De Tania Longpré :
Ce matin, en page 3 du quotidien métro figurait une publicité pour un centre d’éducation aux adultes, afin d’attirer des élèves pour des cours que j’appelle « d’anglicisation » le concept est assez simple : calqué sur les cours de francisation du Ministère de l’Éducation : on invite les gens à s’inscrire à un cours d’anglais langue seconde, en immersion totale pour une durée de 20 à 30 h hebdomadaires, soit le même horaire que les cours de francisation offerts aux immigrants allophones. Une excellente formation... pour 90 $ la session. De l’anglicisation des immigrants financée à même les fonds publics. Légal ? Évidemment. La loi 101 ne s’appliquant pas à l’éducation des adultes, qui offre pourtant une formation de niveau secondaire.
Juste sous le titre, on mentionne « d’apporter sa carte de résidence permanente » à lire cela, personne n’est dupe : la clientèle ciblée et recherchée n’en est pas une de Québécois natifs, mais de nouveaux arrivants.
Quelques kilomètres plus loin, on a fermé il y a quelques mois les services de francisation dans deux centres d’éducation des adultes de la Commission scolaire de Montréal, soit le programme à temps plein de jour au Centre Tétreaultville, dans l’est de Montréal et le Programme de soir au Centre Saint-Paul, dans l’ouest de la ville, par manque de clientèle. Plusieurs enseignants de la relève en francisation des immigrants adultes ce sont réorientés : soit dans l’enseignement au primaire ou au préscolaire, la francisation des adultes n’étant pas un secteur d’avenir : chaque année, des classes sont fermées et les séances d’affectation du corps enseignant sont pénibles : de moins en moins de postes sont offerts en francisation des adultes, année après année. Pourtant, on ne manque pas de clientèle : dans les neuf premiers mois de 2014, 39 % de nos nouveaux arrivants ne parlaient pas français. (source : statistiques du MIDI)
La réalité, c’est que la francisation des adultes immigrants n’est pas obligatoire, alors que les enfants et les jeunes sont intégrés de par la loi 101, les adultes fréquentent volontairement (ou pas !) les classes de francisation. Certains adultes immigrants apprennent le français et l’anglais en simultané (!) et d’autres suivent des cours d’anglais lorsqu’ils terminent leur francisation. Certains ne se présentent jamais en francisation, valorisant plutôt l’anglais et d’autres ne font jamais ni l’un, ni l’autre.
Déjà en 2008, les médias nous apprenaient que Québec avait dépensé 2,1 millions pour angliciser nos immigrants francophones. Le problème est plus grand, et même s’il est tabou, il est essentiel que nous sachions comment sont intégrés linguistiquement nos immigrants, qu’ils soient francophones ou allophones.
J’en ai parlé longuement dans mon premier livre Québec cherche Québécois, publié chez Stanké en 2013 : les nouveaux arrivants ne sont pas crédules : lorsqu’ils cherchent un travail, on leur mentionne souvent qu’ils doivent parler anglais. Un nouvel arrivant est souvent motivé à apprendre une langue seconde par instrumentalisation, donc parce qu’il en a besoin, plutôt que par volonté d’intégration. Lorsque certains constatent qu’on demande l’anglais pour travailler, ils vont apprendre l’anglais : ils ont besoin de travailler. Ils ne se sentent pas nécessairement concernés par la situation de la langue française ou de sa pérennité. Ils apprendront la langue qui leur donnera un revenu, un emploi, un avenir.
[Note du carnet : or à Montréal une langue semble suffire : la première du couple « Hi ! /Bonjour ! » Nous avons connu des patrons francophones qui demandaient à tous leurs employés francophones d’être bilingues — même des manutentionnaires — pour parler anglais aux employés anglophones qui habitent à Montréal.]
[...]
Notons que ni les péquistes ni les libéraux n’ont rendu la francisation des immigrants obligatoire ni légiféré pour appliquer la loi 101 à l’éducation des adultes. Cette situation aberrante se poursuit donc depuis des années : le gouvernement finance l’anglicisation des immigrants et contribue ainsi à marginaliser la place du français au Québec.
Le Québec, qui reçoit de plus en plus d’immigrants, doit se poser plusieurs questions sur l’intégration des nouveaux arrivants, qu’elle soit linguistique, culturelle ou économique. Nous devons surtout faire en sorte que nos nouveaux arrivants puissent contribuer à la pérennité d’une société francophone. Pour cela, il faudra agir et légiférer. Je doute que certains aient le courage politique de le faire.
Ce matin, en page 3 du quotidien métro figurait une publicité pour un centre d’éducation aux adultes, afin d’attirer des élèves pour des cours que j’appelle « d’anglicisation » le concept est assez simple : calqué sur les cours de francisation du Ministère de l’Éducation : on invite les gens à s’inscrire à un cours d’anglais langue seconde, en immersion totale pour une durée de 20 à 30 h hebdomadaires, soit le même horaire que les cours de francisation offerts aux immigrants allophones. Une excellente formation... pour 90 $ la session. De l’anglicisation des immigrants financée à même les fonds publics. Légal ? Évidemment. La loi 101 ne s’appliquant pas à l’éducation des adultes, qui offre pourtant une formation de niveau secondaire.
Juste sous le titre, on mentionne « d’apporter sa carte de résidence permanente » à lire cela, personne n’est dupe : la clientèle ciblée et recherchée n’en est pas une de Québécois natifs, mais de nouveaux arrivants.
Quelques kilomètres plus loin, on a fermé il y a quelques mois les services de francisation dans deux centres d’éducation des adultes de la Commission scolaire de Montréal, soit le programme à temps plein de jour au Centre Tétreaultville, dans l’est de Montréal et le Programme de soir au Centre Saint-Paul, dans l’ouest de la ville, par manque de clientèle. Plusieurs enseignants de la relève en francisation des immigrants adultes ce sont réorientés : soit dans l’enseignement au primaire ou au préscolaire, la francisation des adultes n’étant pas un secteur d’avenir : chaque année, des classes sont fermées et les séances d’affectation du corps enseignant sont pénibles : de moins en moins de postes sont offerts en francisation des adultes, année après année. Pourtant, on ne manque pas de clientèle : dans les neuf premiers mois de 2014, 39 % de nos nouveaux arrivants ne parlaient pas français. (source : statistiques du MIDI)
La réalité, c’est que la francisation des adultes immigrants n’est pas obligatoire, alors que les enfants et les jeunes sont intégrés de par la loi 101, les adultes fréquentent volontairement (ou pas !) les classes de francisation. Certains adultes immigrants apprennent le français et l’anglais en simultané (!) et d’autres suivent des cours d’anglais lorsqu’ils terminent leur francisation. Certains ne se présentent jamais en francisation, valorisant plutôt l’anglais et d’autres ne font jamais ni l’un, ni l’autre.
Déjà en 2008, les médias nous apprenaient que Québec avait dépensé 2,1 millions pour angliciser nos immigrants francophones. Le problème est plus grand, et même s’il est tabou, il est essentiel que nous sachions comment sont intégrés linguistiquement nos immigrants, qu’ils soient francophones ou allophones.
J’en ai parlé longuement dans mon premier livre Québec cherche Québécois, publié chez Stanké en 2013 : les nouveaux arrivants ne sont pas crédules : lorsqu’ils cherchent un travail, on leur mentionne souvent qu’ils doivent parler anglais. Un nouvel arrivant est souvent motivé à apprendre une langue seconde par instrumentalisation, donc parce qu’il en a besoin, plutôt que par volonté d’intégration. Lorsque certains constatent qu’on demande l’anglais pour travailler, ils vont apprendre l’anglais : ils ont besoin de travailler. Ils ne se sentent pas nécessairement concernés par la situation de la langue française ou de sa pérennité. Ils apprendront la langue qui leur donnera un revenu, un emploi, un avenir.
[Note du carnet : or à Montréal une langue semble suffire : la première du couple « Hi ! /Bonjour ! » Nous avons connu des patrons francophones qui demandaient à tous leurs employés francophones d’être bilingues — même des manutentionnaires — pour parler anglais aux employés anglophones qui habitent à Montréal.]
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Notons que ni les péquistes ni les libéraux n’ont rendu la francisation des immigrants obligatoire ni légiféré pour appliquer la loi 101 à l’éducation des adultes. Cette situation aberrante se poursuit donc depuis des années : le gouvernement finance l’anglicisation des immigrants et contribue ainsi à marginaliser la place du français au Québec.
Le Québec, qui reçoit de plus en plus d’immigrants, doit se poser plusieurs questions sur l’intégration des nouveaux arrivants, qu’elle soit linguistique, culturelle ou économique. Nous devons surtout faire en sorte que nos nouveaux arrivants puissent contribuer à la pérennité d’une société francophone. Pour cela, il faudra agir et légiférer. Je doute que certains aient le courage politique de le faire.
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