mercredi 22 septembre 2010

« Le ministère de la Rééducation »

Texte de Mathieu Bock-Côté publié dans Écho Montréal, Vol. 17, n° 9, septembre 2010, p. 8.

Raymond Aron, certainement un des plus grands intellectuels du 20e  siècle, a consacré une partie substantielle de son œuvre à la critique du socialisme. Lorsqu’on lui demandait s’il n’était pas las de cette polémique, il répondait que tel était bien le cas, mais qu’il n’y pouvait rien dès lors que cette idéologie menaçait activement les sociétés occidentales.

Depuis 40 ans, les choses n’ont changé qu’en apparence. La haine de l’Occident n’est pas disparue, elle s’est métamorphosée. Le philosophe Alain Finkielkraut l’a noté, le multiculturalisme est le communisme de notre siècle. Il en est l’héritier et a pris le relais comme expression d’un égalitarisme si radical qu’il est traversé par une tentation autoritaire. Il représente aujourd’hui l’idéologie dominante.

Le multiculturalisme repose sur une idée mortifère : les sociétés occidentales seraient coupables de racisme. On devrait pour cela déconstruire leur identité. La société d’accueil n’aurait plus le droit d’exiger des immigrés qu’ils prennent le pli culturel de la majorité. En fait, ce serait à la société d’accueil à « s’adapter à la diversité ».

De manière surprenante, le ministère de l’Éducation (MELS) est devenu le principal promoteur du multiculturalisme au Québec. On l’a vu il y a encore quelques semaines lorsque il a annoncé la réalisation d’un « calendrier multiconfessionnel » permettant aux écoles de planifier leurs examens sans vexer la « sensibilité religieuse » des communautés culturelles.

L’initiative, faussement généreuse, vient bouleverser la question de l’intégration : de plus en plus, chaque communauté disposera pratiquement d’un droit de veto dans l’aménagement du calendrier scolaire. Noël comme Pâques ne seront plus que des fêtes parmi d’autres. Au pire, l’ouverture à l’autre exigerait la disparition de l’identité québécoise de l’espace public. Au mieux, elle ne sera qu’une identité parmi d’autres.

Sur le site internet du MEQ, on présente ainsi la société québécoise : « d’abord occupé par une population autochtone, le Québec a successivement accueilli des arrivants de France, des îles Britanniques, puis d’un nombre toujours croissant de pays. Il reçoit plus de 38 000 nouveaux arrivants par année ». Il n’y a plus de culture fondatrice, seulement un territoire où s’accumulent des vagues migratoires également importantes dans la formation de l’identité québécoise. Pour le MEQ, nous sommes tous des immigrants.

Sans surprise, cette vision se répercute dans le nouveau cours d’histoire du Québec, radicalement dénationalisé. Par exemple, dans ce cours, la Révolution tranquille est dénaturée. On ne dira plus Maîtres chez nous, lorsqu’on examinera l’élection de 1962. On se demandera plutôt si le « nous » en question était suffisamment inclusif. Toujours, on filtrera le passé dans le tamis de le la diversité obligatoire.

C’est un nouveau peuple qui n’aura plus de « québécois » que le nom que le MELS entend fabriquer. Le nouveau cours Éthique et culture religieuse en accouchera. Comme ses théoriciens l’ont avoué, les jeunes Québécois, une fois passés par ce cours, adhèreront à la religion de « l’accommodement raisonnable ». En définitive, ils auront été endoctrinés.

Le MELS entend immuniser les enfants contre leur culture nationale. Il les rendra étranger à leur peuple. On devrait désormais parler du ministère de la Rééducation.




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Le cours d'éthique et de culture religieuse fait l'objet d'une première plainte officielle

Le Reflet du Lac rapporte. Les intertitres sont de nous.

Une plainte en bonne et due forme a été déposée à la Commission scolaire des Sommets, en rapport avec le cours d'éthique et de culture religieuse (ÉCR). Le tout a entraîné une trentaine de parents à manifester leur mécontentement face à ce cours obligatoire, lors de la réunion des commissaires du 21 septembre dernier.

Ladite plainte a été logée par Alec St-Jean, un père de trois enfants du Canton de Melbourne. Sa plus jeune fille, qui fréquente l'école secondaire du Tournesol à Windsor, est rentrée de son cours d'ÉCR du 17 septembre dernier en pleurs. « Son professeur a dit que Marie s'était fait violée et qu'elle avait caché ce fait à Joseph en disant qu'elle était tombée enceinte du Saint-Esprit. Dans notre famille, nous sommes croyants et ce simple fait est venu ébranler sa croyance et l'a complètement révoltée. Dans toute cette histoire, j'aimerais qu'on puisse exempter le cours d'éthique et de culture religieuse à nos enfants. Après tout, je n'envoie pas mes enfants à l'école pour les faire souffrir et je ne veux pas les voir revenir les yeux pleins d'eau. »

[...]


Le directeur général de la Commission scolaire, Christian Provencher, a bien reçu la plainte. « Nous allons faire un suivi de ce dossier et nous allons communiquer avec vous », a-t-il lancé au plaignant.

[Note du carnet : la transcription faite par le journaliste de la Tribune, Jean-François Gagnon, est nettement moins affirmative : « Éventuellement, on va faire un suivi avec vous ».]


Dans sa démarche, le père de famille a reçu l'appui de nombreux parents, dont Angèle Rodrigue. « Je suis venue appuyer la cause puisque je veux qu'on conserve la liberté d'éducation. Nous devrions choisir la foi qui est communiquée à nos enfants », souligne cette citoyenne de Sainte-Catherine-de-Hatley.

Avis de psychologue, ex-ministre, prêtre, docteur ignorés

Sylvain Lamontagne, lui, s'était déplacé à la rencontre pour demander aux commissaires de tenir un vote afin de lever l'obligation du cours d'éthique et de culture religieuse. Armé de plusieurs lettres de recommandations de divers spécialistes, il a pris la parole. « Ça fait trois ans qu'on vient vous dire que nous sommes opposés à ce cours, car il porte atteinte à la foi de nos enfants. Nous avons le droit de choisir selon notre liberté de conscience et de religion », a-t-il plaidé.

Appuyer des commissaires scolaires représentatifs

Les commissaires ont entendu ses dires, mais ont toutefois décidé de ne pas voter sur l'épineux dossier. Déçu, M. Lamontagne a promis de poursuivre son combat. « Il ne faut pas lâcher. Il faut aller jusqu'au bout. Mais, je trouve ça dommage. Les commissaires sont censés représenter les parents et les élèves. Et certains parents trouvent que c'est injuste d'imposer le cours d'éthique et de culture religieuse », a-t-il conclu, tout n'excluant pas la possibilité d'appuyer les commissaires qui sont de son côté lors de prochaines élections scolaires.

Source : Le Reflet du Lac




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France — inquiétudes devant la lente disparition du latin et du grec


Un demi-million d’élèves français étudiaient encore le latin ou le grec en 2009-2010 dans les établissements secondaires de France.

Il est vrai que ces programmes se sont sensiblement allégés ces dernières décennies, on y lit de moins en moins le latin et le grec, mais de plus en plus de textes classiques en français.

Mais voilà que maintenant l'État français veut réformer le concours de recrutement des professeurs de langues classiques.

Pour Hugues Kéraly,
L’information la plus lourde de conséquences de cette rentrée scolaire est restée inaperçue des principaux médias : dès cette année, les épreuves de latin et de grec sont supprimées du “Capes“ de lettres classiques, filière de formation des enseignants de langues anciennes pour tous les collèges et lycées de France. Ce génocide programmé n’annonce pas seulement une accélération du naufrage pédagogique de l’Éducation Nationale. Elle s’inscrit dans une tendance lourde au déracinement culturel – et par suite au déclin mondial – de tout l’espace européen.

Édouard Herriot définissait finement la culture comme “ce qui reste, quand on a tout oublié”.

– Que reste-t-il, à 99% de ceux qui sont passé par ces apprentissages, de la bonne approche du plissement hercynien, de la courbe de Gauss ou des équations du second degré ? Pratiquement rien.

– Que restera-t-il du latin et du grec ancien au demi-million d’élèves français qui étudiaient encore ces disciplines en 2009-2010 dans nos établissements ? Tout ce qui distingue des autres un esprit véritablement “cultivé”, et lui permet de rebondir de façon autonome et critique face à un grand nombre de situations : une formidable rencontre avec les textes fondateurs de la pensée logique, de l’invention des sciences et de la politique ; le goût de la quête du sens, voire de l’interrogation philosophique, qui passe souvent par l’étymologie ; une familiarité avec les racines de la grande majorité des mots dont sont issus le français, l’espagnol, le portugais et l’italien, sans compter de nombreux termes abstraits d’anglais ou d’allemand ; des armes pour affronter le vocabulaire du droit, de la médecine, et d’une façon générale de toutes les sciences du vivant…