vendredi 30 juin 2017

Scandinavie — Les élèves immigrés non occidentaux à la peine (y compris la 3e génération)

Une étude a provoqué tout un émoi au royaume du Danemark il y a quelques semaines. Elle indique, en effet, que les enfants d’immigrés (les immigrés de deuxième génération) se placent professionnellement loin derrière leurs camarades danois de souche.

Les nouveaux chiffres montrent également que les enfants immigrés de la troisième génération (les petits-enfants d’immigrés) ne réussissent pas mieux, bien que ceux-ci et leurs parents soient nés et aient grandi dans ce pays.

À l’école primaire, l’année dernière, les garçons nés d’immigrants en provenance de pays non occidentaux avaient une moyenne de 5,6 sur une échelle de 13 points, soit le même résultat que les immigrés de troisième génération. Cette moyenne est inférieure de 1,3 point à celle des Danois ethniques. L’écart est le même pour les filles. L'écart entre les Danois de souche et les enfants issus de l'immigration ne se résorbe pas, même après trois générations.

L’étude a été réalisée pour le Jyllands Posten à partir des chiffres de Statistiques Danemark.

L’ancien directeur de Statistiques Danemark, Jan Plovsing, estime que les chiffres sont fiables, bien que l’échantillon soit réduit (395 enfants pour l’année dernière). Les chiffres des examens des années précédentes indiquent la même tendance : « Il est très inquiétant de voir que l’intégration fonctionne aussi mal, comme le montrent ces chiffres. »

Les immigrés non occidentaux au Danemark, même à la troisième génération, s’en sortent nettement moins bien que les Danois d’origine et ne font pas mieux que leurs parents de la seconde génération avec une moyenne de 5,8 pour les filles et 5,2 pour les garçons, soient à peine assez pour réussir.

Statistiques Danemark commentait les résultats de la sorte : « l’échantillon de notre base de données de descendants d’immigrés est encore petit [258 élèves aux examens de fin d’école élémentaire], il sera donc intéressant de suivre leur parcours jusqu’à 16 ans, mais les chiffres indiquent qu’il n’y a pas de différence dans les moyennes scolaires entre les enfants de la deuxième génération immigrée et leurs parents. Même si la troisième génération a au moins un parent né au Danemark. » (Page 123 du rapport « Immigrants au Danemark 2014 »).

On trouvera ci-dessous la moyenne des résultats aux examens de fin d’école primaire des quatre dernières années. Les résultats sont donnés pour les garçons et les filles de quatre groupes : Danois de souche, élève immigré, élève de la seconde génération immigrée et ceux de la troisième génération.

Résultats aux examens de fin d’école primaire
 (8 = bien, 7 = satisfaisant, 6 = passable, 5 = échec)

AnnéeGarçonsFille
 Danois 1re
 générat. 
2e
 générat. 
3e
 générat. 
 Danoises 1re
 générat. 
2e
 générat. 
3e
 générat. 
20136,64,85,25,37,35,45,85,8
20146,64,95,25,17,35,45,85,7
20156,85,25,55,37,65,76,26,0
20166,95,05,65,67,75,66,36,3

Selon une étude du réseau pensant (think tank) DEA de 2014, les résultats à l’école primaire sont de bons prédicteurs des résultats par la suite : « Il existe un lien clair entre les notes obtenues à l’école primaire et secondaire et la transition vers l’enseignement supérieur. Les élèves avec de bons résultats à l’école réussissent mieux comme étudiants post-secondaires que les élèves ayant obtenu de faibles notes [...] En général, nombre d’élèves ayant des notes mauvaises à l’école primaire ont de la difficulté à obtenir un diplôme post-secondaire. » En outre, comme le soulignait le journal Politiken en février 2015, selon une étude de l’EVA, de mauvais résultats à l’école secondaire sont liés à un plus haut d’abandon dans l’enseignement supérieur.

L’immigration non occidentale au Danemark : un coût de 6,5 milliards $/an

Le ministère des Finances danois a récemment annoncé que l’immigration non occidentale coûtait 6,5 milliards de dollars canadiens par an au Trésor danois. Les chiffres ne prennent en compte que les données disponibles jusqu’en 2014, c’est-à-dire avant la forte hausse de demandeurs d’asile en 2015 et début 2016. Ce montant comprend 3 milliards liés au coût de la deuxième et à la troisième génération qui pour l’instant présente des dépenses puisqu’ils fréquentent les écoles maternelles, primaires, secondaires, mais qui devraient contribuer par la suite au Trésor danois. Pour Morten Uhrskov Jensen dans les colonnes du Jyllands Posten, il n’est pas évident au vu des faibles résultats de ces fils d'immigrés que cette future contribution au Trésor danois sera nette. Morten Uhrskov Jensen s'inquiète de la fabrication d'une nouveau prolératiat au Danemark.

Un enfant sur cinq né au Danemark est désormais d’origine immigrée

La question de l'intégration est devenue plus pressante au Danemark, alors que la proportion de bébés nés de mère immigrée au Danemark a augmenté de façon spectaculaire en dix ans, principalement en raison de l’arrivée d’immigrants syriens. L’année dernière, 61 614 enfants sont nés dans ce pays du nord de l’Europe - 21,6 pour cent d’entre eux (soit un sur cinq) à une mère immigrée ou issue de l’immigration. La grande majorité, 18,5 pour cent, est née d’immigrée de première génération. Il y a encore une dizaine d’années en 2007, la proportion était de 13,5 pour cent, révèlent des chiffres de Statistiques Denmark rapportés par le Kristeligt Dagblad.

Enfants qui ne parlent pas ou peu le danois envoyés d’autorité en maternelle ou perte d’allocations

Afin de faciliter l’intégration des jeunes immigrés, le gouvernement danois a de nouveau renforcé les lois d’intégration en janvier 2017 et cessera de distribuer des allocations aux parents qui refusent d’envoyer leurs enfants en bas âge à des cours de langue. Les enfants de trois ans issus de familles immigrantes qui ne fréquentent pas l’école maternelle doivent passer un test de langue. Les enfants qui ne savent pas ce que le gouvernement appelle une « connaissance appropriée du danois pour leur âge » sont désormais tenus d’aller à l’école maternelle et d’y recevoir une formation linguistique supplémentaire sous peine de suspension des allocations versées par l’État à leurs parents.

Le Danemark n’est pas le seul pays scandinave confronté aux difficultés suscitées par une forme immigration non occidentale. L’intégration des enfants de migrants se révèle également être un énorme défi.

La Suède aussi

C’est ainsi qu’aux termes d’une étude du Groupe d’experts suédois sur les finances publiques (ESO), l’intégration des immigrés s’est même dégradée de manière spectaculaire depuis 1998 en Suède. S’appuyant sur les résultats scolaires des enfants de migrants à l’âge de 16 ans, ce rapport constate que le taux de réussite à la fin de la dernière année de la scolarisation obligatoire (jusqu’à 16 ans) est passé de 70 % en 1998 à 50 % en 2014.

La détérioration se constate avant tout parmi les élèves qui sont arrivés en Suède à sept ans révolus. En effet, si l’on considère le groupe de ceux arrivés avant l’âge de sept ans, les statistiques sont très semblables à celles de l’année 1998. Chez les autres, ceux qui sont entrés en Suède plus tard pour commencer leur scolarité suédoise au-delà des petites classes de l’école primaire, les résultats se dégradent de plus en plus.

Écolières à Malmö (Sud de la Suède, en face du Danemark)


La moitié des élèves immigrés entrés à l’école suédoise après l’âge de six ans en échec scolaire

Selon Hans Grönqvist, professeur associé d’économie à l’université d’Uppsala, l’un des auteurs du rapport, cela s’explique ainsi : « Ceux qui sont arrivés au cours de ces dernières années étaient notablement plus âgés à la rentrée en Suède, ce qui signifie qu’ils ont moins de temps pour atteindre les objectifs de l’école ».

La langue y est-elle pour quelque chose ? Ou le manque de bases scolaires suffisantes ? Dans les deux cas, la statistique est parlante. Car si des jeunes qui passent des heures en immersion dans le système scolaire suédois ne parviennent pas à se mettre à niveau, que dire de leurs parents et plus largement des migrants adultes, qui arrivent sans connaissances du suédois et qui sont sans doute moins adaptables que des adolescents ? On ne peut que craindre de grandes difficultés d’insertion dans le monde du travail.

L’étude révèle également des différences selon les pays d’origine de ces jeunes migrants. Ce sont les adolescents en provenance d’Afrique qui s’en sortent le moins bien à la fin du « 9e niveau » de l’école secondaire, ainsi que les élèves arrivés en tant que mineurs non accompagnés — un groupe toujours plus important. Parmi ces derniers, seuls 20 à 30 % ont un niveau suffisant à 16 ans en suédois, anglais et mathématiques.

Les mauvais résultats des migrants à l’école en Suède liés à l’âge d’arrivée

Grönqvist explique cela par leur âge moyen relativement élevé lors de l’arrivée en Suède de ces mineurs non accompagnés : ils ont en moyenne un peu moins de 12 ans, tandis que pour l’ensemble des enfants de migrants, la moyenne est de huit ans et demi.

D’aucuns (voir liens ci-dessous) rendent l’afflux d’immigrés responsable de la chute de la Suède vers le bas du tableau d’honneur des évaluations PISA qui comparent les résultats scolaires de 34 pays. En mathématiques, elle est désormais à la 28e place, et elle fait à peine mieux pour la lecture et les sciences : 27e. L’OCDE, qui organise ces tests, a constaté qu’en Suède 48 % des élèves immigrés n’atteignent pas le niveau minimum en mathématiques, contre 22 % des autochtones.

À cela, il faut ajouter la désaffection des professeurs suédois pour les zones à forte densité immigrée. À Malmö par exemple, 42 % de la population est d’origine étrangère — et près d’un professeur sur cinq a quitté la zone l’an dernier pour aller enseigner ailleurs. Même le syndicat des enseignants, peu suspect de xénophobie, reconnaît que certaines écoles sont devenues trop dangereuses pour les enseignants en raison du taux de violence et de délinquance que l’on constate.


Sources : Jyllands Posten, Jyllands Posten, Kristeligt Dagblad, ESO.

Voir aussi

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