mercredi 16 avril 2014

L’essor de l’école privée pour les pauvres en Inde

Un cercle de réflexions, l’India Institute, vient de publier une étude portant sur la scolarisation des enfants dans la région du Bihar, une étude de ce type à l’échelle d’un pays aussi peuplé que l’Inde étant sans doute très difficile à réaliser.

L’étude démontre que l’État n’a pas la moindre idée du nombre d’écoles privées actives sur son territoire. Il en dénombrait 350 alors qu’il y en avait 1 574 ! Ce sont des écoles privées à prix modique (low cost private schools) qui prennent en charge essentiellement des classes moyennes et des populations pauvres. L’étude a prouvé que 68 % des parents préfèrent envoyer leurs enfants dans une école privée non subventionnée plutôt qu’à l’école publique pourtant intégralement soutenue par l’État et ouvrant droit à bien des avantages comme un uniforme, la cantine gratuite (parfois une chose dangereuse), un diplôme reconnu et la facilité de réintégrer l'école publique si les revenus de la famille venaient à baisser. Cette situation peut donc surprendre.

Colère des Indiens après l'empoisonnement d'écoliers à l'école publique (Bihar)

L’étude montre que la raison du succès du privé tient au plus faible taux d’absentéisme des professeurs (10 % contre 36 % dans les écoles publiques) et aux plus faibles effectifs (21-26 élèves contre 42 par classe dans le public). Aux tests (et en particulier au test annuel ASER), les écoles privées ont de meilleurs résultats que les écoles publiques.

Face au nombre croissant d’écoles privées, l’État a décidé de faire fermer, par la Loi sur le droit à l’éducation (Right to Education Act), les écoles privées non agréées sous prétexte qu’elles violeraient la législation sur les minima salariaux des professeurs et la taille des terrains de sport… Cette étude affirme qu’il serait immoral de faire fermer les écoles privées, tant que l’État ne peut pas garantir un service public de qualité, car ce serait pénaliser les pauvres.

Pour les auteurs de cette étude réalisée avec l’aide de l’Université de Manchester, la qualité de ces écoles privées non subventionnées vient de leur exposition à la compétition des autres écoles qui les pousse à l’excellence. Inversement, la dégradation de la qualité de l’école publique est née de l’absence de lien entre le paiement du professeur et son implication dans son travail. L’absentéisme des fonctionnaires de l’enseignement n’est pas du tout sanctionné.

Pour sortir l’école publique de l’impasse, l’institut recommande d’instaurer un test national et d’autoriser les écoles privées si les résultats de leurs élèves aux tests sont satisfaisants et que les normes de sécurité minimales sont respectées. Pour eux, la bonne nouvelle, c’est l’implication des parents pauvres dans l’éducation de leurs enfants qui est prouvée par l’essor des écoles privées dans les quartiers pauvres. Elle mérite d’être encouragée, et non pénalisée dans le cadre de leur objectif national de « l’éducation pour tous ».

Consulter le rapport : The Private School Revolution in Bihar, Findings from a survey in Patna urban




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