dimanche 7 juin 2009

Désinformer les paroissiens : parti-pris de Prions en Église

Nous reproduisons ci-dessous la profession de foi pro-ECR publiée dans le Prions en Église de ce dimanche avec quelques commentaires de notre cru.
Prier et réfléchir en Église
Éthique et culture religieuse, un tournant essentiel
Les aspirations et les incompréhensions

En tant qu’enseignant au secondaire, j’ai dû expliquer la visée principale du nouveau cours d’éthique et de culture religieuse aux parents, dès septembre dernier.
Il va être difficile de trouver un enseignant prêt à s'opposer publiquement dans ces mêmes colonnes au cours ECR quand on se rappelle que les enseignants ne peuvent plus demander à ne pas enseigner ce nouveau cours de morale et de religion depuis l'abrogation de l'article 20 de la Loi sur l'instruction publique, que les syndicats ne se sont pas insurgés contre cette perte de droit et que la ministre est violemment en faveur de ce cours.
En quelques mots, je présentais cette visée comme suit: permettre au jeune de se comprendre lui-même et de comprendre le monde qui l’entoure. Dans la majorité des cas, je n’avais pas à m’expliquer davantage, cela coulait de source.
Pas davantage ? C'est pourtant très court.
Toutefois, dans les mois qui ont suivi, des dissensions ont pris forme dans certains endroits du Québec.
Ce débat aurait dû avoir lieu avant l'imposition de ce cours, mais les parents ont été placés devant un fait accompli à coups de slogans.
Par exemple, certains parents se disaient brimés dans leur droit de choisir et leur liberté de conscience. D’autres ont prétendu que ce cours faisait la promotion des religions non-chrétiennes. Ces affirmations me semblent provenir d’une incompréhension du but de ce cours, qui ne vise en rien à transmettre la foi. En fait, un de ses enjeux les plus importants consiste à mieux tenir compte de la réalité des enfants et des adolescents d’aujourd’hui. Une réalité fort différente de celle qu’ont connue les adultes qui les éduquent. Il importe plus que tout autre chose de comprendre cela.
Bref, les parents ne peuvent pas bien comprendre, l'État comprend les jeunes et sait ce qui est bon pour ces jeunes dans un Québec moderne.

Jeunes et religion aujourd’hui

Les jeunes qui fréquentent présentement nos écoles n’ont pas connu le Québec chrétien, où l’église du coin était un lieu de rassemblement.
Et c'est pourquoi, dans un document catholique distribué dans les paroisses, il faut militer pour un cours qui assure encore moins la transmission de la foi (et même la culture) catholique que les anciens cours confessionnels ?
Toutefois, ils ne reprennent pas pour autant les attitudes de leurs parents ou de leurs grands-parents vis-à-vis des religions. Pour eux, l’expérience religieuse constitue simplement un élément de la vie sociale, que ce soit à l’école, dans leur famille, leurs groupes d’amis, leurs réseaux d’appartenance. En regardant la télé ou en naviguant sur Internet, ils entrent en contact avec des gens qui affichent une diversité de valeurs, d’intérêts et de croyances (religieuses ou non).
Leurs parents ne regardent pas la télé, ne rentrent pas en contact avec des gens qui affichent une diversité de valeurs ? Ce n'est vraiment pas convaincant.

En passant, c'est exactement les arguments ressassés en septembre 2008 à Valcourt par MM. Bergevin (qui prenait alors l'exemple des J.O. à Pékin) et Jacques Pettigrew du MELS. Prions en Église simple relais du MELS ?
Pour certaines personnes, la manifestation de ces croyances est visible: le port d’une croix, d’un voile, d’une kippa, etc. Pour d’autres, cela ne se voit pas. Mais dans tous les cas, c’est une réalité qui fait partie du quotidien immédiat.
À nouveau, on essaie d'aseptiser le cours et on n'explique en rien pourquoi il faudrait dix (10) années à l'école pour apprendre à « reconnaître » ces symboles. Mais surtout on passe sous silence le fait central du cours ECR : il cherche à changer l'attitude des élèves vis-à-vis de la diversité religieuse (et on le devine ethnique), il cherche à convertir l'enfant en un pluraliste qui pense qu'il faut respecter de manière absolue toutes les religions (plutôt que les gens), toutes les opinions (pour autant qu'elles soient pluralistes et politiquement correctes).
Un chantier en développement
Comprendre laboratoire.
Le cours d’éthique et de culture religieuse implique un changement fondamental dans le contenu enseigné, mais aussi dans la manière de le présenter. Il ne s’agit pas d’une refonte des cours d’enseignement moral et religieux catholique ou protestant, ni même du cours d’enseignement moral. Le nouveau cours exige du jeune qu’il se questionne sur ce qu’il vit et ce qu’il voit autour de lui.
Remarquez le flou artistique : comment le cours va aider le jeune à se questionner, que va-t-il apprendre de précis ? Et puis cet aveu en creux : le cours n'enseignerait plus, mais il exigerait le jeune à se questionner sans proposer de réponses ? Et ce serait une bonne chose de pousser à se poser des questions (dès six ans) sans apporter de réponses ?
Il lui fait découvrir l’histoire religieuse du Québec afin de mieux comprendre le présent.
Amusant. C'est une petite partie du cours qui, incidemment, vire souvent à l'histoire de toutes les religions (même très récentes et très minoritaires) du Québec et qui relativise ainsi le poids historique catholique. Pourquoi cacher ces faits à des paroissiens catholiques, otages qui lisent ce seul plaidoyer en faveur du cours gouvernemental ECR ?
Le jeune est amené à comprendre que le religieux se vit sous différentes formes
Franchement, les enfants l'apprenaient avant dans les cours confessionnels et puis les jeunes ont la télévision !
et qu’il est nécessaire de respecter l’importance que les gens y accordent, quelle que soit leur appartenance religieuse.
Non, le programme ne parle pas de « respecter l'importance », mais de respecter l'opinion.

Citation du site gouvernemental : « Manifester de l’ouverture et du respect à l’égard de ce qui est exprimé. » (Éléments de contenu relatifs aux conditions favorables au dialogue et ailleurs)

Le programme exige donc de l’enfant de manifester de l’ouverture et du respect à l’égard de ce qui est exprimé sur le plan moral et religieux quand cela entre en contradiction avec les convictions et croyances religieuses de l’enfant.

Que l’on respecte toute personne, par sa façon de le traiter avec amour tel qu’enseigné par le christianisme, ne signifie pas être ouvert à ce qu’il exprime, lorsque ses convictions ou croyances vont à l’encontre de la raison, de la foi ou de la moralité catholique.
Finalement, ce cours exige aussi d’apprendre à dialoguer, à se parler et surtout à s’écouter pour mieux se comprendre et vivre ensemble.
L'école comme lieu de débat entre élèves ? Pour parler de quoi ? Pour dialoguer de quoi ? Des religions ? De l'homosexualité ? Dans quelle optique ? Une optique catholique ? M Roy n'en dit mot.
En apprenant à reconnaître ce qui se joue d’important pour chaque personne dans ses choix, ses besoins, ses désirs, ses croyances et incroyances, le jeune en arrivera sans doute
Peut-être. Quid de la prudence ? Du principe de précaution ?
à considérer par lui-même l’importance de son propre cheminement spirituel.

Yves Roy
S'il ne considère pas plutôt que ce cheminement est inutile, que tout se vaut ou qu'il doit changer de cheminement et poursuivre un chemin différent de ses parents qui lisent Prions en Église.

Prions en Église osera-t-il publier cet extrait de la lettre circulaire récente de la Congrégation pour l'éducation catholique :
« Marginaliser l'enseignement de la religion dans les écoles équivaut, au moins en pratique, à choisir une voie qui peut conduire à des erreurs ou porter préjudice aux élèves.En outre, si l'enseignement religieux se limite à une exposition des différentes religions de manière comparative et «neutre», cela peut être source de confusion, ou inciter au relativisme ou à l'indifférentisme. A ce sujet, Jean Paul II expliquait: «L'éducation catholique inclut (...) l’enseignement religieux dans le cadre du milieu scolaire, que l'école soit catholique ou publique. Les familles des fidèles ont droit à un tel enseignement et il faut leur garantir que l’école publique – justement parce qu’elle est ouverte à tous – non seulement ne mettra pas en danger la foi de leurs enfants, mais, au contraire, complètera, par un enseignement religieux adéquat, leur formation intégrale. »