jeudi 19 novembre 2015

Hausse de 17 % du nombre d’élèves d’ici 2029 grâce « l’augmentation du nombre de naissances observée » ? (M-à-j)

Mise à jour du 19 novembre

Le ministre de l’Éducation François Blais s’est exprimé récemment sur l’accueil des enfants de réfugiés syriens. Il a donné des chiffres intéressants sur le nombre d’enfants d’immigrants arrivant chaque année dans le réseau scolaire québécois : environ 13 000 élèves immigrants par année. D'ici 2029, cela fera donc environ 14 * 13.000 = 182.000 élèves immigrants. Quand on considère que la population scolaire est en 2015 de 875 151 élèves (source) et que le même document prospectif du gouvernement québécois prévoit 1 012 698 écoliers en 2029, c'est-à-dire près de 140.000 enfants supplémentaires, autant dire que presque toute l'augmentation dans la population scolaire sera probablement d'origine immigrée.



Voir les explications du ministre François Blais

Billet d'origine du 15 novembre

Selon le Monopole de l’Éducation du Québec, les écoles du Québec accueilleront 150 000 élèves supplémentaires d’ici 2029, ce qui représente une hausse de 17 %. À Québec et à Montréal, où plusieurs écoles sont déjà pleines à craquer, l’augmentation sera encore plus marquée, soit respectivement 28 % et 34 %.


Le ministère de l’Éducation vient de rendre publiques ses plus récentes prévisions démographiques, sur lesquelles se basent les commissions scolaires pour planifier les services à offrir.


Selon ce document, « L’augmentation du nombre de naissances observée depuis une dizaine d’années au Québec provoque une remontée de l’effectif scolaire qui se poursuivra durant plusieurs années ». Le document ne parle pas de l’impact de l’immigration. Ce qui est pour le moins étrange.

En effet, le nombre de naissances baisse lentement depuis 6 ans au Québec (88 891 naissances en 2009, 87 700 en 2014)... Cette baisse continuera probablement en 2015 (sans doute moins de 87 000) malgré une population totale en croissance grâce à l’immigration. Le retard accumulé, quant aux naissances, pendant les huit premiers mois de 2015 par rapport à 2014 dans les statistiques mensuelles publiées ci-dessous s’élève déjà à —800 naissances :


Nombre de naissances au Québec : lente baisse depuis 2009


Se pourrait-il donc que ce ne soient pas les naissances qui expliqueraient cette future augmentation du nombre d’élèves, mais plutôt l’immigration ? Cela expliquerait la forte croissance prévue à Montréal, région pourtant à très faible fécondité (1,49 enfant/femme), mais à forte immigration... Voir le graphique ci-dessous avec Montréal au plus bas pour ce qui est de la fécondité...

Comparons les prévisions d’augmentation du nombre d’écoliers ` : Montréal [1,49 enfant/femme] est la région où la hausse anticipée est la plus élevée, à 34 %, alors que d’autres régions comme le Bas-Saint-Laurent [1,71 enfant/femme], la Gaspésie [1,63] ou la Côte-Nord [1,93 enfant/femme] verront plutôt le nombre d’élèves diminuer légèrement.


Il semble donc bien que l’immigration soit l’explication principale de cette future augmentation (jusqu’en 2029 !) alors que le nombre des naissances baisse lentement depuis 2009 au Québec. Pourquoi ce rapport passe-t-il complètement sous silence l’apport de l’immigration ?



La scolarisation des enfants réfugiés syriens : la réalité sur le terrain

L'école arménienne Alex Manougian à Saint-Laurent offre un programme d’accueil et de francisation à des immigrants et des réfugiés. Son directeur Sébastien Stasse s'est exprimé sur les nombreux défis qui attendent les écoles québécoises avec l'arrivée de plusieurs milliers de réfugiés syriens. Il est très inquiet... Son école accueille des réfugiés syriens et irakiens. Il tient à rappeler que la francisation est un défi de taille et il qu'il n'y a pas assez de ressources actuellement, surtout des ressources dans leur langue.

Spectacle lors du 45e anniversaire de l'école arménienne de Saint-Laurent

Depuis de nombreuses années, l'école assume elle-même les coûts de formation des enfants qui arrivent après le 30 septembre puisque le Monopole de l'Éducation n'a rien prévu dans les règles budgétaires pour ce genre de situations.

Pour M. Stasse,
sans classes de francisation, les chances sont grandes que plusieurs des élèves qui seront intégrés directement en classe régulière avec des mesures ponctuelles de francisation se retrouvent en adaptation scolaire alors qu’ils n’ont aucun problème d’apprentissage. Le milieu scolaire n’est actuellement pas prêt à franciser un nombre aussi important d’élèves avec des besoins aussi particuliers.

Il est très facile d’accueillir des réfugiés, ça en est une autre d’assurer leur intégration, leur scolarisation, mais surtout la réussite des enfants à l’école. Nous savons très bien de quoi nous parlons et notre communauté est inquiète.

Écoutez Sébastien Stasse au micro de Paul Arcand