mardi 7 février 2017

Betsy Devos confirmée ministre de l'Éducation de Donald Trump

Elle attise toutes les critiques des syndicats d’enseignants américains et du Parti démocrate.

La milliardaire républicaine Betsy Devos, confirmée mardi à la tête de l’Éducation fédérale lors d’un vote très serré au Sénat, a consacré sa récente carrière à la cause de la privatisation de l’éducation et à la promotion de bourses d’études aux enfants des quartiers pauvres, bourses d'études aussi connues sous le nom de chèques-éducation ou de bons scolaires.

Sa nomination par Donald Trump a suscité tant de rejet de la part du monde syndical qu’il a fallu que le vice-président des États-Unis, Mike Pence, se déplace au Capitole pour voter en personne, comme la Constitution le lui permet en cas d’égalité, ce qui était le cas avec 50 voix pour et 50 voix contre. Deux des 52 républicains se sont joints aux 48 démocrates pour tenter de recaler Mme Devos.

« Le vote d’aujourd’hui aidera chaque enfant à avoir une chance d’obtenir la meilleure éducation possible », a déclaré Mike Pence.

Les partisans de Betsy Devos soutiennent que l’arrivée de cette étrangère au cénacle éducatif représente la meilleure chance de réforme d’un système éducatif déficient, en retard sur d’autres pays développés.

« Les sénateurs [démocrates] protestent pour conserver le statu quo », a écrit Donald Trump sur Twitter. « Betsy DeVos est une réformiste, elle fera une grande ministre de l’Éducation pour nos enfants ! »

Certains opposants à cette nomination semblent avoir perdu tout sens des proportions à l’annonce de cette confirmation. Le critique Richard Lawson de Vanity Fair prévoyait la mort d’enfants à cause de cette nomination dans une série de gazouillis enfiévrés. Il n’hésita pas à envoyer un message où il affirmait : « Les bons scolaires vont mener à plus de suicides. Les politiques de Betsy DeVos tuent des enfants. Ce n’est pas du tout une exagération. » (voir ci-dessous).




Bill Maher, sarcastique, ricana lors de son émission Real Time que « Betsy Devos est la pire personne à se trouver près de livres scolaires depuis Lee Harvey Oswald ». [Lee Harvey Oswald a tiré sur J. F. Kennedy depuis un entrepôt de livres scolaires à Dallas.] La Nouvelle République a exhorté ses lecteurs à « ne pas normaliser Betsy Devos. Ses opinions sont tout simplement trop dangereuses. »

La critique s’est vite répandue outre-Atlantique. Le journaliste Louis Colart du Soir de Bruxelles (sans doute sous perfusion de la presse progressiste américaine) a rapidement déclaré que cette nomination était « le symbole du naufrage annoncé de l’administration Trump ». Rien de moins.



Selon Ricochet, la vicieuse opposition des démocrates et des syndicats s’expliquent par le fait que Devos pourrait fondamentalement changer les choses :
  • Il en va de l’avenir des syndicats d’enseignants qui ont été dépouillés de nombreux avantages au Wisconsin avec le passage de la loi 10, privilèges qu’ils ont failli également perdre en Californie si ce n’était de la décision partagée (4-4) de la Cour suprême dans l’arrêt Friedrichs c. California Teachers Association et. al.
  • Il en va de l’avenir du ministère de l’Éducation fédéral : sera-t-il fortement réduit dans ses prérogatives ou restera-t-il en grande partie intact et pourra-t-il bientôt revenir à son habitude d’envoyer des lettres surnommées « Cher Collègue » aux universités, aux districts scolaires et autres administrations scolaires leur dictant de mettre de côté les droits traditionnels de l’accusé pour imposer une politique sociétale radicale sous la menace de poursuites judiciaires par l’État fédéral.
  • Il s’agit de savoir si, à l’avenir, les États, les municipalités, et surtout les parents pourront librement choisir parmi une vaste gamme de choix pour l’éducation des enfants — écoles à charte, instruction à la maison, écoles publiques ou écoles privées —, ou ce choix sera-t-il sans cesse restreint en raison de nouveaux règlements dictés par bureaucrates fédéraux à Washington redevables aux intérêts des syndicats d’enseignants ?
  • Il en va de ce qui sera enseigné à l’avenir aux enfants — le gouvernement fédéral sait-il mieux que les parents ce que leurs enfants devraient apprendre à l’école [comme au Québec] ? Un programme établi par le gouvernement fédéral touche plus d’étudiants si davantage d’étudiants sont contraints de rester dans les écoles publiques. Les progressistes (et les syndicats) veulent que l’idéologie progressiste soit enseignée à la prochaine génération. Qu’elle soit « offerte à tous » comme dit le ministre de l’Éducation du Québec (comprendre imposée à tous les élèves). Un ministère de l’Éducation dirigée par Mme Devos mettra probablement fin à l’imposition d’un programme scolaire centralisé commun à tous les États (un tronc commun) et rendra aux États fédérés la liberté d’établir leurs programmes scolaires...

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