mardi 23 juin 2009

Daniel Weinstock se mêle de droit

Nous avons eu la semaine passée Jean-Pierre Proulx qui se trompait longuement dans les colonnes complaisantes du Soleil sur les tenants et aboutissants du procès de Drummondville.

Cette méconnaissance grossière du dossier permit à ce chaud partisan de l'imposition du cours gouvernemental d'ECR d'écrire un second article dans le même journal pour y pérorer doctement sur les fautes qu'il avait commises dans le premier et que lui avait signalées ce carnet (voir son commentaire honnête ici).

Cette semaine nous avons droit à un autre juriste amateur : Daniel Weinstock, mais cette fois-ci dans le plus grand magazine d'actualités du Canada, Maclean's.

Reproduisons (en traduction) des extraits de cet article d'un tiers de page consacré à l'affaire de Loyola. Commençons par le laïus habituel du gouvernement reproduit gracieusement par Maclean's :
« Le nouveau cours a été introduit par le ministère d'Éducation pour faire connaître les diverses traditions religieuses présentes dans la société québécoise dans le but d'augmenter la tolérance parmi les étudiants. »

(page 29, Maclean's du 29 juin 2009)

Passons sur le caractère insultant de ce genre de propos : faut-il comprendre que l'école formait des enfants intolérants auparavant, particulièrement l'école confessionnelle catholique ? Et puis, tolérant à quoi ? La tolérance est au mieux une valeur négative, il s'agit de se supporter, pas de construire, pas de fournir du sens. C'est précisément la présentation d'un sens déterminé que le cours d'éthique et de culture religieuse interdit puisqu'il se prétend « neutre » comme l'a rappelé Me Boucher. Et s'il n'est pas neutre, il est donc chargé d'une certaine idéologie qui ne dit son nom.
« Une partie du mandat de ce cours est de présenter la religion d'une manière impartiale » de déclarer Daniel Weinstock, un professeur qui a été consulté lors de la rédaction de ce nouveau programme.
« Si une école a comme principe directeur d'inculquer aux enfants la foi catholique, cela signifie de manière évidente qu'une partie de leur mandat n'est pas de présenter toutes les religions d'une manière impartiale. »
Il nous semble donc que la conclusion logique serait que le cours ECR ne peut être donné dans une école qui respecte sa mission catholique ou, si le cours ECR doit être donné, que l'école en question ne peut pas respecter sa mission catholique, même si elle est privée.
« Le procès de Loyola vient de prendre fin et il faudra peut-être des mois avant que le juge ne se prononce. Mais Weinstock dit que les tribunaux québécois répugnent à infirmer une loi provinciale — il est donc probable qu'à l'automne le collège Loyola enseigne que toutes les religions sont égales, que cela lui plaise ou non. »
À nouveau on a affaire à un zélote pro-ECR qui joue au juriste sans connaître le dossier, car le collège ne demande pas qu'une loi soit annulée, mais simplement qu'un règlement soit appliqué en considérant la personnalité catholique de l'école et qu'on considère donc comme équivalent son cours de morale et de religions du monde comme équivalent au cours ECR.

Rappelons que la requête de Loyola se fonde en droit sur l’article 22 du règlement d’application de la Loi sur l’enseignement privé, R.Q. c. E-9.1, r.1 :
« 22. Tout établissement est exempté de l'application du premier alinéa de l'article 32 pourvu que l'établissement offre des programmes jugés équivalents par le ministre de l'Éducation. »
Aucune volonté d'infirmer une loi, M. Weinstock.

Nous lui conseillons de potasser le dossier ici.