jeudi 10 septembre 2009

Italie — Un cours de religion, pas un enseignement générique de culture religieuse ou d’éthique

Vendredi 10 septembre, ROME, AMBAFRANCE — « Le Vatican veut l’heure de religion catholique dans les écoles » (Giacomo Galeazzi dans La Stampa) : « Face à une société de plus en plus globalisée et multiethnique, le Saint-Siège, souhaitant éviter la confusion, pose ses conditions : l’heure de religion « ne peut être transformée en un enseignement générique de culture religieuse ou d’éthique » et doit « garder son caractère confessionnel, avec le même statut que les autres disciplines ».

Mme Gelmini, ministre de l’instruction, qualifie la position du Vatican de « tout à fait digne d’être partagée : pendant l’heure de religion, on enseigne la religion catholique ».

Derrière ces déclarations, c’est aussi la décision récente du tribunal administratif du Latium relativisant la portée des cours de religion dont le Vatican cherche à contrecarrer les effets.

Voir l'article en italien

Contre la réforme pédagogique

Recension de Louis O'Neill de l'ouvrage collectif « Contre la réforme pédagogique » publié aux éditions VB en 2008.
On peut être tenté de s’engager dans le débat portant sur le cours Éthique et culture religieuse en concentrant son attention sur des aspects proches de ce qui est formellement religieux ou éthique, par exemple le fait que le caractère obligatoire du cours porte atteinte à la liberté de conscience et à la liberté de choix. Mais le collectif Contre la réforme pédagogique nous fait réaliser que le cours ECR ne représente qu’un volet d’une opération beaucoup plus vaste qui vise à supplanter l’héritage humaniste occidental pour le remplacer par une construction idéologique postmoderne dont l’objectif premier est de former des individus dépossédés de leurs racines historiques, culturelles et religieuses pour en faire des citoyens adaptés à une société inventée de toutes pièces, pur produit du socioconstructivisme.

Les auteurs de cette remise en question de la réforme ne sont pas des derniers venus. Parmi eux on trouve Normand Baillargeon, Eric Bédard, Gérald Boutin, Robert Comeau, Jean-Claude Corbeil, Charles-Philippe Courtois, Magali Favre, Josiane Lavallée, Régine Pierre, Christian Rioux etc. S’ajoutent les membres du Collectif pour une éducation de qualité qui ont rédigé le mémoire intitulé Transmettre adéquatement un patrimoine culturel et historique, présenté dans le cadre des audiences de la Commission Bouchard-Taylor et reproduit dans le collectif. A noter les noms de Jacques Dufresne. Marc Chevrier et Emile Robichaud. A noter aussi l’avertissement inscrit en conclusion du dit mémoire : « Ne sacrifions pas, encore un fois, la jeunesse à quelque dieu du temple pédagogique. Il en va de l’avenir même de notre collectivité nationale ».

Dans certains pays, dont la Belgique et la Suisse, on avait commencé à bricoler un fourbi pédagogique apparenté à celui qu’on est en train d’implanter au Québec. Mais il appert que là-bas le bon sens et l’instinct de survie ont repris le dessus. On a freiné le processus de démolition amorcé par le constructivisme radical. Ici, on semble pour le moment laisser aller les choses. La classe politique regarde béatement le train passer. Faut croire qu’on n’est pas encore assez proche du précipice. La nation québécoise aime-elle les risques à ce point ? Car le débat dépasse les seules questions pédagogiques : il concerne l’identité nationale, celle-là même que nos ancêtres ont voulu protéger quand ils ont réclamé et obtenu en 1867 la souveraineté en éducation. Mais ils n’auraient jamais pu imaginer que plus tard des esprits postmodernes tenteraient de saboter le système par l’intérieur en le vidant de sa substance à la fois philosophique, humaniste, religieuse et nationale.

Les penseurs de qualité qui ont entrepris le procès de la prétendue réforme en éducation sonnent le réveil. Ils nous rendent un grand service, car beaucoup de gens qui auraient dû veiller au grain s’étaient laisser endormir par les propos ronflants de sophistes filandreux. Il faut éviter que ne se répète ici l’épisode du cheval de Troie.

LOUIS O’NEILL
Contre la réforme pédagogique
Sous la direction de Robert Comeau
et Josiane Lavallée
VLB éditeur
Collection Partis pris actuels
2008 — 320 pages — 27,95 $

Libérez-vous des idées tronquées

Amusante la publicité pour le Devoir, ce journal du prêt-à-penser politiquement correct qui a jeté tout son poids derrière la privation de droits parentaux en éducation et l'imposition du cours d'éthique et de culture religieuse, voir son éditorial nommé Vain combat.



Le Devoir mentionne « une » étude (admirez la précision !) Heureusement, il n'y a pas tant d'études canadiennes où les élèves québécois se classent au premier rang.

De quelle étude s'agit-il ?

Il s'agit du rapport du Programme pancanadien d'évaluation (PPCE), publié le 24 avril 2008 par le Conseil des ministres de l'Éducation du Canada sous le titre Évaluation du PPCE-13 de 2007 où les élèves québécois de 13 ans sont parmi les meilleurs au Canada.

Mais il y a un hic.

Très faible taux de participation des Québécois

Alors qu'en Ontario 90 % des étudiants sondés ont pris part à l'enquête, seuls 64,7 % des jeunes Québécois francophones y ont participé. La moyenne canadienne (y compris les Québécois) est de 83,9 % de participants.

Au Québec, quelque 27,4 % des parents d'élèves francophones ont refusé que leur progéniture participe aux examens. Ce taux de refus n'est que de 19 % chez les anglophones québécois.

L'étude ne précise pas quel impact ce faible taux de participation a pu avoir sur les résultats obtenus.

Nous avons contacté le Conseil des ministres de l'Éducation. Il nous a déclaré que les refus de participation étaient, selon lui, aléatoires dans les écoles. Mais lorsque nous avons demandé si on avait des détails précis sur des indices socio-démographiques des élèves participants (leur langue maternelle par exemple) pour savoir si l'échantillon québécois reflétait bien la population québécoise, le Conseil nous a répondu que ces détails ne seront disponibles que dans un rapport ultérieur. Lequel, à notre connaissance, n'est toujours pas publié.

Et les autres études...?

Malheureusement, les résultats du Québec sont nettement moins reluisants dans d'autres études qui ne souffrent pas d'une abstention aussi visible. C'est le cas du Programme international de recherche en lecture scolaire (PIRLS) est une initiative de l’Association internationale pour l’évaluation des acquis scolaires (IEA). Il évalue les habiletés des filles et des garçons de neuf ou dix ans (élèves de 4e année) par rapport à la lecture de textes littéraires et informatifs authentiques. Le PIRLS a été administré pour la première fois en 2001.

Les résultats de l’enquête internationale PIRLS 2006 portant sur les aptitudes en lecture des enfants de 9/10 ans ont été rendu publics en novembre 2007. En 2001, le Québec s'était classé sixième. En 2006, il glissait à la seizième place.

Les décrocheurs pas testés dans les épreuves PISA

Dans les tests internationaux de l'OCDE, le Québec se hisse à la 4e place parmi les provinces canadiennes pour ce qui est de la science et la lecture, mais 1re pour les mathématiques (et 5e à ce titre au niveau mondial).

Mais là encore, il y a un hic. Si le PISA évalue les enfants du public et du privé, il ne teste pas les décrocheurs, très nombreux au Québec. Ils ne testent pas ceux qui n'y sont pas et qui sont les plus susceptibles de faire baisser la moyenne de performance. Imaginez le bond en avant qu'une moyenne peut faire si l'on retranche toutes les notes les plus basses.

Rentabilité de l'éducation par pays

On dit que l'éducation est un investissement. Mais dans quel pays cet investissement est-il le plus rentable ?

Voici le rendement de l’investissement dans l’éducation en comparant les coûts de l’éducation et le manque à gagner au cours des études, et les perspectives d’un futur salaire plus élevé grâce à l’obtention d’un diplôme de niveau supérieur.





L’édition 2009 de Regards sur l’éducation calcule le rendement de l’investissement dans l’éducation en comparant les coûts de l’éducation et le manque à gagner au cours des études, et les perspectives d’un futur salaire plus élevé grâce à l’obtention d’un diplôme de niveau supérieur.

Ces calculs ont permis de formuler les observations suivantes :

  • Un homme diplômé de l’enseignement supérieur peut prétendre à un avantage salarial cumulé tout au long de sa vie supérieur à 186 000 $ américains brut en moyenne dans les pays de l’OCDE, par rapport  à un diplômé de l’enseignement secondaire.
  • Ce chiffre est moins élevé pour les femmes, ce qui reflète les écarts de revenus constatés entre les hommes et les femmes dans la plupart des pays. Il s’élève tout de même en moyenne à un peu plus de 134 000 $ américains.
  • C’est aux États-Unis que l’avantage salarial est le plus élevé [pour l'instant...]. Un homme diplômé de l’enseignement supérieur peut en effet gagner, pendant la durée totale de sa carrière, plus de 367 000 $ américains de plus qu’un diplômé de l’enseignement secondaire. Cet avantage atteint 229 000 $ américains pour les femmes.
  • La deuxième position est occupée par l’Italie pour ce qui est des hommes, avec un avantage cumulé sur toute la durée de la carrière supérieur à 322 000 $ américains, et par le Portugal pour ce qui est les femmes, avec un avantage moyen de près de 220 000 $ américains.

Source : OCDE, Investir dans l’éducation : un moyen pour lutter contre la récession et accroître les futurs revenus, graphiques via Antagoniste.

ECR : « le récent jugement est contestable »


Article paru dans L'Express de Drummondville de cette semaine.

« [...]

Appelée à donner ses réactions à la suite du jugement rendu en Cour supérieure rejetant la requête des parents dans le dossier du cours d'éthique et de culture religieuse, Françoise Lavallée, l'une des plus farouches opposantes au caractère obligatoire de ce programme, affirme que ce jugement est contestable.

Cela ne veut pas dire que Mme Lavallée, mère de Suzanne, l'un des parents ayant livré bataille au plan juridique, ainsi que ceux et celles qui sont en désaccord avec ce jugement vont assurément le contester à un plus haut niveau, mais le moins que l'on puisse dire, c'est qu'on y pense sérieusement.

« Ce jugement déboute, en première instance, les parents qui demandaient à pouvoir avoir leur mot à dire sur la formation morale et religieuse de leurs enfants. Il est bien évident que je suis fort déçue et consternée de cette décision qui leur impose le cours d’éthique et de culture religieuse », a d'abord exprimé Mme Lavallée qui trouve "fort peu motivée et mal avisée" cette décision.

Selon Françoise Lavallée, l'une des instigatrices de la Coalition pour la liberté en éducation (CLÉ), les parents avaient invoqué dans leur requête plusieurs motifs pour demander l’exemption de leurs enfants.

« Pour faire bref, ils s’opposaient au relativisme et au pluralisme du cours qui présente et traite toutes les religions sur un pied d’égalité, toutes aussi légitimes les unes que les autres, et ce, dès le plus jeune âge. Les parents s’opposaient également au fait que l’enseignement et les discussions en éthique puissent s’opposer à la morale catholique », rappelle Mme Lavallée en précisant que quatre témoins experts sont venus étayer leurs craintes devant le tribunal.

Or, déplore cette femme de caractère, le jugement passe sous silence ces témoignages en faveur des requérants, et ce, sans expliquer pourquoi, ce qui est étonnant à son dire.

« Ce jugement stipule simplement que la croyance sincère de la mère à l'effet que ce cours peut nuire à ses enfants n’est pas suffisante, et ce, sans plus d’explication. Il balaie les expertises qui démontrent bien que cette croyance n’est pas frivole », expose Françoise Lavallée.

Celle-ci ne cache pas qu'elle a été surprise de l’importance accordée par le Tribunal au seul témoignage du théologien Gilles Routhier.

« Pourtant au procès, il n’avait pas impressionné l’assistance par son insistance erronée sur le rôle de la Congrégation pour l’éducation catholique. Quant à l’interprétation de la doctrine catholique telle que présentée par M. Routhier, seule retenue par le juge Dubois, le théologien Guy Durand a déclaré qu’elle "frise la malhonnêteté" », soumet-elle.

Mme Lavallée en veut pour preuve le document publié en mai 2009 par le cardinal Zénon Grocholewski, président de la Congrégation pour l’éducation catholique et refusé par le juge Dubois, qui, plaide-t-elle, rappelle longuement l’enseignement de Rome : responsabilité première des parents sur l’éducation de leurs enfants, avec droit à une aide complémentaire de l’école; préférence pour l’école catholique, qui permet « d’éviter des tensions et des fractures dans le projet éducatif »; sans oublier le droit des parents dans l’école non confessionnelle à un enseignement religieux conforme à leur convictions.

Françoise Lavallée fait valoir que l’ancien ministre, Louis O’neill, également théologien, est venu témoigner dans le même sens.

« Si l’Église reconnaît l’importance de la connaissance des religions, rien ne permet de conclure, au contraire, que cela devrait se faire dès la prime enfance et encore moins dans la perspective du programme ECR. D’ailleurs, même Gilles Routhier, partisan de l’imposition du cours ECR, reconnaît dans une entrevue donnée le 1er septembre et rapportée par le Western Catholic Reporter qu’il y a débat quant à savoir si le contenu du cours ECR est relativiste" », rajoute cette grand-maman de Drummondville.

Jugement contestable

« Je considère que ce jugement est contestable parce qu'il ne justifie pas son rejet de la croyance sincère des parents appuyés par des experts, parce qu'il s’appuie sur une interprétation fautive de la doctrine catholique et parce qu'il oublie que, même dans le cas où il y aurait débat quant à savoir si le cours est relativiste, le respect des convictions des parents et la prudence demandent de pencher pour l’exemption. On exempte pour motif religieux au cours de musique, de gymnastique, d’art plastique à la simple demande des parents, sans faire d’inquisition et imposer un passage par le tribunal. Dans ce cas-ci, des parents catholiques demandent une exemption pour motif religieux et elle est fermement rejetée d’une manière peu convaincante. Pourquoi cette différence ? », questionne Françoise Lavallée après avoir livré ce résumé de sa pensée.

Pour cette dernière, il est clair que les experts ne peuvent pas trancher à la place des parents pour dire c’est cela que vous devriez croire en votre âme et conscience.

« Le juge ne s’est pas penché sur toute la preuve si on veut faire croire que ce jugement clôt le débat sur le cours ; il n’a, par exemple, permis la production comme preuve que d’un seul manuel du primaire, pas l’ensemble des manuels et surtout des cahiers et activités en classe. Et que fait-on de notre liberté de choix et de conscience ? La démocratie est totalement bafouée comme si elle était inexistante. C’est aberrant », conclut Françoise Lavallée, qui ne semble pas avoir dit son dernier mot dans ce débat.

»

État nounou — Lutte au décrochage dès la garderie, dès la naissance...

« À la maison, je m'ennuie ! À la garderie, je suis content ! »
Affiche soviétique des années 30
La ministre du Monopole de l'Éducation, Mme Courchesne, a déclaré que, dans le but de lutter contre le décrochage scolaire, elle demanderait un suivi plus serré des enfants dès la garderie... Plus de Monopole, plus tôt.

M. Ménard, le financier qui a pris à cœur la lutte contre le décrochage scolaire, a souligné le fait que le plan d’action de la Ministre interpelle les intervenants tout au long du continuum de vie de l’enfant. « Le décrochage, ça se prépare parfois dès la naissance de l’enfant ou encore au cours de la petite enfance, avant même son entrée à l’école. Les actions annoncées à ce stade de vie des enfants sont cruciales et devront recevoir toute l’attention qu’elles méritent, a précisé M. Ménard. Dès la naissance ? Quelle sera la prochaine étape ? Enlever ces enfants à la naissance à leur famille indigente et les faire adopter par des couples modèles désignés par l'État nounou ? Les laisser dans leurs familles défavorisées n'est-ce pas les condamner à un risque scolaire inacceptable ?

Présent à la conférence de presse, le ministre de la Famille, Tony Tomassi, en a profité pour annoncer l'ajout de 15 000 places en garderie para-gouvernementale. Toujours rien pour les familles qui éduquent les enfants à la maison pendant la journée. Peut-être sont-elles mêmes suspectes ?

Et ce gouvernement ne serait ni de gauche, ni étatiste !

Voir aussi Étude de 6 ans sur 35 000 enfants : la maternelle publique et gratuite est sans effet sur les résultats au primaire.