mercredi 31 mai 2017

Canada— un pays non blanc vers le milieu de ce siècle ?

Selon des experts démographes, le Canada connaît le taux de changement ethnique le plus rapide dans le monde occidental.

Près de 70 % des résidents de Vancouver seront des minorités visibles, ou des non-blancs, en moins de deux décennies, explique Eric Kaufmann, professeur à l’Université de Londres Birkbeck en Angleterre, sur la base de projections de Statistique Canada.

De plus, a déclaré Kaufmann, Patrice Dion, professeur de l’Université de Laval, a travaillé avec les responsables de Statistique Canada pour élaborer des projections qui suggèrent que le Canada dans son ensemble, au taux actuel d’immigration, sera près de 80 % non blanc en moins d’un siècle.

Près de sept habitants sur 10 de la ville de Vancouver seront des minorités visibles, ou des non-blancs, en moins de deux décennies, explique Eric Kaufmann, professeur à l’Université de Londres, Birkbeck, citant les projections de Statistiques Canada.

Bien que le rythme rapide des changements démographiques n’entravera probablement pas l’économie canadienne, a déclaré Kaufmann, il continuera d’avoir un grand effet sur la composition ethnique de villes telles que Toronto et Vancouver.

Ces deux villes canadiennes seront bientôt, ou sont déjà, devenues une « majorité minoritaire », un terme décrivant des lieux où une ou plusieurs minorités ethniques (par rapport à la population du pays) constituent la majorité de la population locale.

Le professeur Kaufmann a déclaré en outre que Patrice Dion, professeur à l’Université Laval, a travaillé avec les responsables de Statistiques Canada pour élaborer des projections qui suggèrent que le Canada dans son ensemble, avec le taux actuel d’immigration, sera à près de 80 % non blanc en moins d’un siècle. « Je pense qu’on peut raisonnablement conclure que le Canada sera composé de 20 % blancs, 65 % non blancs et 15 % de race mixte d’ici 2106 », de déclarer le professeur Kaufmann.

 

Selon une étude de 2017, publiée par Statistiques Canada et intitulée Immigration et diversité : projections de la population du Canada et de ses régions, 2011 à 2036, les immigrants représenteraient entre 24,5 % et 30,0 % de la population du Canada en 2036, par rapport à 20,7 % en 2011. En 2036, entre 55,7 % et 57,9 % des immigrants au Canada pourraient être nés en Asie, en hausse par rapport à la proportion de 44,8 % estimée en 2011, alors qu’entre 15,4 % et 17,8 % seraient originaires d’Europe, ce qui représente une baisse par rapport à 2011 (31,6 %). Ensemble, les immigrants et les personnes de deuxième génération pourraient représenter près d’une personne sur deux au pays (entre 44,2 % et 49,7 %) en 2036, en hausse par rapport à 2011 (38,2 %).

Selon les résultats des présentes projections, au sein de la population en âge de travailler (15 à 64 ans), les personnes de minorités visibles pourraient représenter entre 34,7 % et 39,9 % en 2036, en forte hausse par rapport à 2011 (19,6 %)

En 2036, le principal groupe de minorités visibles demeurerait, selon tous les scénarios de projections, celui des Sud-Asiatiques. Le groupe des Chinois demeurerait le deuxième en importance. Les groupes de minorités visibles qui connaîtraient les accroissements les plus rapides seraient cependant ceux des Arabes, des Philippins et des Asiatiques occidentaux en raison du fait qu’ils sont proportionnellement plus nombreux au sein de la population immigrante que dans la population en général.

La proportion de personnes se déclarant sans religion au sein de l’ensemble de la population augmenterait et pourrait représenter entre 28,2 % et 34,6 % en 2036 (24,0 % en 2011). Cette proportion serait semblable à celle des catholiques (entre 29,2 % et 32,8 % en 2036, en baisse par rapport à 2011 (38,8 %)). En 2036, la religion catholique demeurerait celle comptant le plus d’effectifs.
La population ayant une religion autre que chrétienne pourrait presque doubler d’ici 2036 et pourrait représenter entre 13 % et 16 % de la population canadienne, une proportion qui s’établissait à 9 % en 2011. Les confessions musulmane, hindoue et sikhe, surreprésentées dans l’immigration par rapport à leur poids démographique dans l’ensemble de la population, verraient le nombre de leurs adhérents s’accroître plus rapidement, même si celui-ci continuerait de ne représenter qu’une proportion modeste de l’ensemble de la population canadienne.

Source : Vancouver Sun

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mardi 30 mai 2017

Association de femmes contre les « droits des trangenres » ?

L’association Pour le droit des femmes (PDF) a dénoncé en comité parlementaire sénatorial le projet de loi C-16 au motif que l’adéquation de plus en plus souvent faite entre sexe et genre nuisait aux femmes. La présidente, Michèle Sirois, a rappelé le cas de l’haltérophile Laurel Hubbard qui est passée chez les femmes après sa transformation et qui domine depuis la compétition. « La participation croissante d’hommes se disant transgenres aux sports féminins met en péril la chance de jeunes filles et de femmes de gagner des épreuves sportives, et ce, à tous les niveaux. Les femmes ont donc toutes les raisons de contester l’arrivée d’athlètes de sexe masculin dans leur compétition. Avec C-16, cette contestation deviendra difficile parce que les équipes féminines s’exposeront à des poursuites. »



Mme Sirois a aussi soutenu, en évoquant l’exemple britannique, que le transfert de prisonniers transgenres dans les pénitenciers féminins menaçait la sécurité des femmes. En 2017, le transfert du violeur Martin Ponting, devenu Jessica Winfield, dans une prison pour femmes a suscité la colère chez ces dernières. Quant à la transgenre Paris Green, elle a été retournée dans une prison pour hommes quand il a été découvert qu’elle utilisait sa physionomie masculine pour avoir des rapports sexuels avec les autres détenues. La British Association of Gender Identity Specialists a écrit au Parlement britannique en 2015 qu’un nombre disproportionné de prédateurs sexuels condamnés les consultait et qu’un des moteurs principaux de leur désir de devenir femme était de faciliter leur accès à des victimes. Mme Sirois craint que C-16 ne permette plus d’avoir un débat lucide et véritablement ouvert sur le sujet.

Concernant les enfants, Mme Sirois a déclaré que « le projet de loi C-16, en banalisant le changement d’identité de genre, sans la définir, ouvre la porte aux pires dérives. On assiste à une augmentation fulgurante des demandes de changement de “genre” de la part d’enfants qui ne se conforment pas aux stéréotypes de genre, par exemple les petits garçons qui aiment les robes de princesse ou des adolescentes mal à l’aise avec leurs seins. » Or les études seraient pourtant très claires : « plus de 80 % des enfants qui présentent une dysphorie du genre deviennent des adultes confortables dans leurs corps. » Pour la présidente de l’association PDF, les mutilations, comme les mastectomies sur des adolescentes, l’administration de bloqueurs de puberté et la prise d’hormones à vie peuvent avoir comme effet la stérilisation, une sorte de castration chimique de ces enfants. Tout cela quasiment à leur insu, sans leur consentement éclairé. Elle a conclu son intervention en se demandant comment cela pourrait-il être dans l’intérêt supérieur des enfants.

Le Sénat n’aura finalement pas modifié le projet de loi gouvernemental interdisant la discrimination visant les personnes transgenres. Les craintes de ceux qui présagent une guerre des pronoms restent ainsi entières. Voir notre billet sur ce sujet. MM. Cameron et Pardy avaient proposé d’amender le C-16 pour y spécifier que le refus d’utiliser des pronoms non genrés ne constitue pas une violation de la loi. Les sénateurs n’ont pas retenu l’idée. Le projet de loi a été adopté en comité tel quel. Le projet de loi devrait être adopté sous peu, puisqu’il ne reste qu’à être voté en séance plénière au Sénat.

Statistiques

La Société américaine de chirurgie plastique (ASPS) a publié son premier rapport sur l’évolution du nombre de chirurgies transgenres effectuées aux États-Unis, opérations de plus en plus appelées « chirurgies de confirmation de genre ». Ces chiffres montrent une augmentation de près de 20 pour cent en 2016 par rapport à l’année précédente.

L’ASPS, qui représente 94 % de tous les chirurgiens plasticiens agréés aux États-Unis, a révélé que les membres de l’organisation ont effectué 3 256 chirurgies « transmasculine » et « transféminine » l’année dernière.

Contrairement à une perception répandue, le nombre d’opérations génitales transformant les organes génitaux masculins pour en faire des organes d’apparence féminine ou en transformant les organes génitaux féminins pour en faire des organes d’apparence féminine est minuscule. NBC News a rapporté que seules 15 chirurgies sur plus de 3 200 procédures en 2016, soit environ 0,5 %, étaient des opérations génitales, toutes réalisées sur des hommes qui cherchaient à « faire une transition ». Aucune opération génitale n’a été effectuée sur les femmes qui cherchent à « faire la transition ».

Chez les hommes à la femme, la grande majorité des procédures (92 pour cent) étaient des opérations du sein. Sept pour cent étaient faciales.

Ces chiffres sont quelque peu différents de ceux publiés par des organismes militants. L’an dernier, le National Center for Transgender Equality avait publié un rapport basé sur un sondage sur près de 28 000 Américains transgenres selon lequel la plupart des personnes transgenres n’effectuaient pas d’interventions chirurgicales de « réaffectation de genre », seuls 11 % des transgenres se disant « femme » ayant subi l’ablation de leurs testicules et 12 % ayant subi une vaginoplastie. Cependant, selon ce sondage, environ la moitié de ces transgenres auraient déclaré qu’ils aimeraient avoir de telles interventions, mais qu’ils manquaient d’argent pour ce faire.

L’ASPS a, toutefois, déclaré que s’il n’était pas possible d’attribuer une marge d’erreur à son enquête sur le nombre de « confirmations de genre », elle appliquait la même méthodologie qu’elle utilise par ailleurs depuis toujours dans son rapport statistique annuel.

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lundi 29 mai 2017

Sondage — Les Québécois sont contre la légalisation du cannabis

Un sondage CROP mené pour le compte de Radio-Canada montre que 54 % des Québécois sont opposés à la légalisation du cannabis promise par le Premier ministre Justin Trudeau. Près d'un tiers des Québécois y sont même très défavorables, alors que c’est une personne sur cinq ailleurs dans le Canada anglais. Une fois de plus le Québec serait-il en fait plus prudent et plus conservateur que le Canada anglophone et que leur « élite » politique ?



Ce clivage entre le Québec et le reste du pays se répète pour ce qui est des craintes. Une majorité de Québécois (56 %) se disent inquiets, alors que, dans le Canada anglais, c’est la minorité qui est préoccupée (45 %).

La principale cause de prudence entourant la légalisation du cannabis est la possibilité d’une augmentation des accidents de la route causés par des conducteurs ayant les facultés affaiblies par la drogue. Cette inquiétude est citée par près de 60 % des répondants et 65 % des Québécois. Les gens redoutent également que les mineurs soient plus tentés d'essayer la marijuana et que les dangers de la consommation soient banalisés.

Quels sont les principaux aspects négatifs de la légalisation du cannabis?


Si ces craintes sont présentes tant au Québec que dans le Canada anglais, elles sont beaucoup plus marquées chez les Québécois.

À l’inverse, les répondants sont bien moins nombreux à trouver des côtés positifs au projet de loi. Quelque 19 % d’entre eux mentionnent même qu’il n’y aurait aucun effet positif à la légalisation du cannabis. Les Québécois sont encore plus sévères : ils sont 27 % à n’y voir rien de positif.

Les effets positifs le plus souvent cités sont le meilleur contrôle de la qualité du cannabis consommé, la hausse de revenus pour les gouvernements et la « déjudiciarisation », dont le fait de ne pas avoir de casier judiciaire pour la possession simple.

La lutte contre le crime organisé, la création d’emplois et le développement du tourisme ne soulèvent pas l’enthousiasme.

Quels sont les principaux aspects positifs de la légalisation du cannabis?



Le marché noir

Avec ce projet de loi, le gouvernement dit vouloir « empêcher le crime organisé de continuer de profiter du marché de cannabis illicite ». Si les trois quarts des Canadiens hors Québec sont d’accord avec cet énoncé, c’est loin d’être le cas au Québec, où seuls 46 % des répondants sont de cet avis. La majorité des Québécois pensent plutôt qu’il n’en sera rien.

La légalisation du cannabis va-t-elle enrayer le marché noir?



Cette situation n’étonne pas le sondeur Alain Giguère qui s'avance au-delà de la stricte neutralité en parlant de « prétexte » : « Il y a une attitude contre le projet de loi qui teinte tout ça, souligne-t-il. Ils sont contre et vont trouver n’importe quel prétexte pour dire que ça ne marchera pas. »

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vendredi 26 mai 2017

Université d’été 2017 de l’Observatoire Justice et Paix


L’université d’été propose 4 journées de formation et de réflexion autour de la thématique : Une identité réconciliée, du 8 au 11 juin 2017 dans les locaux de la paroisse  St Thomas d’Aquin à Québec, au 2125 rue Louis-Jolliet (G1V 2B7).

Après deux colloques sur le thème de la guérison de la mémoire au Québec, l’Observatoire Justice et Paix vous propose d‘aller plus loin dans la réflexion et de passer à une dynamique de formation. De plus, l’événement aura un objectif de mobilisation conforme à la mission de l’Observatoire d’offrir un lieu d’échange et de rencontres pour mieux intervenir dans les débats de sociétés.

L’université d’été s’adresse à toute personne intéressée par l’identité historique et actuelle du Québec. Divers intervenants animeront les journées de formation, dont Éric Bédard, historien, Mathieu Bock-Côté, sociologue, Serge Gagnon, historien, Denis Vaugeois, historien et ancien ministre des affaires culturelles du Québec et l’Abbé Martin Lagacé.

Pour entendre quelques-uns des intervenants discuter de l’Université d’été, cliquez sur la vidéo ci-dessous.



INSCRIPTIONS CLIQUEZ ICI.

Apportez votre lunch du midi.

Tarifs:

Formation complète régulier (4 jours et 3 soirs): 70$
Une seule journée de formation régulier: 20$
Formation complète étudiant: 40$
Une seule journée de formation: 15$

PROGRAMMATION:

(POUR LA BIOGRAPHIE DES CONFÉRENCIERS, CLIQUEZ ICI)

Jeudi 8 Juin
9h30 Accueil
9h45

12h00
Jean-Paul Desbiens et l’ethos québécois
Conférenciers : Louis-André Richard et Marcel Côté
Dîner
13h30

16h00
Jean-Paul Desbiens et l’ethos québécois
Conférenciers : Louis-André Richard et Marcel Côté

Jean-Paul Desbiens (7 mars 1927 – 23 juillet 2006), plus connu sous le pseudonyme de Frère Untel, est un écrivain, enseignant, philosophe et religieux québécois, qui a marqué la conscience sociale des québécois, notamment par ses célèbres insolences du Frère Untel.

Ce grand esprit, que nous présentera Louis-André Richard, a de précieuses lumières à nous apporter sur l’identité du peuple québécois
Pause
19h00

21h00
Soirée de poésie québécoise
Brève anthologie des anciens et des modernes

Vendredi 9 Juin
9h30 Accueil
9h45

12h00
Plaisir d’amour et crainte de Dieu
Conférencier : Serge Gagnon
Serge Gagnon, grand spécialiste de l’histoire des mœurs au 19ème siècle au Québec, nous apportera des éclairages précieux sur le rapport entre sexualité et religion dans notre histoire.
Dîner
13h30

16h00
Les Amérindiens : sommes-nous coupables ?
Conférencier : Denis Vaugeois
Cette question hante l’esprit des québécois. Denis Vaugeois, historien chevronné, nous aidera à sortir de ce complexe de culpabilité grâce à une approche historique renouvelée.
Pause
19h00

21h00
Soirée conférence :
Vivre et mourir dans la dignité : le défi euthanasique
Le 10 décembre 2015, la Loi concernant les soins de fin de vie est entrée en vigueur au Québec. Par cette loi, le gouvernement du Québec a légalisé, à certaines conditions, la pratique de l’euthanasie – mieux connue sous le vocable « aide médicale à mourir ». Après une année d’application de cette loi qui permet de provoquer la mort d’une personne, quels constats s’imposent?
Conférencier : Aubert Martin

Samedi 10 Juin
9h30 Accueil
9h45

12h00
Nation Canadienne-française : notion obsolète?
Conférenciers : Éric Bédard
De François-Xavier Garneau à la génération actuelle des historiens, Eric Bédard se propose de nous montrer comment la référence « canadienne française » s’est progressivement éclipsée de l’histoire comme référence commune, cela constitue-t-il une perte ou un progrès ?
Dîner
13h30

16h00


Le nationalisme canadien français de Lionel Groulx
Conférenciers : Père Martin Lagacé
Lionel Groulx, prêtre et historien fut le grand leader du redressement national canadien-français au 20ème siècle. Comment comprendre cette pensée aujourd’hui et sa pertinence ? C’est ce que nous propose notre conférencier l’abbé Martin Lagacé.
Pause
19h00

21h00
Soirée cinéma :
Pour la suite du monde, réalisé par Pierre Perrault et Michel Brault


Présentée par Noémie Brassard

Dimanche 11 juin
9h30 Accueil
9h45

12h00
Le nouveau régime
Conférencier : Mathieu Bock-Côté
Dîner
13h30

15h30
Le nouveau régime
Conférencier : Mathieu Bock-Côté
Mathieu Bock Côté, dans son dernier ouvrage «  Le nouveau régime », nous présente le monde qui se met en place depuis un quart de siècle au Québec comme dans l’ensemble de l’Occident. Loin de prolonger ou d’accomplir l’histoire qui l’a précédé, il marque au contraire une rupture radicale, sinon une « trahison », c’est-à-dire l’abandon pur et simple de ce qui a guidé jusqu’ici nos façons d’être en société, par l’instauration de ce qu’il appelle un nouveau régime. Celui-ci est fondé sur une vision entièrement nouvelle, celle d’un homme coupé de toutes racines, celle d’une cité qui cesse de se voir et d’agir comme communauté politique  pour n’être plus qu’un rassemblement de consommateurs semblables à tous les consommateurs de la planète.



Réseaux sociaux : un danger pour les ados, surtout Snapchat et Instagram ?

Une étude britannique indique que les réseaux sociaux sont une source d’anxiété pour les adolescents et perturbent leur sommeil.

Se dévoiler, s’exposer, se soumettre au jugement des autres... Les réseaux sociaux peuvent être une source d’anxiété. Selon une étude britannique publiée ce mercredi 24 mai dans le Figaro, les réseaux sociaux affectent la santé mentale et le bien-être des jeunes. Plus de 1 400 personnes âgées de 14 à 24 ans ont été interrogées. Sept utilisateurs sur dix déclarent avoir déjà reçu des messages négatifs, parfois des critiques portant sur le corps.

Un sommeil perturbé

Autre danger, l’impact sur le sommeil de cette connexion permanente. Certains adolescents se réveillent la nuit pour consulter leur ordiphone (téléphone intelligent). Le rapport pointe l’anxiété que suscite en particulier l’attente de réactions à un message posté. L’étude établit le classement des réseaux sociaux. Parmi les cinq les plus populaires en Europe, Snapchat et Instagram apparaissent comme étant ceux ayant les effets les plus négatifs.






lundi 22 mai 2017

France — le nouveau ministre veut remettre à l'honneur le latin, le grec, les classes bilangues

Grec, latin, classes bilangues [*] et sections européennes : ces enseignements et dispositifs vont-ils retrouver une place centrale au collège ? C’est ce que semble souhaiter le nouveau ministre de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer. Il remet ainsi en question les « avancées égalitaristes » de la ministre socialiste Nadjat Belkacem. « J’ai été choqué de la suppression de dispositifs qui marchaient bien », a déclaré le ministre à leur sujet. La chaîne de télévision publique France 2 s’est penchée sur ce que le nouveau ministre pourrait remettre à jour.

Lors de sa campagne, Emmanuel Macron lui-même y faisait référence : « partout, je veux remettre les classes bilangues, l’enseignement des humanités ». Le nouveau gouvernement ferait donc machine arrière sur la réforme du collège de 2015. Les établissements qui le souhaitent pourront à nouveau proposer des options « Langues anciennes ».

Une référence à la réforme du collège votée en 2015. Si les établissements avaient finalement obtenu le droit de maintenir les options latin et grec, le nombre d’heures qui leur étaient attribuées avait baissé, et elles avaient perdu du terrain au profit d’enseignements pluridisciplinaires. Quant aux classes d’excellence, l’ancien gouvernement entendait favoriser l’égalité entre tous les élèves « en les réformant » dans la langue de bois ministérielle ; en les vidant de leurs substances et en faisant du nivellement par le bas selon ses critiques.



Note

[*] Les classes bilangues permettent d’augmenter le volume horaire consacrée aux langues. De plus en plus aujourd’hui, ces classes bilangues consistent en la continuation de la langue démarrée en primaire en y ajoutant une autre (une des deux est souvent l’anglais, une exception toutefois pour un collège de l’académie de Metz, où les deux langues sont l’allemand et l’italien).

mercredi 17 mai 2017

Le 17 mai 1642, fondation de Ville-Marie (Montréal)

Le 17 mai 1642 : Paul Chomedey de Maisonneuve débarque sur l’île de Montréal et fonde Ville-Marie, Montréal.

Paul Chomedey de Maisonneuve fonde Ville-Marie qui est aujourd’hui Montréal. Choisi pour fonder une colonie sur l’Île de Montréal, Paul Chomedey de Maisonneuve, arrive en Nouvelle-France en 1641 et commence à travailler à la construction d’une fortification et d’autres édifices de Ville-Marie le 17 mai 1642.

La ville de Montréal tient son nom de l’Île de Montréal, ainsi nommée en raison du mont Royal, la montagne au centre de l’Île. En effet, en 1535, l’explorateur Jacques Cartier avait nommé la montagne Mons realis (mont Royal). Elle est située à 1 500 kilomètres à l’intérieur des terres, au confluent du Saint-Laurent et de la rivière des Prairies. Elle deviendra bien plus tard la deuxième ville francophone du monde, après Paris.





La messe de fondation de Ville-Marie a lieu le lendemain, soit le dimanche 18 mai 1642. La première construction bâtie à Montréal est une clôture de palis située où s’élève actuellement la nouvelle douane.

vendredi 12 mai 2017

Fumer du cannabis, ne serait-ce qu'une fois par mois, mine les résultats scolaires

Fumer du cannabis, ne serait-ce qu’une fois par mois, mine les résultats scolaires d’un adolescent, ses chances de poursuivre des études postsecondaires chutant s’il en consomme fréquemment, selon une étude de l’Université de Waterloo, en Ontario.

Les chercheurs ont suivi plus de 26 000 jeunes du secondaire (de la 9e à la 12e année) durant au moins deux ans, de 2012 à 2015.

Les élèves qui fumaient de la marijuana au moins une fois par mois avaient :
  • 4 fois plus de risque de sécher des cours ;
  • 2 à 4 fois moins de chances de faire leurs devoirs ;
  • environ 50 % moins de chances d’avoir de bonnes notes.
Chez les élèves qui fumaient de la marijuana chaque jour :

  • environ 50 % moins de chances de vouloir faire des études universitaires.
Selon le professeur de santé publique Scott Leatherdale, de l’Université de Waterloo, les résultats de l’étude démontrent « l’importance de la prévention et de retarder l’utilisation de la marijuana parmi les adolescents ».

Pour ce professeur, « Il y a plus de jeunes de nos jours qui fument de la marijuana que des cigarettes. Pourtant, les efforts de prévention en santé publique accusent du retard par rapport à ce qui est fait pour l’alcool et le tabac. »

Plus vulnérables

« De moins en moins de jeunes perçoivent la marijuana comme étant [une substance] dangereuse, ajoute la chercheuse et auteure principale de l’étude, Karen Patte. Pourtant, ce sont les jeunes qui sont les plus vulnérables. »

Nombre d’études ont montré dans le passé que le développement du cerveau avait lieu jusqu’au début de la vingtaine.

Ottawa veut légaliser la vente du cannabis à partir de juillet 2018, sauf pour les mineurs.

Alcool


L’étude de l’Université de Waterloo, publiée dans le Journal of School Health, a aussi mesuré les effets de la consommation d’alcool chez les élèves.

Or, contrairement à la marijuana, même ceux qui consommaient de l’alcool fréquemment disaient vouloir faire des études postsecondaires.

Le professeur Leatherdale ajoute, toutefois, que toute substance présente des risques pour la santé.

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Étude — La légalisation du cannabis inciterait les ados à en consommer.



mercredi 10 mai 2017

France — Hollande n'a pas réussi à inverser les mauvais indicateurs économiques, mais bien la natalité

Différents indicateurs servent à mesurer les performances réalisées par un pays durant une présidence. L’évolution du PIB, le nombre des personnes ayant un travail et celui des chômeurs, l’investissement, la balance des échanges extérieurs, le revenu moyen, le taux de pauvreté, sont souvent pris en considération. En revanche, les performances — si j’ose dire — démographiques sont moins utilisées pour faire le bilan d’un quinquennat. Pourtant, la célèbre phrase attribuée à Jean Bodin reste parfaitement juste : « Il n’est richesse que d’hommes ». Voyons donc quel a été sous ce rapport le résultat du quinquennat Hollande.

 

La chute des naissances

Les données à l’échelle de la France entière étant fournies par l’Insee avec un délai important, nous devons nous limiter aux naissances en France métropolitaine, connues pour chaque mois à la fin du mois suivant. Nous comparerons ici les naissances du premier trimestre 2012 à celles du premier trimestre 2017. Les années bissextiles (2012 et 2016) comportant un jour de plus que les autres, il faut pour mesurer convenablement les évolutions diminuer légèrement le nombre de naissances survenues durant les années ou les trimestres comportant un mois de février de 29 jours.

Au premier trimestre 2012, correction faite du facteur « année bissextile », il y eut 189 500 naissances vivantes. Au premier trimestre 2017, ce nombre est descendu à 174 100. La différence (15 400 bébés de moins) signifie une chute de 8,1 %.

Cette diminution s’est réalisée principalement à partir de 2015, c’est-à-dire, s’agissant des naissances du premier trimestre, pour des conceptions en 2014. Le premier trimestre 2014 a vu naître, à quelques dizaines près, 192 000 bébés, soit autant qu’au premier trimestre 2012, et 2 500 de plus en tenant compte de la correction pour année bissextile. Le début du quinquennat, à peu près jusqu’à l’été 2013, a donc été jugé par les jeunes ménages assez propices à « mettre en route » une progéniture : il n’y a pas eu de méfiance a priori à l’encontre du régime mis en place en mai 2012.

Le premier trimestre 2014 a même été sensiblement meilleur que les premiers trimestres 2012 et 2013 : cela montre qu’au second trimestre 2013, les Français étaient bien disposés en matière de procréation. C’est à l’été 2013 que le tournant se situe ; le « moral nataliste », si l’on peut dire, va dès lors décroître assez régulièrement. On peut légitimement penser que ce sont certains aspects des politiques suivies après les élections qui portent la principale responsabilité de cette évolution.

Pourquoi ce déclin ?

La crise de confiance s’est produite à partir de l’automne 2013 : il semblerait que la population concernée ait alors estimé que les conditions d’accueil d’un enfant se dégradaient. Le chômage y est sans doute pour quelque chose : son taux au sens du BIT est passé de 9,1 % au premier trimestre 2012 à 10 % au second trimestre 2013, puis a oscillé autour de ce chiffre. Or la diminution du nombre des naissances, amorcée au troisième trimestre 2014 (conceptions au dernier trimestre 2013) est devenue vraiment sensible au quatrième trimestre 2014, c’est-à-dire pour des conceptions au premier trimestre 2014 : au moment où il devenait clair pour les Français que la situation de l’emploi était durablement plombée en dépit des rodomontades de leurs dirigeants.

Les chiffres de Pôle Emploi vont dans le même sens : jusqu’à l’été 2012, le chômage de catégorie A se situe un peu en dessous de 3 millions, et le chômage toutes catégories en dessous de 5 millions. Le premier reste supérieur à 3,3 millions sur tout le premier semestre 2016 (naissances du dernier trimestre 2016 et du premier trimestre 2017), avec des pointes à plus de 3,7 millions. Le second, sur la même période, n’a jamais été inférieur à 6 millions.

Le deuxième facteur explicatif se situe au niveau de la politique familiale. Le plafond du quotient familial a été abaissé à deux reprises, de 2 336 € à 2 000 € en 2012, puis à 1 500 € en 2013. Cette même année, ont commencé à être agitées les perspectives de suppression des allocations familiales pour les ménages aisés, ou de modulation en fonction du revenu : quand l’entrée en vigueur de cette modulation est intervenue, en 2015, le bruit fait autour des projets leur a probablement donné un impact plus important auprès des couples aisés susceptibles d’engendrer.

Le gouvernement en cause

Notons enfin une mesure votée en 2014 et entrée en vigueur au 1er janvier 2015 : la durée de versement du complément de libre choix d’activité pour le deuxième enfant et autres cadets (renommé « prestation partagée d’éducation de l’enfant ») a été réduite de facto, sinon de jure, en réservant 6 mois au père, qui le plus souvent n’en profite pas. [Il s'agit dans les faits de l’obligation de partager le congé parental entre les deux membres du couple (d’où le « partagée » dans l’intitulé), alors qu’aujourd’hui seuls 4 % des bénéficiaires du CLCA sont des hommes. Quand la politique d’égalité des sexes affichée par le gouvernement sert à réduire les dépenses...] Là encore, le calendrier de l’agitation autour des projets de mesures correspond, avec les 9 mois de décalage qui séparent la conception de la naissance, à celui de la baisse de la natalité.

D’autres facteurs liés à la mauvaise gestion des affaires publiques ont pu jouer un rôle : la croissance du sentiment d’insécurité lié au terrorisme, à la délinquance et, dans certains lieux, à l’immigration mal contrôlée ; la dégradation de l’instruction publique, vivement ressentie (cf. le sondage BVA de janvier 2017 pour l’Apel et La Croix), et accélérée par la mise en place calamiteuse d’une réforme des rythmes scolaires destinée à multiplier les activités périscolaires ; l’exposition croissante des adolescents — et même des enfants — à la drogue et à la pornographie ; etc.

Tout cela montre une responsabilité importante de la présidence, du gouvernement et du législateur dans le recul de la fécondité française. Un des atouts parmi les plus importants de ceux dont dispose notre pays est en voie d’être gâché. Il serait grand temps de redresser la barre.

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lundi 8 mai 2017

Québec — La radicalisation« anarchiste » à l’université inquiète

Conférences perturbées, autocensure, radicalisation de mouvements anarchistes. Des universitaires craignent un déclin de la liberté d’expression sur les campus québécois, où le climat est tendu ces temps-ci.

« On voit de plus en plus de cas de censure », déplore Rhéa Jean. Critique du mouvement transgenre, cette docteure en philosophie relate avoir dû elle-même mettre fin à une conférence qu’elle donnait en novembre à l’UQAM après que des militants l’eurent perturbée en scandant des slogans. « Ces groupes ne veulent tout simplement pas qu’une parole différente de la leur puisse se faire entendre », dit-elle.

« Il y a une volonté de moraliser l’espace public, des mouvements de gauche qui interviennent pour imposer une rectitude politique », dit Joseph-Yvon Thériault, professeur de sociologie à l’UQAM.

Les discours à teneur capitaliste ou identitaire ainsi que les propos critiques des mouvements féministes sont particulièrement susceptibles d’être visés.

Depuis la grève étudiante de 2012, certaines franges anarchistes se sont radicalisées, observe M. Thériault. « C’est dû à l’impasse du mouvement. On se radicalise parce qu’on n’a pas de porte de sortie [politi­que] ».

Affrontements aux États-Unis

Le phénomène fait aussi écho à une tendance marquée aux États-Unis, où des controverses ont mené à des affrontements et des démissions d’enseignants. Dans plusieurs universités, des étudiants demandent le droit à un « lieu sûr », c’est-à-dire un endroit où ils seraient protégés des discours qu’ils trouvent offensants.

À la mi-mars, une étudiante du Massachusetts s’est retrouvée en cour après avoir apparemment attaqué une joueuse de basketball qui refusait de défaire ses tresses. Elle l’accusait d’appropriation culturelle. À Yale, une pétition a circulé contre une liste de livres à lire, dont les auteurs étaient tous des hommes blancs.

La situation au Québec et au Canada est encore loin d’être aussi tendue que chez nos voisins du Sud, mais la tendance est bel et bien là, s’entendent à dire la Fédération québécoise (FQPPU) et l’Association canadienne des professeurs et professeures d’université.

D’ailleurs, de plus en plus d’étudiants québécois vont suivre des formations auprès de militants aux États-Unis et en ressortent d’autant plus méfiants envers les institutions, dont l’université. « Ce sont des groupes anarchistes en ce sens qu’ils refusent de reconnaître les autorités en place », explique Jean-Marie Lafortune du FQPPU.

« Autocensure »

Les cas concrets de censure sont toutefois encore rares chez nous, selon M. Thériault. « C’est plus de l’autocensure. Des profs qui s’empêchent de dire ce qu’ils pensent, qui évitent de donner tel contenu de cours. À la longue, ce sont les étudiants qui sont perdants. »
« Je pense que c’est une tragédie. L’université est rongée par le cancer de la rectitude politique », abonde l’avocat Julius Grey. Seuls les discours qui sont potentiellement criminels, c’est-à-dire qui relèvent de la haine pure, peuvent être empêchés, rappelle-t-il.

QUELQUES CAS RÉCENTS
■ Mars 2017 :
Un colloque organisé à l’UQAM par un groupe souverainiste a été reporté « afin d’assurer un climat d’échange sécuritaire ». Le collo­que s’est finalement tenu en avril. Des rumeurs de menaces avaient circulé concernant un autre événement, celui-là impliquant le chroniqueur du Journal Mathieu Bock-Côté.
■ Février 2017 :
Un billet est publié sur la plateforme Dissident.es suggérant de ne plus tolérer les drapeaux québécois lors de manifestations étudiantes.
■ Novembre 2016 :
L’association étudiante AFESH-UQAM adopte un mandat dénonçant « l’instrumentalisation de la liberté d’expression ».
■ Novembre 2016 :
La conférence de Rhéa Jean sur la transsexualité à l’UQAM est annu­lée après perturbation.
■ Avril 2016 :
Une conférence de Jean Charest à McGill est perturbée et annulée. Elle devait porter sur les moyens de réduire le cynisme envers les institutions publiques.

DES DISCOURS « BLANCS » ET « MASCULINS »

Les discours dominants ont déjà suffisamment de visibilité, estiment des universitaires, qui ne croient pas que la liber­té d’expression soit plus en dan­ger qu’avant sur les campus.

« Ce ne sont pas les populations déjà fragilisées qui hurlent qu’on attaque leur liberté d’expression. [...] Ce sont ceux qui ont toujours eu le crachoir, c’est-à-dire généralement des hommes blancs », observe Martine Delvaux, professeure en études littéraires à l’UQAM.

Selon elle, la liberté d’expression n’est pas en danger à l’université. « Les discours dominants n’ont pas à être défendus. Ils prennent toute la place », dit-elle.

Les étudiants qui veulent des « espaces sécuritaires » demandent simplement à ce qu’on réflé­chisse au tort qui peut décou­ler de certains discours.

« Il s’agit de reconnaître qu’elles et ils vivent dans un monde qui les a blessés et qui continue de le faire », ajoute Mme Delvaux.

Pas nouveau

Le fait que des militants cherchent à faire taire leurs opposants n’est pas un phénomène nouveau, rappelle René Côté, vice-recteur à la vie universitaire à l’UQAM. Le campus de l’université est souvent montré du doigt pour le militantisme musclé de certains étudiants.

M. Côté songe d’ailleurs à orga­niser un débat au sein de l’université sur la question de la liberté d’expression. « On va essayer de travailler à ce que de tels incidents ne se reproduisent pas. »

« Reste que l’université a toujours été un lieu d’effervescence et de contestation. On ne devrait pas être étonnés que des groupes étudiants prennent des positions extrêmes. C’était comme ça il y a 20 ans et je parie que ce sera comme ça dans 20 ans », assure-t-il.

Un facteur a toutefois bel et bien changé, ces dernières années : avec les médias sociaux, il est plus facile pour les militants de se mobiliser pour critiquer ou perturber des événements.

« Les manifestations de désaccord finissent sur la place publique plus rapidement qu’avant », observe Jean-Marie Lafortune de la FQPPU.

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dimanche 7 mai 2017

Étude — La légalisation du cannabis inciterait les ados à en consommer

Le journal La Presse s’est entretenu avec l’auteur principal d’une étude sur les adolescents dans deux États américains où le cannabis a été légalisé, le Colorado et l’État de Washington publiée juste avant Noël dans la revue JAMA Pediatrics, Magdalena Cerda de l’Université de Californie à Davis.

Pourquoi avez-vous fait cette étude ?

Nous avons connu récemment des changements sans précédent sur le plan des lois sur le cannabis. Les attitudes envers cette drogue deviennent plus permissives, notamment chez les enfants et les adolescents. Il semble que ce soit en partie à cause de la légalisation, qui envoie un message qu’il ne s’agit pas d’une drogue dangereuse. Or nous savons que plus un adolescent commence jeune à fumer du cannabis, plus augmentent son risque d’en utiliser tous les jours à l’âge adulte et son risque de dépendance. Il semble aussi y avoir un lien accru entre le cannabis et la psychose à l’adolescence. Nous avons utilisé un sondage administré à 254 000 ados de 13 à 17 ans entre 2010 et 2015 pour savoir s’ils jugeaient le cannabis dangereux ou pas.

Le cannabis est jugé moins dangereux au Colorado que dans l’État de Washington, même si les deux États l’ont légalisé en même temps, au début de 2014. Pourquoi ?

La proportion de jeunes qui en fument souvent, tous les mois, a aussi augmenté dans l’État de Washington, alors qu’elle est restée stable au Colorado : de 6,2 % à 8,2 % à 13 ans et de 16 % à 20 % à 15 ans, entre 2010 et 2015 [NDLR: la moyenne pour tout le secondaire au Québec en 2013 était de 10 %]. Notre hypothèse, c’est que le système est plus permissif au Colorado. Il y avait déjà un système de dispensaires médicaux de marijuana assez développé, et la publicité est permise. La proportion des jeunes ados qui jugent le pot peu dangereux ne bouge plus trop, d’ailleurs. On peut penser que si l’âge légal pour consommer de la marijuana avait été fixé plus bas plutôt qu’à 21 ans, les attitudes seraient encore plus favorables.

Les attitudes envers le pot sont-elles différentes dans les États où il est illégal ?

La perception que c’est dangereux diminue, mais beaucoup moins que dans les États où il a été légalisé. La différence est particulièrement grande à 13 ans : au Colorado, 63 % à cet âge considèrent la marijuana comme très ou modérément dangereuse, contre 60 % dans l’État de Washington et 70 % ailleurs.

Pourquoi n’y a-t-il pas de changements entre 2010 et 2015 dans l’attitude envers la marijuana chez les ados de 17 ans ?

Nous pensons qu’à cet âge, on est plus enclin à s’informer par soi-même, à se rebeller, voire à enfreindre les lois. Ceci dit, la consommation à 17 ans a baissé dans les États où le cannabis n’était pas légal, alors qu’elle a stagné au Colorado et dans l’État de Washington.

Le danger de commencer tôt à fumer de la marijuana s’applique-t-il à tous les ados, ou seulement à ceux qui sont à risque d’avoir des problèmes de comportement, académiques ou psychiatriques ?

Il y a beaucoup plus de risques pour les ados de classes sociales plus basses, dont les parents ont un dossier criminel ou des dépendances à la drogue ou à l’alcool, qui ont un QI plus bas que la moyenne ou des problèmes d’impulsivité. Mais une initiation précoce à la marijuana semble néfaste pour tous les ados.

La marijuana mène-t-elle à d’autres drogues ?

C’est controversé, il y a des études qui penchent des deux côtés. Il n’est pas clair non plus si la marijuana remplace l’alcool pour les ados, ou si les deux sont combinés.

Continuez-vous à étudier le sujet ?

Nous analysons maintenant les données en provenance de l’Uruguay, le premier pays à avoir légalisé le pot. L’approche est très différente de celle des États américains : ce gouvernement réglemente, produit et vend le cannabis, la puissance du cannabis, entre autres, et interdit les dérivés comme les huiles ou les aliments contenant du cannabis, ainsi que la publicité. Il sera aussi intéressant de voir comment les choses se feront dans les provinces canadiennes. [Ô joie, le Canada encore cobaye]