vendredi 19 novembre 2010

Cours d'histoire : « Qui croit en Dieu ? », « Dieu a créé les homosexuels », cours de français  : film Twilight New Moon

Nous avons reçu cette lettre d'une mère outrée par ce qui se passe dans l'école de sa fille.

Qu’enseigne-t-on à l’école à nos enfants?

Ma fille est rentrée aujourd’hui de l’école perturbée. Elle m’a dit que, dans son cours d’histoire, la professeure a parlé de Renaissance et de l’humanisme. La professeure leur a demandé s’il y en avait parmi eux qui croyaient en Dieu. Ma fille a donc levé la main, car elle est croyante et pratiquante. Elle était la seule et quelques-uns en on rit. Ma fille m’a dit qu’elle n’a presque rien retenu de l’enseignement tellement elle a été bouleversée. Par contre, elle a bien compris quand le professeur a dit que Dieu a fait les homosexuels. Nous sommes catholiques et croyons que Dieu a créé l’homme et la femme pour être fécond et qu’Il n’a pas créé l’homosexualité qui va contre nature et qui est un péché. La vision de l'humanisme de cette professeure est très biaisée. Dans ce temps-là, ils étaient tous croyants, même s'il y a eu une volonté d'en finir avec certains abus de l'Église et de la scolastique d'où la réforme... Luther n'aurait jamais dit que les homosexuels sont créés à l'image de Dieu, pas plus que le péché.

Je veux préciser ici que j’ai des amis qui sont homosexuels. Ils sont extrêmement gentils et pleins d’amour. J’ai aussi quelqu’un de proche qui est transsexuel et qui est l’être le plus généreux et le plus aimant que je connaisse. Vous comprendrez donc que nous ne sommes pas homophobes comme le terme est si souvent utilisé ces jours-ci. Ce n’est pas parce que nous ne sommes pas d’accord avec leurs comportements que nous sommes homophobes pour autant et que nous ne les aimons pas.

Il se peut bien que ma fille n’ait rien compris de son enseignement, mais ce que je trouve de pas correct est le fait que la professeure, qui est en position d’autorité, a demandé aux élèves qui étaient croyants de lever la main et qu’elle a fait passer sa conception de la création de Dieu à sa façon. Je ne vois pas le but ou l’importance de demander ce genre de questions dans un cours d’histoire et je n’accepte pas que les professeurs fassent passer leurs idéologies dans leurs enseignements. Je ne veux pas que ma fille aille à l’école pour ce faire bourrer le crâne par n’importe quoi. Je n’accepterai plus que ma fille revienne de l’école toute retournée, choquée jusqu’à en pleurer. Elle m’a dit qu’elle a souffert d’humiliation et avec raison. Elle a été blessée, car elle connaît Dieu et Jésus. Elle les aime et ne veut pas entendre de mauvais commentaires sur eux et c’est tout en son honneur, car elle est fidèle à ce que nous lui avons transmis. Elle pourrait en montrer à plus d’un sur l’amour, la fidélité et le respect de l’être humain et envers notre Créateur.

En plus, au début de la semaine, le prof de français leur a passé le film Twilight New Moon. Ils apprennent quoi là-dedans? C’est ça la nouvelle réforme…?

Jeannelle Cantin

Certains groupes conservateurs condamnent la série Twilight :
Christian Movie Review
« Twilight est un livre et une série de films immoraux qui enseignent à vos filles adolescentes comment vénérer un vampire et faire des cérémonies du sang pendant des soirées pyjama. »

Tout le ciné

« Le film ne véhicule rien de plus qu’un vide moral avec un message déviant et, en tant que tel, devrait constituer une préoccupation. Il contient de plus un dangereux mélange d’acteurs embellis et d’éléments surnaturels ».
Monseigneur Franco Perazzolo, du Conseil Pontifical de la Culture


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Couple homosexuel invité en cours de mathématiques, euh ECR, exercice de « français » sur le prétendu mariage homosexuel




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ECR — vingtaine d'adolescents dansent en récitant le mantra des Hare Krishna

La Voix de l'Est, après son reportage laudatif sur l'enseignante Claire Bergeron de l'école secondaire J.-H. Leclerc de Granby, enseignante qui pourtant est loin d'être neutre sur certains sujets en classe d'ECR, continue à nous rapporter les merveilleuses avancées possibles grâce au cours ECR.

Aujourd'hui il s'agit du fait que des jeunes aient pratiqué des danses rituelles et récité des mantras. Rappelons qu'en 2008, devant 200 parents peu satisfaits de l'imposition du cours ECR réunis à Valcourt, M. Jacques Pettigrew, responsable du programme ECR auprès du Monopole de l'Éducation, avait affirmé que « les expériences spirituelles ne pouvaient pas être enseignées »...

Extraits de l'article de la Voix de l'Est :

(Granby) Faire danser une vingtaine d'adolescents en leur faisant réciter le mantra des Hare Krishna: c'est ce qu'ont réussi à faire trois dévots Krishna, au Collège Mont-Sacré-Cœur, mardi.

Invités pour la troisième année par l'enseignant Marc Gagné, ils sont descendus de Montréal, où est situé leur temple, afin de parler du mouvement Krishna à des élèves du cours d'Éthique et de culture religieuse du collège privé de Granby.

Arborant les habits traditionnels (sari pour la femme, tunique sobre et dhotî, un drapé formant un pantalon, pour les hommes) et maquillés de symboles tracés sur le nez et le front avec une terre « sacrée » jaune provenant de l'Inde, les dévots se sont d'abord brièvement présentés au groupe.

L'aîné, Guy Paquette, 62 ans, originaire d'Ottawa et rebaptisé Gokulananda lors de son intégration aux Krishna, il y a une quarantaine d'années, a expliqué qu'il avait grandi dans la foi catholique. « Ma mère m'amenait chaque dimanche à la messe, où j'étais enfant de choeur, jusqu'à ce que j'entre au séminaire », raconte-t-il. Ce cheminement l'a par la suite « amené vers (la) très ancienne tradition spirituelle » des Krishna.

Éric Gagnon, 54 ans, a aussi grandi dans la religion catholique dans une ferme à Jonquière. Il a été rebaptisé « Anubhava » lorsqu'il s'est joint au mouvement avec sa femme, en 1978.

La jeune Alexandra, une Russe de 26 ans, était quant à elle hôtesse de l'air jusqu'à ce qu'elle rencontre un autre dévot et devienne Kamala-Sundare, il y a deux ans.

Les trois membres ont ensuite expliqué aux élèves quelques préceptes du mouvement perpétué en Inde.

Les trois membres ont ensuite expliqué aux élèves quelques préceptes du mouvement perpétué en Inde.

Comme le soleil qui est toujours présent même après son coucher, «la vérité existe pour toujours», commence Gokulanada. « Jésus est un être spirituel éternel »,dit-il en se déplaçant devant l’auditoire disposé en cercle. « Il (Jésus) n’est pas venu comme sauveur. Il est venu pour nous aider à devenir un parfait fils de Dieu, comme lui, à avoir un amour éternel pur Dieu, donc pour tous les êtres, poursuit-il. Le but de la religion, le but de la vie, c’est d’atteindre l’amour pour Dieu. »

[Note du carnet :jusqu'à quel point des témoins peuvent-ils prêcher en cours d'ECR leur foi ?]

On est des âmes éternelles, enchaîne-t-il. On existait avant cette vie et on va continuer après. On est des êtres éternels. On ne fait pas partie de la nature éphémère et des animaux, dont le potentiel spirituel est comme endormi», disserte le dévot, ajoutant que les humains avaient, eux, une conscience leur permettant de se questionner sur le sens de l’existence. « Les humains ont toujours tenté de répondre (à cela), mais les grands saints nous ont donné les bons indices », dit-il aux élèves. L’éducation, selon les penseurs grecs anciens, « c’est d’équiper les jeunes pour qu’ils fassent de bons choix », ajout-t-il. « On (les Krishna) est très désireux d’offrir ça aux autres », lâche-t-il avant de parler brièvement de son parcours personnel.

J’ai eu deux fils, un qui est devenu prof d’anthropologie à l’université (..) et un autre qui s’est intégré dans la tradition (Krishna). Je suis content quand il y a des gens qui suivent (le mouvement) », dit-il avant de reprendre son discours religieux, en faisant référence aux préceptes chrétiens. «Aimez-vous les uns les autres. Aimer son prochain, c’est possible quand on voit la fraternité qui nous unit. On a le même père (Dieu). Chacun de nous possède une parcelle de Dieu», affirme-t-il, avant d’inviter « Anubhava » à présenter la pratique spirituelle des Krishna qui consiste à chanter un mantra répétant les « saints noms de Dieu », la pratique principale des Krishna.

« Nous, nous glorifions Dieu en glorifiant son nom, car sa gloire est dans son nom », enchaîne ce dernier, expliquant que les mots en langue sanskrite « Rama » et « Hare », réfèrent à Dieu (Krishna), la source de tous les plaisirs et du bonheur. « On chante chaque jour abondamment son nom », indique Anubhava, précisant que les dévots de Montréal se levaient à 4 h pour commencer leur chant et cérémonie à 4 h 30 et terminer à 9 h. « C’est un chant qui va loin, jusqu’à l’âme, pour nous éveiller spirituellement », explique Gokulanada. « On va les faire chanter tout à l’heurev», lance le professeur, M. Gagné.

[Note : c'est l'enseignant qui prend l'initiative d'engager ses élèves dans une pratique spirituelle]

Les trois dévots invitent les jeunes et le professeur à se lever et à chanter. « Hare Krishna Hare Krishna, Hare Krishna Hare Hare Hare Rama Hare Rama, Rama Rama Hare Hare », entonnent-ils, certains plus enthousiastes que d’autres, au rythme d’un tam tam oblong et de minicymbales. Puis ils se mettent à tourner en cercle, en faisant des pas de côté et en tapant des mains, certains décrochant des sourires complices à l’auteure de ces lignes, d’autres en profitant pour se raconter des anecdotes de la veille.

La pratique du chant en groupe est «la méthode la plus efficace et la plus accessible pour atteindre notre plein potentiel spirituel en tant qu’âmes éternelles et serviteurs dévoués de Krishna», peut-on lire sur le site web de l’organisation.

« Comment vous sentez-vous ? », demande Anubhava, après le chant, censé être «un procédé très puissant de réalisation spirituelle» selon les Krishna.

« Bien », répond un élève, sur un ton qui fait rire ses congénères.

« Vous avez tous le sourire », note le dévot. « C’est un mantra. Ça nous extériorise. On chante et on danse; on déplace nos limites. »

À l’invitation du professeur du cours d’ÉCR, Anubhava détaille le cheminement qui l’a mené aux Krishna. « Je suis venu à Montréal en 1966. En 1968, j’ai rencontré les dévots, puis j’ai visité le temple en 1974, 1975. À cette époque, il y avait de la drogue, beaucoup de gens se cherchaient. Il y avait beaucoup d’ouvrage aussi. Partout où tu allais, tu trouvais du travail, mais il y avait un vide sur le plan spirituel. »

« Moi, je suis né dans la spiritualité. Vous avez d’ailleurs de très belles peintures ici », ajoute-t-il au passage, en désignant les grandes toiles représentant des scènes de la vie du Christ accrochées aux murs de la pièce.

[Le collège s'appelle Mont-Sacré-Cœur...]

[...]

Les dévots offrent des laddus aux élèves, le gâteau sucré le plus populaire de l’Inde, selon eux, en les invitant à prendre leurs coordonnées et un dépliant intitulé « La perfection du Yoga », un fascicule qui ne traite en rien des postures corporelles de la gymnastique, mais plutôt de leur pratique du chant des « Saints noms de Dieu ».

Pourquoi avoir invité des Krishna ?

« J’ai d’abord voulu leur apprendre la tolérance et l’acceptation de la différence », explique le professeur en entrevue après le cours, ajoutant qu’il a aussi voulu mettre les élèves en contact avec la spiritualité. «On vit dans une société très matérialiste, et vous (désignant les Krishna), vous arrivez ici avec vos valeurs spirituelles. Si c’était seulement Marc Gagné qui parlait (aux élèves), je ne suis pas sûr qu’ils seraient aussi attentifs », dit-il.

« C’est la troisième année que je fais venir des amis Krishnas » de Montréal, poursuit-il, spécifiant qu’il le faisait également dans les anciens cours de morale. Pourquoi eux et pas des juifs, des musulmans ou des membres de l’Église ? « Je fais appel aux Krishna parce qu’ils sont toujours disponibles, et parce que les élèves sont très intéressés », dit-il précisant que des prêtres catholiques sont venus par le passé. [Note du carnet : Et plus maintenant ?]

« Je ne ferais jamais venir de Raéliens [Note du carnet : ils sont pourtant au programme], par contre. Mais si j’avais des contacts aussi chez les musulmans et les juifs, j’en ferais venir », assure l’enseignant.

Si certains ont dit avoir trouvé les invités du jour trop « extrêmes », d’autres jeunes ont confié avoir beaucoup apprécié la rencontre. « J’ai appris la chanson par cœur ! s’exclame Mélodie, venue spontanément à la rencontre de la journaliste. Je me suis sentie beaucoup plus vivante après. Le fait de chanter en groupe, ça vivifie, dit-elle, et ça nous unit de tous penser à la même chose en même temps. »

[...]


Réagissez à cette nouvelle : opinion@lavoixdelest.qc.ca
Téléphone de l’école du Mont Sacré-Cœur : (450) 372-6882


Voir aussi :

Les moines et les élèves ont dansé pour « éveiller la conscience de Krichna »... « Quelle belle rencontre de valeurs ! »





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La Révolution française, un homme nouveau et l'éducation nationale...

Contrairement à ce qui est enseigné dans nos écoles, les philosophes des Lumières ne croient pas en l’existence d’une nature humaine. Cette vérité, qu’il faudrait crier sur les toits, est magistralement développée par Xavier Martin, dans son ouvrage, intitulé Nature humaine et Révolution française. Dénué de tout caractère spirituel, l’homme n’est que pure matière, totalement déterminé par les corps extérieurs. Ainsi, selon le baron d’Holbach, l’homme « est dans chaque instant de sa vie un instrument passif entre les mains de la nécessité » [1]. Pour l’ensemble des philosophes, l’homme n’est qu’une « machine », une « horloge », un « clavecin sensible et animé » [2], subissant les mouvements imposés de l’extérieur.

Le libre arbitre n'existe pas pour les philosophes des Lumières

L’homme étant déterminé, il s’ensuit que le libre arbitre n’existe pas. Ainsi, dit Spinoza, les hommes "« se trompent en ce qu’ils pensent être libres  et cette opinion consiste uniquement pour eux à être conscients de leurs actions, et ignorants des causes par lesquelles il sont déterminés » [3]. « La liberté, telle que plusieurs scolastiques l’entendent, écrit Voltaire, est en effet une chimère absolue » [4].

Les rares êtres éclairés, c’est-à-dire les philosophes, se voient chargés d’établir les meilleurs règles sociales et politiques pour l’ensemble du genre humain, qui lui, doit rester dans l’ignorance. « Le vulgaire ne mérite pas qu’on songe à s’éclairer :» écrit Voltaire [5]. « La vérité, dit-il encore, n’est pas faite pour tout le monde. Le gros du genre humain en est indigne » [6].

Doutes sur l'unité du genre humain

La diversité des individus que les philosophes et les naturalismes observent les conduit à douter de l’unité du genre humain. « Il n’est permis qu’à un aveugle de douter que les blancs, les nègres, les albinos, les Hottentots, les Lapons, les Chinois, les Américains ne soient des races entièrement différentes », écrit Voltaire [7].

L’idée que tous les hommes puissent descendre d’Adam et Eve est bien sûr rejetée par ces philosophes. « Comment se peut-il, écrit Voltaire, qu’Adam qui était roux et qui avait des cheveux, soit le père des nègres qui sont noirs comme de l’encre et qui ont de la laine noire sur la tête » [8] ? Voltaire est d’ailleurs très sévère pour les nègres : « leurs yeux ronds, leur nez épaté, leurs oreilles différemment figurées, la laine de leur tête, la mesure même de leur intelligence mettent entre eux et les autres espèces d’hommes des différences prodigieuses » [9].

Les juifs ne sont pas mieux lotis : « Vous ne trouverez en eux qu’un peuple ignorant et barbare, qui joint depuis longtemps la plus sordide avarice à la plus détestable superstition et à la plus invincible haine pour les peuples qui les tolèrent et qui les enrichissent » [10]. L’abbé Grégoire, illustre révolutionnaire, dresse lui aussi un portrait peu flatteur du peuple juif : « La plupart des physionomies juives sont rarement ornées des coloris de la santé et des traits de la beauté (..). Ils ont le visage blafard, le nez crochu, les yeux enfoncés, le menton proéminent... lls sont cacochymes et très sujets aux maladies, et exhalent constamment une mauvaise odeur » [11].

Buffon, célèbre naturaliste français, présente quant à lui un tableau de l’ensemble des peuples du monde. Certains n’ont rien à envier aux nègres ou aux juifs de Voltaire, comme les Lapons, et surtout les paysans français du « plat pays », qui sont « grossiers, pesants, mal faits, stupides, et leurs épouses, presque toutes laides » [12]. Voltaire partage avec Buffon la même aversion pour les paysans français qui sont « des rustres vivant dans des cabanes avec leurs femelles et quelques animaux... parlant un jargon qu’on n’entend pas dans les villes ; ayant peu d’idées et par conséquent peu d’expressions... ; se rassemblant certains jours dans une espèce de grange pour célébrer des cérémonies où ils ne comprennent rien... Il faut convenir surtout que les peuples du Canada et les Cafres qu’il nous a plu d’appeler sauvages, sont infiniment supérieurs aux nôtres » [13].

Les différences entre les « espèces » d’homme sont dues à de multiples causes comme le climat, la race, l’organisation sociale, etc... Par exemple, certains auteurs estiment que la sagesse ou la barbarie des moeurs de certains peuples est liée à leurs caractères physiques.

En tout état de cause, cette détermination de l’homme se fait toujours, au plus profond de lui-même, à son insu. Nos pensées, écrit le baron d’Holbach, « se sont à notre insu et malgré nous arrangées dans notre cerveau, lequel n’est que l’esclave de causes qui malgré lui et à son insu agissent continuellement sur lui » [14].

L'homme une machine qu'il faut régler, remodeler en homme nouveau

L’homme n’étant qu’une pure matière, une machine que l’on peut régler, sans que son consentement intervienne, l’intention des « Lumières », réalisée par la révolution de 1789, est de former des citoyens nouveaux, qu’il s’agit d’éduquer conformément aux souhaits des philosophes. Selon G. Gusdorf, « ce remodelage procédant du dehors au dedans suscitera l’homme nouveau selon les voies et moyens d’une pédagogie totalitaire, dont on retrouve les linéaments dans les Traités d’Helvétius, de d’Holbach, de Condorcet, de Bentham et dans l’oeuvre réformatrice des législateurs révolutionnaires. L’intention des Lumières est orientée vers la formation en série de citoyens coulés dans le même moule, ce qui conduirait à une dépersonnalisation générale » [15].

La réalisation politique de cette philosophie sous la Révolution

L’homme étant le produit d’impulsions indépendantes de sa volonté, toute modification de son environnement entraînera une évolution des comportements. Comme l’on ne peut agir sur le climat ou d’autres facteurs naturels [16], il convient d’agir sur la société, et tout spécialement sur l’organisation politique. La République, investie d’une mission éducative, exclura de son sein les réfractaires à l’ordre nouveau. La République a pour but de changer l’homme.

Conformément à cette conception, le bouleversement radical du système politique existant est destiné en réalité à changer l’homme en profondeur. C’est le but avoué des révolutionnaires. « Le peuple français, écrit Fouché, ne veut pas plus d’une demi-instruction que d’une demi-liberté ; il veut être régénéré tout entier, comme un nouvel être récemment sorti des mains de la nature » [17].

Le conventionnel Rabaut Saint-Etienne est tout aussi explicite : « il faut faire des Français un peuple nouveau, lui donner des moeurs en harmonie avec ses lois » [18]. On comprend dès lors en quoi la Révolution française réalise le projet des « Lumières », et prend dès l’origine un caractère mystique très marqué. La Révolution française, à vocation universelle, a pour mission de régénérer la France, et ensuite le monde entier.

L’Etat n’a plus pour but d’assurer le bien commun de la cité, mais d’éduquer les Français à la République. Il s’agit de se débarrasser des derniers vestiges de l’ancien monde catholique, qui fait que la Révolution a hérité de l’Ancien Régime des hommes corrompus. Cette républicanisation se fera par l’éducation, premier devoir de l’Etat. La politique n’est que l’éducation des hommes faits.

L’Etat est investi d’un rôle éducatif

Ainsi, on crée en octobre 1794 l’École normale qui, comme son nom l’indique, est destinée à dicter la norme. Selon les propres termes des créateurs de cette école, son but est de former « un très grand nombre d’instituteurs capables d’être les exécuteurs d’un plan qui a pour but de régénérer l’entendement humain dans une République de vingt-cinq millions d’hommes que la démocratie rend tous égaux » [19].

Xavier Martin souligne fort justement que ce plan « s’intéresse moins au contenu des connaissances, qu’à une restructuration de l’intelligence elle-même, à des fins quasiment exprimées d’uniformisation et de conditionnement » [20]. De multiples fêtes laïques, plus ou moins obligatoires sont aussi créées afin de déshabituer les Français aux fêtes religieuses. Le calendrier républicain relève du même esprit. La culture devient l’enjeu de la conquête de l’esprit public. Par exemple, en matière de théâtre, un arrêté du Directoire dispose que « tous les directeurs, entrepreneurs et propriétaires des spectacles (...) seront tenus, sous leur responsabilité individuelle, de faire jouer, chaque jour, par leur orchestre, avant la levée de la toile, les airs chéris des Républicains, tels que la Marseillaise, "Ça ira, "Veillons au salut de l’empire et le Chant du départ. Dans l’intervalle des deux pièces, on chantera toujours l’hymne des Marseillais, ou quelque autre chant patriotique » [21].

Cette éducation républicaine n’est pas facultative. Elle doit pénétrer jusqu’au plus profond de l’être. Aucune intériorité individuelle ne doit résister à l’empreinte des idées nouvelles, comme Jean-Jacques Rousseau l’avait prescrit : « S’il est bon de savoir employer les hommes tels quels sont, il vaut mieux encore les rendre tels qu’on a besoin qu'ils soient,- l’autorité la plus absolue est celle qui pénètre jusqu’à l’intérieur de l’homme, et ne s’exerce pas moins sur la volonté que sur les actions » [22].

Pour que cette éducation soit bien faite, la famille doit être écartée. « Helvétius, quant à lui, écrit Xavier Martin, tenait que la meilleure éducation était celle qui le plus éloignait les parents de leur enfant, n’étant point même à conseiller que celui-ci revît ceux-là "dans les vacances et les jours de congé". Il s’attachait, pour en convaincre, à démontrer la supériorité de l’éducation publique (...) sur la domestique ». À la veille immédiate de la Révolution, l’abbé Grégoire, dans le dessin philanthropique utilitaire de régénérer les juifs, expose que leurs enfants, si l’on sait les soustraire à l’éducation parentale, « recueilleront, même sans le vouloir, des idées saines qui seront le contrepoison des absurdités dont on voudrait les repaître au sein de leur famille ». Le ton était donné. L’hostilité à la famille, sous le rapport de l’éducation, se voudra guerre ouverte, au faîte de la Révolution [23]. La légalisation de visites domiciliaires, même nocturnes, cherchera à détruire l’écran familial entre l’individu et l’État.

Seuls les hommes régénérés ont droit à la protection des lois.