samedi 16 avril 2011

Et l'aide aux parents qui choisissent l'école privée et le principe de subsidiarité, M. Legault ?

Éthique et Politique se demande si deux des propositions de M. Legault en matière d'éducation sont vraiment louables.

« D'abord, la proposition de geler les subventions aux écoles privées au niveau actuel.  M. Legault prétend qu'il y a là des économies à faire, 60 millions selon lui...

Ou bedon il est un bien mauvais économiste ou il fait de la bien petite politique... Les pauvres parents qui envoient leurs enfants au privé paient deux fois pour l'éducation.  Une fois par leurs taxes, comme tout le monde et une deuxième fois pour la portion non couverte par le gouvernement, près de 50 % dans la réalité.. Ainsi, chaque enfant envoyé au privé représente une économie pour l'État ! Et si on continue à presser le citron du contribuable, on arrivera au point de rupture (on s'en approche croyez-moi) où les pauvres parents ne pourront se permettre cette dépense d'à peu près 3000 $ par tête de pipe par année présentement, et ces nouveaux arrivés au public feront enfler les coûts d'opération du système !

Mais ici, on s'est promis qu'on se baserait sur des principes pour établir nos opinions. Alors, voyons ce qu'on peut lire à l'article 241 du Compendium de la doctrine sociale de l'Église:
Les parents ont le droit de fonder et de soutenir des institutions éducatives. Les autorités publiques doivent faire en sorte que « les subsides publics soient répartis de façon telle que les parents soient véritablement libres d'exercer ce droit sans devoir supporter des charges injustes. Les parents ne doivent pas, directement ou indirectement, subir de charges supplémentaires qui empêchent ou limitent indûment l'exercice de cette liberté ».548 Il faut considérer comme une injustice le refus de soutien économique public aux écoles privées qui en ont besoin et qui rendent service à la société civile: « Quand l'État revendique le monopole scolaire, il outrepasse ses droits et offense la justice. (...) L'État ne peut sans injustice se contenter de tolérer les écoles dites privées. Celles-ci rendent un service public et ont en conséquence le droit à être économiquement aidées »549.
Voilà, c'est limpide.

M. Legault a cédé aussi à la tentation actuelle de promettre d'éliminer les commissions scolaires.  C'est à la mode ça.  C'est devenu l'ennemi à abattre les commissions scolaires...

Eh bien ! selon moi, ça contrevient ici encore (désolé François) à un des principes fondateurs, un des piliers de la doctrine sociale de l'Église, le principe de subsidiarité.

Commençons par le définir et retournons au Compendium.
De même qu'on ne peut enlever aux particuliers, pour les transférer à la communauté, les attributions dont ils sont capables de s'acquitter de leur seule initiative et par leurs propres moyens, ainsi ce serait commettre une injustice, en même temps que troubler d'une manière très dommageable l'ordre social, que de retirer aux groupements d'ordre inférieur, pour les confier à une collectivité plus vaste et d'un rang plus élevé, les fonctions qu'ils sont en mesure de remplir eux-mêmes. L'objet naturel de toute intervention en matière sociale est d'aider les membres du corps social, et non pas de les détruire ni de les absorber ».186
 J'en comprends que les paliers supérieurs ne doivent s'occuper que de ce que les paliers inférieurs, en commençant par les individus, les familles et ce qu'on appelle les corps intermédiaires,  ne peuvent accomplir.   Continuons notre lecture...
Sur la base de ce principe, toutes les sociétés d'ordre supérieur doivent se mettre en attitude d'aide (« subsidium ») — donc de soutien, de promotion, de développement — par rapport aux sociétés d'ordre mineur.
d'accord, mais encore
À la subsidiarité comprise dans un sens positif... correspond une série d'implications dans un sens négatif, qui imposent à l'État de s'abstenir de tout ce qui restreindrait, de fait, l'espace vital des cellules mineures et essentielles de la société. Leur initiative, leur liberté et leur responsabilité ne doivent pas être supplantées.
OK, ça suffit, vous irez lire le reste (passionnant par ailleurs) directement sur le site ou mieux encore, achetez le bouquin !

J'interprète ici et je suis prêt à admettre qu'une commission scolaire, un autre organisme public, ne correspond pas exactement à ce qu'on entend par corps intermédiaire. Mais il faut interpréter, tous les cas de figure possibles ne sont pas nécessairement envisagés dans le document ! Et une commission scolaire est une société bien plus proche du citoyen que le MELS, et parfaitement en mesure de s'occuper de la gestion du système scolaire au niveau local. La proposition de Legault ? Transférer les responsabilités et tâches des commissions scolaires au ministère, réparti sur le territoire en directions régionales non élues (non élues ? Taxation without representation ? Ici aussi ça accroche non ?)

En ce qui me concerne, je préfère de beaucoup l'approche d'un Gary Caldwell. » 


[Note du carnet : pour Gary Caldwell les écoles doivent être gérées par la société civile, les parents locaux.]




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