vendredi 12 juillet 2019

Groupuscule manifeste devant cinéma qui projette Unplanned, Radio-Canada sur place pour couvrir l'« événement »

Raymond Ayas, candidat du Parti Populaire du Canada aux élections fédérales, est allé voir le film Unplanned qui semble tant déranger les militants proavortements et certains médias. Voir Pressions médiatiques et politiques contre les cinémas Guzzo qui vont projeter Unplanned et « Unplanned, Un tissu de mensonges » : le journalisme uniquement à charge.

Il a remercié la ministre Joly, son adversaire politique dans la circonscription d’Ahuntsic-Cartierville : « Merci à Mélanie Joly d’avoir attiré autant l’attention sur le film #unplannedmovie ! Vraiment stratégique de sa part. Personnellement, je crois en la liberté de conscience, la liberté de dépenser mon argent où je veux et la liberté de voir des films. #LaMinutePopulaire ».




On remarquera que des employés de Radio-Canada discutent à la fin de la vidéo avec M. Ayas. Ils attendaient LA manifestation annoncée par des activistes féministes et n’avaient pas hésité à déplacer des moyens techniques pour ce faire. Nous connaissons de nombreuses manifestations (anti-ECR, notamment à Granby et à Sherbrooke) qui avaient rassemblé nettement plus de personnes et qui n’ont jamais eu l’heur d’attirer des moyens de Radio-Canada... Étrange.

La manifestation de militants proavortements devant le multiplex Guzzo du Marché Central ne réunira en fin de compte qu’une poignée groupusculaire (ci-dessous) d’opposants à la diffusion de ce film. Guère plus d’une douzaine de personnes.



Radio-Canada qualifie cet embarrassant fiasco de « manifestation timide »...

Son article (visible ici) ne donne la parole qu’à une personne sur place : Sonia Palato cofondatrice de La Riposte féministe. De M. Ayas ou toute autre personne qui aurait vu le film, nulle trace.  [Mise à jour : Raymond Ayas précise en commentaire : Radio-Canada m’a effectivement passé en entrevue. Cependant mon message était peut-être trop cohérent : l’entretien n’a pas été diffusé. C’est la deuxième fois que ce média me joue ce tour. La première est ici : https://ppcahuntsiccartierville.nationbuilder.com/entrevue_jamais_diffusee_radio_canada.]

Radio-Canada reprend ensuite une dépêche de l’agence de presse, La Presse Canadienne. Elle cite ainsi un communiqué de presse de Cinéplex qui affirme « Je comprends les préoccupations concernant ce film », mais cette défense timide du droit de diffuser des films « controversés » ne suffit pas à rééquilibrer l’article et à expliquer l’absence d’avis enthousiastes de la part de partisans de sa diffusion, alors qu’il y en avait sur place.

Vient ensuite le vernis « sérieux » de l’article dans un encadré intitulé « Ce que dit la science » sur l’avortement pour « briser certains mythes tenaces ». Évidemment les faits sélectionnés (par exemple : « les saignements [abondants et peu ragoutants] vus dans le film surviennent dans 1 % des cas ») vont tous dans le sens de la banalisation de l’avortement. On aurait pu inclure d’autres faits scientifiques : « le fœtus est bien un être humain vivant distinct de sa mère » ou encore « la vie commence dès la conception, dès la fécondation de l’ovule par le spermatozoïde », mais ces faits-là ne vont sans doute pas dans le bon sens. En outre, l’inclusion sélective de faits médicaux ne répond en rien à une question éminemment morale, plutôt que scientifique ou médicale. La mère a-t-elle un droit imprescriptible de tuer un être humain viable qu’elle porte en son sein en toute circonstance comme le permet actuellement la loi canadienne ? Et si oui, pourquoi ? Dire que le corps du fœtus est le corps de la mère (« mon corps, mon choix ») est inexact scientifiquement, l’ADN de l’enfant à naître est différent de celui de la mère. Il y a deux corps en question. Ah, tiens encore un « mythe tenace » que l’article ne semble pas vouloir « briser ».

Parmi les arguments de la militante Sonia Palato, mis bien en exergue par la SRC (voir ci-dessous), on retrouve celui lié à l’aspect « émotionnel » du film. Cet argument nous paraît singulièrement de mauvaise foi et pourtant l’article de Radio-Canada ne donne la parole à aucun contradicteur pour le réfuter. Or, depuis quand les films de fiction devraient-ils ne pas jouer sur les émotions ? Tous les films émouvants pour les grandes causes le font (La Liste de Schindler sur l’Holocauste, La fille à un million de dollars de Clint Eastwood sur l’euthanasie, etc.) Faut-il comprendre que jouer sur les émotions n’est permis que pour les films qui défendent des causes que les militants progressistes agréent ? Et que dire de l’usage des images et reportages émouvants dans des médias publics qui se veulent informatifs et objectifs ? On trouvera ainsi diffusés des images et des témoignages poignants sur les difficultés (parfois la mort) d’immigrants illégaux qui essaient de rejoindre l’Europe ou les États-Unis (Radio-Canada n’hésite pas à montrer les enfants morts dans ces cas), mais on interdira ou censurera des photos qui illustrent les morts dues au terrorisme au Bataclan à Paris. Ces médias jouent sélectivement sur les émotions avec des images-chocs selon le sujet.



L’auteur de la dépêche s’est donné quelques frissons complotistes en croyant dévoiler les trouble-fêtes responsables de la remise en cause du statu quo unanimement proavortement dans les médias canadiens ou québécois : une obscure camarilla de vils réactionnaires tapis dans de mal famés recoins de la Toile. « Campagne Québec-Vie, indique sur son site Web avoir mené “une longue lutte” pour la venue de ce film au Canada, dans l’espoir de rallier des gens à sa cause en montrant “divers aspects tragiques ou peu ragoûtants de l’avortement”. »

Enfin, nous ne sommes pas sûrs d’avoir bien compris la citation suivante reproduite par le télédiffuseur public : « Les tracts distribués vendredi aux passants par La Riposte féministe accusent Guzzo et Cinéplex de “faire du profit sur le dos de la santé sexuelle et reproductive des femmes cis, des hommes trans et des personnes non binaires et queers” dans un contexte où leur autonomie corporelle est régulièrement attaquée. » Qu’est-ce que les « hommes trans et des personnes non binaires et queers » viennent faire dans une discussion sur l’avortement ? Et que signifie « un contexte où leur autonomie corporelle est régulièrement attaquée » ? « Autonomie corporelle » ? Attaquée ? On aimerait comprendre ce volapük sibyllin. La journaliste est-elle tellement pénétrée d’idéologie LGBTQ2SAI+ qu’elle ne croit même pas devoir expliquer ces affirmations pour le commun des lecteurs ?





Pour trouver une salle qui diffuse le film Unplanned (malheureusement uniquement en anglais) près de chez vous, cliquez sur l’image ci-dessous.



Sciences Po a supprimé son concours d'entrée, plus personne n'en parle

Depuis trente ans, les élites françaises ont détruit méthodiquement tout ce qui faisait le génie national, estime Éric Zemmour du Figaro. Le bac est donné à tout le monde et les mentions TB fleurissent à tous les coins de rue ; et Sciences Po supprime son concours écrit, le seul qui assurait, avec l’anonymat, la garantie d’une sélection honnête.


Cela fait trois semaines et déjà plus personne n’en parle. Plus le moindre article, pas la moindre polémique. Frédéric Mion a réussi son (mauvais) coup. Le patron de Sciences Po a supprimé les épreuves écrites de son concours d’entrée et tout le monde s’en moque. Il a expliqué que désormais tous les étudiants de l’école seraient recrutés sur dossier, et tout le monde — ou presque — a gobé son discours lénifiant, mélange de rêve américain (les universités anglo-saxonnes agissent ainsi) et de lutte des classes (il faut lutter contre l’entre-soi). Au moins, lorsque le prédécesseur de Mion, le « disruptif » Richard Descoings, avait imposé la discrimination positive à l’entrée de l’école, il y a quinze ans, la polémique avait été énorme. On s’était étripé au nom de la République, de la méritocratie, de l’égalité des chances.

Cette fois, rien. Ou presque rien. Pourtant, Mion finit le (sale) boulot de Descoings. Le prestige séculaire de l’ancienne École libre des Sciences politiques reposait sur un concours d’entrée fort sélectif, et en particulier une épreuve écrite d’histoire exigeante. La renommée de toutes les grandes écoles françaises, de l’X à l’ENA, était fondée sur le même patron. Qui lui-même reposait sur un enseignement secondaire de haut niveau. C’était la vraie différence avec le modèle anglo-saxon.

Tous les thuriféraires du modèle anglo-saxon font semblant de ne pas voir que l’extraordinaire renommée des universités américaines tient avant tout à leurs moyens financiers énormes qui leur permettent de payer les meilleurs profs du monde et d’attirer les meilleurs étudiants du monde entier.

Depuis trente ans, les élites françaises ont détruit méthodiquement tout ce qui faisait le génie national.
Le secondaire est d’une rare médiocrité ; le bac est donné à tout le monde et les mentions TB fleurissent à tous les coins de rue ; et Sciences Po supprime son concours écrit, le seul qui assurait, avec l’anonymat, la garantie d’une sélection honnête.

Désormais seront privilégiées non la culture et le travail, et l’intelligence du candidat, mais les valeurs que l’école veut promouvoir : altruisme, générosité, énergie. Bref, Mion veut des étudiants à sa main, soumis à son idéologie bien-pensante. Il veut pouvoir prendre tous les élèves de banlieue qu’il souhaite puisque ceux-ci s’obstinent à ne pas avoir le niveau scolaire de l’épreuve écrite. Entre le mérite personnel et l’endoctrinement idéologique, la direction de Sciences Po a choisi. Tout cela au nom de la République qu’on renie et de la méritocratie qu’on méprise.

Le nihilisme de nos classes dirigeantes est sans limites. Et il se pare de surcroît des atours de la vertu.