mardi 13 août 2024

L'immigration explique-t-elle que les conservateurs fédéraux sont au coude à coude avec le Bloc québécois ?


Selon le dernier sondage Abacus, 25 % des Canadiens placent l’immigration parmi leurs trois principales préoccupations, ce qui est considérable compte tenu du large éventail de défis auxquels le pays est confronté.

Cette préoccupation est encore plus prononcée chez les partisans actuels du Parti conservateur, 36 % d’entre eux considérant l’immigration comme un problème majeur. Ceux qui sont prêts à voter pour les conservateurs sont également 16 points plus susceptibles de citer l’immigration comme un problème majeur que ceux qui ne sont pas prêts à voter pour les conservateurs.

Mais les chiffres les plus frappants proviennent du Québec, où 35 % des personnes interrogées considèrent l’immigration comme une priorité absolue. Cela fait du Québec la région la plus préoccupée par l’immigration, dépassant même les bastions typiquement conservateurs de l’Ouest canadien.
    
En revanche, seuls 20 % des répondants du Canada atlantique et 21 % des Britanno-Colombiens considèrent l’immigration comme une question urgente, ce qui souligne les disparités régionales dans la manière dont ce sujet est perçu à travers le pays.

Au-delà de l’importance de la question, ceux qui s’intéressent à la question pensent majoritairement que les conservateurs s’en occuperaient le mieux. 54 % d’entre eux pensent que le PCC serait le meilleur, suivi par le CPP (10 %), le PLC (7 %) et le NPD (4 %). 19 % sont incertains.


L’impact politique au Québec

Mais ce qui est fascinant et pourquoi j’attire l’attention sur cette question, c’est que les données des sondages révèlent un contraste frappant dans les intentions de vote entre les Québécois qui accordent la priorité à l’immigration et ceux qui ne l’accordent pas.

Parmi les 35 % de Québécois qui considèrent l’immigration comme une question prioritaire, 47 % expriment leur soutien au PCC, suivi par 27 % pour le Bloc Québécois (BQ) et 18 % pour le Parti libéral du Canada (PLC).

Il s’agit d’une grande différence par rapport au reste de l’électorat québécois (qui n’accorde pas la priorité à l’immigration), où le BQ mène avec 32 %, le PLC suit avec 27 %, et le PCC est en queue de peloton avec 22 %. Il s’agit d’un écart de 25 points pour les conservateurs et d’une indication claire que les opinions sur l’immigration peuvent avoir un impact sur le soutien au Québec.
    
Cela suggère que la position des conservateurs sur l’immigration résonne fortement avec un segment substantiel des électeurs québécois et c’est la raison pour laquelle Pierre Poilièvre a de nouveau soulevé la question la semaine dernière. Les données indiquent que l’immigration n’est pas seulement une question secondaire, mais une force motrice potentielle derrière le réalignement politique au Québec.

Voici un aperçu de la couverture médiatique des déclarations des conservateurs sur l’immigration au cours de l’année écoulée :
Il s’agit de promesses et de promesses récentes, rappelons que Poilièvre n’avait aucune objection aux taux faramineux d’immigration il y a deux ans Pierre Poilièvre ne s’opposait pas en 2022 à l’augmentation de l’immigration annuelle à plus de 400 000 par an. Enthousiasme qui s’est amoindri publiquement depuis un an voir Chute de 5 % dans les intentions de vote pour Poilièvre, forte augmentation des gens opposés à l’immigration de masse alors que l’inflation diminue (son message anti-inflation est depuis moins porteur).

Pourquoi l’immigration résonne au Québec

L’importance de la question de l’immigration au Québec n’est pas tout à fait surprenante. Le Québec possède une identité culturelle et linguistique distincte, et les préoccupations liées à la préservation de cette identité ont longtemps influencé sa politique. Les changements démographiques de la province, associés aux débats sur la laïcité et l’intégration, ont fait de l’immigration une question particulièrement sensible et à fort enjeu.

Le parti conservateur a exploité ces préoccupations, se positionnant comme le défenseur de l’identité unique du Québec contre les menaces perçues d’une immigration accrue. Ce message semble gagner du terrain, d’autant plus que les autres partis s’efforcent de répondre à ces préoccupations d’une manière qui trouve un écho auprès des électeurs québécois.
    
Conclusion

Selon David Coletto d’Abacus Data, si l’immigration continue d’être une question prioritaire pour les Québécois, les conservateurs pourraient voir leur soutien augmenter de manière significative dans la province, même si leur position sur d’autres questions pourrait rebuter les Québécois.

Cela marquerait un changement notable dans le paysage politique du Québec, où le PCC a toujours eu du mal à s’implanter. Cependant, cela suggère également un électorat plus polarisé, où l’immigration devient un sujet de discorde qui pourrait aggraver les divisions non seulement au Québec, mais aussi dans tout le Canada.

À l’approche des prochaines élections fédérales, selon David Coletto sera crucial d’observer comment l’immigration est débattue et comment elle influence le comportement des électeurs. Pour les conservateurs, l’immigration pourrait être la question qui leur permet de percer au Québec, surtout lorsqu’ils tentent de se distinguer du Bloc Québécois et de faire valoir qu’un gouvernement conservateur peut réellement mettre en œuvre une politique alors que le BQ ne peut que l’influencer.

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