mardi 13 septembre 2011

Suisse — introduction d’un cours de « religion et culture » obligatoire à Zurich

Une nouvelle matière intitulée « Religion et culture » a été imposée à la rentrée scolaire dans les écoles publiques du canton de Zurich.

Le programme prévoit un aperçu des diverses religions et traditions dans le monde. Il est centré sur le christianisme de la première à la sixième classe primaire, puis lors des trois années suivantes sur d’autres religions (hindouisme, bouddhisme, judaïsme, islam). Dix écoles du canton n’ont pas encore pu donner ce cours en raison du manque de personnel. Le cours est obligatoire et aucune exemption n'est accordée.

Le cours a été imposé en insistant auprès des Églises sur la chance que constituait ce nouveau programme, car celui-ci devrait enseigner le respect envers toutes les religions dans une société de plus en plus apathiques envers la religion. On ne sait pas comment cet enseignement évitera au secondaire les écueils du relativisme ou d'un genre d'indifférentisme devant l'ensemble des religions qu'il faut « respecter ». Pour ce qui est de la population générale, le gouvernement cantonal a fait appel à des études qui suggèrent que l'apprentissage des religions augmente la tolérance et améliore le vivre-ensemble. On remarque de forts parallèles avec les techniques utilisées au Québec pour vendre le cours ECR.

Pour l'instant, l'opposition la plus stridente à ce cours provient des « sans-religion » (voir ici et en allemand) qui s'insurgent contre le fait que ce cours qui désire enseigner le respect envers toutes les religions n'est pas neutre de par ce simple fait. Ils demandent l'abolition pure et simple de cette nouvelle matière : « Il est inacceptable dans notre société largement sécularisée de donner aux enfants l'impression que la religion est essentielle à la vie en société » de déclarer Andreas Kyriacou, président des « libres penseurs zurichois ». Les connaissances de base sur les religions devraient plutôt, selon lui, être enseignées dans un cours d'histoire. M. Kyriacou et trente-trois autres candidats se présenteront aux prochaines élections cantonales de Zurich au sein d'une liste appelée konfession-lose.ch (sans confession) afin de mettre en œuvre, selon ses dires, la séparation de l'Église et de l'État et, notamment, abolir le cours de religion et culture. Les libres penseurs s'insurgent également contre le fait que le cours de Religion et culture est le plus souvent donné par des anciens enseignants de religion qui n'ont pas changé d'optique et que le cours n'est de ce fait pas neutre.

Ce nouveau programme avait déjà été annoncé en 2006, À l'époque, les fonctionnaires zurichois avaient déjà prévu une opposition de la part des athées et agnostiques ainsi que des « intégristes » (voir la vidéo en allemand). Les mêmes accusations et mots gentils qu'au Québec. On remarquera dans la vidéo — enfin ceux qui comprennent l'alémanique — que les élèves interrogés sont modérément intéressés par la religion (sans avoir d'attitude de rejet non plus) et que certains s'y intéressent, plus particulièrement les religions orientales.


Contexte

En Suisse, se côtoient quatre types d'enseignement de la religion :
  1. un enseignement confessionnel exclu du plan scolaire, se déroulant toutefois dans les locaux de l'école (par exemple le canton deGenève); 
  2. un enseignement confessionnel dans le cadre du programme scolaire, mais sous responsabilité de l'Église (les cantons de Grisons, Bâle-Campagne et les cantons officiellement catholiques); 
  3. un enseignement confessionnel soumis à la responsabilité conjointe de l'Eglise et de l'école (canton du Valais et Saint-Gall) et
  4. un enseignement dit supraconfessionnel du christianisme incluant des essais de « coopération interconfessionnelle » comme à Zurich.
Selon la Constitution fédérale helvétique (art. 15, § 4), aucun de ces types d'enseignement n'est obligatoire. En outre depuis la fin du XXe  s., il existe des types particuliers dans de nombreuses communes. Récemment, un nouveau manuel d'enseignement des religions (dit Enbiro, du nom de la société éditrice Enseignement biblique et interreligieux romand) a été introduit dans les écoles de Suisse romande (sauf à Genève et à Neuchâtel).






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1 commentaire:

Durandal a dit…

On a le droit, dans ce contexte, de s'ennuyer de Zwingli.