Bigorexie, slasheur, adulescence... voici les nouveaux mots qui font leur entrée dans le Larousse.
Divulgâcher, survivalisme, ubériser... En tout, ce sont 150 mots qui intégreront la prochaine version du dictionnaire, qui sortira le 21 mai prochain.
Tous les ans, les équipes responsables de l’élaboration du Larousse repèrent de nouveaux mots ou expressions couramment utilisés par les Français. Dès le 21 mai, 150 d’entre eux feront leur apparition dans l’édition 2020 du dictionnaire, aux côtés des 60 000 déjà répertoriés dans ses pages.
Ces 150 nouveaux mots sont les vainqueurs d’un véritable « parcours du combattant » parmi plusieurs milliers de mots repérés par les lexicographes du Larousse dans la presse, les publicités et les conversations.
Parmi eux, beaucoup reflètent l’évolution de nos modes de vie ainsi que la place de plus en plus importante qu’occupent dans notre société l’écologie ou les nouvelles technologies.
Penser, vivre et consommer autrement
Dans ce lot de nouveaux mots, on retrouve par exemple le « survivalisme » (le mode de vie adopté par les personnes se préparant à une catastrophe naturelle), le « locavorisme » (la consommation de fruits et légumes de saison pour favoriser le développement durable), « l’antispécisme » (la vision qui réfute toute hiérarchie entre les différentes espèces animales), la « bigorexie » (la dépendance au sport) ou encore la « dédiésélisation » (la réduction du nombre de véhicules fonctionnant au diesel).
La « charge mentale », qui correspond au poids psychologique pesant principalement sur les femmes concernant les tâches ménagères et l’éducation des enfants, fait également son entrée dans cette nouvelle édition du Larousse. Dans la lignée des récents débats sur la place des femmes dans la société et dans la langue, le terme « inclusif » fait aussi son entrée.
La transformation du monde du travail
Le verbe « ubériser », qui se rapporte à l’utilisation de plateformes numériques pour remplacer de nombreux services, intègre également l’édition 2020 du dictionnaire.
De même que le « slasheur », cette personne qui exerce plusieurs emplois en même temps, le « bore-out » [le surennui], qui caractérise l’ennui profond éprouvé par certains salariés au travail, et la « smicardisation », qui correspond à l’augmentation du nombre de travailleurs payés au SMIC.
Les préoccupations contemporaines
Plusieurs dangers contemporains ont également été sélectionnés par les experts du Larousse. Parmi eux, on retrouve le « darknet » (partie du web inaccessible via les moteurs de recherches classiques), le « cyberdjihadisme » (l’usage d’internet pour la promotion ou l’application du djihad) ou encore la « fachosphère » (ensemble des groupements politiques fascistes et d’extrême droite).
Pour Bernard Cerquiglini, éminent linguiste et membre de la commission qui choisit ces mots, on note ces dernières années une inquiétude perceptible : « malbouffe », « obsolescence programmée », « biopiraterie »... « Le dictionnaire se fait le greffier de cette inquiétude face à l’évolution de la société », relève-t-il. Même si, note-t-il avec optimisme, apparaît aussi une forme de « réappropriation civique de la société » : « écoquartier », « vélo-route », « covoiturage »...
Car 2020 est aussi l’occasion pour Larousse de dresser un constat : celui de l’évolution de la langue dans les 20 premières années de ce siècle.
Nouvelles façons de travailler, de se déplacer, d’être parent, de s’amuser... Désormais, il sera également correct d’utiliser le verbe « divulgâcher » pour parler du fait de « spoiler » un film ou une série à quelqu’un ne l’ayant pas encore visionné. La « cryptomonnaie », « l’apatridie », le « bioplastique », « l’adulescence » et le « hackathon » seront aussi valides.
« Plus qu’un daguerréotype au temps de Pierre Larousse, plus qu’un film, le dictionnaire devient aujourd’hui un sismographe », de la société, illustre Bernard Cerquiglini. Pour découvrir les nouveaux « séismes » de la langue française, rendez-vous le 21 mai.
Du québécois et beaucoup d'emprunts à l'anglais dans le Petit Robert 2020
L'entrée dans l'édition 2020 du dictionnaire Petit Robert d'une foule de nouveaux mots vous permettra désormais de « scroller » vos écrans en « niaisant » avec votre ami « millénial » avec qui vous faites du « coworking », le tout sans commettre d'impair linguistique.
Après le Larousse qui se livrait au même exercice la semaine dernière, le Petit Robert a présenté lundi les nouveaux mots qui feront leur apparition dans les pages de son édition 2020.
Parmi les centaines de nouveaux mots qui font partie cette année des 70 000 mots et 300 000 définitions du Petit Robert, plusieurs sont d’origine québécoise, dont « niaiser », « jarnigoine » ou le célèbre « enfirouaper ».
Quelques ajouts du Québec
Enfirouaper : Tromper, duper, entuber;
Niaisage : Perdre son temps à des futilités;
Jarnigoine : Intelligence, jugement, bon sens;
Innu, e : Relatif aux peuples autochtones des régions subarctiques et boréales du Québec et du Labrador. [Bref Montagnais...]
Des mots japonais, danois et hébreux font leur entrée
Outre le Québec, le Danemark fera aussi don de l’expression « hygge » (prononcer hugues) qui désigne l'art de vivre à la danoise. Les mots japonais « udon » et « ramen » (deux types de nouilles) seront aussi ajoutés au Petit Robert tout comme « soba » (pâtes à la farine de sarrasin).
Le terme hébreu « Krav-maga », qui désigne une méthode d'autodéfense développée en Israël, figurera lui aussi dans les 2880 pages du Petit Robert 2020.
La Belgique contribuera pour sa part à l’enrichissement de la langue française cette année avec entre autres l’expression « jober » qui signifie occuper un emploi occasionnel.
Nos compatriotes français ne sont pas en reste avec l’ajout de plusieurs nouveaux mots de leur cru, comme le mot « anticasseur », qui fait son entrée dans le dictionnaire, ou les synonymes « biérologie » et « zythologie », qui désignent l’étude de la bière.
Le mot « lanceur » verra aussi son usage élargi lorsqu’il est accompagné du terme « lanceur de balles de défense », terme utilisé dans les opérations de maintien de l'ordre en France.
L’entrée du mot « beignerie » (endroit où on fabrique des beignets) amuse aussi beaucoup les Français pour qui une « beigne » désigne un coup porté au visage.
L’entrée dans le Petit Robert du mot « tototte », un terme qui désigne le ou les seins d’une femme, cause un certain malaise en cette période de mobilisation en faveur du respect des femmes. D'autant plus que ce ne sont pas les synonymes qui manquent pour ce mot.
L'anglais gagne du terrain
Si certains mots étonnent par leurs origines régionales et leurs couleurs, d’autres, carrément empruntés de l’anglais, feront grincer des dents plus d’un défenseur de la langue française.
Plusieurs emprunts directs feront en effet leur entrée dans le dictionnaire cette année encore. C’est notamment le cas du mot « scroller », qui signifie faire défiler un document ou une page Internet sur un écran à l’aide de la souris.
Il faudra aussi s’habituer à entendre « coworking » (partager le même espace de travail), « cardiotraining » (activité sportive pratiquée pour renforcer les capacités cardiaques) ou « millénial », déjà largement utilisé pour désigner les personnes devenues adultes aux environs de l'an 2000.
D'« hypersexualisation » à « orwellien »
En ce qui a trait aux néologismes, les mots « hypersexualisation » (représentation excessive de la sexualité) et « pédocriminalité » (criminalité à caractère sexuel à l’encontre de l’enfant) feront une entrée remarquée dans l’édition 2020 du Petit Robert.
Les adeptes du Petit Robert pourront enfin désormais utiliser le terme « orwellien » pour décrire un univers totalitaire et déshumanisé ou encore le terme « démocrature », qui évoque un exercice autoritaire du pouvoir dans un régime aux apparences démocratiques.
Enfin, pour ceux et celles qui se méfient des fausses nouvelles, le terme « infox » décrira désormais une information mensongère ou délibérément biaisée.
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