Rigueur scolaire, pédagogique et disciplinaire. Telles sont les caractéristiques du cours Alexandre-Dumas, une école non subventionnée qui accueille 85 élèves de « tous niveaux et toutes origines », à Montfermeil, une banlieue difficile au nord de Paris. Ces écoles non subventionnées bénéficient d'une grande liberté de programme, de pédagogie et d'embauche. Libertés inconnues au Québec.
Uniforme que les élèves doivent mériter, costume cravate pour les enseignants, vouvoiement de rigueur, accent mis sur la maîtrise de la langue française au primaire, 7 h 30 d'activités physiques par semaine. Nous sommes en Seine-Saint-Denis, à Montfermeil, qui fut en 2005 le théâtre d'affrontements urbains. Et si l'école privée Alexandre-Dumas a opté pour un uniforme façon banlieue — molletonné à capuche vert pour les garçons, bordeaux pour les filles —, il a aussi fait le choix de méthodes d'enseignement classiques.
L'école a ouvert ses portes en 2012, avec 6 élèves. Elle en compte 85 lors de cette rentrée. Une école pas comme les autres, « libre » ou « indépendante » suivant le vocable utilisé. Une école non subventionnée qui se veut une alternative au système scolaire publique, lancée « pour essayer d'apporter une réponse à l'échec scolaire de masse », explique le dossier de presse adressé aux journalistes.
Il faut dire que l'école Alexandre-Dumas a de quoi faire rêver. Ouverte aux élèves de « tous niveaux et de toutes origines », financièrement abordable (750 euros par an, avec possibilité de bourse), pédagogie sur mesure, rythmes scolaires adaptés, déjeuners partagés avec des professeurs disponibles de 7 h 45 à 19 h, lien étroit avec les parents, prévention des « conflits ethniques par structuration de l'école en groupes de solidarité interâges »... Le tableau est parfaitement idyllique selon le Figaro.
« Susciter le renouveau éducatif en France »
« Sa fréquentation reflète fidèlement la population de Clichy-Montfermeil », explique encore le dossier de présentation. Si l'école n'a pas d'étiquette confessionnelle et accueille, de fait, nombre de musulmans, les familles n'ignorent en rien son orientation catholique. Derrière cet établissement pilote, Anne Coffinier diplômée de l'École nationale d'administration et de l'École normale supérieure, catholique bien connue dans le milieu des écoles libres. Directrice générale de la Fondation pour l'école, elle mène depuis quelques année une croisade pour « susciter le renouveau éducatif en France ».
Le cours Alexandre-Dumas, qui compte actuellement sept professeurs, a puisé ses pédagogies dans des œuvres éducatives comme l'Eau vive, chez Baden Powel, fondateur du scoutisme, ou encore Don Bosco. Son directeur, Albéric de Serrant, a fait ses armes à la fondation d'Auteuil et chez les Frères Hospitaliers de Saint-Jean de Dieu.
L'initiative est financée par la Fondation Espérance banlieue, créée en 2012 pour soutenir la création d'écoles indépendantes en banlieue. Coût moyen par élève ? 3658 euros par an, contre 5730 dans le public à l'école primaire et 9670 au collège. « Chaque élève scolarisé à Alexandre Dumas fait économiser de l'argent à l'État et aux collectivités locales », explique le projet.
Le modèle a su convaincre Xavier Lemoine, maire centriste de Montfermeil, qui évoque une « petite école originale qui a parfaitement fait sa place dans le paysage éducatif ». Il pourrait être répliqué à Clichy-sous-Bois et Marseille. Mais s'il « n'obtient pas de financement publics, son développement sera malheureusement compromis », explique-t-on.
À ce jour, la galaxie des écoles hors contrat — des écoles Montessori aux écoles confessionnelles, — compte quelque 58.000 élèves, sur 12 millions au total (parmi lesquels deux millions dans le privé sous contrat, essentiellement catholique). Des structures qui, selon Anne Coffinier jouent un rôle de « laboratoire, d'incitation à l'audace pédagogie et au bon sens ».
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