mercredi 15 juin 2011

Le monopole de l'Éducation incapable de répondre à tous les désirs

« L’éducation est une chose à ce point importante qu'on ne peut tout simplement pas la laisser entre les mains d’un seul producteur, car nous le savons tous : les monopoles sont incapables de répondre à tous les désirs ».

Per Unckel, ex-ministre de l’Éducation et des Sciences en Suède (1991-1994) 


Trois écoliers suédois du secondaire interprètent
une chanson chinoise lors du Concours de chinois
de leur école

Bon scolaire ?

On parle souvent de la Suède comme d'un pays où règneraient la liberté d'enseignement et un type de chèque-édu­cation. Le terme « chèque-éducation » ou « bon scolaire » suscite parfois des réactions pavlo­viennes dans certains cercles. Expli­quez donc de quoi il s'agit.

Dans le cas de la Suède, tout ce que cela signifie c'est que les parents peuvent choisir leur école (ou en fonder une) et que ces écoles, qu'elles soient publiques (le plus souvent communales) ou privées, reçoivent une subvention de l'État en fonction du nombre d'élèves inscrits. Enfin, l'administration des écoles est désormais largement décentralisée. Les écoles — encore une fois communales ou privées — ne peuvent pas refuser d'inscriptions en fonction des revenus ou des résultats préalables des candidats. Les écoles ne peuvent exiger de droits supplémentaires.

Aujourd'hui, une école sur huit en Suède est une « école libre » et à Stockholm, selon les classes d'âge, jusqu'à près de 30 % des écoliers fréquentent ces écoles. À ce jour, plus de 1100 écoles libres ont été fondées dont 800 sont à but lucratif.

Ce système à des avantages apparemment indéniables : il existe une concurrence dans la « livraison » de l'éducation, cette concurrence a eu un effet sur le secteur public, sa clientèle demandant également plus de choix et de changements. Les enfants pauvres fréquentent plus les écoles privées que les élèves riches, les écoles privées à but lucratif ont tendance à s'étendre pour répondre à la demande supplé­mentaire alors que les écoles sans but lucratif gèrent ce supplément de demande par la mise en place de listes d'attente. Les enseignants et les syndicats d'enseignants appuient ce système puisqu'ils y voient la possibilité d'un choix de carrière plus diversifié et plus souple. Même si cette politique a été mise en place par une parti de centre-droit, aucun parti de gauche au pouvoir n'a osé revenir sur ces changements.

Les écoles privées (aussi appelées « écoles libres ») se sont organisées en « chaînes » afin de rationaliser certaines tâches administratives communes et décharger les professeurs de ces tâches.

Si au Québec une nouvelle école primaire coûte une douzaine de millions de $ (ici et là), en Suède, cette nouvelle école ne coûtera rien au Trésor public car les parents, les enseignants, des commanditaires privés et d'autres encore s'organiseront pour trouver l'argent nécessaire et souvent ils parviendront à la construire à moindre coût.

Enfin, ces nouvelles écoles selon le Christian Monitor ont des résultats scolaires de 20 % supérieurs à ceux des écoles publiques.

Bémol et critiques

Si le type de pédagogie est relativement libre, il n'y a pas de réelle liberté de programme en Suède : les écoles (même « libres ») doivent suivre un même programme gouver­ne­mental, et l'instruction à la maison est sévèrement découragée voire en pratique interdite comme en Allemagne.

La liberté de choix est donc limitée et bien éloignée de l'idée que les parents peuvent réellement décider du type d'instruction que recevront leurs enfants grâce à des chèques-éducation.

Notons enfin que les résultats des jeunes Suédois dans les classements internationaux ont fortement chuté depuis les années 1970 pour simplement se retrouver juste au-dessus de la moyenne des pays de l'OCDE, bien que pour Jonas Himmelstrand, auteur et fondateur de l'Institut Mireja, la faute en incomberait en partie à un système de garderie d'État généralisé et fiscalement quasi obligatoire pour les parents.

Enfin, l'interdiction faite aux écoles privées d'imposer des frais supplémentaires à la subvention reçue peut susciter débat. Le Danemark a adopté un système similaire à la Suède, mais les parents doivent payer une faible quote-part quand ils inscrivent leurs enfants dans une école privée (fortement subventionnée donc) afin qu'ils soient des clients plus exigeants. L'interdiction suédoise est excessive, elle limite le service disponible pour tous à l'école privée en fonction des subventions gouvernementales. Or, les parents nantis parviennent toujours à dépenser plus sur l'éducation de leurs enfants, ne fût-ce que par des cours particuliers. Des bourses (pas nécessairement gouvernementales) pour les élèves dans le besoin pourraient être offertes afin de garantir un même accès au choix scolaire y compris dans des écoles privées qui seraient libres de fixer leur prix.



Voir aussi

Washington (D.C.) — Des bons scolaires pour les pauvres plutôt que des subventions pour avorter

Le chèque-éducation promet de faire fonctionner le système éducatif

France — les écoles libres (hors contrat) n'en font qu'à leur tête

Briser le monopole de l'Éducation en France : comment et pourquoi y créer son école

Étude internationale sur les bons scolaires

Angleterre — Triplement du nombre des académies





Soutenons les familles dans leurs combats juridiques (reçu fiscal pour tout don supérieur à 50 $)

Aucun commentaire: