mercredi 29 juillet 2009

L'Œuvre d'Orient :
aider le plus ancien collège francophone du Liban

Le collège Saint-Joseph d’Antoura vit un drame : ses entrepôts ont brûlé. Et avec eux toutes les fournitures scolaires et les uniformes de la rentrée prochaine ! Près de 500 000 dollars partis en fumée ! Le supérieur de cet établissement francophone tenu par les lazaristes, le Père Antoine-Pierre Nakad, m’appelle au secours : « Je suis habité par une angoisse profonde : celle de devoir assurer la rentrée prochaine… pour 4000 élèves !

Dans le meilleur des cas, l’assurance couvrira 20 % des dommages car l’installation électrique est vétuste…! Un vrai cauchemar ! « Je ne peux compter sur aucune aide, de nulle part » de déclarer Mgr Philippe Brizard. « Il m’en coûte de tendre la main… ». La situation est catastrophique. Sans manuels, livres, cahiers, matériel pédagogique… les cours sont impossibles » d'ajouter le prélat. Le plus ancien collège chrétien du Liban doit-il fermer ? 4 000 élèves vont-ils être privés de cours ? Et que vont devenir leurs professeurs ?

« Dans le contexte économique actuel, il m’est difficile de vous demander un soutien financier. Et pourtant, je dois le faire. Je dois le faire car il n’y a pas d’autre solution » conclut Mgr Philippe Brizard dans une missive envoyée aux donateurs de l'Œuvre d'Orient.

Plus de détails.

Site du collège.

Pour soutenir, le collège d'Antoura, cliquez ici (paiement par cartes de crédit).

Merci de préciser « Collège d’Antoura » dans le champ « Commentaires ».

Colloque « Les origines catholiques de la Révolution tranquille »

La revue Égards, Campagne Québec-vie, la paroisse Sainte-Julienne et l’Institut Rocher organisent le 30 juillet leur colloque annuel. Le thème cette année porte sur les origines catholiques de la Révolution tranquille.

Colloque
« Les origines catholiques de la Révolution tranquille »
Église paroissiale Sainte-Julienne
(Diocèse de Joliette)
Jeudi 30 juillet 2008


 9 h 00 — Accueil, café, brioches et inscription

10 h 00 — Messe

11 h 00 — Conférence inaugurale de l’abbé André Chevalier, « Feu la Chrétienté » (Emmanuel Mounier)

11 h 20 — Résumé du livre de Michael Gauvreau Les origines catholiques de la Révolution tranquille, par M. Jean Robert Gauthier, chroniqueur au Nouvel Informateur Catholique

11 h 45 — Conférence de M. Jean Renaud, écrivain et directeur de la rédaction, revue Égards, « Charles De Koninck, le personnalisme et la Révolution tranquille »

12 h 30 — Repas champêtre

13 h 45 — Conférence de M. Gilles Paquet, sociologue de l’Université d’Ottawa, sur « Les maîtres à penser de la Révolution tranquille, l’abbé Gérard Dion et Fernand Dumont »

14 h 30 — Conférence de M. Richard Décarie, porte-parole de la CLÉ, sur la « Coalition pour la Liberté en Éducation, le procès de Drummondville et les conséquences politiques »

15 h 15 — Communication de Me Fernando Noël, avocat de Québec, sur « La création d’un réseau d’écoles catholiques »

15 h 30 — Pause

16 h 00 — Discussion, conclusion et suites à donner (allocution de M. Jean-François Plante, candidat à la direction de l’Action Démocratique du Québec)




[1] Le coût de l’inscription est de 35$ (repas inclus)

Vous pouvez payer aussi auprès de la revue Égards, Campagne Québec-Vie ou sur place.

Pour la revue Égards, téléphonez au (514) 344-2686. Par la poste (en libellant le chèque à Égards) : 5122, Côte-des-Neiges, CP 49 595 – Montréal, Québec – H3T 2A5.

[2] Si vous avez besoin de transport ou si vous pouvez transporter des passagers de Montréal ou de Québec, veuillez communiquer avec :
  1. Campagne Québec-Vie
    N° de téléphone : 514-344-2686)

  2. Église Sainte-Julienne-de-Montcalm :
    2417, rue Victoria
    Sainte-Julienne (Québec)
    J0K 2T0
    N° de téléphone : 450-831-2321


Sainte-Julienne est située près de Rawdon dans la région de Lanaudière. De Montréal, prendre l’autoroute 25 Nord et ensuite la route 125 Nord.


(Cliquer sur l'image pour en afficher une version plus grande)
 

Fascination française pour l'« Amérique d'Obama » et ses écoles à charte

C'est alors que, pour un sondage, la popularité de M. Obama est désormais inférieure (55 %) à celle de Georges Bush (56 %) au même point de son premier mandat, et même sous les 50 % pour un autre, que le grand journal de « droite » français, Le Figaro, entreprend un grand voyage dans l'Amérique d'Obama. Et pour parler des écoles américaines qui pourtant ne brillent pas dans les classements internationaux.
Je me suis souvent demandé, au cours de ce voyage, ce qui rendait les Américains aussi optimistes, polis, et respectueux les uns envers les autres, même en période de récession économique. J'ai trouvé. L'an prochain, ma fille quittera le système scolaire français pour entrer dans une école américaine. Je sais qu'elle n'apprendra pas autant de choses que dans nos lycées, mais en sortant de sa scolarité, elle sera préparée à une vie sociale harmonieuse et à travailler en équipe.
Voilà qui est rapide. Comme si cet optimisme américain n'existait pas avant l'obligation de scolarité et comme si la société en général caractérisée par une forte croissance économique et démographique, une religiosité assumée, un patriotisme évident et le sentiment de « destinée manifeste » ne pouvait pas expliquer cet optimisme ambiant.
Elle ne sera pas une aigrie, car ses professeurs l'auront investie d'une singulière confiance en elle-même.
Pourtant, l'école américaine produit aussi des élèves brimés ou rejetés par leurs camarades et qui sont aigris. Faut-il absolument revenir sur les cas de lycéens comme ceux de Columbine ? L'école américaine ne produit pas automatiquement des élèves « préparé[s] à une vie sociale harmonieuse et à travailler en équipe ». Elle est d'ailleurs extrêmement compétitive et individualiste dans les sports et les éléments les moins doués sont marginalisés.

Enfin, l'école du Québec a beaucoup de traits communs avec l'école américaine : travail en équipe, élèves flattés et faible transmission d'une culture générale. Cela n'empêche pas les jeunes québécois d'être parmi ceux qui se suicident le plus.
J'ai visité de nombreux établissements scolaires aux États-Unis. Je le fais dans tous les pays où je passe, dès que je le peux. Les écoles me semblent être les marqueurs tangibles de la situation véritable d'une nation. Il y a toujours un lien entre l'investissement des États dans les systèmes éducatifs et leur niveau de développement.

[...]

En Chine, l'investissement de l'État dans l'éducation est minimal. Aux parents de payer.
L'auteur semble confondre ici la scolarité obligatoire et l'éducation supérieure. L'école primaire et les trois premières années du secondaire sont gratuites, pas l'université.

La Chine a beaucoup investi et continue d'investir beaucoup en éducation, plus de 10 milliards de dollars canadiens en 2008, une augmentation de 45 % par rapport à 2007.

De toute façon, partout les familles paient en fin de compte, dans nos sociétés socialisées, les familles paient par l'entremise des taxes diverses qu'elles acquittent et sont souvent privées de véritables choix d'école à moins de vouloir payer deux fois (une fois par leurs impôts et une seconde fois pour l'inscription à une école privée qui, au Québec, est également fortement soumise au Monopole de l'Éducation).
Le résultat est lamentable.
D'une part, le résultat de quoi ? Les écoles chinoises sont-elles mauvaises ou leurs universités ? Lamentable selon quelle échelle ? La confiance en soi, l'optimisme ou les connaissances ? L'auteur parlait d'optimisme au début de l'article...

D'autre part, la Chine revient de loin. C'était un pays très pauvre il y a quelques décennies qui venait de subir les années folles de la Révolution culturelle et qui s'en sort, entre autres, grâce à de gros investissements dans l'éducation : le pays est passé de 1,4 % d'une classe d'âge à l'université en 1978 à près de 20 % en 2005.

En ce qui a a trait aux tests internationaux où les États-Unis sont des abonnés aux moins bons résultats, il faudra attendre les résultats du PISA 2009 pour avoir une meilleure idée du niveau des jeunes Chinois.
Les jeunes Chinois se ruent vers les universités américaines, canadiennes ou australiennes.
Il est indéniable qu'il y a une fascination pour le monde anglo-saxon chez les Chinois.

Elle a été, entre autres, entretenue par des succès de librairie comme Liou Yiting, la fille de Harvard (哈佛女孩刘亦婷) qui fut, pendant 16 semaines, numéro 1 des ventes en librairies en Chine avec plus de 1,5 million d'exemplaires vendus.

Maintenant, cette fascination est-elle méritée ? Tous les étudiants chinois ne vont pas dans les meilleures universités anglo-saxonnes, toutes ces universités réputées ne forment pas nécessairement le mieux les étudiants de premier cycle universitaire (c'est souvent leur implication dans la recherche de pointe qui leur attire les honneurs dans les classements comme ceux de Shanghaï).
La Chine offre à l'Occident ses meilleurs étudiants !
C'est en partie vrai, bien qu'il s'agisse aussi d'une politique délibérée de la Chine pour rattraper son retard scientifique. En outre, de plus en plus d'étudiants chinois reviennent (ici et ). Près de 90 % des diplômés chinois à l'extérieur veulent revenir en Chine. Et de plus en plus d'étrangers vont étudier en Chine.
Partout, les dirigeants des pays sont obsédés par des objectifs de survie politique à court terme.
Si c'est partout ce ne serait donc pas mieux aux États-Unis, mais ce n'est pas du tout évidemment de toute façon dans une dictature comme la Chine où il ne faut pas toujours avoir un œil rivé sur les sondages ou les prochaines élections de mi-mandat, par exemple.
La qualité des écoles n'est pas leur priorité.
Sauf pour Obama... ?
Marginaliser les enseignants démotivés

Aux États-Unis, je découvre avec stupéfaction qu'en ce domaine, les problèmes sont semblables aux nôtres. Les bureaucraties régulant les systèmes scolaires, qu'elles soient locales ou fédérales, sont devenues des «mammouths», pour reprendre l'expression de Claude Allègre. Une révolution balaye cependant l'école publique américaine depuis quinze ans. C'est celle des charter schools.
Il s'agit d'un journaliste français, il doit donc parler anglais. Il existe également des écoles à charte au Canada, en Alberta.
Le mouvement n'a ni leader charismatique ni réelle structure. Son principe est simple. Il s'agit de marginaliser les enseignants du public qui se contentent de faire du gardiennage ou le service minimum pendant leurs cours, en libérant la créativité des autres profs les dynamiques et les entreprenants du corset de leur administration de tutelle. Le mode de fonctionnement est élémentaire lui aussi : les autorités dépensent entre 12 000 et 50 000 dollars (pour les élèves handicapés) par an et par enfant. Si l'élève change d'école, cette somme le suit. Les charter schools reçoivent cet argent pour chaque élève, à l'égal des écoles publiques.
Ce montant varie d'un État à l'autre. Selon une étude de l'Institut Thomas B. Fordam en 2005, les écoles à charte recevaient près de 2 000 $ de moins que les autres écoles publiques voisines. À San Diego et Atlanta, les écoles à chartes recevaient 40 % de fonds publics en moins que les écoles publiques traditionnelles. Toutefois, une partie des fonds des écoles à charte peut provenir de sources privées.
Pour être subventionnées, elles ont des obligations. Elles doivent être des associations à but non lucratif, gratuites et ouvertes à tous. Elles ne peuvent être que laïques.
On ne voit pas en quoi cette limite s'impose. Si l'école doit servir les parents et une éducation ne se limite pas à apprendre des matières, l'instruction, mais comprend aussi une dimension morale, on ne voit pas pourquoi certaines écoles à charte ne pourraient pas être confessionnelles et servir ces parents et leurs enfants. Les parents religieux sont-ils des contribuables de seconde zone ?
Pour le reste, elles organisent leur enseignement comme elles l'entendent. Elles sont dégagées de toute tutelle administrative.
C'est une simplification, il semble que le journaliste ne connaisse que la situation de Washington, D.C. En réalité, il existe des États à législation restrictive et des États à législation permissive qui octroient une large autonomie aux écoles à charte qui les libère des conventions collectives, de la bureaucratie éducative et permettent l'établissement de plusieurs agences indépendantes qui évaluent les écoles à charte. Dans ces États permissifs, de nombreuses écoles à charte restent ouvertes plus longtemps que les écoles publiques. Pour une comparaison de la liberté concédée par les États, voir ce tableau.
On ne les juge que sur les résultats scolaires obtenus.

« Durant les années 1980, explique Malcolm Peabody, président de l'association Les amis du libre choix dans les écoles urbaines, toutes les tentatives pour réformer les écoles ont raté. Elles ont été coulées par la bureaucratie de l'enseignement public et des syndicats de professeurs. Quand la bureaucratie exerce un contrôle sur les écoles, c'est un désastre. En 1991, un groupe de Minneapolis a eu l'idée de détacher les écoles de la bureaucratie. Quarante-trois États sur cinquante ont adopté une législation allant dans ce sens. »

Une chance de promotion sociale offerte aux défavorisés

Bien des fondateurs ou directeurs de ces écoles sortent des universités les plus prestigieuses du pays (Harvard, Princeton, Yale…) ou de l'enseignement public. Je suis impressionné par leur enthousiasme vis-à-vis de leurs quartiers. Anne Herr a fondé l'école Capital City, à Washington. Elle explique : « Des communautés entières ont sombré là où la population est la plus pauvre, parce que les profs campaient sur leurs avantages acquis, ne voulaient pas rallonger leurs horaires de travail, les adapter, ou aller discuter avec les familles. La culture de la rue était devenue plus forte que celle de l'école et de la famille. Les enfants se droguaient parce qu'ils étaient hors de tout contrôle. »

Les Américains les plus aisés échappent à la médiocrité de l'enseignement gratuit en envoyant leurs enfants dans des private schools. Elles sont l'équivalent de nos écoles privées,
[Note en passant : pourquoi ne pas parler français et les appeler des écoles privées plutôt que « private schools » alors ?]

Sur le fond, ce n'est pas tout à fait exact. La qualité et les budgets des écoles publiques aux États-Unis varient beaucoup, car une large part de leur financement vient des impôts locaux. Les écoles publiques des banlieues cossues sont donc bonnes, enfin ne manquent pas de sou, même si la formation scolaire peut souvent apparaître comme superficielle pour un lycéen français ou belge.
en beaucoup plus cher (18 000 dollars minimum de droits d'inscription par an et par enfant). Les familles des classes moyennes et défavorisées, ne peuvent pas se les offrir. Ce sont elles qui souffrent le plus de la décomposition de l'école publique.

Elles se ruent donc vers les charter schools. Les quelque cinq mille écoles qui se sont créées sur ce modèle accueillent 1,3 million d'enfants aux États-Unis. À Washington DC, les charter schools ont déjà raflé 28 033 des 73 120 élèves du secteur public. Leurs classes ne comportent jamais plus de dix-huit élèves, les établissements sont de petite taille (250 élèves en moyenne). Leurs résultats scolaires sont infiniment supérieurs à ceux des écoles publiques. À Washington, les jeunes Noirs ou les Latinos qui constituent 91 % des recrues des charter sortent du secondaire avec des taux de réussite en lecture et en mathématiques deux fois supérieurs à ceux des écoles publiques. Les élus sont ravis. L'État, sans dépenser un sou de plus qu'ailleurs, offre aux minorités défavorisées de meilleures chances de promotion sociale.
Si ces chiffres sont exacts pour Washington D.C, le portrait au niveau national est trop rose : les écoles à charte de Washington D.C. sont moins bonnes que les écoles publiques du pays (le trait rouge dans les graphiques ci-dessous) où celles-ci ne brillent pas particulièrement.

Source : Washington Post, 15 décembre 2008
Un enthousiasme communicatif

Barack Obama a fait du redressement des écoles publiques une priorité absolue de son mandat.
Georges Bush en avait fait autant : No Child Left Behind, loi qui faisait déjà la promotion des écoles à charte.
Les minorités sont le socle de son électorat.
Ah, il n'est plus le président post-racial ? Tsk, tsk.
Il encourage les charter [pas de s?], même si les démocrates y sont généralement opposés. C'est le cas du maire de Washington, Adrian Fenty. Il est déchaîné contre les charter, car il a été élu avec l'appui des syndicats de professeurs. La loi prévoit qu'un poste d'enseignant des écoles publiques est supprimé par l'État fédéral chaque fois que ces écoles perdent 25 élèves. Plus de 1 200 profs du public ont donc été renvoyés dans la capitale, où près de 90 charter schools ont fleuri. La rage des lobby [Le Figaro n'a plus de « s »?] de l'enseignement public contre les charter est extrême.

Je visite plusieurs charter schools. Elles sont devenues des points d'ancrage dans des quartiers de la capitale des États-Unis, où il y a vingt ans l'on s'entre-tuait. Les enfants y travaillent tous les jours, samedi compris. Pas de longues vacances, même en été. Les élèves sont rarement laissés à eux-mêmes. Les profs sont payés comme dans le public. Mais leur enthousiasme est communicatif. Ces nouvelles écoles sont les leurs.

À l'école Haynes, du nom de sa fondatrice (une diplômée de l'université de Yale), j'arrive dans un gymnase très gai, en pleine « célébration de la communauté asiatique ». Parents et enfants sont déguisés en Japonais, en Indiens, en Chinois… L'ambiance est chaleureuse. « Nous faisons cela une fois par mois, toujours pour une communauté différente, car nos élèves sont pour moitié des Noirs, pour un quart des Latinos, et le reste ce sont des Blancs, des Asiatiques, ils viennent de tous les pays du monde », explique Julie Green, la directrice du développement. Les enfants dansent sous la bannière de la devise de l'école qui proclame : «Be kind, Work hard, Get smart ! » (soyez aimable, travaillez dur, et devenez intelligents). Les voici qui lisent ensemble. « C'est un concours pour lire collectivement 5 millions de mots dans l'année, et ils en sont déjà à 4,7 millions de mots ! », s'extasie Caroline, la mère d'un petit Chinois âgé de 9 ans. « 60 % des parents ici sont au-dessous du niveau de pauvreté, leurs enfants bénéficient des programmes de repas gratuits à l'école », explique Steph, une enseignante.
Les écoles à charte ont certainement des qualités, au premier chef leur autonomie et la concurrence qu'elles introduisent dans le secteur public. Mais, par ce fait même, elles faussent la concurrence par rapport aux écoles privées — puisqu'elles sont très subventionnées — et défavorisent donc une véritable liberté de choix. Il faudrait pour cela donner ou plutôt rendre l'argent aux parents et les laisser décider de l'école que leurs enfants fréquentent : une école administrée par l'État ou une école privée. Voir aussi Michel de Poncins : privatiser l'instruction.

En théorie, les écoles à charte devraient permettre une plus grande imputabilité et la fermeture des mauvaises écoles. Dans la pratique, ces fermetures se révèlent difficiles et plusieurs écoles à charte sont souvent mal gérées et perdent de l'argent. Un réseau de 60 écoles à charte californiennes a dû être fermé en 2004 à la suite d'une importante fraude.

Dans les faits, les résultats des écoles à charte ne brillent pas et elles tendent à augmenter la ségrégation raciale. Contrairement aux écoles catholiques aux États-Unis, par exemple, qui sont ethniquement plus mixtes que les écoles publiques.
L'important, c'est le travail d'équipe

Le plus frappant, pour un Français, c'est l'enseignement délivré dans ces écoles. Les enfants travaillent en groupes. Ils sont de trois à cinq élèves, réunis autour de tables communes. Ils discutent, l'ambiance est aussi informelle que dans la cuisine d'une maison de banlieue à l'heure du repas. L'important n'est pas la note, mais le travail d'équipe. « À 6 ans, ils savent tous parler en public et présenter un projet », explique Dave, directeur des études à l'école Capital City.

Les dialogues entre profs et élèves sont basés sur le concept du «sandwich». Le prof débute par un compliment : « John, tu sais que j'apprécie beaucoup ce que tu fais ! » Puis la remarque : « Il faudrait que tu travailles là dessus, ça pourrait être formidable ! » ; Enfin, un compliment final : «J'adore travailler avec toi, merci et bravo !»
Ça fait beaucoup de compliments qui, à la fin, peuvent lasser, paraître hypocrites ou ne pas pousser à vraiment mieux faire.
Dans l'école américaine, on positive, c'est la norme. « On donne confiance aux enfants, cette confiance est primordiale pour devenir un sportif ou un entrepreneur », dit Anne Herr, la directrice de Capital City. L'école américaine fabrique des individus sûrs d'eux-mêmes et des orateurs habiles.
On disait déjà la même chose bien avant l'école obligatoire : un peuple d'orateurs (boursouflés selon Tocqueville), attribuant ce don du verbe au protestantisme américain où l'état de pasteur ou de prêcheur est ouvert à tout homme (marié ou non) pour peu qu'il ait assez de talent pour s'attirer des ouailles.
Les défauts de la méthode, c'est qu'elle fabrique des gens assez incultes, et aussi des menteurs et des bonimenteurs.
Menteurs est une conclusion exagérée, mais « suiveux » et peu enclins au travail individuel (laissant le meilleur du groupe faire le travail) paraissent être d'autres risques de cette méthode.


[...]

Ainsi nos deux enseignements forgent-ils deux cultures radicalement opposées. En France, les remarques du genre « Non, je n'ai jamais fait cela ! Non, je ne saurai pas le faire ! Non, je n'y arriverai pas ! » sont les rengaines de notre quotidien. On hésite, on tergiverse, on n'avance pas, on contrôle tout et n'importe quoi avant la moindre décision, de crainte de prendre un risque. Aux États-Unis, on se lance tête la première dans des aventures, « let's try ! », essayons, l'avenir nous appartient ! Et l'on décroche la Lune.
La différence semble surtout se situer au niveau du contrôle centralisé, de la bureaucratie, de l'imposition. Les Américains subissent nettement moins de contrôles tâtillons, plus de choix, plus de libertés. Ils peuvent changer d'État si l'État qu'ils habitent leur semble mal gérés, trop interventionniste, les taxe trop. C'est ce qui se passe actuellement avec la Californie très démocrate au bord de la faillite, le classe moyenne (souvent blanche) la quitte et s'établit dans les États limitrophes.

Pour ce qui est de la Lune, c'est d'abord le résultat de l'orgueil blessé des États-Unis par les succès des Soviétiques. Les États-Unis mirent alors à la disposition des ingénieurs allemands de la NASA éduqués à l'européenne (sans le sandwich de flatteries quotidiennes) les moyens nécessaires pour gagner la course engagée.

Michel de Poncins : privatiser l'instruction

Nous reproduisons ci-dessous un large extrait d'un article de Michel de Poncins sur la nécessité de privatiser l'instruction.

La privatisation de l'enseignement au Québec ne permettrait-elle pas d'éviter les querelles stériles que suscitent actuellement les programmes imposés à toutes les écoles par des fonctionnaires non élus ?
Il est clair que dans le domaine de l’éducation la responsabilité et le devoir des parents sont primordiaux. C’est à eux, dans le droit naturel, que revient la tâche de choisir l’éducation de leurs enfants et de la diriger. Dans l’accomplissement de cette tâche, ils essaieront de transmettre le meilleur de ce qu’ils ont reçu de leurs propres parents, en l’améliorant si possible puisque chaque génération apporte ses progrès. Dans cet esprit, toute intervention de l’État est malvenue.

Cela n’empêche pas que les parents fassent appel à ce que l’on peut considérer comme des sous-traitants c’est-à-dire les entreprises d’éducation à la fois écoles, maisons d’édition, répétiteurs, etc. En bonne logique d’économie de marché et si la liberté souhaitable régnait dans ce domaine, il y aurait un grand nombre d’entreprises d’éducation concurrentes à la recherche permanente de la meilleure qualité.

A l’inverse, il est facile d’observer, dans de nombreux pays, la véritable catastrophe qu’engendre la nationalisation de l’éducation. La France est un exemple emblématique de cette calamité.

Le premier aspect est l’immensité de l’administration en question. Il est coutume de dire que le service public de l’éducation nationale est en quelque sorte la dernière armée soviétique du monde, avec 1 260 000 membres du personnel et 14 000 000 d’élèves; l’effectif du personnel comprend un administratif sur trois enseignants.

Toute personne habituée au management peut comprendre qu’un tel ensemble est par nature impossible à gouverner ; s’ajoutent inévitablement les syndicats embusqués partout et jouant les véritables maîtres du système parfaitement ingérable. L’immensité de l’ensemble interdit à la fois de vraiment innover et d’innover en outre suivant les besoins diversifiés du terrain. Cette même immensité oblige à gouverner par des nuées de règlementations absurdes et inopérantes au niveau de la base. À titre d’exemple un proviseur du lycée ne choisit ni ses enseignements, ni ses élèves ni ses professeurs, même si son autorité s’exerce au moins sur les locaux, les horaires et les femmes de ménage… . Autre exemple : le « mammouth » est passé jusqu’ici à coté de l’utilisation massive de l’informatique !

Le caractère étatiste conduit à des objectifs parfaitement chimériques. L’on peut citer pêle-mêle : la mixité dans les établissements, le collège unique soi-disant prévu pour réaliser l’égalité des chances et dont la vanité est bien connue, la quasi-suppression de l’émulation avec souvent la renonciation à une vraie notation.

Voulant assurer l’uniformité générale de l’éducation, autre objectif chimérique, l’administration a créé artificiellement la carte scolaire qui oblige chacun à inscrire ses enfants dans un établissement voisin de son domicile. Comme tout système artificiel, cette répartition absurde est tournée par les riches et les habiles, les pauvres et les non-informés restant les victimes.

Dans la course à la catastrophe, il ne manque pas la diffusion d’idées révolutionnaires. Sur l’économie en particulier l’enseignement est largement tourné vers le marxisme et sur le plan historique la vérité est largement occultée, avec l’aide des éditeurs.

L’effet à la fois de l’obésité du « mammouth » et de l’orientation quasi marxiste de l’éducation est surtout nuisible aux faibles et aux pauvres. Les riches ou tout au moins les plus favorisés trouvent des moyens latéraux pour éduquer leurs enfants comme ils l’entendent même s’ils n’y arrivent pas toujours. Les pauvres et les faibles sont évidemment démunis devant le mammouth et la production massive d’illettrés les touche particulièrement. Un million deux cent mille salariés, généralement de base, souffrent d’illettrisme ; les patrons se plaignent de ce que des cadres ne savent pas rédiger un rapport.

Cet état désolant de la prétendue éducation prétendue nationale en France se retrouve dans tous les pays où, même si le mammouth est moins imposant, il existe une large nationalisation de l’éducation : c’est le cas en partie aux États-Unis et malgré une plus grande atmosphère de liberté qu’en France.

Ne voulant pas réformer l’éducation malgré quelques coups de menton, le pouvoir en France refuse la seule vraie réforme qui serait sa privatisation c’est-à-dire la reconnaissance officielle du jeu de l’économie de marché dans l’éducation.

Tout le monde se souvient des grandes manifestations pour la liberté de l’enseignement il y a plusieurs années ; malgré une immense démonstration populaire et après avoir simulé un retrait, le pouvoir s’est attaché à bétonner le service public et laïc de l’éducation. La liberté de l’enseignement avec son corollaire le bon scolaire n’aurait pourtant été qu’un début. La vraie formule est la privatisation de l’éducation en commençant par la vente des universités à des capitaux privés ou à des associations et ensuite par la même opération au niveau des grands lycées.

La privatisation de quelque système que ce soit dans le libre jeu de l’économie de marché conduit à un progrès de la qualité et, dans le temps, à la réduction de moitié des coûts. La privatisation de l’enseignement en France conduirait à des dizaines de milliards d’euros d’économie avec enfin, grâce aux bienfaits de la concurrence, le retour du pays dans le peloton de tête des nations civilisées.

Le raisonnement étendu au monde entier conduirait à une forte progression du PIB mondial qui est presque impossible à mesurer.

En France tout au moins ce serait la vraie rupture dans un domaine essentiel.

Michel de Poncins