mercredi 29 septembre 2010

ECR et la culture du baratin « libéral »

Le philosophe Jean Laberge se penche sur la recherche de sincérité qui a aujourd’hui remplacé la recherche de la vérité en citant d'abord le philosophe américain Harry G. Frankfurt et son essai retentissant De l’art de dire des conneries (On Bullshit), on lit :
« La prolifération contemporaine du baratin a des sources encore plus profondes dans les diverses formes de scepticisme qui nient toute possibilité d’accéder à une réalité objective et par conséquent de connaître la nature véritable des choses. Ces doctrines «antiréalistes» sapent notre confiance dans la valeur des efforts désintéressés pour distinguer le vrai du faux, et même dans l’intelligibilité de la notion de recherche objective. Cette perte de confiance a entraîné un abandon de la discipline nécessaire à toute personne désireuse de se consacrer à l’idéal d’exactitude, au profit d’une autre sorte de discipline : celle que requiert l’idéal alternatif de sincérité. Au lieu d’essayer de parvenir à une représentation exacte du monde, l’individu s’efforce de donner une représentation honnête de lui-même. Convaincu que la réalité ne possède pas de nature inhérente, qu’il pourrait espérer identifier comme la véritable essence des choses, il tente d’être fidèle à sa propre nature. C’est comme si, partant du principe qu’être fidèle à la réalité n’a aucun sens, il décidait d’essayer d’être fidèle à lui-même… La sincérité, par conséquent, c’est du baratin. »
Harry G. Frankfurt, De l’art de dire des conneries, 10/18, p. 73 à 75.
[...]


Cette culture du baratin, omniprésente, procède de la sincérité laquelle est devenue, dans nos sociétés libérales, l’héritière par défaut de la vérité. La société libérale ne cultive pas tant le mensonge que le baratin. Les discours ronflants faisant l’éloge des droits de la personne, de la primauté de la personne contre la collectivité, de la tolérance, du respect de soi et des autres, constituent le baratin libéral courant.

Qu’il me soit permis d’évoquer encore une fois dans ce carnet de blogueur un seul cas, celui du nouveau cours d’Éthique et de culture religieuse (ECR), mis en place depuis septembre 2008. On n’a pas, en effet, de plus bel exemple illustrant le baratin de la culture libérale qui brille par sa démission devant la vérité et dont la marque de commerce est celle d’un souci inversement immodeste pour la sincérité.

Au nom du respect de soi et des autres, la vérité ainsi que sa recherche sont exclues du programme ECR. Ce que l’on recherche à faire dans ce programme, c’est d’amener l’élève à identifier ses valeurs et ses croyances et à reconnaître celles des autres. En somme, l’élève doit se respecter tout en respectant les autres, le pari étant que l’on pourra de la sorte assurer le bien commun, le vivre-ensemble, la coexistence pacifique. Pas le bien vivre-ensemble et le bonheur qui l’accompagne, puisque le bonheur est l’affaire privée de chacun. Or, cet objectif central d’ECR repose sur la prémisse centrale libérale de la sincérité à l’égard de soi, de ses valeurs et de ses croyances, la vérité étant exclue du processus. Ce qui compte, en bout de piste, c’est la sincérité et l’adhésion à celui ou celle que l’on est. C’est le Connais-toi toi-même socratique déchargé de l’éprouvante épreuve de la vérité. La seule exigence, c’est que celui ou celle que l’on est en toute sincérité et authenticité doive respecter ce que les autres sont. Voilà l’idéal libéral où la sincérité joue un rôle central. Or, tant qu’on ne passe pas par le test de la vérité, l’idéal libéral reste du baratin. 






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France d'outre-mer — graves échecs scolaires

Pour réussir à l’école, mieux vaut ne pas étudier Outre-mer. Ce constat sans appel a été dressé par deux chercheurs au CNRS et à l’Université de Caen, Rémi Rouault et Patrice Caro.

Les deux hommes ont étudié de près toute la France, Outre-mer compris, afin de mieux cerner les facteurs de réussite des élèves. Ils en ont tiré un « Atlas des fractures scolaires », publié aux éditions Autrement. Le livre est sous-titré « une école à plusieurs vitesses ». En effet, l’étude révèle de très grandes inégalités sur le plan national. Alors que les élèves des académies de Rennes et de Versailles s’en sortent très bien, le constat est tout autre à Lille, Créteil et surtout… Outre-mer. La Guyane, notamment arrive en queue de peloton

Faible scolarisation des parents, immigration importante, classe unique

Taux de chômage élevé, immigration clandestine, niveaux de classes disparates… les éléments expliquant cette médiocrité sur le plan scolaire sont multiples.

Interrogé par RFO Paris, Rémi Rouault insiste sur l’importance du degré d’études des parents : « Nous remarquons, et nous ne sommes pas les seuls, que la réussite scolaire est fortement corrélée au niveau d’éducation des parents, notamment au dernier diplôme obtenu par la mère », affirme-t-il.

C’est, toujours aujourd’hui, la mère, à qui revient le plus souvent la tâche d’assurer le soutien scolaire à la maison. Sa compréhension des exercices demandés est par conséquent décisive pour la progression de l’enfant.

« Pour vous donner un exemple, explique Patrice Caro à RFO Paris, dans des quartiers de Cayenne ou de Kourou, on peut avoir 80 % des parents d’élèves qui n’ont aucun diplôme, même pas un certificat d’études. Ce chiffre n’atteindra pas 10 % dans le 1er ou le 4e arrondissement de Paris ». Est-ce une surprise, les élèves de ces quartiers sont généralement beaucoup mieux armés pour aller jusqu’au baccalauréat, et bien au-delà.


Source : RFO Guyane



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Russie — Succès mitigés des cours de religion chrétienne, fort succès des cours de religion musulmane

Depuis le 1er septembre 2009, des cours de religions ou de morale laïque ont été introduit dans 18 régions de la fédération de Russie. Ces dix-huit régions regroupent près de 12 000 écoles. [Ces 18 régions sont les républiques de Kalmoukie, de Karatchaevo-Tcherkessie, d'Oudmourtie, de Tchouvachie et de Tchétchénie, ainsi que les kraïs de Kamtchatka, de Krasnoïarsk et de Stavropol et finalement les oblasts autonome juif, de Kaliningrad, de Kourgan, de Kostroma, de Novossibirsk, de Penzen, de Sverdlovsk, de Tambov, de Tomsk, de Tver et de Vologod.] Ces cours de religions seront étendus à toute la Fédération de Russie en 2012, si le bilan de l’expérience est concluant.

Contrairement au Québec, il ne s'agit pas d'imposer un seul enseignement multireligieux à tous, mais d'offrir la possibilité de choisir un enseignement distinct pour ce que la Russie appelle ses quatre religions traditionnelles. Il y aura donc des cours séparés d'enseignement religieux orthodoxe russe, islamique, bouddhiste et judaïque. Une alternative aux quatre religions est constituée par une branche sur l’histoire et la culture des religions mondiales, ainsi qu’un enseignement de « morale laïque ». Les élèves ont donc le choix entre six options différentes.

Les manuels sont divisés en quatre parties, les première et dernière étant commune à tous les manuels de religion :
  1. La Russie, notre patrie.
  2. Fondements de la religion choisie, ou de morale laïque.
  3. Fondements de la religion choisie, ou de morale laïque (suite).
  4. La tradition spirituelle de la Russie multiethnique.
Ces cours sur les religions auront lieu le 4e trimestre pour les élèves de 4e année, et le 1er trimestre pour les élèves de 5e année, à raison de 17 heures de cours par trimestre.

Trois défis

Selon l’archidiacre du Patriarcat de Moscou de l’Église orthodoxe russe Andreï Kouraev, « Cette expérience qui ne fait que commencer est une tentative hystérique de répondre aux trois défis de notre époque. Il s’agit tout d’abord de la globalisation. Comment conserver notre identité culturelle sans devenir une nouvelle Corée du Nord. Vient ensuite la question des travailleurs immigrés et le défi de l’islam. Il faut préserver l’islam russe traditionnel des peuples de la Volga de l’influence des mécènes du Moyen Orient, qui ont des objectifs différents des nôtres. Enfin le problème de la démographie nous pousse à inculquer à nos enfants le goût de la vie, de leur famille. »

 Intervention des pouvoirs publics et des professeurs laïcs

À propos de « l’identité russe », « Malheureusement, reconnaît-il, aujourd’hui, ceux qui imposent l’étude des fondements de la culture orthodoxe (FCO) sont les mêmes qui, auparavant, ont lutté contre l’introduction de cette matière. » Le père Andreï pointe directement du doigt le ministère de l’Éducation, contre qui il mène une lutte acharnée, et qu’il accuse de falsifier la volonté des parents : dans certaines régions et villes de Russie, personne n’a choisi les cours d’orthodoxie à l’école !

Islam plébiscité, orthodoxie relativement délaissée

Dans l’oblast de Tomsk et le kraï de Krasnodar, « historiquement russes », seuls 19 % des élèves étudieront les FCO, ils seront encore moins nombreux à Novossibirsk. Ils seront 34 % dans l’oblast [province] de Kaliningrad (Königsberg), 39 % dans le kraï du Kamtchatka, 20 % dans l’oblast de Kourgan, 16% en Oudmourtie, et seulement 55% dans la Tambov russe. Le seul succès relatif notable concerne l’oblast de Kostroma (75 %), le kraï de Stavropol (environ 60 %) et l’oblast de Tver (62 %). Selon des données officielles, personne (!) ne souhaite étudier les FCO dans l’oblast de Penza, où 62 % préfèrent la morale laïque, alors que les 38 % restant avouent préférer l’histoire des religions du monde. À ce sujet, remarquons que la plus conservatrice des confessions russes, l’Église des anciens orthodoxes des Pomores, a soutenu ce dernier cours. Autre résultat « parlant », celui de la Tchétchénie où les «Fondamentaux de l’islam» ont été choisis par 99,64 % des parents, les autres ayant pris les FCO.

Comment expliquer cet échec partiel ?

Le père Andreï explique ces échecs, du point de vue de l’Église orthodoxe russe, par les intrigues complexes menées par « les tours du Kremlin » qui craignent l’influence grandissante du Patriarche Kirill. Cet auteur d'un manuel de FCO a eu lui aussi son lot de déception : « Chez l’éditeur Les Lumières, se plaint-il, mon manuel sur les FCO a subi des corrections idéologiques extrêmes, sans mon accord, juste avant leur impression. La leçon 3 (sur Dieu) a été réduite de 2,5 fois. De telles coupures s’apparentent à de la censure. » La direction des Lumières a écarté du manuel les définitions de la compréhension de « Dieu », arguant que la « propagande du créationnisme » était contraire à la Constitution. Au final, pour le patriarcat de Moscou, qui a réussi à imposer les FCO dans les écoles publiques, la matière enseignée a été profanée, et il convient de se défier des enseignants éloignés de la foi, qui enseignent les « Fondamentaux de la culture orthodoxe » sans âme, mais seulement « par devoir ». Le père Andreï résume le bilan provisoire de cette expérience mieux que quiconque, lorsqu’il prononce cette phrase lors de sa conférence de presse : « Si j’avais des enfants, je ne leur permettrais pas d’étudier les FCO. »

Influence des gouvernements locaux

Pour la Novaya Gazeta, si la majorité des régions ont préféré l’enseignement de la morale laïque et l’histoire des religions du monde, cela est dû aux instances locales de l’Education.

Du fait de la structure « verticale » du pouvoir, les fonctionnaires de l’Education n’ont pu tenir une telle position contre l’avis de leur gouverneur. En outre, les ministères et les directions de l’Éducation des régions appartiennent aux organes du pouvoir des sujets de la Fédération. Ainsi, les fonctionnaires locaux ont fait délibérément montre de leur insoumission à l’Eglise orthodoxe russe.

Influence des musulmans

Les musulmans russes ont joué un rôle significatif dans cet échec de l’« orthodoxisation ». Par exemple, il y a deux ans, les pouvoirs locaux de Penza ont tenté d’imposer les FCO en réponse à l’incident survenu à Poganovka, où des antimondialistes orthodoxes s’étaient retirés du monde dans une grotte. La logique de l’État était alors à peu près la suivante : sans contrôle, l’orthodoxie dérive vers de tels phénomènes, mieux vaut enseigner la culture orthodoxe sous contrôle gouvernemental. Pourtant, les organisations musulmanes locales se sont adressées à la Procurature (le Ministère public, le Parquet) qui a interdit l’enseignement de l’orthodoxie. La même chose s’est produite dans la région du Kourgan, où les musulmans sont loin d’être une « minorité en voie de disparition ». Il n’est pas étonnant que le Kremlin n’ait pas inclus Moscou et Saint Petersbourg dans le lot des 19 régions expérimentales: ces deux villes comptent pratiquement autant de musulmans pratiquants que d’orthodoxes pratiquants.

Ces premiers échecs n’ont pas découragé les activistes religieux soutenant les FCO. Ainsi, l’éparchie de Voronej soutient-elle que dans deux à trois ans, toutes les écoles du pays dispenseront des cours d’orthodoxie. Et dans le but d’éviter les erreurs de leurs voisins, chaque école a rapidement été liée à un prêtre paroissial tenu d’éclairer systématiquement professeurs et parents. L’éparchie de Tambov a, quant à elle, officiellement déclaré qu’elle n’était pas satisfaite du chiffre peu élevé de personnes désirant apprendre les FCO. On peut tout à fait analyser de différentes manières les premiers résultats de cette expérience de l’enseignement de la religion dans les écoles laïques.

Voir aussi

Russie — Retour de l’enseignement religieux dans les écoles.

Regard sur l'Est.

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France — hausse de fréquentation dans l'enseignement catholique, mais coupure pour les établissements subventionnés






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