mardi 30 avril 2019

Eschyle interdit, Finkielkraut insulté: sectarisme à l’université

Faut-il s’habituer à de telles scènes ? Après avoir été chassé de Nuit debout, puis agressé en marge d’une manifestation des « gilets jaunes », c’est désormais en plein Saint-Germain-des-Prés, dans l’une des écoles les plus prestigieuses de France, que le philosophe Alain Finkielkraut a été pris à partie. Une poignée d’étudiants « antifas » du groupuscule Sciences Po en lutte Institut Clément Méric (sic) ont voulu empêcher la tenue d’une conférence organisée à l’IEP de Paris par une association d’étudiants souverainistes de l’école, Critique de la souveraineté européenne, qui avait convié l’auteur de L’Identité malheureuse.

Ces fondamentalistes d’extrême gauche avaient appelé sur Facebook au « rassemblement contre la venue » d’un homme « dont les propos ouvertement racistes et sexistes sont aussi dangereux qu’intolérables ». « Il ne peut pas exister de dialogue lorsque des individus aussi profondément réactionnaire qu’Alain Finkielkraut, par leur propos et leurs idées, mettent nos vies et nos existences en danger », soutenaient ces activistes. Heureusement, la conférence eut bien lieu grâce à la détermination des organisateurs, et le soutien de l’administration de Sciences Po, qui, il faut le souligner, fut à la hauteur des enjeux de la liberté d’expression. Avec dignité, Finkielkraut exprima son désarroi : « Je suis fatigué, bouleversé, de ne pas pouvoir mettre le nez dehors sans que des gens veuillent me faire la peau. »

« Cela en dit long sur le climat dégradé de la vie intellectuelle française », a aussi constaté l’intellectuel. En effet, ce genre d’intimidations se multiplie : il y a un mois, une représentation de la pièce Les Suppliantes d’Eschyle, qui devait se tenir à la Sorbonne, a été annulée, sous la pression de « groupuscules antiracistes ». Motif : certains comédiens blancs se seraient rendus coupables de « blackface » en portant des masques noirs.

Répétition de la pièce d’Eschyle avec les masques

Cet inquiétant sectarisme intellectuel qui gangrène nos écoles est aussi le énième symptôme de l’américanisation de la vie universitaire française. Sur les campus américains, en effet, il est devenu banal de faire annuler la venue d’un conférencier jugé intolérable pour une minorité d’activistes, qui privatisent l’espace public au nom de la revendication du droit à un « safe space », un espace protégé de paroles estimées offensantes. Chaque année d’ailleurs, l’association conservatrice William F. Buckley Jr, à Yale, honore une figure publique qui a été « désinvitée » d’un campus. Hasard du calendrier, l’association recevait justement il y a deux jours son lauréat de l’année, qui n’était autre que l’ancien secrétaire d’État américain Henry Kissinger. À 95 ans, le diplomate a été réduit au silence par des étudiants de la New York University (NYU) qui l’ont traité de « nazi » et de criminel de guerre, lui qui a pourtant fui l’Allemagne hitlérienne pour échapper aux persécutions et a pourchassé des officiers de la Gestapo à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Les étudiants lui reprochaient d’être le symbole de la « domination blanche notamment, », par dans son la implication, guerre du Vietnam.

Voilà qu’on traite des juifs de nazis, et qu’on prétend chasser le décrété « intolérant » au nom de la tolérance. « Je leur ai dit : “Les fascistes, c’est vous ; les années 1930, c’est vous ; les autodafés de livres, c’est vous” », a réagi vivement Alain Finkielkraut mardi soir. Dans les années 1960, c’était les commandos d’extrême droite qui intervenaient pendant la pièce de Genet Les Paravents, à l’Odéon. Mais aujourd’hui, ce n’est pas le GUD qui perturbe pièces de théâtre et conférences. D’ailleurs, l’ancien trotskiste Edwy Plenel lui-même eut les honneurs de l’amphithéâtre principal de Sciences Po l’an dernier, sans qu’aucune protestation, et c’est normal, n’ait eu lieu. Il faut se rendre à l’évidence : ce n’est plus désormais l’extrême droite qui menace la liberté d’expression sur les campus, mais l’extrême gauche [qui continue de le faire comme par le passé].

Cet incroyable renversement de la liberté d’expression a été magistralement analysé par Mathieu Bock-Côté dans son dernier livre, L’Empire du politiquement correct (Éd. du Cerf). « Les sensibles et les offusqués réinventent à leur manière le blasphème en mettant en avant le droit de ne pas être offensés », souligne le sociologue québécois. La bataille qui a eu lieu mardi soir n’est qu’un épisode dans une guerre de longue haleine qui se mène au cœur de nos démocraties libérales. C’est l’honneur de la France de résister à ce nouvel empire et de défendre bec et ongles la liberté de penser, la faculté de débattre, et la possibilité d’une conversation qui fonde la vie civique.



Source : Eugénie Bastié


Maternelle : facture de quatre à neuf fois plus élevée par classe que celle estimée par François Legault

Il en coûtera de 500 000 $ à 1 million par classe pour agrandir des écoles de la grande région de Montréal et d’ailleurs dans le but d’offrir la maternelle 4 ans, promesse phare de la Coalition avenir Québec (CAQ). C’est une facture de quatre à neuf fois plus élevée que celle estimée par François Legault en campagne électorale.

En janvier, le ministre de l’Éducation Jean-François Roberge a demandé aux commissions scolaires de lui envoyer des demandes d’ajout d’espace pour ouvrir de nouvelles classes de maternelle 4 ans. Cette opération est nécessaire parce que des commissions scolaires manquent d’espace et ne peuvent accueillir un grand nombre d’élèves supplémentaires dans les locaux actuels.

Des commissions scolaires ont soumis au ministre des modifications à des projets d’agrandissement ou de construction d’école qui avaient déjà été autorisés par le Ministère. Certaines lui ont envoyé également de nouveaux projets.

Québec refuse de divulguer le résultat de sa consultation. Il se contente de dire que les commissions scolaires ont fait jusqu’ici des demandes de financement représentant l’ajout de 467 classes. Rappelons qu’il faudrait des milliers de classes de plus pour réaliser la promesse de la CAQ.

Une recherche de La Presse sur les demandes d’ajout d’espace montre que la facture s’annonce élevée. Elle révèle également que le Premier ministre François Legault a largement sous-estimé le coût pour la construction de classes de maternelle 4 ans.

122 400 $


Coût moyen par nouvelle classe de maternelle 4 ans prévu par le Premier ministre François Legault en campagne électorale (pour la construction de 1250 classes)

Dans le cas de demandes d’ajout d’espace provenant de neuf commissions scolaires et concernant l’aménagement de 263 classes, les dépenses prévues s’élèvent à 240 millions. M. Legault disait en campagne électorale que construire 1250 classes allait coûter 153 millions.

Grande région de Montréal

À Montréal, la commission scolaire de la Pointe-de-l’Île (CSPI) a proposé au ministre Roberge d’agrandir des écoles afin d’ouvrir 46 classes. Coût de l’opération : 44 millions.

Les 46 classes ne seraient toutefois pas suffisantes pour répondre à la commande du gouvernement, celle d’offrir la maternelle 4 ans à tous d’ici à la rentrée de 2023. La CSPI estime qu’il faudrait 150 classes de plus. La solution ? Construire de nouvelles écoles et revoir la répartition sur le territoire des classes de tous les niveaux en tenant compte des établissements déjà existants. La CSPI chiffre à environ 25 millions le coût d’une nouvelle école de 20 classes.

La construction de nouveaux établissements est de toute façon inévitable à la CSPI, maternelle 4 ans ou pas. Elle a besoin également de 156 classes supplémentaires pour répondre à l’arrivée massive de nouveaux élèves de 5 ans et plus.

À Laval, la commission scolaire a demandé 80 millions de dollars pour ajouter une cinquantaine de classes de maternelle 4 ans à des projets d’agrandissement d’école déjà approuvés par le Ministère.

La présidente Louise Lortie explique que la construction de classes pour les 4 ans implique également l’aménagement de locaux supplémentaires au service de garde, voire l’ajout d’un gymnase ou d’autres installations lorsque le nombre d’élèves supplémentaires le commande. « On n’en a pas mis trop épais, et ce n’est pas parce qu’on veut que ça coûte cher. On a juste respecté les normes du ministère de l’Éducation », explique-t-elle.

La commission scolaire fait face elle aussi à une forte augmentation du nombre d’élèves, principalement à cause de la forte immigration (le nombre de naissances ne faisant que baisser au Québec depuis près de 10 ans) Des dizaines de salles de classe modulaires, préfabriquées, doivent être installées pour répondre à la demande, faute d’espace dans les écoles.

Rappelons que l’utilité de la maternelle à 4 ans ne fait pas l’unanimité parmi les partis politiques et les experts.

Source


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La maternelle à 4 ans au Québec, étude : peu d’effets positifs


Cours d'éducation à la sexualité, débat à venir à Télé-Québec






Cours d’éducation à la sexualité du Monopole de l’Éducation du Québec

L’entrée en vigueur du nouveau programme québécois d’éducation à la sexualité crée de la résistance.

Depuis septembre 2018, une formation sur différents aspects de la sexualité et à la théorie du genre est imposée à près d’un million de jeunes des niveaux primaire et secondaire au Québec. Une fois de plus aucune échappatoire... Le Premier ministre Legault (que certains prétendent conservateur) a brutalement fermé la porte à toute forme de contestation.

Pourtant, pour des groupes de parents inquiets et des organisations religieuses, la question n’est pas réglée. Ce programme d’éducation à la sexualité particulier doit-il être imposé à tous les élèves ?

Invités

• Jean-Yves Côté, avocat à l’Association des parents catholiques du Québec
• Martin Dubé, professeur en secondaire 5
• Israël Poulin, père de famille opposé au programme d’éducation à la sexualité
• Nesrine Bessaïh, présidente de la Fédération du Québec pour la planification des naissances
• Rébecca Thérien, mère de famille opposée au programme d’éducation à la sexualité chez les tout-petits
• Lili Boisvert, militante féministe qui fait aussi des capsules pour Télé-Québec, elle anime l’émission Sexplora, produite par Urbania.
• Julie Lemay, sexologue M.A. à la commission scolaire des Patriotes
• Célestine Uhde, élève de secondaire 5

Un peu d’amalgames bien orientés de la part des producteurs

Les producteurs insinuent sournoisement dans leur communiqué annonçant cette émission : « selon le ministère de la Santé, les cas d’infections transmises sexuellement ont augmenté depuis 2002, soit peu de temps après l’abolition du programme de formation personnelle et sociale. »

L’ennui c’est que les infections transmises sexuellement ont augmenté un peu partout en Occident ces dernières années sans qu’on y ait aboli les cours d’éducation sexuelle (voir liens ci-dessous). Voyons si la production de l’émission osera ressortir cet amalgame simpliste lors de la diffusion de l’émission.

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L’absence de nouveau programme d’éducation sexuelle explique-t-elle la hausse des MST ?

Programme d’éducation à la sexualité du Québec : lutter contre « les effets nuisibles des versions traditionnelles » des rôles sexuels

Éducation à la sexualité : « les craintes des parents sont légitimes » (Ce texte aurait mené à l’exclusion de la professeure Nadia El-Mabrouk d’un colloque syndical à cause de ses positions sur la laïcité et l’éducation à la sexualité.)

Le cours d’éducation sexuelle ontarien évite-t-il l’augmentation du nombre de maladies vénériennes ?