samedi 21 septembre 2013

France — L'Étonnante école libre dans une banlieue immigrée

Rigueur scolaire, pédagogique et disciplinaire. Telles sont les caractéristiques du cours Alexandre-Dumas, une école non subventionnée qui accueille 85 élèves de « tous niveaux et toutes origines », à Montfermeil, une banlieue difficile au nord de Paris. Ces écoles non subventionnées bénéficient d'une grande liberté de programme, de pédagogie et d'embauche. Libertés inconnues au Québec.

Uniforme que les élèves doivent mériter, costume cravate pour les enseignants, vouvoiement de rigueur, accent mis sur la maîtrise de la langue française au primaire, 7 h 30 d'activités physiques par semaine. Nous sommes en Seine-Saint-Denis, à Montfermeil, qui fut en 2005 le théâtre d'affrontements urbains. Et si l'école privée Alexandre-Dumas a opté pour un uniforme façon banlieue — molletonné à capuche vert pour les garçons, bordeaux pour les filles —, il a aussi fait le choix de méthodes d'enseignement classiques.

L'école a ouvert ses portes en 2012, avec 6 élèves. Elle en compte 85 lors de cette rentrée. Une école pas comme les autres, « libre » ou « indépendante » suivant le vocable utilisé. Une école non subventionnée qui se veut une alternative au système scolaire publique, lancée « pour essayer d'apporter une réponse à l'échec scolaire de masse », explique le dossier de presse adressé aux journalistes.

Il faut dire que l'école Alexandre-Dumas a de quoi faire rêver. Ouverte aux élèves de « tous niveaux et de toutes origines », financièrement abordable (750 euros par an, avec possibilité de bourse), pédagogie sur mesure, rythmes scolaires adaptés, déjeuners partagés avec des professeurs disponibles de 7 h 45 à 19 h, lien étroit avec les parents, prévention des « conflits ethniques par structuration de l'école en groupes de solidarité interâges »... Le tableau est parfaitement idyllique selon le Figaro.

« Susciter le renouveau éducatif en France »

« Sa fréquentation reflète fidèlement la population de Clichy-Montfermeil », explique encore le dossier de présentation. Si l'école n'a pas d'étiquette confessionnelle et accueille, de fait, nombre de musulmans, les familles n'ignorent en rien son orientation catholique. Derrière cet établissement pilote, Anne Coffinier diplômée de l'École nationale d'administration et de l'École normale supérieure, catholique bien connue dans le milieu des écoles libres. Directrice générale de la Fondation pour l'école, elle mène depuis quelques année une croisade pour « susciter le renouveau éducatif en France ».

Le cours Alexandre-Dumas, qui compte actuellement sept professeurs, a puisé ses pédagogies dans des œuvres éducatives comme l'Eau vive, chez Baden Powel, fondateur du scoutisme, ou encore Don Bosco. Son directeur, Albéric de Serrant, a fait ses armes à la fondation d'Auteuil et chez les Frères Hospitaliers de Saint-Jean de Dieu.

L'initiative est financée par la Fondation Espérance banlieue, créée en 2012 pour soutenir la création d'écoles indépendantes en banlieue. Coût moyen par élève ? 3658 euros par an, contre 5730 dans le public à l'école primaire et 9670 au collège. « Chaque élève scolarisé à Alexandre Dumas fait économiser de l'argent à l'État et aux collectivités locales », explique le projet.

Le modèle a su convaincre Xavier Lemoine, maire centriste de Montfermeil, qui évoque une « petite école originale qui a parfaitement fait sa place dans le paysage éducatif ». Il pourrait être répliqué à Clichy-sous-Bois et Marseille. Mais s'il « n'obtient pas de financement publics, son développement sera malheureusement compromis », explique-t-on.

À ce jour, la galaxie des écoles hors contrat — des écoles Montessori aux écoles confessionnelles, — compte quelque 58.000 élèves, sur 12 millions au total (parmi lesquels deux millions dans le privé sous contrat, essentiellement catholique). Des structures qui, selon Anne Coffinier jouent un rôle de « laboratoire, d'incitation à l'audace pédagogie et au bon sens ».

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Bernard Drainville et l'État québécois censément neutre

 Chronique de Nathalie Elgrably-Lévy de l'Institut économique de Montréal :
 
« Sur le site du gouvernement du Québec consacré à la présentation du projet de charte des valeurs du Parti québécois, on peut voir une vidéo d’environ trois minutes dans laquelle le ministre Bernard Drainville déclare avec sérieux et conviction : « Au Québec, tous les Québécois doivent être traités également et équitablement par l’État. Peu importe notre niveau de revenu, notre condition sociale, notre origine. Peu importe nos convictions morales et religieuses, l’égalité et le traitement équitable doivent être la règle quand on fait affaire avec l’État. » M. Drainville a parfaitement raison et sa déclaration devrait être non seulement applaudie, mais aussi gravée sur les murs des édifices gouvernementaux. Malheureusement, si le principe est noble et inattaquable, il est loin d’être mis en application.



 
Traitement égal devant l'impôt, les subventions ?

La nature même du régime fiscal québécois est bien la preuve que l’État ne réserve pas le même traitement à tous les contribuables, indépendamment de leur niveau de revenu. Si c’était le cas, Québec aurait abandonné l’impôt progressif au profit d’un impôt à taux unique, comme c’est le cas dans un nombre croissant de pays à travers le monde. Il aurait aboli les milliers d’exemptions, de crédits et de traitements spéciaux contenus dans la Loi sur les impôts et il aurait supprimé tous les programmes de subventions dont certains bénéficient. Par exemple, peut-on parler d’équité quand Québec offre un crédit d’impôt supplémentaire à ceux qui choisissent le REÉR d’une centrale syndicale plutôt que tout autre REÉR ? Et quand Québec délie les cordons de sa bourse devant les doléances de quiconque se revendique « artiste » alors qu’il reste insensible aux difficultés d’autres industries ? Dans le même ordre d’idées, que penser des multiples programmes et subventions visant à augmenter la place des femmes dans les emplois traditionnellement masculins alors qu’il n’existe rien d’équivalent pour favoriser l’embauche des hommes dans les emplois traditionnellement féminins ? Sommes-nous donc réellement tous égaux ?

Neutralité dans les valeurs ?

Toujours dans la même vidéo, M. Drainville affirme que « l’État n’a pas à s’immiscer dans les convictions religieuses ou morales des Québécois. L’État doit être neutre ! » La déclaration du ministre est criante de vérité. Mais si ses propos sont sincères, si Québec ne cherche vraiment pas à influencer nos valeurs, comment expliquer la campagne publicitaire traitant de l’homophobie ? [et son plan interministériel de lutte contre l'« hétérosexisme »] Et celle sur la souveraineté alimentaire qui, dans les faits, n’est rien de plus qu’une forme de xénophobie économique ? Certes, Québec peut invoquer des raisons qu’il juge nobles pour justifier les traitements de faveur accordés à certains et les campagnes publicitaires qu’il finance. Ses choix ne sont peut-être pas teintés de considérations religieuses, mais pour choisir ceux qui passent à la caisse et ceux qui encaissent, pour identifier les causes qui méritent les fonds publics, l’État doit nécessairement s’appuyer sur une idéologie, un système de valeurs et une notion du bien et du mal qui lui est propre et dont rien ne prouve la supériorité. Dès lors, toute neutralité est impossible. En raison du rôle qu’il se donne, dans toutes ses actions, que ce soit au moment du prélèvement de l’impôt ou de sa redistribution, l’État est systématiquement et inéluctablement partial. Que Québec insiste sur la neutralité religieuse est une chose. Mais entendre M. Drainville se gargariser de neutralité, comme si c’était le modus operandi de l’État, est risible, presque [pitoyable]. »


On pourrait ajouter aux exemples donnés par Nathalie Elgrably-Lévy l'école publique et son programme unique qui favorise une vision du monde (et défavorise donc certains parents opposés à celle-ci). Il en va de même des manuels scolaires qui sont passés au crible par le Bureau d'approbation du matériel didactique, au titre orwellien (on ne censure plus, on approuve). Ce bureau a pour fonction de s'assurer non pas tellement de l'exactitude scientifique des manuels, mais de leur respect de tous les codes de la rectitude politique la plus corsetée sur le terrain du féminisme, du multiculturalisme, de la lutte contre l'hétérosexisme, etc. Bref, il met de l'avant les valeurs d'une soi-disante « élite » qui pense pour nous, mais n'est en rien neutre. C'est encore une particularité québécoise (le « Québec en avance » n'en doutez pas, vils impies !) Même en France, l'État ne révise plus les manuels depuis près de 70 ans, Vichy ayant laissé de mauvais souvenirs sur ce sujet.

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École primaire chrétienne La Source à Sherbrooke

Extrait du numéro de septembre 2013 du magazine La Vie est belle (voir le site) :

« L’école La Source « rassemble toutes les personnes qui se disent chrétiennes », précise Samuel. On ne peut pas nier que la déconfessionnalisation des écoles, l’imposition du cours d’éthique et de culture religieuse (ECR) et la perte du droit des parents de choisir entre « religion » et « morale » ont poussé Samuel, ainsi que son épouse Véronic Perron, à fonder cette école chrétienne.

« Comme bien du monde, on a vu que la majorité des Québécois se dit croyante et n’a pas de problème avec la religion. Tous ces changements, c’est pour plaire à une minorité !

« La réalité, c’est que les chrétiens n’ont plus de place dans les écoles. C’est beau la laïcité, mais mon enfant, c’est un croyant, et on ne le respecte pas comme il est. C’est ce que bien des parents constatent ! »

Quand il était professeur dans une école secondaire publique, Samuel trouvait sa situation de chrétien difficile à vivre. « J’étais témoin du vécu des
élèves. Avec eux, je ne pouvais pas avoir un langage chrétien ou des énoncés de foi à propos de l’éducation, la personne, les relations humaines, la vision du monde, le sens de la vie. C’était interdit.

« Je ne pouvais jamais aller au bout de ce que je croyais. J’assistais, impuissant, aux résultats désastreux de l’éducation athée sur les jeunes…
À 15 ans, découragés de la vie, sans valeurs et sans espoir… Je n’étais plus capable de vivre ça ! Ce n’est pas neutre, une école [publique], c’est un lieu négatif pour les croyants.

« La foi, c’est comme l’écriture, les langues ou la santé, ça s’apprend dès l’enfance ; rendu vieux, c’est difficile. Notre école offre une approche entière de la personne : vivre la foi en Jésus, être trilingue et développer une santé globale.

« Au centre de notre école et de nos vies, on remet Jésus-Christ, un grand tabou ! Les parents choisissent notre école pour cette raison ; ils veulent que leurs enfants soient respectés et éduqués avec les valeurs de Jésus. « Même si chaque journée commence par le Notre Père chanté, l’école n’enseigne pas la religion et ne veut pas jouer dans les plates-bandes des parents. Les enfants vont à leur église avec leurs parents. Pour preuve, les ministres du culte ou autres pasteurs ne peuvent siéger au conseil d’administration. Seulement les parents. »

[...]

Professeur d’éducation physique et d’ECR à l’école secondaire Samuel de Champlain, à Beauport, Éric résume le problème simplement : tout en parlant « diversité » et « différence », on veut que tout le monde vive et pense pareil !

« Quand les jeunes arrivent au secondaire, ils ont leur idée toute faite au sujet de la religion : ça n’a pas de sens ! Ils pensent tous pareil et sont totalement indifférents. Pour moi, l’indifférence est pire que le mépris. Ils m’apostrophent : « Marcher sur les eaux ? Ben voyons ! » ; « Marie était vierge ? Ben voyons donc ! » ; « L’Église ? Vous êtes pour ça, vous, les pédophiles ? »

L’approche du cours d’ECR est plutôt anecdotique ; beaucoup de temps est consacré aux rituels, aux costumes et aux mets culinaires, mais rien d’important sur l’expérience humaine intérieure.

« Saint Paul dit que c’est la lettre qui tue et l’esprit qui vivifie. De l’esprit, il n’y en a pas dans ce cours. La dimension humaine est évacuée. Le but du cours est d’amener à comprendre pour moins juger, mais la réalité c’est que, à la fin, les élèves arriveront tous à la même conclusion : la religion n’a pas de sens et il vaut mieux être athée. »

Éric voit de grandes différences par rapport à son jeune temps. À l’époque, le côté humain occupait une bonne place dans les écoles. Aujourd’hui, tout semble avoir disparu. « Avant, faisait-il remarquer, au secondaire, on avait le cours “Économie familiale”, où l’on apprenait à cuisiner, à faire son budget et même à coudre ! Il y avait aussi la pastorale, où l’on vivait plein de choses… »

Dans un autre article du même numéro (Et si l’éducation rendait libre ?), on note la même critique de la superficialité du cours ECR :
« Bien sûr, il y a le fameux cours d’ÉCR (Éthique et culture religieuse) qui explique froidement aux jeunes la mécanique de chaque religion. Mais, se désole Louis-André Richard [professeur de philosophie au cégep Sainte-Foy et à l’Université Laval], pas question d’aller voir à l’intérieur de ces religions : on ne lit pas le Coran ni la Bible. On se contente de parler de restrictions alimentaires et de styles vestimentaires.

Si seulement l’éthique et la culture pouvaient se réduire à des questions de bouffe et de guenilles, la vie serait drôlement plus simple, n’est-ce pas ?» »




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Québec — Près de la moitié des adultes ne sauraient pas lire de manière fonctionnelle

Près de la moitié, soit 49 %, des Québécois âgés de 16 à 65 ans sont incapables de lire la posologie d'un médicament, comprendre un article de journal ou décrypter les ingrédients inscrits sur une boîte de céréales. Devant ce constat alarmant, le Conseil supérieur de l'éducation demande au gouvernement d'inscrire la problématique du faible taux d'alphabétisation adulte au cœur de ses priorités.

« C'est énorme ! » s'exclame le président du Conseil, Claude Lessard. Selon lui, même si cette statistique provient de l'Enquête internationale sur l'alphabétisation et les compétences des adultes réalisée en 2003, elle est toujours juste et doit préoccuper la société au même titre que le décrochage scolaire.

Les causes du faible taux d'alphabétisation fonctionnelle adulte sont multiples. Selon l'avis de l'organisme rendu public aujourd'hui, l'école est en partie responsable. « Elle ne transmet pas des habitudes et un goût de la lecture qui perdurerait toute la vie », fait valoir M. Lessard, qui précise cependant que les étudiants fraîchement diplômés ne ressortent pas nécessairement des établissements scolaires illettrés. Le problème est plutôt qu'une partie de ceux-ci perdront leurs habiletés au fil des ans puisqu'ils n'auront pas stimulé « leur muscle de la lecture ».

Rappel : les dépenses par élève en hausse constante

En 2007-2008, la dépense globale d’éducation par rapport au produit intérieur brut (PIB) est estimée à 7,4 % au Québec ; par comparaison, ce taux est estimé à 6,8 % dans les provinces de l’Atlantique, à 6,3 % en Ontario et à 6,1 % dans les provinces de l’Ouest. Lorsque l’on considère cet indicateur, il apparaît que l’effort financier en éducation demeure plus important au Québec que dans la moyenne des autres provinces.

La dépense globale comprend la dépense de fonctionnement, la dépense d’immobilisation, la dépense pour la recherche (pour les universités) et les intérêts sur le service de la dette (mais pas les remboursements de capital), selon le concept retenu par Statistique Canada.

Entre 1998 et 2002, on a observé une augmentation de 26 % de la dépense par élève en dollars courants et de 16 % de la dépense par élève en dollars constants. Ces augmentations s’expliquent surtout par l’entente, intervenue en avril 2000 entre le gouvernement du Québec et les syndicats, qui établissait une nouvelle structure salariale pour le personnel enseignant.

Entre 2002 et 2004, il y a eu une relative stabilité de la dépense par élève en dollars constants. Cela s’explique en partie par un gel des salaires du personnel des commissions scolaires au cours de cette période.

Entre 2004 et 2007, la dépense par élève a augmenté de 21 % en dollars courants et de 14 % en dollars constants.

 
Dépense globale par élève des commissions scolaires québécoises en dollars courants et en dollars constants de 2007-2008




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