mercredi 6 mars 2013

Tribunaux suprémacistes (arrêt Whatcott, suite)

Bénéficiant d'un exorbitant pouvoir pour un pays qui se dit libre,
 on comprend que ces avocats soient de bonne humeur.
Pour le chroniqueur canadien Mark Steyn, il ne fait aucun doute que la décision de la Cour du suprême du Canada la semaine passée (voir notre dossier) est un sérieux revers pour les partisans de la liberté d’expression.

L’intimé, William Whatcott, n'est pas très favorable envers les partisans de l’homosexualité. Si l’on est d’une autre persuasion, on peut facilement être offusqué par les remarques désobligeantes et crues de Whatcott. Mais, pour l’auteur à succès Mark Steyn, il est tout à fait déraisonnable de  criminaliser ces propos.

Bruce Bawer, qui fait partie du groupe protégé par la Loi au nom de laquelle les juristes outaouais ont dit agir, affirme clairement que ces juges peuvent prendre leur finement équilibré, raisonné et nuancé jugement et « se l'enfoncer » :
Ne me faites pas de faveurs. Je me sens beaucoup moins menacé par des gens de l’acabit de Whatcott que par les tribunaux qui croient avoir le droit de resteindre les libertés d'un peuple libre, d’une façon aussi arrogante. Ces magistrats ne semblent pas comprendre – ou ne pas vouloir comprendre – que si l’on veut vivre dans une société vraiment libre, on doit être prêt à côtoyer des concitoyens qui vous considèrent comme une abomination et qui se sentent obligés de crier leurs opinions sur tous les toits.
Mark Steyn partage ce point de vue : Bill Whatcott est bien moins une menace à la liberté que ces six juges. Ce qui est bizarre dans cette histoire, c'est que, partout dans le monde, des peuples qui se disent libres sont ravis de concéder à une haute cour (même à une haute cour aux arguments aussi contradictoires que celle d’Ottawa) un monopole sur toutes les grandes questions de société. Alors même que toutes les autres institutions en Occident – l'Église, la monarchie – ont perdu de leur morgue et de leur autorité, quelques pékins en robes rouges en ont accumulé de plus en plus.

Au sud de la frontière, Paul Mirengoff a écrit un article hier sur ce qu'il appelle « l'empire de la Cour suprême » – c'est-à-dire, l'idée que cinq juges auraient le pouvoir de redéfinir le mariage. En effet, une institution antérieure aux États-Unis de plusieurs millénaires sera définie (ou redéfinie) pour un tiers de milliard d’humains selon l’humeur d’Anthony Kennedy (le juge non marqué politiquement) un beau matin. Cette déférence universelle envers la suprématie de quelques magistrats est curieuse et indigne de la part d'un peuple libre.

Mark Steyn, en tant que « sujet de Sa Majesté au Canada », ne rejette pas tant la décision de la Cour suprême que sa prétention à pouvoir décider quoi que ce soit dans ce domaine. Il conseille à ses compatriotes de faire de même. Si vous rencontrez par hasard « un de ces guignols de juges » lors d'une réception et qu’il veut vous expliquer comme son raisonnement est subtil et nuancé, dites-lui : « Eh bien, tu as droit à ton opinion. Et moi à la mienne. »

Voir aussi


Cour suprême — « toutes les déclarations véridiques » ne doivent pas « être à l’abri de toute restriction » (bref, on peut censurer la vérité au Canada).

Arrêt Whatcott : la Bible pas « haineuse », mais le juge Rothstein a-t-il tout lu ?





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1 commentaire:

Le Saguenéen a dit…

Y a pas à dire il y a une belle liberté de parole et de ton chez certains journalistes anglophones !