mercredi 7 décembre 2016

Conférence de Mathieu Bock-Côté sur son livre « Le multiculturalisme comme religion politique »



Courte conférence par Mathieu Bock-Côté, sociologue, enseignant et essayiste, sur son nouveau livre Le multiculturalisme comme religion politique, à l’occasion de la fête du livre organisée à Villepreux le dimanche 4 décembre 2016.

Jean-Pierre Maugendre clôt l’intervention de Mathieu Bock-Côté par un éloge et une citation latine un peu détournée (Asinus asinum fricat) quand il prévient ceux qui voudraient acheter le livre du sociologue québécois que sa table se trouve à côté de celle de Michel de Jaeghere. Ni Bock-Côté, ni le directeur de rédaction du Figaro Histoire n’est un asinus... Bien au contraire.

Nous recommandons vivement la lecture du livre Le multiculturalisme comme religion politique pour comprendre les fondements de l’idéologie qui sape la cohésion de nos sociétés. Par certains aspects M. Bock-Côté est parfois plus un philosophe des idées politiques qu’un sociologue ; ce qui est une bonne chose quand vient le temps d’analyser (avec force références) la religion politique qui domine nos sociétés occidentales.

Cette religion politique mise en œuvre par l’école (cours d’ECR, d’histoire et même de français) et les tribunaux (voir ici pour la fonction de prêtres des juges) est renforcée par une immigration très importante et différente de celles du passé qui renforce cette idéologie. En effet, non seulement l’idéologie de nos sociétés a-t-elle changé, mais la nature de l’immigration a, elle aussi, en grande partie changé. Elle est de moins en moins occidentale et chrétienne. Dans le cas de l’islam, elle ne veut souvent pas s’intégrer (considérant sa religion et sa civilisation supérieures), elle ne s’est d’ailleurs jamais vraiment intégrée, même lorsque l’idéologie dominante était celle de l’intégration. Comme nous l’avait confié un jour un commerçant clairvoyant : « Avant les choses étaient simples au Québec, il y avait les Anglais et les Français... »

Le multiculturalisme et ses succédanés, l’interculturalisme et pluralisme normatif, doivent être combattus, notamment pour des raisons philosophiques : à quel Autre particulier (et non abstrait) faut-il s’ouvrir et pourquoi ? En quoi le multiculturalisme assure-t-il plus le vivre-ensemble que l’assimilation pure et simple ? Comment peut-on dire que toutes les cultures, civilisations ou religions se valent tout en affirmant qu’une culture bigarrée et métissée (issue de l’immigration) serait supérieure à la culture trop pure de la majorité  ?

Mais il n’est pas certain que la fin du multiculturalisme sera suffisante pour que le Québec intègre culturellement et politiquement les immigrés. Pour que leur vote aux élections se distribue comme celui des francophones de souche, par exemple. Se débarrasser du multiculturalisme est sans doute une condition nécessaire, mais non suffisante au moins à Montréal et à notre époque de la mondialisation du travail et des médias. Les immigrants non francophones de naissance seront toujours plus intéressés (voire fascinés) par l’anglais, langue continentale ou même impériale, que par le français.

Hier encore, Radio Canada tentait de nous convaincre de la réussite de l’intégration des réfugiés syriens en allant à Granby, dans une ville très majoritairement francophone donc plus susceptible d’intégrer au fait français. Voir « Le parrainage des réfugiés syriens, un véritable succès d’intégration ». L’accueil des réfugiés est généreux (donc coûteux), mais le résultat de cette famille que la société d’État veut exemplaire est peu probant : après un an, aucun des parents ne peut s’exprimer en français au-delà de petites formules de politesse. L’ainé des quatre enfants (bientôt cinq enfants) parle très mal français (il ne se souvient pas du mot « guerre » par exemple), mais l’on voit un des enfants collé à la télé et à un poste anglophone...

Combien de jeunes réfugiés syriens à Winnipeg regardent la télé francophone et parlent aussi mal l’anglais que ceux-ci parlent mal français à Granby ?

Même avec l’abandon de la doctrine du multiculturalisme, l’assimilation complète sera difficile à mettre en œuvre sur l’île de Montréal où les francophones de naissance sont devenus minoritaires et où leur taux de fécondité est désastreux (1,1 enfant/femme francophone sur l’île de Montréal, 2,6 enfants/femme pour les arabophones !) Dans ces circonstances, quelle est la majorité dans de nombreuses écoles de Montréal ? Plus les petits Québécois de souche... Il n’est même pas impossible que les rares jeunes « pures laines » adoptent des comportements ou des conceptions partagées avec leurs congénères issus de l’immigration. Se pourrait-il que ces petits francophones minoritaires développent une plus grande tolérance au bilinguisme, un moindre intérêt à la souveraineté, un relativisme grandissant envers leur histoire en tant que peuple québécois ? Nous ne connaissons pas de sociologues qui s’intéressent à l’influence de cette mixité scolaire où les jeunes Québécois de souche ne sont plus massivement majoritaires. Quel impact cette position de minoritaires à Montréal a-t-elle sur les conceptions linguistiques, historiques et politiques de ces jeunes pures laines ? Un sujet à creuser pour expliquer, en partie, la désaffection de la jeunesse québécoise « de plus en plus bigarrée » envers l’indépendance et la lutte pour le français comme seule langue commune ?

Dans ces conditions, il nous semble qu’il faut non seulement mettre un terme à la religion politique qu’est le multiculturalisme, mais qu’il faut aussi mettre en place une politique nataliste pour augmenter la natalité propre au Québec (elle ne fait que diminuer depuis 7 ans après un bref et timide redressement) et diminuer de manière très importante l’immigration afin de mieux la sélectionner et mieux pouvoir l’intégrer en consacrant notamment plus d’argent à la francisation.


Voir aussi

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