jeudi 4 octobre 2018

Épidémie d’occidentalophobie semble avoir frappé le monde universitaire anglo-saxon

Comment échapper au soupçon d’être une arme idéologique entre les mains du « suprématisme blanc » ?

« La culture occidentale doit ficher le camp »



La culture européenne, la civilisation occidentale sont-elles des choses du passé ? Ou pire, une ressource idéologique destinée à imposer la domination des hommes blancs sur le monde ? Les universités américaines ont été le théâtre d’intenses polémiques à ce sujet, il y a déjà bien des années.

À Stanford, en 1980, la réintroduction d’un cours de Western Thought (pensée occidentale) avait provoqué une véritable guérilla idéologique sur le campus. Des étudiants avaient manifesté, certains s’en souviennent peut-être au cri de « Hey, Hey, Ho, Ho, Western culture got to go ». La culture occidentale doit ficher le camp. Ce qu’ils reprochaient à ce cours, qui portait sur l’Antiquité gréco-romaine, la Renaissance et les Lumières, c’était que la « reading list », les 18 livres « hautement recommandés » pour en être diplômé, ne comportait que des auteurs européens, blancs et mâles. Platon, Cicéron, Érasme, Montaigne, Voltaire, John Locke, Hegel… oui, tous des mâles blancs, c’est indéniable. Mais après tout, les « déconstructeurs » qu’on leur oppose — Derrida, Foucault, Paul de Man aussi étaient des mâles blancs européens…

En 1988, le Sénat de cette université, son instance dirigeante en matière de programmes, a voté le remplacement des 18 livres fautifs par d’autres, dont les auteurs étaient des femmes, des personnes de couleurs, ou appartenant à une minorité. L’intitulé du cours, « pensée occidentale », a été jugé — je cite — « inapproprié, anachronique et provincial ». Et il a été remplacé par un autre, intitulé « Culture, Idées, Valeurs ». Les dirigeants de Stanford ont recommandé aux enseignants qui en sont chargés que soit « discutées dans le cadre de ce cours avec une attention particulière les questions de classe, de race et de genre. » Voilà qui était admirablement progressiste et politiquement correct. Et c’est devenu la norme dans la plupart des universités américaines.

Pas de licence de Civilisation occidentale en Australie !

Cette année, c’est de la lointaine Australie que nous vient l’écho d’une nouvelle polémique sur l’utilité ou non d’étudier la culture de notre vieille Europe. Paul Ramsay, un milliardaire philanthrope, qui avait créé une chaîne d’hôpitaux en Australie et en Asie, est mort en 2014. Désolé de constater que la culture européenne n’était plus enseignée en Australie, il a légué une part importante de sa colossale fortune pour la création d’un Centre pour l’étude de la civilisation européenne. Cette initiative est personnellement relayée par l’ancien Premier ministre libéral John Howard, qui a gouverné l’Australie entre 1996 et 2007.

La jeune directrice des Fondations de ce Programme, Bella d’Abrera, vient de publier sur le site Quillette, un texte remarquable. Le Centre Ramsay, explique-t-elle, a créé une licence de Civilisation occidentale, basée sur l’étude d’une sélection de grandes œuvres, tant littéraires qu’artistiques, retraçant l’histoire européenne et plus généralement occidentale. Le Centre a proposé à toutes les universités d’Australie de financer des chaires, des bourses d’études, des centres de recherche. Partout, elle a rencontré une franche hostilité. « Le rejet de cette licence de Civilisation occidentale, écrit-elle, est fondée sur l’absurde conviction que quiconque veut étudier la civilisation occidentale doit être _un suprématiste blanc_. Or, dans certains cercles académiques, cette civilisation est tenue responsable de tous les maux de la terre, passés, présents et futurs. »

Et elle cite à l’appui de ses dires un papier publié par le site The Conversation, assez typique, en effet, de l’épidémie d’occidentalophobie qui semble avoir frappé le monde universitaire anglo-saxon. Son auteur, Catharine Coleborne, est l’une des doyennes de l’Université en Newcastle en Nouvelles Galles du Sud, Australie. Le concept de civilisation occidentale a, d’après elle, je cite, « dépassé sa date de péremption ». Le premier reproche à lui adresser est d’être tout simplement « démodé ». Selon elle, il a été forgé et imposé au savoir universitaire après la Seconde Guerre mondiale, parce que les Anglo-Saxons, qui l’avaient gagnée, ont voulu alors réaffirmer leur domination sur le monde, en prétendant que leur culture était celle qui plongeait le plus loin dans le passé.
Peut-on étudier l’histoire des civilisations, y compris la nôtre, sans céder à la tentation de se prétendre les meilleurs ?

À ses yeux, toute étude spécifique de cette culture occidentale implique nécessairement une forme de prétention à la supériorité sur les autres. Ce qui constitue une affirmation bien étrange. La Chine a multiplié, ces dernières années, les Instituts Confucius à travers le monde et notamment, en Australie. On y enseigne l’ancienneté de la culture chinoise, qui dépasse celle de l’Occident, l’originalité de cette culture, les contributions qu’elle a faites à l’humanité. Mais elle ne prétend pas à une quelconque supériorité. Pas davantage que ne le fait notre Institut du monde arabe.

Il est donc parfaitement loisible d’étudier les cultures dans une perspective excluant toute idée de hiérarchie, et sans prétendre servir de modèle universel. Pourquoi la culture occidentale ne bénéficierait-elle pas de la même légitime curiosité ?

Source : France Culture

« L'endoctrinement » sur les campus anglo-saxons




« La classe, le genre et la race », les seuls prismes au travers desquels les étudiants sont appelés à comprendre le monde...

Donner ou non dignité universitaire à l’étude de la « civilisation occidentale ? »

 Oui, reprenons les termes du débat, tel qu’il est présenté par la presse australienne indépendante, comme The Strait Times. Le milliardaire Paul Ramsay est mort sans descendance. Il a légué une partie de son immense fortune à un centre qui porte son nom, afin de promouvoir l’étude de la civilisation occidentale, qu’il jugeait insuffisamment présente dans les universités australiennes. La direction de ce Centre comporte, parmi ses membres, un certain nombre de politiciens, membres du Parti libéral, notamment les deux anciens Premiers ministres, John Howard et Tony Abbott. Le Centre Ramsay a proposé à toutes les universités d’Australie de finance, à ses frais, la création de chaires d’études de la Culture européenne et de bourses destinées aux étudiants qui se consacreraient à ce type d’études.

Refus catégorique de la communauté universitaire. L’Australian National University de Canberra a décidé de rejeter cette proposition. En imposant un sujet, elle menacerait les libertés universitaires et l’autonomie des universités. Mais ce refus a été aussitôt exploité par les partisans du Centre Ramsay pour mettre en cause d’autres commandites. Pourquoi les cours de langue et de civilisation chinoises, financés par Pékin, via ses Instituts Confucius, posent-ils moins de problèmes aux autorités universitaires que les cours de civilisation occidentale qu’ils proposent eux-mêmes ? Et, du reste, tout le monde a bien compris qu’il s’agissait d’un épisode de la « guerre des cultures » : ce qui est en cause, ce n’est pas le fait de proposer et de financer un programme d’étude. Non, ce qui est en cause, c’est son sujet : la civilisation occidentale.

Car, pour ses adversaires de telles études portent la marque du péché « d’occidentalocentrisme ». Étudier l’Antiquité, la Renaissance, les Lumières, étapes du développement intellectuel de la seule Europe, serait faire preuve d’arrogance envers les autres cultures du monde. Par ailleurs, les détracteurs du projet ne manquent pas de mettre en cause la présence, assez voyante, au sein du Centre Ramsay, de nombreux dirigeants du parti libéral. Dans le Queensland Times, un étudiant écrit : « Étudiants et enseignants, nous craignons que ce programme devienne un aimant destiné à attirer les partisans du Parti libéral et les renforce dans leur conviction que la civilisation occidentale est supérieure ».

Réactions dans le camp d’en face, celui des partisans des cours de « civilisation occidentale »

Je cite The Herald Sun, l’éditorialiste Rita Panahi dans les colonnes du Herald Sun : « Les universités encourageaient autrefois le débat solide, la pensée critique et la diversité des perspectives. C’était un endroit où on ne venait pas seulement pour obtenir une qualification, mais pour élargir son esprit et être mis au défi. A présent, l’endoctrinement est la norme bien plutôt que la stimulation intellectuelle, en particulier dans les arts, les humanités et les sciences sociales, où des groupes de pensée font la loi. La seule diversité qui n’est pas la bienvenue sur les campus, c’est la diversité d’opinion. » Et elle poursuit : « la simple rationalité et les opinions communes sont considérées comme du sectarisme, tandis que sont célébrées la culture de la plainte, l’intersectionnalité et la politique des identités.

Ce n’est en aucune façon un phénomène local : les universités australiennes suivent simplement l’exemple des institutions britanniques et des États-Unis, qui favorisent l’activisme politique au détriment de l’enquête intellectuelle. »

Et Rita Panahi de tourner en dérision l’argument selon lequel un cours de « pensée occidentale », financé par un Centre proche du Parti libéral australien compromettrait l’indépendance des universités. Ces universités ont accepté volontiers dans un passé récent des financements provenant de pays tels que la Turquie, Dubaï et l’Iran…. « Faire de la propagande pour les Centres pour les études arabes et islamiques ne semble pas troubler les syndicats enseignants et étudiants, mais négocier avec le Centre Ramsay, présidé par l’ancien premier ministre John Howard, là, ce serait aller trop loin... », s’indigne Rita Panahi.

Et sur le site Quillette, Bella d’Abrera, directrice du Centre Ramsay met en cause, de son côté, un enseignement supérieur qui ne lui semble plus tourner qu’autour des catégories de classe, genre et race, une « approche, je cite, qui n’est pas seulement ennuyeuse et répétitive, mais fondamentalement anti-intellectuelle. » Parce qu’elle n’autorise pas le dialogue, chacun parlant au nom de son « identité ».

« Les étudiants ne finissent pas seulement leurs études avec une vision du monde déformée, selon laquelle toute l’histoire du monde n’est plus vue qu’à travers le prisme oppresseurs/opprimés, mais ils sont en train d’imposer cette vision particulière du monde à la société dans laquelle ils trouvent des emplois dans le système éducatif, l’administration ou les compagnies privées. »

Source : France Culture

L'université aujourd'hui : face à face de deux « polémiques »

À gauche ce qu’il advient lorsqu’un professeur de sexe masculin met en doute le dogme féministe sur les femmes dans la science.

À droite, ce qu’il se passe lorsqu’une professeure fantasme sur la mutilation des hommes blancs.

Le CERN « a suspendu » sa collaboration avec un scientifique italien qui a tenu des propos « choquants » où il s’élevait contre la discrimination censément « positive » en science.

Vendredi dernier, l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire (CERN) a organisé un atelier à Genève intitulé « Théorie des hautes énergies et genre [le sexe] », auquel Alessandro Strumia, (ci-dessous) scientifique italien de l’Université de Pise, était invité.

Le professeur de l’université de Pisa a dénoncé le fait que « les hommes font face à une discrimination croissante dans le domaine de la physique. »

Il explique que le rôle croissant des femmes dans les emplois liés à la physique n’est pas lié à leur qualification, mais à la multiplication des débats sur les questions de genre et de parité.

« La physique n’est pas sexiste envers les femmes. Mais la vérité n’a pas d’importance, parce que ça fait partie d’une bataille politique venant de l’extérieur. On ne sait pas qui va gagner ».

Interrogé par Associated Press, Alessandro Strumia a évoqué un malentendu et dit ne pas penser que les hommes soient meilleurs que les femmes en physique. Il a toutefois relevé qu’il y a « un groupe politique qui veut faire croire aux femmes, et à d’autres personnes, qu’elles sont des victimes ».

Le professeur a encore estimé que le CERN faisait une erreur : « Ils m’ont suspendu parce que c’est vrai... et que c’est contraire à la ligne politique ».


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L’université Georgetown a défendu la liberté d’expression de la professeure en sciences politiques Christine Fair.

Celle-ci avait affirmé (voir le gazouillis ci-dessous)  que les sénateurs qui défendent le juge Kavanaugh « formaient un concert d’hommes blancs privilégiés qui justifiait le privilège dont s’arroge un violeur en série. » Ce violeur en série serait le juge Kavanaugh. On ne comprend pas très bien ce que la race des sénateurs, du juge, ou des accusatrices viendrait faire dans l’histoire. Tous sont blancs...

L’éminente professeure de la non moins prestigieuse université de Washington (historiquement catholique et même jésuite) poursuivait :  « Tous méritent des morts misérables sous les rires des féministes alors qu’ils expirent. Bonus : on castre leurs dépouilles et on les jette aux porcs ? Oui. »

Sanction : nulle. L’université s’est précipitée pour soutenir la liberté d’expression de son employée tout en lui demandant de rester objective en classe.

Fair était auparavant connue pour être un faucon (belliciste) en matières militaires et en particulier pour sa défense vigoureuse de la guerre par drones.

Ce n’est pas première fois que Christine Fair est au centre de polémiques. En janvier 2018, elle a causé un incident à l’aéroport de Francfort en Allemagne lors d’un contrôle de sécurité. La police allemande a déclaré que Mme Fair avait été peu coopérative dans la mesure où elle avait traité des agents de sexisme, de nazis, de voyous en uniforme et autres injures. Fair a été accusé d’injures calomnieuses en vertu de la loi allemande sur la diffamation.

Voir aussi

The trouble with feminism (L’ennui avec le féminisme), en anglais, 9000 mots