vendredi 21 décembre 2018

En 1960, les crèches dans l'espace public n'offusquaient personne

En 1960, les crèches de Noël étaient encore un aimable sujet de fin d’année sans aucune polémique. Le Figaro du 14 décembre présente alors une installation géante sous un chapiteau de cirque, promue par Radio-Luxembourg, une radio privée qui émettait à partir du Luxembourg, mais avec des studios à Paris.

En cette fin d’année 1960, la porte Maillot à Paris accueille le chapiteau du Grand cirque de France. Et contrairement à d’habitude, les lieux n’accueillent ni clown, ni trapéziste, mais ce qui se présente comme la plus grande crèche du monde, sous le patronage de Radio-Luxembourg. « Il s’agit en fait d’un mistere de la plus ancienne tradition, écrit Le Figaro, mais utilisant toutes les ressources de la technique moderne — son stéréophonique, jeux de lumière — dont la durée n’excédera pas les forces du jeune public : une demi-heure. »

À une époque où la présence de crèches ne soulevait pas encore de débats devant le Conseil d’État, le spectacle était assuré « dix fois par jour entre 15 et 23 heures, du 25 décembre au 4 janvier, la première ayant lieu la nuit de la Nativité avant la messe des gens du voyage célébrée sous le chapiteau même, par Mgr Rhodain. »

Inspirée des crèches de la renaissance italienne

Détaillant la construction de cette vaste crèche, le quotidien précise : « Le mistere lui-même comprendra — dans des décors de Willy Holt qui s’est inspiré des crèches de la Renaissance italienne — une suite d’images animées évoquant la naissance de Jésus et l’an I de l’ère chrétienne, tandis que les haut-parleurs diffuseront de la musique et des textes de l’Évangile. Apparaîtront ainsi : le palais où l’empereur Auguste ordonne le recensement de tous les habitants de l’Empire romain ; la route de Nazareth à Bethléem où cheminent Marie et Joseph ; l’étable où naît l’Enfant Jésus ; les bergers et tout le peuple adorant ; l’étoile apparaissant aux Rois Mages [...] »


Mais au-delà de la construction du décor, ce qui anime véritablement les lieux, ce sont les « soixante acteurs et figurants ainsi qu’une importante ménagerie où l’âne côtoie naturellement le bœuf, et les chevaux, les dromadaires. Cent trente-cinq projecteurs et vingt-quatre jeux d’orgue seront mis en œuvre et quarante haut-parleurs transmettront les bandes sonores [...] » À noter : le spectacle était gratuit, pour peu que l’on retire ses billets au siège parisien de Radio-Luxembourg.

Jean-Bernard Litzler
Le Figaro





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