lundi 6 mai 2013

Retour vers les matières fondamentales ou l'école maternante ? Le massage à l'école québécoise


De plus en plus d’élèves sont invités à se masser entre eux à l’école afin de développer un « toucher sain nourrissant ».

«Moi, ça me tente tout le temps de me faire masser, parce que ça me donne des petits frissons. Et après, tout le monde est ­calme», lance Jules Meunier.

Le garçon de sept ans est l’un des 7000 enfants à avoir suivi la formation de massage entre élèves prodiguée par l’aile québécoise de MISA (Massage in Schools Association).

L’organisme, créé en 2008, affirme sur son site internet que le massage permet aux enfants de vivre «l’expérience positive du toucher sain nourrissant».

«La massothérapie est un outil vraiment utile à plusieurs égards. Il y a une magie qui s’opère quand deux enfants sont en contacts. Ça permet de découvrir la ­différence chez l’autre», affirme Pierre Blais, massothérapeute et formateur de MISA Québec.

Le Journal de Montréal a assisté à une séance de massage à l’École primaire Albert-Schweitzer de Saint-Bruno-de-Montarville.

Pendant une vingtaine de minutes, les enfants d’une classe de première année se sont massés à tour de rôle, sous l’œil de leur ­enseignante Suzanne Coulombe.

« Je trouve ça intéressant que les enfants aient une occasion de se toucher, dit-elle. C’est un sens qu’on explore peu à l’école. Or, les enfants aiment ça. Ça les calme quand ils sont stressés. »

« Certains élèves sont plus réticents à toucher ou à se laisser toucher, mais ils peuvent choisir la personne avec laquelle ils vont le faire. »

Les élèves de Suzanne Coulombe ont ­même massé des élèves de quatrième année afin de les ­remercier de leur aide après une activité commune de lecture.

«Les enfants nous demandent sans cesse de l’affection. Si, entre eux, ils peuvent combler ce besoin en se faisant des câlins, pourquoi pas?» lance l’enseignante.

MISA Québec présente aussi le massage entre élèves comme une solution à l’intimidation.

« L’enfant qui intimide cherche de ­l’atten­tion. Le massage lui permet d’en ­recevoir et de découvrir l’autre. De plus, après un massage, on a moins envie de se bagarrer dans la cour d’école », explique Pierre Blais.

« Ça semble simpliste ou trop beau pour être vrai, mais c’est la vérité. Le massage entre élèves est quelque chose qui change profondément la nature de l’enfant. Et pour le mieux. »

L'avis très mitigé d'une psychopédagogue

Garine Papazian-Zohrabian, professeur adjointe au département de psychopédagogie de l’Université de Montréal, a livré ses impressions au Journal de Montréal sur le massage à l’école.

Question : Quels sont les avantages du massage entre élèves à l’école ?

Réponse : Les massages sont très bénéfiques. Il existe énormément de thérapies impliquant le corps qui font du bien. Plusieurs études ont aussi prouvé les bienfaits de la massothérapie, même sur les bébés. Il est vrai que le massage à l’école peut développer l’empathie et la connaissance de l’autre chez l’élève, mais il y a toutefois des limites à cette pratique.

Question : La massothérapie a-t-elle sa place à l’école ?

Réponse : Je n’en suis pas certaine. L’élève qui ne veut pas participer à l’activité peut se sentir exclu et être victime de moqueries. L’agressivité peut ressortir aussi, indirectement, pendant un massage. Une étude ­effectuée au Royaume-Uni a révélé que des élèves se faisaient pincer ou presser trop fortement pendant le massage. Aussi, le fait que l’activité soit offerte à des enfants de 12 ans me déran­ge. À cet âge, certaines filles ont déjà leurs règles et commencent leur puberté. Dans ces conditions, est-ce que le massage peut s’accompagner d’une certaine stimulation sexuelle? Il faut faire attention.

Question : Est-ce que le massage peut être un ­outil de lutte contre l’intimidation, comme le soutient MISA Québec ?

Réponse : Là encore, je ne suis pas certaine. Le massage peut relaxer l’enfant, mais il ne va pas régler ses problèmes. Ce n’est pas un outil miracle. Il y a la crainte aussi d’être massé par un autre élève qui est un ­intimidateur. Certes, le massage développe ­l’empathie, mais il existe aussi d’autres ­outils pour le faire, qui sont moins ­controversés.

Voir aussi

Le yoga : troisième volet du triptyque spirituel de la Nouvelle École québécoiseMC ?




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1 commentaire:

Anonyme a dit…

A écouter: 98,5 FM Dutrizac:
http://www.985fm.ca/audioplayer.php?mp3=175071
L'enseignante formée a la méthode misa dit entre autre: Les enfants peuvent offrir un massage à l'enseignant ?!?!?! Elle trouve ça normale!
Et l'animateur ne réagit même pas!!!!!