mercredi 27 juin 2018

Si la démographie, c'est le destin... de l'Afrique et de l'Europe

Si la démographie est le destin, comme l’aurait écrit Auguste Comte, gageons que la crise migratoire en Europe n’est pas près de se terminer quand on considère la démographie africaine.

— Avec un taux de croissance de 4 % la population africaine double tous les 18-20 ans.

— Cette semaine tombaient les statistiques démographiques de l’Algérie. La population résidente totale en Algérie a atteint 42,2 millions d’habitants au 1er janvier 2018 contre 41,3 millions d’habitants au 1er janvier 2017. En 1965, la population algérienne était 12,7 millions d’habitants, celle du Québec était alors de 5,7 millions d’habitants. En Algérie, le programme de planification familiale avait permis de faire baisser l’indice synthétique de fécondité de 4,5 enfants par femme en 1990, à 2,8 en 2008. Or, avec la réislamisation du pays, depuis 2012, il a rebondi à plus de 3 enfants par femme. Ceci a conduit à une hausse des naissances vivantes qui sont passées de 589 000/an en 2000 à 1,06 million en 2017, soit une hausse de près de 80 %. Par comparaison, il naît uniquement 84 000 enfants/an au Québec, ce nombre était de 140 000 de 1957 à 1963 avec une population qui représentait 60 % de celle d’aujourd’hui.



— Au Niger, pays en grande partie désertique le taux de fécondité est de 7 enfants par femme ; sa population était de 3 millions d’habitants en 1960 et elle sera probablement de 40 millions en 2040, puis de 60 millions en 2050.

— En Somalie, le taux de fécondité est de 6,4 enfants par femme alors qu’il est au Congo (RDC) de 6,1.

Prédictions

D’ici à 2030, l’Afrique devrait voir sa population passer de 1,2 milliard à 1,7 milliard, avec plus de 50 millions de naissances par an.

Selon un rapport de l’ONU de 2016, 60 millions de jeunes arabes se retrouveront, dès 2020, devant un marché du travail saturé. Quant à l’Afrique, qui compte 1,2 milliard d’habitants alors que l’Europe n’en compte que 510 millions, elle sera forte de 2,5 milliards d’habitants vers 2050, tandis que l’Europe en aura perdu 60 millions.

Pour des dizaines de millions de jeunes Africains, la seule issue pour améliorer leur sort sera l’émigration, et tout d’abord l’Europe.

Est-ce que le développement économique pourrait enrayer cette migration ?

Comme l’indique Stephen Smith, spécialiste de l’Afrique, et auteur de la Ruée vers l’Europe : le développement économique du continent alimente en fait l’émigration vers l’Europe. Les pays du Nord subventionnent les pays du Sud, moyennant l’aide au développement, afin que les démunis puissent mieux vivre et — ce n’est pas toujours dit aussi franchement — rester chez eux. Or, ce faisant, les pays riches se tireraient une balle dans le pied pour Stephen Smith. En effet, du moins dans un premier temps, ils versent une prime à la migration en aidant des pays pauvres à atteindre le seuil de prospérité à partir duquel leurs habitants disposent des moyens pour partir et s’installer ailleurs.

Ce « développement » ne pourrait donc n’avoir que des résultats à très long terme. Il n’évitera pas la volonté de départs de millions d’Africains pendant les années à voir.

En outre, l’Europe a consacré de grandes sommes à l’aide au développement depuis l’indépendance des pays africains, il y a plus de six décennies de cela. En vain, car, en dépit des sommes abyssales déversées pour tenter de la faire « démarrer », l’Afrique régresse en termes de richesse par habitant.

Le PIB par habitant de l’Afrique diminue

Selon les Objectifs du millénaire pour le Développement (OMD) adoptés en 2000 par 189 États, aucun recul de la pauvreté africaine ne peut être envisagé sans un minimum de croissance annuelle de 7 % soutenue durant plusieurs années.

Or la croissance annuelle de l’Afrique se situe entre 3 et 4 % de croissance. Il en manque donc autant pour atteindre cet objectif et faire reculer la pauvreté.

L’Afrique n’attire pas les investisseurs

Dans son rapport de mai 2018, la BAD (Banque africaine de développement) souligne que pour les investissements dans le seul domaine des infrastructures, l’Afrique a besoin annuellement de 170 milliards de dollars d’investissements étrangers directs (IED), alors que dans ce domaine elle n’en reçoit que 60 milliards.

Début juin 2018, la lecture du rapport sur les IED publié par la CNUCED (CNUCED, World Investment Report 2017) nous apprenait qu’en 2017, sur les 2000 milliards de dollars d’IED mondiaux, l’Afrique n’en recueillit en effet que 60, un volume dérisoire en baisse de 3 % par rapport à 2016 selon la Banque mondiale.

L’Afrique, dans son ensemble formé de 1,2 milliard d’habitants, a donc reçu presque autant d’IED que Singapour [61,6 milliards pour 6 millions d’habitants], et moins que l’Irlande [79,2 milliards pour 5 millions d’habitants]…

La raison de ce désintérêt de la part des investisseurs est qu’ils n’ont pas confiance dans l’avenir de l’Afrique où, ce qui y fonctionne aujourd’hui peut exploser du jour au lendemain. Les exemples de la Côte d’Ivoire et de la Sierra Leone sont éloquents à ce sujet : voilà deux pays qui, à la fin du siècle dernier, étaient présentés comme deux miracles africains et qui, l’un et l’autre se sont effondrés en quelques semaines avant de sombrer dans deux terribles guerres ethnociviles.

Quant à l’Afrique du Sud, avec à peine 1,3 milliard de dollars d’IED en 2017 contre 2,3 milliards en 2016, son cas est emblématique de la faillite d’un pays dont les dirigeants ont consciencieusement dilapidé et pillé l’immense héritage légué par les Blancs. Cette spoliation (dans les médias francophones : expropriation sans compensation) ne rassurera en rien les investisseurs étrangers.

Europe continuera d’être un continent de cocagne

L’Europe continuera donc d’être considérée comme un continent de cocagne, elle représente 50 % des dépenses sociales dans le monde... L’État-providence est une énorme pompe aspirante. D’autant plus facilement accessible qu’elle est peuplée de vieillards, de populations culpabilisées qui ne font plus d’enfant et facilement manipulées avec quelques images émouvantes si ces dernières nées nous permettent d’en juger.

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Québec — L’école à la maison chez les hassidiques semble réussir

Après deux ans de scolarisation à la maison, un premier groupe d’enfants de la communauté hassidique a passé avec succès les examens de fin d’année de la Commission scolaire anglophone de Montréal. Si les résultats sont encourageants, ils démontrent toutefois qu’il reste encore beaucoup de chemin à faire, constatent les leaders de la communauté.

« J’aurais préféré que les résultats soient un peu plus élevés, en maths surtout, mais l’examen était assez difficile », affirme Jacob Maman, directeur de l’Académie Yéchiva Toras Moché, qui offre du soutien scolaire aux jeunes de la communauté hassidique ayant opté pour l’école à la maison.

« C’est quand même une bonne nouvelle, ajoute-t-il parce que, au-delà des chiffres, ça nous permet de voir où sont nos faiblesses et de réajuster le tir pour les années à venir. »

Quelque 70 élèves de cinquième année du primaire ont passé leurs premiers examens officiels dans les locaux du centre culturel, sous la supervision du personnel de la commission scolaire.

La quasi-totalité d’entre eux (96 %) ont réussi l’examen de français langue seconde. La moyenne à cet examen était de 84 %.

En anglais, les notes sont un peu moins bonnes. Ainsi, quatre élèves sur cinq (82 %) ont obtenu la note de passage, avec une moyenne générale de 64 %.

Enfin, en mathématiques, à peine 64 % des jeunes ont réussi l’examen, pour une moyenne générale de 64 %.

« Honnêtement, je suis très surpris que le taux de réussite en français soit meilleur qu’en anglais, ça démontre que les enfants sont très motivés à apprendre le français, confie Abraham Ekstein, l’un des porte-parole de la communauté hassidique à Montréal. Ça augure bien pour le futur. Mais je ne dirais pas que c’est mission accomplie : il y a encore beaucoup de travail à faire pour que tous les enfants réussissent. »

Jacob Maman apporte une nuance, rappelant que l’examen de français langue seconde est beaucoup moins exigeant que celui d’anglais, qui est considéré comme la langue première, même si, pour ces enfants, il s’agit plutôt d’une troisième langue, après le yiddish, parlé à la maison, et l’hébreu, qu’ils étudient à la yéchiva pendant la journée.

À la Commission scolaire anglophone de Montréal, qui accompagne quelque 800 jeunes de la communauté juive faisant l’école à la maison, on se dit « très satisfait » de ces premiers résultats.

« On n’avait pas d’attentes particulières, on voulait juste voir où les jeunes en étaient après deux ans d’école à la maison, explique la présidente de la commission scolaire, Angela Mancini. On a vu dès le début que les parents sont très impliqués pour aider les jeunes et, ça, c’est un gage de succès. Je ne veux pas dire qu’il n’y a pas de défis, mais on travaille ensemble. On commence à se connaître de mieux en mieux et donc, on va pouvoir s’adapter pour travailler avec les jeunes en fonction de leurs forces et de leurs faiblesses. »

Nouvelle loi, aide pédagogique devrait être en français

Tant du côté de la commission scolaire que dans la communauté hassidique, on espère pouvoir poursuivre cette collaboration dans les prochaines années. Or, la loi qui encadre l’école à la maison, adoptée à Québec l’automne dernier, entrera en vigueur dès septembre, ce qui risque de forcer les familles qui font l’école à la maison à se tourner vers une commission scolaire francophone pour obtenir du soutien.

Source : Le Devoir

Liberté d'expression — la Cour suprême américaine condamne la Californie

En Californie, la loi impose d’informer chaque femme enceinte de sa possibilité d’avorter. Une obligation inacceptable pour des cliniques privées qui privilégient l’aide aux femmes enceintes et aux enfants à naître à l’avortement. Ceux-ci ont porté plainte en 2015 contre la loi, estimant qu’elle « violait leur liberté de conscience et d’expression protégée par le premier amendement de la Constitution. »

La loi californienne imposait aux « organismes privés opposés à l’avortement » d’indiquer aux femmes enceintes qu’elles peuvent avoir recours à un avortement et des moyens de contraception « gratuits ou fortement subventionnés ». En pratique de devoir exprimer des choix qu’elles opposent.


Ces centres accueillent, il en existe plusieurs centaines en Californie, conseillent et assistent des femmes enceintes qui font face à une grossesse surprise, leur présentant notamment les possibilités d’aides financières et matérielles existantes, pour les aider à poursuivre leur grossesse.


La Cour suprême des États-Unis a considéré que la Californie ne pouvait pas imposer « à des centres antiavortement d’informer les femmes enceintes qu’elles pouvaient se faire avorter ailleurs ». Les cinq juges ont estimé qu’« une telle loi viole la Constitution ». Ces exigences « transforment purement et simplement » le message que souhaitent transmettre les centres de crise de la grossesse, a dénoncé dans l’arrêt le juge Clarence Thomas.

Mat Staver, président de l’organisation Liberty Counsel, s’est réjoui : « La Californie ne peut plus forcer les centres de crise de la grossesse à émettre un message qui va directement à l’encontre […] de leur mission consistant à sauver des vies ».