lundi 2 mars 2020

Écologisme occidental : « Les riches sont sommés de ne plus faire d'enfants »

Texte d’Olivier Rey, le philosophe et polytechnicien, auteur de Leurre et malheur du transhumanisme paru en octobre 2018. Arrêter d’avoir des enfants par égard pour l’environnement est un raisonnement malsain, qui supprime d’autant plus les raisons de préserver notre planète, explique Olivier Rey.

À la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe, en Angleterre, les aides aux pauvres, garanties par la loi, faisaient l’objet d’âpres débats : fallait-il les maintenir, ou les supprimer ? En faveur de la suppression, Thomas Malthus avança cet argument : les aides distribuées aux pauvres encouragent ceux-ci à avoir davantage d’enfants, ce qui entraîne un accroissement exponentiel de la population, plus rapide que ne peut l’être l’accroissement global des richesses, d’où, finalement, un accroissement du nombre des pauvres. Le seul moyen de résorber la pauvreté, selon Malthus, était que les pauvres réduisissent considérablement leur progéniture.


La quasi-totalité des économistes du XXe siècle a estimé que l’événement avait définitivement réfuté les vues de Malthus : globalement, on avait vu une croissance exponentielle de la population mondiale aller de pair avec une augmentation du « niveau de vie » moyen. Miracle reposant, toutefois, sur une exploitation toujours plus intense des ressources de la terre. Au point que celle-ci, aujourd’hui, demande grâce : et voilà que le malthusianisme, qui avait été repoussé dans les marges, redevient à la mode.

Ce nouveau malthusianisme, cependant, se révèle bien différent de l’original. Malthus, en rigoriste pasteur anglican qu’il était, se refusait à concevoir d’autre moyen de limiter les naissances que la chasteté : le nouveau malthusianisme autorise la sexualité la plus débridée, pourvu qu’il n’en résulte aucune naissance. Par ailleurs, c’est aux pauvres que Malthus demandait de diminuer le nombre de leurs enfants, alors qu’aujourd’hui, ce sont les riches qui sont sommés de ne pas engendrer. Avec cet argument : le dérèglement et l’épuisement de la Terre ne sont pas seulement dus à un nombre trop grand d’êtres humains, mais aussi, et surtout, au mode de vie des ressortissants des pays riches. Ce sont donc eux qui devraient, en priorité, réduire drastiquement leur descendance (le mieux étant de ne pas en avoir du tout). [Ce suicide des Occidentaux ne servira à rien, s’ils sont remplacés par des masses jeunes venues du Sud pour pallier le « manque de main-d’œuvre » ou payer les retraites.]

La science le prouve : en juillet 2017, deux chercheurs ont publié dans la revue scientifique britannique Environmental Research Letters un article passant en revue les différents moyens dont disposent les individus pour réduire leur « empreinte carbone ». Un an plus tard, l’AFP a donné en France un large écho à cette publication en diffusant une infographie inspirée par l’article en question, où les effets des différentes actions possibles se trouvent quantifiés - depuis les mesures à très faible impact, comme s’éclairer avec des ampoules basse consommation, celles à impact modéré, comme laver son linge à l’eau froide, et celles à impact élevé, comme renoncer à des vols long-courriers. Toutes ces mesures se trouvent néanmoins ridiculisées, ravalées à un bricolage pitoyable en comparaison d’une proposition phare : alors qu’abandonner complètement la voiture culmine à 2,4 tonnes de rejet CO2 par an, avoir un enfant en moins en épargne 58,6 ! La conclusion à en tirer est claire : toute personne inquiète du devenir de la Terre doit en priorité, pour mettre en accord ses actes avec sa pensée, s’abstenir d’engendrer. Un tel raisonnement appelle deux remarques.

D’abord, il y a quelque chose de profondément malsain à mettre sur le même plan, dans un graphique, d’une part des modes de consommation et d’autre part le fait d’avoir des enfants — comme si cela relevait du même ordre.

Par ailleurs, pourquoi l’enfant s’avère-t-il aussi coûteux en émissions de gaz à effet de serre ? Parce qu’il est admis que ses parents dépenseront sans compter pour l’élever (lui fournissant du reste, à travers cette débauche consumériste, moins une éducation qu’une antiéducation), et qu’adulte il adoptera le même genre de vie qu’eux - qu’il aura des écrans Full HD géants, roulera en VUS, prendra l’avion, sera connecté à la énième G, etc. Au fond, ce qui est proposé aux riches, ce n’est pas de mener une vie qui ne dévaste pas la Terre, c’est de ne pas avoir d’enfants afin de continuer à vivre avec bonne conscience une vie qui dévaste la Terre. Sans enfant, je peux tout me permettre puisque, du seul fait de ne pas avoir de descendance, j’accomplis ce qui peut se faire de mieux pour la « planète » !

Ensuite, les habitants des pays riches se voient soumis à une double injonction. D’une part ils ne doivent pas avoir d’enfant, par égard pour l’« environnement », d’autre part ils doivent accueillir des flux énormes d’immigrés en provenance des pays pauvres — flux qu’on leur présente comme d’autant plus nécessaires qu’il faut rééquilibrer, par ces apports étrangers, une pyramide des âges rongée à la base par la dénatalité. Comme le disait Jean-Paul Delevoye, grand ordonnateur de la réforme des retraites (avant que son statut de « cumulard » ne l’oblige à démissionner) lors d’un débat tenu fin novembre à Créteil : « La démographie européenne et son vieillissement font que si l’on veut garder le même nombre d’actifs dans la machine économique, il va falloir 50 millions de populations entre guillemets étrangères pour équilibrer la population active en 2050, en Europe. »

Autrement dit : les Européens doivent remplacer leurs enfants par des immigrés. Et cela, pour un « bilan carbone » qui ne s’en trouvera en rien amélioré ! En effet, les immigrés en provenance des pays pauvres gagnent les pays riches non pour demeurer aussi pauvres qu’ils l’étaient en partant, mais pour vivre comme on le fait dans les pays riches — aussi leur « empreinte écologique » est-elle vouée à rejoindre rapidement celle qu’auraient eue les enfants que les Européens sont invités à ne pas engendrer (à quoi s’ajoute que l’immigration massive contribue à entretenir la natalité explosive dans certains pays pauvres, en lui offrant un débouché). Si certains modes de vie sont toxiques, il convient de les réformer, non de convier d’autres populations à nous rejoindre pour les adopter.

En résumé, ce n’est pas en se suicidant démographiquement que les Européens amélioreront quoi que ce soit. Au contraire, car, comme l’écrivait Charles Péguy dans le Porche du mystère de la deuxième vertu :
« Tout ce que l’on fait on le fait pour les enfants.
Et ce sont les enfants qui font tout faire.
Tout ce que l’on fait. »

Ce sont les enfants qui nous rendent souhaitable que la Terre demeure belle et accueillante. À quoi bon prétendre la préserver, si c’est en ruinant les raisons qui rendent si vital de le faire ?

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Les parents seraient plus heureux que les gens sans enfant

France — clichés, poncifs et bobards sur l'école libre

Anne Coffinier dénonce les clichés, poncifs et bobards sur les écoles hors contrat :

Quand une personne ou une institution autre que l’État ouvre une école, elle est obligatoirement hors contrat. C’est la loi ! Pas un choix.

C’est seulement après 5 ans d’existence qu’un tel établissement peut demander à passer sous contrat avec l’État. Seulement, en pratique, l’État n’accorde presque aucun contrat, surtout en période de budgets publics contraints. Aux écoles de se serrer la ceinture !

Parlons à présent de ce qu’on appelle « l’école à la maison » : elle concerne les enfants qui sont suivis par un précepteur ou bien par leurs parents, avec ou sans le soutien d’un cours par correspondance. La tendance est à la mode, tant elle répond à des situations de détresse, de harcèlement ou de phobie scolaire par exemple… Certaines familles choisissent aussi tout simplement de garder leurs enfants à la maison, parce qu’elles considèrent que les ressources de l’économie de l’information et de la connaissance sont la voie d’avenir pour instruire. Il faut y voir aussi un mouvement de société, qui tend à privilégier l’idée qu’il revient à l’enseignement de s’adapter aux enfants plutôt que l’inverse. Signe des temps, ce mouvement est global. Bien des artistes en herbe et des futurs sportifs de haut-niveau pratiquent l’école à la maison…

Mais le paysage de l’instruction à domicile n’est pas toujours rose. Hugo Micheron que nous avons interviewé cette semaine, dans son essai sur Le Jihadisme français le souligne à plusieurs reprises : l’instruction à domicile peut servir de paravent à des entreprises d’embrigadement irresponsables des enfants…

Mais revenons aux écoles au sens strict du terme. Soyons clairs : une « école » est une structure reconnue par la loi, et dont la création est conditionnée par un grand nombre d’exigences. Les entreprises clandestines d’embrigadement de jeunes enfants ne sont pas des écoles ! Les regroupements informels d’enfants pour des raisons avancées de mutualisation des coûts, ou de recherche d’une plus grande socialisation ne sont pas davantage des écoles. On les appelle « écoles de fait » ou « écoles non déclarées », ou encore « écoles clandestines ». Si, pour la loi, la situation de deux enfants issus de deux familles différentes et scolarisés dans un même lieu doit donner lieu à une déclaration en vue de créer une école privée hors contrat, la réalité est très différente. Ces diligences ne sont pas toujours accomplies. Ces lieux de formation (ou d’embrigadement le plus souvent) sont alors des écoles clandestines échappant à tout contrôle systématique.

Est hors contrat une école dont la création et l’existence sont régies par le Code de l’éducation, selon le cadre précisé et nettement renforcé par la « Loi Gatel » du 13 avril 2018. Contrairement aux idées reçues, une telle école est régulièrement soumise à des contrôles bien plus poussés que ceux des écoles publiques ou privées sous contrat… Les inspections portent en effet sur l’école dans sa globalité, sur le respect du Socle commun de connaissances, de compétences et de culture. Bref, pas le cadre idéal pour créer une secte…

Dernier point mais non le moindre, distinguons bien entre écoles coraniques et écoles musulmanes. La première catégorie ne correspond pas à des écoles, mais à des lieux de formation religieuse chargés de transmettre la religion musulmane par la mémorisation du Coran. Ces établissements ne sont pas contrôlés par l’État, en tout cas pas en tant qu’« établissements scolaires ». Quant à la deuxième catégorie, celle des écoles musulmanes, elles renvoie à des écoles privées confessionnelles, pouvant être sous contrat (comme les cinq grandes écoles rattachées à la Fédération nationale de l’enseignement musulman) ou bien hors contrat. Pour exister, ces dernières doivent être régulièrement déclarées et respecter les obligations qui incombent aux écoles hors contrat. À l’État de les contrôler autant que nécessaire bien sûr, le cadre de ces contrôles étant clair et efficace pour peu que les contrôles soient mis en place.

Cher lecteur, si vous avez lu jusqu’ici, vous êtes désormais incollable sur les distinctions propres à l’enseignement libre et sur ce qui n’en relève pas. Parlez-en, partagez, diffusez ! En matière de hors contrat, mieux vaut appeler un chat un chat.


Les censeurs à l'école : à la poubelle Félix Leclerc ?

 

Texte de Mathieu Bock-Côté sur la mise à la poubelle d’un texte de Félix Leclerc sur le travail comme valeur inhérente à la dignité de l’homme, et ceci à la suite d’une plainte d’un seul parent. Apparemment, sa plainte était plus recevable que celle de nombreux parents opposés depuis près de dix ans au cours d’ECR (éthique et de culture religieuse).

La nouvelle a fait sursauter tous ceux qui n’ont pas complètement perdu la raison : dans une école du Mile-End, à Montréal, on enseignait la chanson Les 100 000 façons de tuer un homme, de Félix Leclerc.

J’écris « enseignait », car on ne l’enseigne plus. À la suite de la plainte d’un parent se disant offusqué de la représentation qu’on y faisait des assistés sociaux, l’enseignant et la direction ont décidé de retirer la chanson du programme.

Mieux ! Pour en effacer jusqu’à la trace, les élèves ont dû arracher de leur Duo-Tang la page sur laquelle elle était écrite pour la mettre au recyclage ! À la poubelle, Félix ! À la poubelle !

Certains n’y verront qu’un fait divers exaspérant. Faux ! C’est un révélateur de l’immense bêtise de notre temps.

Tout s’y trouve.

D’abord l’hypersensibilité d’un parent, qui veut censurer un texte qui l’indigne.

Ensuite la lâcheté de l’établissement, qui se couche devant le parent querelleur de peur de voir la controverse enfler et exploser. [Les écoles se plient-elles plus facilement devant des plaintes qui fleurent bon le progressisme sous-jacent, le correctivisme politique ? Ce n’est pas impossible.] Le mécontentement d’un quidam pousse les autorités à plier le genou. Que faire devant de tels invertébrés ? On comprend par ailleurs les enseignants de se montrer méfiants envers la présence exagérée des parents dans leurs salles de classe.


La chanson anathème...

Enfin l’inculture, qui se conjugue à l’esprit anachronique. Car traiter un classique de la chanson québécoise, qui évoque l’univers moral du vieux monde et de l’ancienne paysannerie canadienne-française, comme un vulgaire manifeste politique, c’est faire offense à la culture et la littérature.

Au nom de l’esprit de compromis, j’ai entendu de bons esprits proposer qu’on remplace cette chanson de Félix Leclerc par une autre.

Mais laquelle ?

Le tour de l’île ? J’entends déjà une néoféministe s’indigner que Félix y parle avec méfiance de la minijupe !

L’alouette en colère ? Cette fois, je vois bien quelqu’un s’indigner de la sympathie de Félix Leclerc pour l’indignation qui poussa certains jeunes à rejoindre le FLQ.

La nuit du 15 novembre ? Surtout pas ! Il y chante l’indépendance !

Attends-moi ti-gars ? Que nenni ! Il excite le populisme et l’antiparlementarisme en disant du mal des politiciens !

Il y a là tous les ingrédients qui rendent notre époque si indigeste. Le politiquement correct pousse notre société à la névrose.

Censure

D’ailleurs, cet événement n’a rien d’isolé. Me revient à l’esprit au moment d’écrire ces lignes une histoire qui s’est déroulée dans une école à Sorel en 2013 [non, février 2012], où une enseignante qui avait mis au programme L’hymne à l’amour d’Édith Piaf avait dû l’amputer de ses dernières lignes, parce qu’on y trouvait une évocation de Dieu réunissant ceux qui s’aiment !

Scandale, on parle de Dieu dans une chanson, deux ou trois athées militants seront vexés ! À ce compte-là, on ne pourra plus rien enseigner ni admirer.

Félix Leclerc est un classique de la culture québécoise. Il faut entrer dans son œuvre et non la mettre aux vidanges. Qu’il faille rappeler de telles évidences nous dit bien dans quel gouffre nous sommes tombés.

Application de la Loi 101 au cégep : cri d'alarme du MQF

Le Mouvement Québec français (MQF) veut relancer le débat sur l’application de la loi 101 dans les cégeps. Il s’inquiète de l’augmentation de la fréquentation des collèges et des universités anglophones au Québec.

Le président du MQF, Maxime Laporte, y voit un danger d’anglicisation qui doit être freiné. Il souhaite forcer la fréquentation d’institutions collégiales francophones pour les élèves qui sont passés par l’école primaire et secondaire en français.

L’application de la loi 101 dans les établissements collégiaux est une mesure essentielle dont le Québec français ne peut se priver.

Maxime Laporte, président du Mouvement Québec français
Selon la Fédération des cégeps, autour de 17 % des étudiants fréquentent un collège anglophone. À l’université, un étudiant sur quatre (25 %) va dans un établissement anglophone (Bishop’s, Concordia ou McGill), selon le Bureau de coopération universitaire.

Cette situation représente un danger pour le MQF. Il craint qu’une majorité de ces étudiants choisissent d’abord l’anglais comme langue de travail et comme langue au quotidien ensuite.



Maxime Laporte veut profiter du débat à venir sur le renforcement de la protection de la langue française pour discuter des cégeps.

La seule approche viable est celle visant à enrayer les causes de l’anglicisation, sans négliger évidemment la plus dommageable d’entre elles, la non-application de la loi 101 au collégial, dit-il.