Nous sommes en 1971. À la demande de ses éditeurs scandinaves, Hergé se voit contraint de transformer son merveilleux album
Destination New York. Jo, Zette et Jocko pris dans les glaces de l’Arctique ne rencontrent plus le père Francœur, mais le professeur Henrik Nielsen, ethnologue !
Barbu comme un missionnaire pouvait l’être. Dès la page 21, le brave père Francœur a disparu. Depuis 1971, les lecteurs de 7 à 77 ans ne savent plus que des missionnaires (souvent francophones) aidaient les Esquimaux à survivre dans le désert de glace.
L’avion du brave prêtre baptisé Santa Maria II perdra son nom et sa « mission » surmontée d’une croix sera tout simplement effacé d’un coup de gomme de la part d’Hergé…
Le remplacement de la figure d’un père missionnaire catholique francophone par un ethnologue suédois mène parfois à des incohérences scénaristiques : pourquoi les Esquimaux parlent-ils français comme Jo et Zette ? Pourquoi Jo et Zette sont-ils obligés de piloter eux-mêmes l’avion dans le cas de l’ethnologue (quels soins cet intellectuel peut-il prodiguer ?) alors que le missionnaire a un rôle spirituel essentiel pour ses ouailles esquimaudes.
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La version de 1949 — Un missionnaire francophone, le père Francœur, la soutane |
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La version post-1971, un ethnologue scandinave « Nielsen », plus de soutane |
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Les Esquimaux continuent mystérieusement de parler français après 1971 |
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1949 — Les postes de la mission, l’avion Santa Maria II |
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Post-1971 — L’avion n’a plus de nom, de simples « déplacements » |
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1949 — La mission |
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1971 — Le camp |
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1949 — La croix sur la mission, le père Francœur (et pour la graphie « iglou† ») |
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La croix disparaît, le professeur (et au passage pour la graphie, « iglou† ») |
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1949 — La croix bien visible sur la mission, le baptême à l’article de la mort, la nécessité de la mission |
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Version d’après 1971 — La croix (?) évidée, plus de baptême, on ne sait pas trop comment cet ethnologue pourra aider ces malades |
Missions catholiques de l'arctique canadien
Parmi les missions du monde, celles du Grand Nord canadien ont souvent été considérées comme héroïques. Les Oblats s’y sont dévoués pendant plus de quarante ans. C’est en 1910 que M
gr Breynat décida de reprendre l’évangélisation des Esquimaux en la confiant au jeune Père Rouvière, âgé de trente ans. Le missionnaire partit l’année suivante pour le nord-est du Grand Lac de l’Ours où il avait appris que les Esquimaux du cuivre venaient commercer avec les Indiens. Lire sur ce sujet par exemple
« La conquête missionnaire de l’Arctique ».
† Les dictionnaires Petit Robert et Larousse (« l’usage » comme disent certains) privilégiaient à l’époque « igloo » bien que l’on retrouvât depuis 1880
« iglou » (voir la traduction en français de
Deux ans chez les Esquimaux de C. F. Hall). Le Dictionnaire de l’Académie (9
e édition, 2005) n’écrit qu’« igloo ». Depuis 1990,
la réforme orthographique préfère « iglou » (voir
aussi ici). Sur le sujet de ces corrections orthographiques, voir
Nénufar peut s’écrire ainsi depuis le XVIIe siècle.
Voir aussi
Comtesse de Ségur épurée
La Comtesse de Ségur déchiffrée : son vocabulaire est-il encore compris aujourd’hui ?
« Le Club des Cinq » caviardé car trop politiquement (et religieusement) incorrect et à la langue trop compliquée
Faites attention à quelles bandes dessinées vos enfants lisent (Bichon, Titeuf, Mauvais Genre)
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