mercredi 4 février 2015

Grande étude : la réforme pédagogique québécoise a été un échec


La réforme scolaire au secondaire est globalement un échec, selon une vaste étude commandée par le ministère de l’Éducation. Loin d’atteindre ses objectifs, le renouveau pédagogique a même fait plus de tort que de bien chez les garçons et les élèves à risque, concluent les chercheurs.

Le constat est implacable. « Dans un contexte où le renouveau pédagogique visait d’abord et avant tout à démocratiser la réussite scolaire et à diminuer le décrochage, force est de constater qu’il n’a pas produit les effets attendus », peut-on lire dans ce rapport final d’une centaine de pages mis en ligne lundi sur le site du ministère de l’Éducation.

« C’est un constat d’échec, c’est clair », lance Égide Royer, professeur spécialisé en adaptation scolaire à l’Université Laval.

La réforme scolaire est implantée dans les écoles du Québec depuis une quinzaine d’années, mais ce n’est qu’en 2007 que le ministère de l’Éducation a confié à une équipe de chercheurs de l’Université Laval le mandat de mesurer ses effets auprès des élèves du secondaire.

Ces travaux dirigés par le professeur Simon Larose ont permis de comparer une cohorte de jeunes n’ayant pas été exposés au renouveau pédagogique avec deux autres cohortes d’élèves de la réforme.

Cible manquée

Cette étude permet de conclure que la réforme a raté l’une de ses principales cibles. Les garçons, les élèves à risque et les anglophones qui ont été exposés à la réforme ont été moins nombreux à obtenir leur diplôme du secondaire que ceux qui n’ont pas connu le renouveau pédagogique, peut-on lire dans le rapport.

La réforme n’a pas non plus permis aux élèves d’obtenir de meilleures notes. En français, malgré l’ajout de 150 heures d’enseignement, la réforme n’a pas permis d’améliorer les compétences et les connaissances des élèves, conclut le rapport.

De « légères baisses » dans la réussite à l’épreuve d’écriture de cinquième secondaire, particulièrement en orthographe, ont aussi été constatées.

Le scénario est semblable en mathématiques. Malgré l’ajout de 50 heures d’enseignement, la réforme « n’a pas eu l’effet bénéfique anticipé sur les connaissances des élèves », peut-on lire. Les élèves à risque et ceux venant de milieux défavorisés ont même récolté de moins bonnes notes que ceux qui n’ont pas connu la réforme.



Vision négative

Par ailleurs, les élèves et les parents interrogés dans le cadre de cette étude ont une vision plus négative de l’école que ceux qui n’ont pas goûté au renouveau pédagogique.

Avec cette étude en main, « tu ne peux pas conseiller à personne d’appliquer cette réforme », lance M. Royer.

Pour expliquer ce sombre constat, les auteurs de l’étude avancent plusieurs hypothèses. Le contenu de certains programmes a été rehaussé, ce qui aurait pu entraîner des difficultés chez les élèves.
Les professeurs pourraient avoir manqué de formation et d’accompagnement pendant cette période de transition.

Par ailleurs, les nombreux chambardements engendrés par l’implantation de cette réforme ont pu causer du stress et de la résistance, ce qui peut aussi avoir eu un impact négatif sur la qualité de l’enseignement et de l’encadrement des élèves, peut-on lire.

Faits saillants de l’évaluation de la réforme au secondaire
  • Baisse du taux de diplomation au secondaire chez les garçons, les élèves à risque et les élèves anglophones.
  • Légère baisse des résultats à l’épreuve d’écriture en cinquième secondaire, particulièrement en orthographe.
  • Baisse des résultats en mathématiques chez les élèves à risque et ceux venant de milieux défavorisés.
  • Vision plus négative de l’école selon les élèves de la réforme et les parents interrogés.

L’ABC de l’évaluation de la réforme au secondaire

Cette étude est basée sur :
  • Des questionnaires remplis par 3700 élèves et 3900 parents
  • Les résultats à l’épreuve d’écriture de français en cinquième secondaire, la moyenne et le taux de diplomation de trois cohortes d’élèves
  • L’étude s’est déroulée sur une période d’environ cinq ans

Source

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5 commentaires:

Gazouillis a dit…

Cette réforme a atteint son objectif politique: fabriquer des abrutis en masse, décerveler les jeunes et remplacer les connaissances par des réflexes politiquement corrects.

Parent taxé a dit…

Réaction de Radio-canada hilarante : «À tout le moins, ce « renouveau pédagogique » qui s'était amorcé en 2005, n'a pas encore donné les résultats escomptés. Entre autres conclusions de l'étude, il appert que la réforme n'a guère permis aux élèves en difficulté et aux garçons d'améliorer leur performance scolaire. »


Il va falloir laisser les apprentis sorciers opérer encore 20 ans avant de dire qu'il appert que la réforme n,a pas encore eu tous les succès escomptés ????

http://ici.radio-canada.ca/regions/quebec/2015/02/04/002-reforme-scolaire-echec-secondaire-etude-universitelaval.shtml

Anonyme a dit…

En théorie, la réforme était intéressante, mais inapplicable en pratique...Sans compter que les enseignants ont été laissés à leur propre compte pour se débrouiller avec ça...

Enseignant tané a dit…

Pour être sorti «récemment» de l'université, je peux vous dire que les sciences de l'éducation / le milieu didactique ne sont généralement pas du tout en accord avec le renouveau pédagogique de 2000 et que ce prétendu «renouveau» n'est certainement pas issu du milieu de l'éducation. Il est fort probablement issu de la bureaucratie et confond plusieurs notions qui ne sont pas sur les mêmes axes. L'utilisation du mot «réforme» peut lui accorder un semblant de crédibilité, un avant-gardisme, mais il ne faut pas se tromper, il est tout sauf nouveau. C'est un document rivière (pour ne pas dire «monstre») qui mélange des notions de toutes les époques. Pour finir, je crois que ce n'est pas tant ce supposé «renouveau» qui est un échec, mais tous les objectifs qui y ont été très tôt associés. Une chose doit être dite: on ne peut mathématiquement pas augmenter le taux de réussite ad nauseam. On peut faire des efforts pour réduire le décrochage et les échecs, mais il y en aura toujours, peu importe ce que nous ferons.

Germain a dit…

Il faut surtout abolir le Ministère de l'éducation et décentraliser radicalement l'éducation au niveau des écoles. Personne n'a le monopole des bonnes idées. Quand les idées du Grand monopole sont mauvaises, tout le monde écope. Seule la concurrence permettra de découvrir ce qu'il y aura de bon.

Les fonds déjà utilisés n'ont qu'à être envoyés en entier aux écoles. Seuls les vrais praticiens de l'éducation (ceux qui voient en direct ce qui marche et ce qui ne marche pas) sont vraiment qualifiés pour enseigner. Et le monstre qu'est devenu le Ministère ne fait que nuire. À votre avis, la prochaine réforme (car il y en aura une) va-t-elle améliorer les choses ?