mercredi 24 octobre 2018

Le nouveau ministre de l'Éducation du Québec : une vision étriquée face au choix des parents

La CAQ (Coalition pour l’avenir du Québec) a remporté les élections et le Premier ministre a désigné Jean-François Roberge, un ancien enseignant, à la barre de ce ministère.

M. Roberge est un fervent partisan du controversé programme d’Éthique et de culture religieuse. En 2012, il s’est levé en congrès de la CAQ pour défendre cette créature, il fut à l’époque mis en minorité par les militants de la CAQ qui votèrent pour abolir le cours ECR au primaire.

Sur le plan de l’instruction à domicile qui connaît un succès croissant au Québec (en partie à cause de l’interdiction gouvernementale d’écoles religieuses décrétées illégales), on peut se faire une idée de ce que pense le nouveau ministre à la lumière de ses interventions au cours des débats qui se sont déroulé l’automne passé autour du projet de loi 144. Entre autres choses, il a présenté certains amendements proposant que l’enfant instruit à la maison doive être soumis au programme complet du ministère ainsi qu’aux examens ministériels. Réduisant la liberté de choix pédagogiques des parents à une peau de chagrin pour centraliser de plus en plus de pouvoir aux mains des bureaucrates.

M. Roberge a également proposé que la Direction pour la protection de la jeunesse (DPJ) puisse sévir contre les parents rétifs au Monopole de l’Éducation du Québec. Selon M. Roberge en décembre 2016, il faut qu’au Québec, le droit à l’éducation soit traité « sur le même pied que le droit à un toit, le droit d’être vêtu, le droit d’être nourri, le droit d’avoir des soins de santé ». Nous sommes d’accord avec M. Roberge quant au devoir d’éduquer ses enfants, le problème c’est qui décide du type de l’éducation de ses propres enfants ? Les parents ont-ils encore leur mot à dire ou le gouvernement sera-t-il juge et partie, et même seul juge et partie ? Les parents ont-ils encore le droit à ne pas suivre le programme étatique unique ? Rappelons que si les enfants ont le droit à avoir un toit, d’être vêtu et d’être nourri on ne sache pas que l’État impose un modèle unique de maison, des uniformes et un seulement type d’alimentation aux parents (« le programme d’éducation du Québec ») sous peine de visites de la DPJ. L'analogie de M. Roberge est donc boiteuse. Selon M. Roberge, il existe « un manque d’encadrement pour les jeunes qui font l’école à la maison » (J.-F. Roberge, 7/XII/2016). Les études ne prouvent pas que des contrôles plus tatillons assurent de meilleurs résultats scolaires pourtant...

C’est bien simple, ne pas suivre le programme d’éducation du Québec serait de la négligence pour l’instituteur Roberge, ce serait le nec plus ultra. Souhait du député J.-F. Roberge : « la DPJ intervient seulement si un jeune est victime de négligence, et, malheureusement, une scolarisation qui ne respecte pas le programme, qui ne mène pas à un diplôme, ce n’est pas considéré comme de la négligence. » (7/XII/2016) Espérons que M. Roberge voulait dire qui ne respecte pas le programme québécois ou un programme équivalent ou supérieur...

En général, M. Roberge survalorise l’action des professionnels embauchés par l’État et de la mise à l’écart des parents, comme l’implantation de la prématernelle à quatre ans. Des mesures inspirées du système ontarien, et « supportées par la science », selon lui. Sans doute fait-il référence à la partie des études du National Institute of Child Health and Human Development (NICHD) soulignant l’augmentation du vocabulaire chez les enfants scolarisés tôt, mais il évite de mentionner que, selon les mêmes études, cet avantage académique en bas âge s’estompe dès la fin du primaire, et s’accompagne de problèmes de comportement qui, eux, perdurent.


Voir aussi

Un État tatillon en éducation est-ce mieux ?

La CAQ vote pour l’abolition du programme ECR au primaire, M. J.-F. s’y oppose et est mis en minorité

Étude sur l’instruction à domicile au Canada

Du décrochage parental et de l’importance des parents dans la réussite scolaire de leurs enfants

Les garçons éduqués dans le cadre d’une famille traditionnelle ont de meilleurs résultats scolaires

Selon l’étude intitulée L’Ennui (ou les difficultés) avec les garçons, basée sur des données détaillées sur près de 20 000 enfants américains pendant plus d’une décennie, n’a pas découvert de preuve décisive que l’échec croissant des garçons à l’école trouvait son origine dans des facteurs liés à l’école.


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