mardi 2 octobre 2012

Belgique — la société se déchristianise, mais l'école catholique a de plus en plus la cote

« On assiste à une espèce de paradoxe , entame Olivier Servais, docteur en anthropologie et professeur à l’Université catholique de Louvain (la neuve), c’est-à-dire qu’on assiste à une déchristianisation et une sécularisation massive de la société tandis qu’en contrepoint, il y a une croissance comme jamais atteinte de l’enseignement catholique [très subventionné] en Belgique francophone. »

Pourquoi ? À l'issue de nombreux entretiens, l'anthropologue tire ces conclusions :

La place des convictions

La place des convictions et valeurs dans l’école catholique. « En faisant une synthèse des entretiens avec les différents acteurs, il nous apparaît que l’école catholique est articulée autour de quatre dimensions », rapporte le chercheur.

1) « Bien des acteurs interviewés considèrent que la transmission d’une culture occidentale en lien avec une histoire chrétienne, que l’on soit croyant, agnostique ou athée, est fondamentale et fait partie du rôle de l’école catholique », indique M. Servais.

2) Pour beaucoup d’acteurs, l’école chrétienne est la garantie d’un « plus ». « Elle est perçue comme ayant un supplément d’âme, enchaîne-t-il. Ce sentiment provient tant d’acteurs de l’enseignement catholique que de personnes qui ont eu l’impression, en observant l’enseignement catholique, que ‘l’école était plus propre, qu’on allait plus loin dans la matière’ , etc. », complète son assistante Anne Baudaux.

3) Prime également le sentiment que « c’est une école qui a une identité forte, positive », reprend Olivier Servais.

4) « L’école chrétienne est perçue comme une résistance à une dominante sociétale : elle est vue comme un frein à l’individualisme et au néolibéralisme », poursuit-il.

Les valeurs associées à l’école

« L’école chrétienne est un compromis entre des valeurs plus traditionnelles comme la religion, l’autorité (par exemple, l’autorité morale du directeur), l’obéissance, le devoir, la responsabilité, etc. et des valeurs dites ‘postmodernes’ telles que l’épanouissement, la liberté, la sincérité, la tolérance » , définit Olivier Servais.

L’imaginaire autour de l’école

1) Pour les parents, « une bonne école chrétienne est stricte, disciplinée, exigeante mais respectueuse et juste. Elle doit aussi être de bonne réputation », décrit Anne Baudaux. « C’est aussi une école qui pousse à s’investir, qui est attentive, humaine et personnalisable, et qui favorise l’autonomie de l’enfant. »

2) Les directeurs mettent, eux, davantage en évidence l’exigence. « Pour les directeurs, oui, l’école catholique est élitiste, mais dans le bon sens, c’est-à-dire qu’ils essaient de prendre tous les élèves là où ils sont et de les amener le plus haut possible », continue-t-elle.


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