vincent de Paul, Jean Baptiste de la Salle, François de Montmorency Laval, Marie de l’Incarnation, Marguerite D`Youville, Marguerite Bourgeois,etc. Une affaire d’espace. On ne pratique pas l’interculturalisme sans sacrifier des acquis.

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La faisabilité

Mais l’exercice se complique quand il s’agit d’intéresser des jeunes de Baie-Comeau, Saguenay, Saint-Évariste , Batiscan, Saint-Stanislas , Saint-Tite ou d`ailleurs à la naissance de Bouddha, à l’Achoura, à la Maha Shavaratri, au jour de naissance de Guru Nanak, à la Maha Kumbh Mela ou encore au Vesak bouddhiste. C’est beaucoup demander à des enseignants dont certains possèdent une culture religieuse pour le moins rudimentaire.

La deuxième interrogation concerne l’identité québécoise. On sait qu’un des objectifs du nouveau cours est « d’ébranler le socle identitaire québécois ». On compte sur l’interculturalisme pour amener les jeunes d’ici à rompre avec leur passé, les déraciner culturellement, leur faire goûter le bonheur de flotter au-dessus des cultures particulières et celui d’expérimenter un nouvel universalisme branché sur la raison pure. Tant par ses ajouts que par ses silences le calendrier interculturel qu’on vient de nous servir fait partie des outils visant à ébranler ce socle identitaire. On peut parler ici d’une opération politique. Reste à savoir si on atteindra l’effet espéré.

Une dernière interrogation : dans cette opération, où loge la laïcité ? On dirait un calendrier polythéiste, un panthéon qui accueille toutes les divinités dans une ambiance de confusion et de bienveillante tolérance. On croirait un feuillet publicitaire visant la promotion d’une nouvelle religion qui se voit conférer le statut d’une religion d’État pouvant répondre aux aspirations les plus diverses. Il en découle une laïcité pleine de trous, imprégnée d’une religiosité brumeuse aux odeurs de sacristie. Sommes-nous toujours dans un espace laïque ?




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Ou version PDF (8½″ x 11″) pour vos classes d'interculturalisme.






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2 commentaires:

Michel THYS a dit…

Il n'y a pas que la laïcité philosophique qui est absente de ce cours d'ECR.
Il est temps, me semble-t-il, de compléter l’approche traditionnelle du phénomène religieux(philosophique, métaphysique, théologique, anthropologique, sociologique, etc…) par une approche neuroscientifique (psycho-neuro-physio-génético-éducative).
Bien qu’encore très partielle, elle permet en effet de mieux comprendre l’origine et la fréquente persistance de la foi et de relativiser la part de liberté individuelle.

Dès 1966, le psychologue-chanoine Antoine VERGOTE, alors professeur à l’Université catholique de Louvain, avait montré, sans doute à son grand dam, qu’en l’absence d’éducation religieuse, la foi n’apparaît pas spontanément, et que la religiosité à l’âge adulte en dépend.

Des neurophysiologistes ont constaté que les amygdales (pas celles de la gorge mais du cerveau émotionnel) sont déjà capables, dès l’âge de 2 ou 3 ans, de stocker des souvenirs inconscients (donc notamment ceux des prières, des cérémonies, des comportements religieux des parents, …, sans doute reproduits via les neurones-miroirs du cortex pariétal inférieur. Ces « traces » neuronales, renforcées par la « plasticité synaptique », sont indélébiles …

L’ IRM fonctionnelle confirme que le cortex préfrontal et donc aussi bien l’esprit critique que le libre arbitre ultérieurs s’en trouvent anesthésiés à des degrés divers, indépendamment de l’intelligence et de l’intellect, du moins dès qu’il est question de religion.

Quant au cours d’ECR, il doit évidemment rester obligatoire : l’Enseignement ne relève pas des seuls citoyens mais aussi et surtout de l’Etat, dans un souci d’émancipation de tous. Ce cours devra pourtant être repensé en profondeur. En effet, excepté au cours d’histoire, la religion n’a rien à faire à l’école, qui n’a pas vocation à évangéliser. Idéalement, elle devrait être confinée au sein de la famille et dans les lieux de culte, mais on en est encore loin !
Ce cours constitue une étape intermédiaire nécessaire.

Découvrir d’autres religions, avec autant de détails, jette la confusion dans l’esprit des enfants et, par comparaison, cela ne peut que renforcer la religion traditionnelle et majoritaire.
Les évêques l’ont bien compris ! C’est même, à mes yeux, le but hypocrite de ce cours : tenter de compenser le déclin du catholicisme, la déconfessionnalisation et la laïcisation croissantes de la société … Initialement, en effet, il devait être fait mention de l’existence de conceptions non religieuses. C’était un minimum, par simple honnêteté intellectuelle. Or actuellement, même la mention de l’athéisme est supprimée ! c.q.f.d !

Les parents catholiques qui, au nom de leur liberté de conscience et de choix, demandent que ce cours soit optionnel, sont-ils bien conscients de leur responsabilité morale ?
Ils s’arrogent le droit d’imposer leur propre croyance à leurs enfants, comme si toute autre option, agnostique ou athée par exemple, était impensable, voire une abomination !
Comme si, plus tard, le « libre choix » de leur enfants n’allait pas en être influencé !
L'option religieuse restera toujouts légitime, mais d'autant plus respectable qu'elle aura été choisue aussi librement que possible , en connaissance de cause, plutôt qu'imposée.

Michel THYS Waterloo en Belgique. michelthys@base.be
http://michel.thys.over-blog.org

Gaspard L a dit…

On reconnaît bien dans les propos insupportables de Michel Thys tout ce que la franc-maçonnerie (car M. Thys ne se cache pas de l'être, il a déjà écrit ici) a de nocif.

Dans l'intérêt d' « émanciper » les enfants des autres, M. Thys veut que l'État impose une doctrine particulière.

Pourquoi ? Parce que cet État propage sa vision du monde, c'est simple.

Serait toujours en faveur de l'obligation et du monopole si l'État n'avait pas les valeurs qui correspondent aux préjugés philosophiques de M. Thys ?

On peut en douter.