mardi 27 novembre 2012

Pourquoi l’anglais intensif uniquement pour les francophones, partout ?

Lettre ouverte de Frédéric Lacroix - docteur en génie

[...] En permettant à l’implantation de l’anglais intensif obligatoire de continuer parce que cela n’a pas « de conséquences budgétaires » (je pense bien que les commissions scolaires ne seront pas d’accord !), le gouvernement de madame Marois se trouve à normaliser la question de l’anglais intensif et à en faire de facto la nouvelle norme pédagogique, alors que la bilinguisation du primaire de l’école française aurait été impensable il y a seulement quelques années de cela. Les opposants à cette mesure se trouvent dès lors catalogués comme « radicaux » et neutralisés. Et cela par le seul parti théoriquement en faveur du Québec français. De plus, en envoyant un message aussi fort en faveur de l’anglais, le gouvernement se trouve à invalider en amont toutes les mesures favorables au français qui pourraient éventuellement être prises.

Il est encore plus consternant de constater que la mesure d’anglais intensif ne vient ni du MELS, ni des commissions scolaires, ni des parents, mais qu’elle a été soufflée à Jean Charest par la SPEAQ (Société pour la promotion de l’enseignement de l’anglais langue seconde au Québec), un lobby financé généreusement par Heritage Canada. La SPEAQ a rencontré la ministre Lyne Beauchamp le 25 janvier 2011 pour lui « présenter le programme d’anglais intensif ». On sait aussi que « la ministre avait beaucoup de questions » ! Jean Charest a ensuite pris le milieu de l’éducation par surprise en annonçant la mise en place de l’anglais intensif obligatoire souhaité par la SPEAQ lors du discours du trône de février 2011.

L’anglais intensif répond-il même à un besoin réel ? Le dernier recensement indique que le bilinguisme anglais-français des jeunes francophones frôle les 60 % au Québec et est de 78 % à Montréal, ce qui est plus élevé que le bilinguisme des jeunes anglophones. De plus, les données du MELS indiquent que les jeunes francophones réussissent mieux en anglais que les jeunes anglophones en français, mais curieusement, les écoles anglaises sont exemptées du français intensif. Résurrection des écoles passerelles et bilinguisation de l’école française : la seule mesure de la loi 101 qui a eu un effet sur les transferts linguistiques des allophones, soit l’obligation de fréquenter les écoles françaises, se trouve maintenant quasiment vidée de sa substance. [...]

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