samedi 6 mars 2010

France — violences scolaires

Le chroniqueur Ivan Rioufol du Figaro se penche sur la violence scolaire dans un article du 17 février 2010.

Ces « profs » qui se lamentent parce qu'ils n'arrivent plus à se faire respecter des « gosses » sont les victimes d'un système égalitariste qu'ils ont pour la plupart cautionné. C'est bien l'Education nationale, bastion de la gauche défendu par la majorité des syndicats d'enseignants, qui a avalisé depuis quarante ans les réformes (conduites aussi par la droite suiviste) ayant abouti à vider l'autorité des maîtres [Note du carnet : au Québec, le maître est devenu un animateur d'élèves d'« auto-s'apprennant-auto-s'évaluant ». Ne pas rire !], à ringardiser la discipline et à placer l'élève au centre d'un dispositif dévalorisant le savoir. Ce sont ces organisations progressistes qui, dans le même temps, ont applaudi la démentielle politique d'immigration consistant, depuis trente ans, à faire venir massivement des populations nouvelles sans se préoccuper de leur intégration. L'effondrement du système éducatif, miné par l'illettrisme et la violence, est le résultat de ces politiques irréfléchies qui valaient, à ceux qui les dénonçaient, d'être traités de réactionnaires...

« Dieu se rit des hommes qui se plaignent des conséquences alors qu'ils en chérissent les causes », a écrit Bossuet. On en voit l'illustration, avec l'affolement du monde éducatif qui a poussé le gouvernement [français], mardi, à convoquer des « états généraux de la sécurité à l'école ». Encore faudrait-il que les vrais problèmes, liés à la perte d'autorité des enseignants et au rejet de l'école par certains jeunes issus « de la diversité », soient posés. Ce mercredi, dans Le Figaro, Eric Debarbieux, président de l'observatoire international de la violence à l'école, fait remarquer : « Dans certaines des pires favelas du Brésil, la violence qui domine le quartier n'entre pas dans l'école. L'école est protégée par les parents qui y sont très actifs. En France, on perçoit trop souvent les familles comme des adversaires de l'école ». Pourquoi?

Parlons clair : la violence scolaire est celle des « quartiers difficiles », comme l'a rappelé Jean-François Copé, ce matin sur Europe 1. C'est là que des familles, de culture musulmane, en viennent à se désolidariser du système scolaire à qui elles ont confié leurs enfants, selon un processus de rejet d'une insertion qu'a bien décrit Malika Sorel, intellectuelle d'origine maghrébine, dans Le puzzle de l'intégration. Elle y écrit : « Ces parents sentent très vite que c'est par l'intermédiaire de l'école de la République que risque de s'opérer la transformation de leurs enfants. C'est la raison pour laquelle ils nourrissent envers elle une grande suspicion ». Le rejet de l'école est, pour beaucoup, le rejet d'un modèle de société.






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« Plaidoyer pour notre culture publique commune »

Le texte qui suit, intitulé Plaidoyer pour notre culture publique commune, a été transmis à divers journaux, dont le Devoir et la Presse. Aucun n’a jugé pertinent de le publier.


PLAIDOYER

Ce plaidoyer se fonde sur une position fondamentale : la société québécoise telle que nous la connaissons mérite de durer en tant que bien commun. Nous parlons donc d’un acquis qui existe dans l’espace et le temps. Il ne s’agit nullement d’une utopie que nous souhaiterions inventer ou construire, mais d’une civilisation qui existe, la nôtre. Nous jouissons de bonnes institutions et d’une culture publique commune trop souvent méprisées par nos élites, mais grâce auxquelles nous avons survécu et progressé jusqu’à aujourd’hui.

Quelle est cette culture qui nous a soutenus et nourris ? La réponse, pour nous évidente, est qu’il s’agit de la tradition culturelle gréco-latine et judéo-chrétienne telle qu’héritée de l’Europe et modulée par quatre cents ans d’expérience en Amérique du Nord, et en particulier au Québec. Cette tradition, nous devons continuer à la vivre, à la nourrir, à la protéger et finalement à la transmettre aux nouveaux venus dans nos communautés : nos enfants et ceux qui choisissent librement de se joindre à nous, c’est-à-dire les immigrants.

« Au Québec, affirment les auteurs du Manifeste pour un Québec pluraliste, l'État élabore les normes collectives indépendamment des groupes religieux ou de conviction. Il exerce sa neutralité en s'abstenant de favoriser ou de gêner, directement ou indirectement, une religion ou une conception séculière de l'existence, dans les limites du bien commun. » En réalité, notre tradition occidentale, qui est à la fois religieuse et séculière, n’a pas été inventée par l’État : c’est au contraire cette tradition qui est le ressort principal de la notion de bien commun telle que nous la connaissons, c’est elle qui a informé l’État de la nature du bien commun, c’est elle qui a engendré les principes et les institutions à la source de nos droits et libertés, c’est elle qui inspire notre sens de la dignité et de la justice sociale, c’est aussi elle qui nous a apporté les valeurs de discipline et de travail à l’origine de notre prospérité. Tous ces biens, si précieux, nous pouvons les comparer aux fruits d’un arbre plein de vigueur. Que nous cessions un jour de préserver et de nourrir ses racines et il ne donnera plus de fruits. N’oublions pas que cet arbre est le produit d’au moins cinq mille ans d’efforts, de créativité, de souffrance, de sagesse accumulée et de courage. Au fond, nos intellectuels et nos professeurs proposent de remplacer un arbre vivant par des conceptions abstraites nées de cerveaux aussi intempérants qu’imprudents.

Lorsque nous nous interrogeons sur nos valeurs, il faut répondre fermement que ce sont celles de la tradition gréco-latine et judéo-chrétienne telles que vécues chez nous depuis quatre cents ans et, ailleurs en Occident, depuis deux mille ans. Les auteurs de ce manifeste ont d’ailleurs tort de nier qu’il existe au Québec « une majorité silencieuse qui n'aurait jamais renié ses valeurs traditionnelles, représentant notre véritable identité ». Pour au moins une génération encore, ce sera le cas. Il n’est pas nécessaire, comme écrivent en se moquant nos auteurs, de pratiquer une sorte de « symbiose mystique » pour parvenir « à déceler le contenu véritable des valeurs de cette majorité ». Ces valeurs font partie de la culture publique commune qui alimente, parfois inconsciemment, les paroles et les gestes de la majorité de nos concitoyens. Autrement, nous n’aurions pu agir collectivement pour édifier et maintenir cette société distincte, certes, mais occidentale, puisqu’il n’y a point de société sans culture publique commune.

Ces valeurs, issues de la civilisation occidentale, ont contribué à l’érection d’une société suffisamment prospère, libre et accueillante pour recevoir les immigrants et partager avec eux les bienfaits de cette culture. À ces gens venus d’ailleurs, il incombe de connaître et d’accueillir cette riche tradition, non seulement pour eux, mais pour les immigrants qui viendront dans l’avenir, afin que ceux-ci bénéficient à leur tour des mêmes bienfaits.

Respecter nos lois et nos chartes ne suffit pas pour être pleinement intégré à notre communauté nationale. Il faut en outre avoir été initié à la tradition gréco-latine et judéo-chrétienne, que ce soit au sein de sa famille, à l’église ou à l’école. Ainsi peut-on devenir un membre actif et responsable de notre société. Ainsi est-on capable de tracer des limites lorsqu’il le faut, en refusant par exemple l’euthanasie, le voile intégral ou la polygamie. Ce vaste corpus occidental, une fois intériorisé, nous permet d’exercer une pensée critique, et l’on peut dire que la possibilité même de critiquer la tradition qui nous a formés est l’un de ses bienfaits les plus inestimables.

Il est vrai, comme l’écrivent les auteurs du manifeste, que nos « droits et libertés » sont davantage qu’un « ensemble désincarné de normes », que celles-ci soient énoncées dans une charte ou dans un autre catalogue mis en circulation par l’État. Mais où s’incarnent-ils, ces droits et ces libertés, sinon dans une tradition toujours vivante, tradition qui est, pour nous en Occident, plus transcendante que les agissements d’autorités temporelles faiseuses et défaiseuses de chartes ? En effet, on le sait, nos gouvernements ne se gênent pas pour modifier les chartes selon leur bon plaisir ! [Clin d'œil à la Charte des droits et libertés de la personne québécoise dont l'article 41 a été modifié pour imposer le cours d'éthique et de culture religieuse.]

Nous tenons de cette tradition notre liberté de conscience et de religion, les droits inviolables des parents quant à l’éducation de leurs enfants, l’ensemble de nos libertés municipales et scolaires, ainsi que les franchises, droits et privilèges des villages, des villes, des régions, sans parler de l’institution même de la société civile : c’est au nom de cette tradition que nous condamnons sans appel le cours obligatoire d’éthique et de culture religieuse, un cours qui viole nos droits et libertés. Non seulement ne faut-il plus enseigner ce cours à l’école primaire et le rendre facultatif au secondaire, il faut plus généralement remettre l’école à la société civile et insister pour que le niveau secondaire offre des cours d’histoire et de littérature dans lesquels le canon occidental et l’expérience québécoise qui en est un surgeon seront mis en évidence. Toutes les écoles, laïques ou confessionnelles, doivent par conséquent prodiguer un enseignement tenant compte de la tradition occidentale, toutes doivent respecter un programme éducatif minimal incluant l’histoire et les littératures américaines et européennes. [Note du carnet : nous sommes moins sûrs qu'il faille imposer à tous un programme unique, même s'il a notre préférence. Si la diversité « culturelle » est un problème, il est préférable d'éviter de l'accroître par une immigration « diverse  » importante plutôt que de limiter le choix et la liberté des Québécois.]

Les Québécois sont « ouverts à la diversité » et ont su appliquer un « authentique vivre-ensemble » depuis longtemps. Il est scandaleux que des fonctionnaires et des universitaires au service de l’État veuillent leur faire la leçon, eux qui n’ont pas la décence de s’identifier haut et fort à une tradition dont ils auraient dû être les plus fermes défenseurs. Les véritables gardiens des valeurs québécoises ne se trouvent ni dans les universités, ni dans les ministères du gouvernement du Québec, mais dans la société civile, où des citoyens ordinaires, des pères et mères de familles, transmettent à leurs enfants, envers et contre tous, des coutumes, des valeurs, des principes qu’aucune charte ne saurait résumer sans trahir : cette tradition vivante, inscrite dans le cœur et dans la chair autant que dans l’esprit de milliers de gens simples et bons, restera, nous le craignons, toujours inaccessible à nos spécialistes de l’ingratitude laïque et obligatoire.

Jacques Brassard, Alma

Gary Caldwell, Sainte-Edwidge

Richard Décarie, Montréal

Patrick Dionne, Montréal

Jean Renaud, Québec






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France — L'étrange univers des classes préparatoires aux grandes écoles

Selon le ministère de l'Éducation nationale français, une grande école est un établissement public d’enseignement supérieur qui recrute ses élèves par concours et assure des formations de haut niveau. Les premières ont été créées par l'État au milieu du XVIIIe siècle, dans le but de fournir les cadres techniques et militaires des grands corps de l'État : Armée, Mines, Eaux et forêts, Administration centrale, Ponts et chaussées, Agriculture, Ports et arsenaux et Science vétérinaire. Ces grandes écoles sont souvent considérées comme des universités d'élite. La tutelle d’une grande école est assurée par un ministère qui n'est pas obligatoirement l’Éducation nationale. On citera par exemple l’École polytechnique sous la tutelle du ministère de la Défense, l’École nationale du génie rural, des eaux et des forêts sous la tutelle du ministère de l’Agriculture et de la Forêt.

Les classes préparatoires aux grandes écoles sont des filières d'enseignement supérieur situées généralement dans les lycées. Communément appelées classes prépas ou prépas et pour la plupart publiques, elles sélectionnent sur dossier et recommandations après le baccalauréat et préparent théoriquement en 2 ans, mais souvent en 3, les étudiants aux concours d'admission de certaines écoles de commerce, de certaines écoles d'ingénieurs, des écoles normales supérieures, de l'École nationale des chartes et des écoles d'actuariat. 79 000 étudiants étaient inscrits en classes préparatoires aux grandes écoles durant l'année universitaire 2008-2009.

Aujourd’hui 10 % des lycéens français qui viennent d’avoir le baccalauréat (D.E.C. québécois) intègrent une classe préparatoire, dite « prépa ». Il existe trois catégories de classes préparatoires aux grandes écoles : économiques et commerciales, littéraires et scientifiques.

Parcours d’excellence pour réussir les concours prestigieux des grandes écoles françaises, mais parfois aussi la peur de l’université et de l’échec. Pendant deux ou trois ans, ces jeunes vont devoir mettre leur vie entre parenthèse pour se consacrer exclusivement au travail. De moins en moins de loisirs et de temps libre, des nuits blanches, des fins de semaine « à bûcher », c’est le quotidien des étudiants de prépas, un des moyens pour espérer réussir le concours d’une grande école.



Comment justifier ce système unique au monde ? Comment fabrique-t-on des bêtes à concours ? Le jeu en vaut-il la chandelle ? Pendant un an, une équipe de journalistes a suivi deux classes prépas dans le prestigieux lycée Lakanal en banlieue parisienne : une première année scientifique dont les élèves espèrent passer dans la classe supérieure et une deuxième année littéraire qui espère réussir les concours. Une année d’espoir, de désillusion, de réussite aussi.






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