mercredi 5 février 2014

Québec — dépenses insoutenables de l'État

L'ancien ministre Jacques Brassard remarque sur le budget québécois (dont le deuxième poste de dépense est l'éducation et la famille...) :

Ce n’est pas la première fois qu’une étude nous révèle qu’en matière de finances publiques, le Québec, comme bien des États-providence dans le monde, fonce à toute vitesse dans le mur de la débâcle.

La collision sera douloureuse et ravageuse.

Nous aurons beau faire toutes les pirouettes qu’on veut, avec les chiffres dévoilés cette semaine par les HEC, le constat est dévastateur : notre sacro-saint modèle québécois se déglingue dramatiquement.

Le ministre des finances peut bien s’échiner à faire accroire qu’en resserrant quelques boulons notre État ventripotent devrait encore tenir, il doit se douter qu’il fait de l’esbroufe. Pour son dernier budget, il n’a atteint aucune cible (revenus, dépenses, déficit, dette) et il semble surtout compter sur des versements accrus de péréquation afin d’éviter le naufrage. Plutôt gênant !

En fait (et ça perdure depuis des années), tous les paramètres économiques et financiers du Québec clignotent en rouge : taux de croissance anémique, taux de chômage incompressible, déficits récurrents, dépenses excessives, dette incontrôlée, développement économique en panne. Un tableau cauchemardesque !


Je ne vous apprends rien en vous répétant que notre État-Providence est devenu un gros mammouth souffrant d’obésité morbide. Il faut d’urgence le mettre au régime. Il doit se délester du suif en surabondance.

Nous ne pouvons plus nous payer à coup de déficits et d’endettement des programmes chromés que des provinces plus riches que nous n’ont même pas songé à se donner. En écrivant cela, j’énonce un cliché éculé. Sans doute. Mais c’est la vérité toute crue.

Il faut tailler dans le vif. Avec comme ambitieux objectif de vivre selon nos moyens. Il faut faire ce que l’Allemagne, la Suède, l’Espagne, le Portugal, la Grèce et bien d’autres ont fait : revoir les programmes de dépenses de l’État et les aligner sur la capacité de payer des contribuables. Cela suppose évidemment, dans bien des cas, de carrément réinventer des programmes ruineux : services de santé, services de garde, assurance parentale, régimes de retraite, panoplie de subventions aux entreprises.

La tâche est colossale. L’économiste Pierre Fortin a produit un graphique qui démontre qu’en 2009, « si le Québec, provincial et municipal, avait dépensé dans la même proportion de son revenu intérieur que les autres provinces, il aurait dépensé 29 milliards de dollars de moins.» Vous rendez-vous compte ? 29 milliards ! Ahurissant !


Ceci est une caricature et n'est pas le vrai montant de la dette du Québec


Ce seul chiffre suffit à illustrer la débandade budgétaire de l’État québécois. Mais après tout, me rétorqueront certains, ne sommes-nous pas une « société distincte » ?!

Le plus angoissant, c’est que, devant ce que Pierre Fortin appelle « l’insoutenable précarité des finances publiques québécoises », la classe politique se cantonne dans le déni et la fuite en avant.

Car, voyez-vous, à part la CAQ qui fait au moins l’effort de s’intéresser à ces questions, les deux grands partis de gouvernement (le PQ et le PLQ) s’acharnent à croire que le tout s’arrangera avec un hypothétique taux de croissance subitement musclé et une poussée de développement économique qu’on annonce en parole, mais qu’on s’ingénie par ailleurs à bloquer et à entraver pour plaire aux gourous écolos.

L’avenir est sombre et on n’est pas sorti du bois !



Le vrai chiffre de la dette estimée en temps réel par l'Institut économique de Montréal



Les humoristes qui dénoncent l'État-vampire ont encore de beaux jours devant eux

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Histoire — les Français sous l’Ancien Régime payaient 18 jours de travail en impôts




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Décrochage des enseignants au Québec

Au Québec, on rapporte qu’autour de 15 % à 20 % des enseignants abandonnent durant leurs cinq premières années d’enseignement (Gaudreau, 2011; Kirsch, 2006).

C'est nettement moins qu'aux États-Unis et ailleurs au Canada. Environ 33 % des nouveaux enseignants en Amérique quittent durant les trois premières années et que presque 50 % auront quitté au bout de cinq années (Shakrani, 2008).

Il serait intéressant que se pencher sur les causes de ces différences. Ainsi dans quelle mesure la sécurité de revenus relativement élevés dans un Québec au revenu moyen inférieur et au chômage supérieur aux autres États en Amérique du Nord expliquerait-il cette plus forte rétention ?

Via  Gestion efficace de la classe et le Professeur masqué.




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PISA — élèves québécois passent en sciences de la 10e position en 2006 à la 24e place en 2012

Alors que les Québécois se félicitaient d’avoir des jeunes forts en mathématiques il y a à peine un mois, la faible performance de ces derniers en sciences est passée sous silence (sauf sur ce carnet), déplorent plusieurs intervenants du milieu dans les pages du Journal de Montréal.

C’est ce qui ressort du dévoilement en décembre dernier des résultats de la plus récente étude PISA (Programme international pour le suivi des acquis des élèves), une situation qui inquiète l’enseignant de quatrième secondaire en sciences et technologie, René Nault.

«On se pétait les bretelles avec notre performance en mathématiques, mais personne n’a parlé que depuis 2006, on remarque une lourde tendance à la baisse en sciences», a-t-il indiqué.

Depuis 2006, le positionnement des élèves québécois en sciences a dégringolé passant de la 10e à la 14e position en 2009 pour finalement aboutir à la 24e place en 2012.

Cette étude, réalisée sur un intervalle de trois ans, compare la performance des élèves des pays de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économique) en mathématiques, lecture et sciences.


Québec en bas de la liste ci-dessus (résultats PISA 2012 en sciences)

Réforme scolaire, les profs des généralistes surchargés

La réforme scolaire, mise en place au tournant des années 2000, pourrait être à la source de cette baisse, croit M. Nault.

Selon lui, le rapatriement de tous les cours de science, comme la biologie ou la physique, en un seul et même cours aurait pour conséquence de ne proposer qu’un survol des sujets sans jamais les traiter en profondeur. Une situation aggravée par l’augmentation de la charge de travail des enseignants, affirme-t-il.

« On a diminué de niveau, nous sommes passés de spécialistes à généralistes et nous avons le double de tâches », a affirmé René Nault, anciennement enseignant en sciences physique.

Le professeur à l’Université Laval Simon Larose, qui se penche sur les effets de la réforme sur les élèves, a lui aussi constaté les mêmes résultats inquiétants.

« Il y a eu un grand manque de vision dans l’implantation de cette réforme, même pour les enseignants. Parler de biologie ou de chimie, c’est un défi immense pour un enseignant spécialisé en science physique, par exemple », avance-t-il.

Ses recherches démontrent un mécontentement tant chez les parents que chez les élèves.

« On a noté un déclin de diplomation chez les jeunes, on ne sait pas si c’est dû au contenu, à l’implantation ou à la politique », s’interroge M. Larose.

Les sciences, métiers de l’avenir

Sources de métiers prometteurs, les sciences présentent des débouchés intéressants, d’où l’inquiétude suscitée par les mauvais résultats obtenus par les élèves québécois dans ces disciplines.

Selon une enquête de Jobboom, Bilan des perspectives du marché du travail 2014, le tiers de la main-d’œuvre dans le domaine de l’aérospatiale devra être remplacé dans les années à venir.

« Comme 30 % de la main-d'œuvre québécoise du secteur aérospatial partira à la retraite d'ici les 15 prochaines années, ces perspectives favorables s'annoncent durables », explique le bilan.

Pour l’enseignant en quatrième secondaire en sciences et technologie à l’école Joseph-François-Perrault, René Nault, les sciences sont primordiales au développement du pays.

« Nous savons tous que les sociétés se basent sur la recherche et le développement, c’est donc essentiel de bien former nos jeunes », explique-t-il.

Mêmes effets délétères en histoire et en géographie ?

Cette même tendance à faire des professeurs des généralistes s'observe également en Univers social où des profs d'histoire enseignent maintenant la géographie et vice-versa. Des enseignants spécialisés sont devenus des généralistes multidisciplinaires. Quoi de moins étonnant quand l'enseignement privilégie au Québec les diplômés d'études généralistes en éducation (relire l'histoire de Patrick Letendre ce prof de latin) et que les programmes (comme ECR) ne se veulent pas « encyclopédistes », mais insistent plutôt sur l'apprendre à apprendre (ou à réagir de manière politiquement correcte pour le cours ECR). On comprend l'intention, on se demande toutefois si l'on ne verse pas trop dans le « général » au Québec.


Voir aussi

Québec — La dégringolade en sciences

PIRLS — Les jeunes élèves québécois lisent moins bien que élèves du reste du Canada

PISA 2012 : Canada perd des plumes, Asie en tête, net recul de la Finlande, la France mauvaise élève

PPCE-2010 :  forte baisse relative en sciences des élèves québécois

Très forte chute des résultats en lecture pour les élèves québécois francophones entre 2007 et 2010

Québec — L'enseignement des sciences d'après la « réforme pédagogique »

Le constructivisme radical ou comment bâtir une réforme de l'éducation sur du sable.




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