mercredi 14 septembre 2016

« ECR — Il faut l'abolir »

Mathieu Bock-Côté préconise dans une chronique parue ce jour d’abolir le programme d’éthique et de culture religieuse imposé à tous les élèves du Québec (écoles privées ou publics pendant dix ans de leur scolarité), sans exception :

Pendant encore un mois, la course à la chefferie du PQ fera l’actualité. Et contrairement à ce qu’on veut nous faire croire, on n’y parle pas que de référendum.

Récemment, Jean-François Lisée a ainsi proposé d’abolir le cours Éthique et culture religieuse (ECR) et de le remplacer par un cours d’éducation civique.

C’est une proposition fondamentale qui n’a pas trouvé l’écho qu’elle méritait.

Qu’est-ce que le cours ECR ?


Enseignement des religions ?

À ce qu’on veut nous faire croire, c’est un cours censé instruire la jeune génération sur les différentes traditions religieuses et spirituelles qui existent dans le monde.

S’il faisait vraiment cela, il faudrait l’en féliciter. Qu’on les aime ou qu’on ne les aime pas, les religions façonnent notre monde et mieux vaut les connaître qu’ignorer leur histoire et ce qu’elles représentent.

Mais ce n’est pas ce que fait ECR. Au contraire : son objectif, c’est de présenter une vision fondamentalement positive des religions.

Il se donne une mission : faire accepter, tout accepter, au nom de la diversité. Niqab, hidjab, burqa, burkini, etc. : il est interdit de juger. Ou plutôt, il faut juger positivement ! On désamorce­­ l’esprit critique !

On ne se surprendra pas que les jeunes, aujourd’hui, adhèrent au multiculturalisme­­ : on les y endoctrine pendant tout leur passage à l’école. Ils répètent ce qu’on leur a appris en classe.

Dans Le Nouvelliste, le 8 septembre, un étudiant, Jeremy Normand, témoignait à propos de son passage dans le cours ECR. Il l’accusait de militer pour le relativisme culturel et de toujours pousser les étudiants à imaginer de nouveaux « accommodements raisonnables­­ ».

Ce n’est pas surprenant. Certains des concepteurs de ce cours l’ont déjà avoué : quand tous les Québécois auront passé par ECR, ils seront favorables à la logique des accommodements raisonnables.

On imagine la scène : l’enfant est à l’école. On lui pose une question. Par exemple, est-ce qu’une éducatrice en garderie peut porter le niqab ? Réponse. Il faut accommoder. Toujours accommoder.

Pour avoir une bonne évaluation dans ce cours, il faut faire preuve d’une bonne attitude devant la « diversité » et les religions. Ce n’est pas l’esprit­­ critique qu’on y cultive, mais l’esprit béat.

ECR ne vise pas à transmettre des connaissances, mais une idéologie et un programme politique. À défaut de convaincre les parents des bien-fondés du multiculturalisme, on décide de laver le cerveau des jeunes générations.

Propagande

Est-ce vraiment la vocation de l’école que d’être ainsi instrumenta­lisée par les promoteurs zélés d’une vision du monde militante ? Que dirait­­-on si les souverainistes décidaient à leur tour de soumettre l’école à la propagande ? On les dénoncerait vivement. Avec raison, d’ailleurs !

Brisons le tabou : toutes les pratiques religieuses ne sont pas également respectables. La burqa n’est pas respectable. Le niqab non plus. À tout le moins, nous n’avons pas à faire semblant de les respecter chez nous.

Qu’on enseigne l’histoire de l’islam, du christianisme, du bouddhisme, du judaïsme, c’est très bien. Mais qu’on l’enseigne rigoureusement, sans amour ni haine, sans préjugés positifs ou négatifs.

D’ici là, il faut urgemment abolir le cours ECR.

Voir aussi

Bock-Côté avril 2008 : « Éthique et culture religieuse — Un utopisme malfaisant »


ECR: femme en niqab, citations et étude à consulter

« Youpi, ma religion à moi !»

Après « Youpi, ma religion ! », « Ma religion de rêve »