dimanche 30 août 2015

Québec — éducation sexuelle : dispense en 1992, aucune exemption en 2015.

En 1992, à la suite de la mise en place d’un cours d’éducation à la sexualité par le monopole de l’Éducation du Québec, des parents avaient obtenu la possibilité de voir leurs enfants dispensés de ce programme pour peu qu’ils reçoivent un cours équivalent à la maison. Voir au bas de ce billet.

On apprenait aujourd’hui que, en 2015, « il n’y aura aucune exemption ». Tout cela sans doute au nom de la valorisation de la diversité, de la tolérance et d’une sage modestie...

La dépêche de la Presse canadienne qui relate cette raideur étatique commence ainsi :
La connaissance des choses du sexe est trop importante pour être facultative, aux yeux du ministère de l’Éducation. Au même titre que le français et les mathématiques, l’éducation sexuelle sera donc obligatoire pour tous, de la maternelle à la cinquième secondaire dans les écoles du Québec, sans égard aux convictions religieuses et valeurs des parents issus de différentes communautés.

Aucune exemption ne sera tolérée.

Bien évidemment tout dépend de la manière et à quel âge cette « connaissance des choses du sexe » est imposée par l'État... Mais le ministère semble feindre la possibilité d’une divergence légitime sur ce sujet pourtant éminemment subjectif et moral.
Dans un premier temps, un projet pilote d’éducation sexuelle, qui démarre dans quelques jours, dès la rentrée scolaire, dans une quinzaine d’écoles, durera deux ans. Ce programme, dont bénéficieront 8200 élèves, devrait par la suite être intégré au curriculum des élèves dès 2017.

Mais on sait déjà que ce programme est loin de faire l’unanimité, comme en font foi divers documents obtenus par La Presse canadienne et une série d’entrevues menées sur le sujet au cours des dernières semaines.

Qu’il s’agisse du caractère obligatoire du cours, du manque de formation des enseignants, de l’absence de consultation du milieu ou de l’approche pédagogique retenue par le ministère de l’Éducation, les sujets de controverse ne manqueront pas au cours des prochains mois.

Et que cela leur plaise ou non, les parents plus frileux en matière de sexualité devront se faire à l’idée que leurs enfants vont entendre parler des manifestations de la puberté, voire des différentes pratiques sexuelles, pendant un cours sur la règle de trois ou un autre sur l’accord des participes passés.

« Pour l’instant, aucune exemption n’est prévue », a indiqué un porte-parole du ministère, Pascal Ouellet.

Notons que nous ne sachions pas que des organisations vraiment représentatives des parents de tous milieux et convictions morales aient été conviées à donner leur avis sur le contenu de ce programme ou sa précocité. L’État sait. Cela suffit.

À ce sujet, rappelons cette remarque faite le 10 janvier 2011 par Benoît XVI sur les cours d’éducation sexuelle obligatoires :
« Je ne puis passer sous silence une autre atteinte à la liberté religieuse des familles dans certains pays européens, là où est imposée la participation à des cours d’éducation sexuelle ou civique véhiculant des conceptions de la personne et de la vie prétendument neutres, mais qui en réalité reflètent une anthropologie contraire à la foi et à la juste raison. »
La dépêche de la Presse canadienne se poursuit ainsi :
Des enseignants inquiets

Sur le terrain, on se demande si le ministère a tenu compte de la diversité culturelle et religieuse du Québec. Ainsi, comment devra agir l’enseignant ou la direction d’école avec un élève dont les parents s’opposent, pour motif religieux, à ce que leur fils ou leur fille de 12 ans apprenne en classe à identifier les différentes pratiques sexuelles ?

Car certains parents « ne veulent pas que leur ado entende parler de masturbation » en classe, commente la présidente de la Fédération québécoise des directeurs d’école (FQDE), Lorraine Normand-Charbonneau. « On va faire quoi, on va sortir les élèves ? », demande-t-elle.

Pas question, réplique le ministère.

« L’éducation à la sexualité est prévue pour tous les élèves du Québec », explique M. Ouellet. Car ses effets seront bénéfiques pour « prévenir les agressions sexuelles, la violence dans les relations amoureuses, les infections transmissibles par le sang et sexuellement, les grossesses non désirées ».

Encore faut-il que les personnes appelées à transmettre ce savoir aient la compétence requise.

Or, d’aucuns affirment que ce ne sera pas le cas, laissant craindre un dérapage du projet pilote.

Le constat du président de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), Sylvain Mallette, est lapidaire : « C’est des incompétents. Là, je pèse mes mots, ce sont des incompétents qui jouent avec l’intime » des élèves, dit ce professeur d’histoire, choqué de voir que le ministère de l’Éducation s’apprête à confier l’enseignement d’une matière aussi délicate que la sexualité humaine à des gens n’ayant aucune expertise en la matière.
Encore faut-il être sûr que les experts qui seraient un jour choisis par le Monopole de l’Éducation n’apporteraient pas avec eux une philosophie bien particulière (on se rappelle de cours d’éducation à la sexualité donnés par une propriétaire de boutiques de jouets érotiques en Ontario..., voir Macleans)
Cet enseignement devrait être prodigué par des professionnels compétents, renchérit Mme Normand-Charbonneau, « pour éviter les dérapages » éventuels en classe.
Même cela ne sera peut-être pas suffisant. La notion de dérapage est subjective, elle dépend des valeurs des gens (conservateurs, progressifs, libertaires, etc.)
Or, au moment où s’effectue la rentrée scolaire, il est difficile de dire qui au juste assurera l’éducation à la sexualité dans les écoles. Le ministère prévoit que ce pourrait être des enseignants, infirmières, psychologues, voire des responsables d’organismes communautaires.
LGBT ? Comme lors des ateliers contre l’« intimidation » ?  Sinon, quels autres types d’organismes communautaires ?
S’il s’agit d’enseignants, la tâche pourrait aussi bien revenir au professeur de mathématiques qu’à celui de français ou de géographie.

Les cours d’anatomie ou ceux abordant les maladies transmises sexuellement pourraient donc, pendant quelques heures, entrer en compétition avec les cours de français ou d’algèbre. L’enseignant devra donc parler de sexe « sur le temps de sa matière », confirme une autre porte-parole du ministère, Esther Chouinard.

« Les personnes qui feront l’éducation à la sexualité n’ont pas besoin d’être des experts de haut niveau pour que la qualité des interventions avec les élèves soit assurée », ajoute-t-elle, estimant que « quelques heures » de formation suffiront, aux yeux du ministère.

À ce jour, aucune personne chargée d’enseigner la sexualité n’a encore été choisie, aucune formation n’a été donnée.

Il reviendra aux commissions scolaires et surtout aux directeurs des écoles visées de recruter des « volontaires ».

Mais « s’il y a personne qui veut, on fait quoi ? », demande la présidente de la FQDE, de peur que les enseignants s’abstiennent, compte tenu du flou qui entoure la démarche. Car les enseignants « ne cognent pas aux portes » pour participer au projet, confirme Sylvain Mallette.

Controverse en Ontario

En Ontario, la ministre Liz Sandals a déchanté, le printemps dernier, en constatant que son cours d’éducation sexuelle suscitait la controverse, au point où de nombreux parents ont décidé de retirer leur enfant de la classe. La ministre a calmé le jeu en disant aux parents qu’ils avaient le droit de retirer leurs enfants de la classe.
 Disons qu’elle a tenté de calmer le jeu. Voir ci-dessous une vidéo en anglais où la Dr Miriam Grossman décrit le programme d’éducation à la sexualité ontarien, non pas comme de la science comme le prétend le gouvernement libéral, mais de l’idéologie.



Autre vidéo, la session questions-réponses.

Selon la Presse canadienne :
Au Québec, ce serait difficile de faire de même puisque l’éducation sexuelle ne sera pas un cours en soi et n’aura pas de case horaire définie. La matière sera intégrée aux cours réguliers ou fera l’objet d’activités. Ainsi, si c’est le professeur de français qui donne le cours, l’élève qui sortirait de la classe serait donc privé à la fois d’éducation sexuelle et de son cours de grammaire.
Quels éléments de grammaire verra-t-on pendant le cours d’éducation à la sexualité ? Ne se moque-t-on pas un peu du monde ?
Le projet-pilote, « c’est un euphémisme que de dire que c’est de la broche à foin », ajoute Sylvain Mallette.

Ce qui n’arrange rien : ce projet survient en pleine période de négociations et de moyens de pression de la part des enseignants.

Le ministère de l’Éducation, qui planche depuis cinq ans sur ce projet visant à ramener l’éducation sexuelle dans les classes, affirme cependant que tout est en place pour assurer le succès du projet pilote. Il soutient que la matière enseignée tiendra compte de l’âge de l’enfant et de son développement et que la formation et tous les outils pédagogiques nécessaires seront fournis à temps aux écoles.
Le ministère dit toujours cela pour imposer en fin de compte ce qu’il veut. Voir les cours d’ECR...

Le ministre François Blais a décliné une demande d’entrevue à la Presse canadienne.



La lettre du ministre Michel Pagé en 1992 qui permettait la dispense du cours tant que l’enfant dispensé recevrait de l’information équivalente :