vendredi 7 mai 2010

Étude internationale sur les bons scolaires

Ils ont osé franchir le pas. Ils ont osé, pour leur système éducatif, renoncer au tout État. Ils ont osé remettre en question le monopole de l’éducation et dire : « Non, l’avenir de nos élèves, la carrière de nos professeurs ne seront pas systématiquement gérés et programmés d’en haut, par un ministère ».

Les Hollandais, les Danois, les Suédois, les Néo-zélandais, les Irlandais, les Tchèques, les Chiliens et les Américains sont-ils devenus fous ?

Fous d’introduire dans leurs systèmes éducatifs une dose d’autonomie et de responsabilité à l’échelon le plus « bas », celui de l’établissement ?

Ce premier cahier concernant le chèque-éducation propose une revue internationale rapide. Elle interpelle. Alors qu’au Québec, le chèque éducation est tabou — si on excepte une brève tentation de l'ADQ — depuis 30 ans, jugé mercantile voire dangereux, pourquoi de plus en plus de pays n’hésitent-ils ni à en parler, ni à l’essayer ?

Jacques Bichot, économiste, professeur des Universités, membre honoraire du Conseil économique et social français publie une étude sur le sujet des bons scolaires.

Lire l'étude (PDF, 30 pages)

Quelques extraits :
« La République tchèque n’avait aucune école privée avant la chute du communisme. Après le changement de régime, elle facilita la création de telles écoles en accordant automatiquement un chèque-éducation aux familles qui y avaient recours, représentant 50 % du coût unitaire des écoles publiques de même niveau, avec la possibilité d’aller au delà en fonction de certains critères, sans dépasser 90 %. 440 écoles privées ont été créées en une dizaine d’années. Les écoles implantées dans des zones à bas revenus semblent avoir été privilégiées pour le taux de prise en charge ; elles se sont davantage développées dans ces aires géographiques, où la qualité des écoles publiques laissait plus qu’ailleurs à désirer. »
« L’obligation pour l'État de financer tout établissement sérieux au prorata du nombre des élèves ou étudiants qu’il accueille concilie les objectifs de liberté scolaire et d’égalité des chances pour les enfants. »
Ceci résonnera au cœur des Québécois qui pensent à la réforme scolaire, le renouveau pédagogique imposée depuis dix ans à toutes les écoles :
« Les mastodontes du genre Éducation nationale française , comme les pétroliers géants, ont besoin de beaucoup de temps pour changer de cap lorsqu’il apparaît qu’ils ne suivent pas la bonne direction. »
« Le cas chilien montre donc ce qu’il ne faut pas faire : utiliser le passage au chèque-éducation pour imposer des réductions drastiques du budget de l'enseignement sans souci des conséquences. »
« L’Irlande dispose d’un enseignement principalement privé : ainsi, dans le second degré, 57 % des élèves vont-ils dans les « voluntary secondary schools », le plus souvent confessionnelles. L'État y prend en charge 90 % des salaires des enseignants, et 95 % des autres dépenses. Pour les écoles professionnelles (28 % des élèves du second degré) l'État assume 93 % de la dépense. Les « comprehensive schools », écoles publiques totalement financées par le contribuable, ne scolarisent que 15 % des élèves. Dans le primaire, la plupart des écoles sont diocésaines ; l'État paye les salaires des enseignants et une somme par élève qui s’apparente au chèque-éducation.

Une telle formule est stimulante, [...] : « Les familles ont le libre choix de l’école. Lorsqu’une école cesse d’attirer les élèves, elle perd immédiatement une partie de sa dotation per capita, et ensuite des postes d’enseignants, les professeurs étant envoyés à des écoles dont la fréquentation augmente. »
« Il a été décidé que les fonds alloués aux écoles par l'État [néo-zélandais] seraient uniquement fonction du nombre d'élèves de l'établissement. En même temps, nous avons informé les parents qu'ils avaient le droit le plus absolu au choix de l'école de leurs enfants. Il me paraît en effet inadmissible qu'une autorité quelle qu'elle soit puisse obliger les parents à envoyer leurs enfants dans une école qu'ils jugent mauvaise. Ce nouveau système a été appliqué le même jour à 4 500 établissements d'enseignement.

Mais nous avons fait plus : nous avons donné aux écoles privées la possibilité de bénéficier des mêmes avantages financiers que les écoles publiques. Les parents bénéficient ainsi d'un « chèque-éducation » qui leur permet d'avoir un plus grand choix en matière d'écoles pour leurs enfants. Là encore, tout le monde prévoyait qu'il y aurait un véritable exode des écoles publiques vers les écoles privées, l'écart de niveau entre celles-ci et celles-là étant estimé entre 14 et 15 %.

Cette crainte ne s'est pas concrétisée et, qui plus est, la différence de niveau a disparu rapidement. Cela a pris environ 18 à 24 mois. Pourquoi cela ? Parce que, tout simplement, les enseignants des écoles publiques ont réalisé tout d'un coup que, si leurs élèves partaient ailleurs, les financements qu'ils recevraient seraient réduits d'autant, les fonds alloués, et destinés entre autres à rémunérer les enseignants, dépendant du nombre d'élèves de l'établissement. C'était donc leur emploi qui risquait d'être remis en question. Avant que nous ne lancions cette réforme, 85 % des élèves fréquentaient l'école publique. Un an après, à la suite de ces réformes, ce pourcentage ne s'était que peu réduit puisqu'il était passé à 84 %. Mais, trois ans plus tard, il était remonté à 87 % ! Pour autant, ce n'est pas le plus important : avant ces réformes, le niveau scolaire de notre pays était considéré comme inférieur à celui des pays comparables au nôtre d'un pourcentage estimé à 14 ou 15 % ; à la fin du processus, le niveau scolaire était estimé supérieur à ces autres pays d'un pourcentage de l'ordre de 14 à 15 %. »



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