mercredi 17 novembre 2021

« Culture et citoyenneté québécoise », de quelle culture parle-t-on ? (m à j)

À la suite de cette lettre ouverte, le ministère de l'Éducation (la Direction de la formation générale des jeunes) a voulu rassurer les Québécois catholiques :

Nous vous remercions de l’intérêt que vous portez aux travaux entourant l’élaboration du programme d’études Culture et citoyenneté québécoise. Nous prenons note de vos commentaires et suggestions. Il est important de vous préciser que la réalité religieuse continuera d’être abordée comme un fait social, mais dans un ensemble plus vaste de phénomènes culturels et sociaux importants au Québec. La place prépondérante prise par la religion catholique dans l’histoire du Québec sera également considérée dans le programme en élaboration.


Billet originel du 9/XI/2021

Lettre ouverte de Monique Khouzam Gendron publiée dans le Journal de Montréal sur le nouveau programme « Culture et citoyenneté québécoise ». Notons d'abord que le « québécoise » est au singulier et ne s'applique donc grammaticalement qu'à la citoyenneté. Bien que le site du Monopole de l'Éducation du Québec souligne que : « Cet axe amènera l'élève à s’intéresser à la culture et à la comprendre, en mettant de l’avant la culture québécoise, celle qui définit notre société. »

M. le ministre de l’Éducation,

Permettez-moi de vous demander que, lorsque vous avez décidé de remplacer le cours « d’Éthique et culture religieuse » par celui de « Culture et citoyenneté québécoise », à quel type de culture vous faites référence? Pensez-vous réellement pouvoir faire abstraction de la culture intrinsèque d’un peuple en niant ses croyances d’origine religieuse?

Comment peut-on aborder les fondements de la société québécoise sans aborder sa croyance religieuse d’origine judéo-chrétienne, ses mœurs et coutumes, et les traditions qui y sont rattachées? Les valeurs que vous souhaitez implanter soit: le respect, la liberté d’expression, la liberté de conscience, les droits, les libertés et les responsabilités de chacun sont pertinentes en soi, mais elles émanent d’une certaine croyance religieuse que nous avons reçue en héritage et de laquelle on ne peut pas se dissocier.

Rejeter tout ce qui est religieux

Il existe présentement une certaine tendance, ou plutôt une tendance certaine, de rejeter tout ce qui est religieux. Il y a quelques années, on a supprimé de nos écoles les cours d’éducation religieuse pour les remplacer par des cours d’éthique et de culture religieuse, et maintenant, on cherche à faire disparaître le terme religieux de notre culture. Peut-on exclure réellement la culture des religions, tout au moins de ses origines? Peut-on exclure les religions d’une société, alors que les deux « Culture et Religion » témoignent de ce que nous sommes.

Au risque de vous contredire, monsieur Roberge, le dogme n’est pas une erreur en soi. L’erreur est de vouloir remplacer le dogme existant par un autre dogme sans repère qui s’appelle « dogme du relativisme » et qui peut favoriser l’individualisme et l’anarchie, aux dépens de valeurs et pratiques communes.

Oui, chacun a droit à son opinion, mais est-ce que toutes les opinions se valent, même celles qui manquent de raisonnement logique et de cohérence? N’est-ce pas contradictoire de vouloir promouvoir la liberté d’expression tout en censurant l’enseignement religieux et en étouffant à petites doses les connaissances religieuses?

Il y aurait lieu de se demander si le Québec est prêt à se défaire petit à petit de ses croyances, de ses valeurs sûres, de ses mœurs et coutumes, et de ses traditions basées sur ses origines judéo-chrétiennes et faire table rase de son histoire depuis des siècles au nom de la laïcité et la neutralité? À moins que ce soit intentionnel de vouloir redonner une autre image du Québec et de reconstruire une image basée sur une variété de « je pense que et je sais que », sur une vision à portée politique, en pensant ainsi régler les problèmes existants, car on n’a pas su les régler à la base.

Le respect des croyances

La vraie laïcité et la neutralité, ce n'est pas le rejet de tout ce qui est religieux, c'est au contraire le respect de la diversité des croyances des hommes et de la nécessité de les unir pour assurer leur coexistence, en établissant des règles communes visant l'intérêt général.

Pour ce qui est du dialogue et de la pensée critique, vous avez tout à fait raison. Ils devraient effectivement faire partie de toute formation de base d’un individu, mais pourquoi faut-il remplacer un cours par un autre au lieu de les juxtaposer?

Vouloir supprimer la culture religieuse des écoles est, à mon humble avis, une erreur en soi, car quelles que soient notre religion, nos origines, nos croyances, l’homme cherchera toujours un sens à la vie qu’il mène et se questionnera toujours sur le « d’où je viens et où je vais? » et aucun individu, ni programme, ni état, ni pays ne pourra l’en empêcher.

Monique Khouzam Gendron, Gestionnaire et bibliothécaire professionnelle


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