mercredi 25 septembre 2019

Qualité de l'enseignement: une «gestion déficiente» du ministère, dénonce un rapport

La qualité de l’enseignement ne fait pas l’objet d’un suivi rigoureux, affirme l’Institut du Québec, qui dénonce la « gestion déficiente » à ce chapitre au ministère de l’Éducation.

Dans un rapport publié aujourd’hui, ce groupe de recherche issu d’un partenariat entre le Conference Board du Canada et HEC Montréal trace un portrait sombre des « lacunes » entourant le suivi de la qualité de l’enseignement dans le réseau scolaire québécois.

De tous ces enjeux, le plus grave est sans contredit le décrochage et la sous-diplomation chronique des élèves québécois. Malgré des investissements importants au cours de la dernière décennie, le taux de diplomation ne s’est pas réellement amélioré au Québec. Selon les dernières données disponibles, seulement 69,3 % des élèves québécois des réseaux public et privé (et 54,2 % des garçons du réseau public francophone) obtiennent leur diplôme d’études secondaires dans les délais. En Ontario, le chiffre comparable est de 81,2 %.


Or il s’agit du facteur le plus important pour lutter contre le décrochage scolaire, selon la recherche.

« Les déficiences du ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur (MEES), peut-on lire, touchent plusieurs aspects du parcours des enseignants, de l’encadrement de la qualité et de la prévision des effectifs et des ressources. Alors qu’ils constituent la véritable pierre d’assise d’un réseau d’éducation de qualité, l’admission des candidats à l’enseignement au Québec est peu sélective ; la formation est peu axée sur les contenus disciplinaires [bizarrement le Journal de Montréal ne mentionne pas cet aspect fondamental : les profs de sciences, d’histoire, de langue devraient mieux connaître ces domaines, mais reprend reste de cette énumération] ; les jeunes enseignants héritent des classes les plus difficiles — qui sont de plus en plus exigeantes dans le réseau public régulier — ; ils bénéficient rarement d’accompagnement lors de leurs premières — et cruciales — années de travail ; ils ne sont pas évalués et n’ont pas à participer à des activités de formation continue. »

Le ministère de l’Éducation « navigue à vue » avec des indicateurs qui ne sont pas à jour.

Il s’avère toutefois difficile d’identifier la formule qui permettrait de cibler les enseignants qui contribueront le plus aux succès de leurs élèves. En effet, le résultat le plus frappant de la recherche concerne l’absence de corrélation entre certains facteurs spécifiques — certification professionnelle, type de formation, obtention d’une maîtrise — et la qualité de l’enseignement prodigué. « Certaines études suggèrent même que les enseignants qui n’ont pas de diplôme en éducation performent aussi bien que leurs homologues issus des programmes traditionnels. L’enseignant performant semble ainsi être le produit d’une combinaison de plusieurs ingrédients, incluant un talent difficile à mesurer, prévoir et reproduire. »  [Cette citation n'est pas non plus reprise par le Journal de Montréal]


« À toutes les étapes, il y a des manques », lance Mia Homsy, directrice générale de l’Institut du Québec.

Dernier de classe


Le Québec est dernier de classe en matière de diplomation au Canada, rappelle Mme Homsy, auteure d’une étude publiée l’an passé à ce sujet qui a fait grand bruit.

D’où l’importance de donner un sérieux coup de barre, ajoute-t-elle.

Or la recherche en éducation a démontré que « l’élément qui influence le plus la réussite scolaire, c’est unanimement l’enseignant », affirme Mme Homsy.

À la recherche de solutions, l’Institut du Québec s’est penché sur les mesures en place dans des systèmes d’éducation performants comme la Finlande, les Pays-Bas, Singapour et plus près de nous, l’Ontario.

À la lumière de cette analyse, le groupe de recherche affirme que le ministère de l’Éducation, ou toute autre entité, devrait procéder à une évaluation en bonne et due forme des programmes d’enseignement, des programmes d’insertion professionnels pour les jeunes profs, de la formation continue offerte et suivie par les enseignants au fil des ans.

« Ça prend quelqu’un qui a comme rôle et responsabilité de suivre la qualité du parcours des enseignants », affirme Mme Homsy, qui ne va toutefois pas jusqu’à réclamer une évaluation systématique de chaque enseignant, comme c’est le cas en Ontario.

L’Institut considère aussi qu’une maîtrise à temps plein d’un an devrait être offerte afin de permettre à ceux qui ont complété un baccalauréat disciplinaire (en histoire, en mathématique ou en sciences par exemple) d’enseigner au secondaire, plutôt que d’offrir cette formation à temps partiel pendant quatre ans, comme c’est le cas actuellement.
(Pourquoi pas les deux formes ?)

Il s’agirait d’une façon d’améliorer la qualité de l’enseignement tout en luttant contre la pénurie de profs dans le réseau scolaire, affirme Mia Homsy.

L’Institut propose aussi d’offrir un meilleur encadrement à tous les jeunes enseignants, ce qui devrait se mettre en branle cette année avec la création d’un programme national de mentorat annoncé par le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge.

Ce dernier a aussi annoncé son intention d’obliger les enseignants à suivre de la formation continue tout au long de leur carrière, une autre recommandation de l’Institut.

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