samedi 31 août 2024

Québec — Chute marquée du taux de réussite en français à l'examen du ministère

Le taux de réussite à l’examen ministériel d’écriture des écoles privées québécoises est de 83,8 %, bien plus que les 66,9 % au public.


La chute marquée en français et la baisse notable des taux de réussite en sciences et technologies, contrastent avec le beau succès en mathématiques : les examens du ministère de l’Éducation de juin suscitent de vives inquiétudes.

Québec a dévoilé vendredi les résultats des derniers examens ministériels. Bien que les comparaisons d’une année à l’autre soient rendues complexes par l’allègement des contenus au fil des ans — d'abord en raison de la pandémie, puis à cause de la grève l’an dernier —, les difficultés en français sont indéniables. Les écoles privées affichent quant à elles des résultats nettement supérieurs.

En français, dans le réseau public, le taux de réussite à l’examen d’écriture n’atteint que 66,9 %, soit une baisse de 4,2 points de pourcentage par rapport à l’année précédente, malgré les contenus allégés en raison de la grève qui a privé certains élèves d’un mois d’école. Dans les écoles privées, le taux de réussite au même examen s’élève à 83,8 %.

L'écart de réussite entre les garçons et les filles à cette même épreuve de français est de 10 points de pourcentage. Les garçons ont obtenu un taux de réussite de 65,5 %, contre 75,6 % pour les filles.
 
De meilleurs résultats en mathématiques

En mathématiques, les élèves du public ont réussi l’examen de juin dans une proportion de 76,6 %. C’est un bond de 7,5 points de pourcentage par rapport à l’année précédente, où seulement 69 % des jeunes avaient obtenu la note de passage à cette épreuve.

Encore là, les élèves du réseau privé font nettement mieux : ils ont réussi l’examen de mathématiques dans une proportion de 90,7 %, en hausse de 7,6 points de pourcentage par rapport à l’année précédente.

En sciences, le taux de réussite est de 70,1 % (90,8 % pour les écoles privées). Avant la pandémie, ce taux, dans les écoles publiques, était de 74,4 %.
« Un laxisme total » en français

Suzanne-G. Chartrand, professeure à la retraite de l’Université Laval et fondatrice du mouvement Debout pour l’école !, croit que les mauvais résultats de français n’ont rien à voir avec la grève. Ils sont plutôt le résultat, à son avis, d’« un laxisme total depuis les années 1990 » du système de l’éducation qui n’accorde pas assez d’importance au français.

Les élèves, note-t-elle, peuvent écrire n’importe comment en géographie, en histoire, etc., sans jamais avoir de rétroaction ni perdre de points. Les jeunes devraient au contraire être encouragés à bien écrire dans toutes les matières, selon Mme Chartrand, et pas seulement dans les quelques textes qu’ils écriront dans leur cours de français.


Elle relève par ailleurs que les taux de réussite seraient encore plus bas si, dans la correction, moins de points étaient accordés à l’aspect « discours » pour lequel, pendant des mois entiers, les élèves apprennent « comme une recette » à écrire un texte argumentatif construit exactement selon le modèle attendu par le ministère de l’Éducation.

En mettant la recette en pratique, ils peuvent donc récolter assez de points pour obtenir la note de passage, même si leur orthographe, leur syntaxe ou leur vocabulaire sont catastrophiques.
Égide Royer, professeur à la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université Laval, souligne que 3,6 milliards de dollars sont alloués annuellement aux services destinés aux élèves en difficulté, sans pour autant engendrer de meilleurs résultats.

Il insiste sur l’urgence pour le ministère de l’Éducation et celui de l’Enseignement supérieur de s’unir et de réfléchir de concert à ces enjeux.

En examinant les taux de réussite, il observe que, bien que modestes, ils demeurent élevés compte tenu qu’au moins un élève sur trois au secondaire bénéficie d’un plan d’intervention pour les élèves en difficulté.

Par ailleurs, M. Royer rappelle une statistique rapportée par Marie Montpetit, nouvelle présidente-directrice générale de la Fédération des cégeps dans La Presse : un élève sur quatre échoue à son premier cours de français au cégep.

Les résultats décevants en français aux examens ministériels, principalement dans les écoles publiques, ne devraient pas surprendre le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville. En effet, déjà en 2023, il avait annoncé qu’une consultation auprès d’experts serait engagée face à la qualité insuffisante du français, menant à l’élaboration d’un nouveau programme prévu pour la rentrée 2025.
 


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