dimanche 15 mars 2009

Réaction de Mme Poisson du MLQ

Glanée dans les réponses à l'article de M. Louis Cornellier du Devoir qui tentait de défendre Georges Leroux et le cours d'éthique et de culture religieuse, cette intervention de Mme Poisson du Mouvement laïque québécois qui condamne la présence du volet religieux dans le cours ECR :
«Les lecteurs du Devoir auraient grand intérêt à connaître l'avis de la Commission des droits de la personnes au sujet de ce nouveau cours exprimé dans un document intitulé :

Examen de la conformité du Cours d'Éthique et culture religieuse à la Charte (novembre 2008).

La CDPDJ émet de sérieuses réserves quant au respect du principe de neutralité de L'État envers la religion et identifie des motifs sérieux de recours devant la commission si les dérapages appréhendés se présentaient dans l'application du programme.

La CDPDJ a aussi publié une étude qui mets à mal quelques préjugés concernant une religiosité plus forte chez les immigrants.

Cette étude nous oblige à remmettre en doute l'un des a priori majeurs du programme ECR qui prétend contribuer à la "reconnaissance de la culture de l'autre" via la connaissance de sa "culture religieuse". Or cette étude nous apprend que :

«  Alors que parmi les Québécois non immigrants, 5 % ne se réclament d'aucune religion, cette proportion grimpe à 10,3 % chez les immigrants, et à 15,5 % chez les immigrants récents, soit ceux arrivés au Canada entre 1996 et 2001. En d'autres termes, au Québec, un immigrant récent a approximativement une fois et demie plus de chances qu'un immigrant plus anciennement établi, et trois fois plus de chances qu'un non-immigrant, de ne se réclamer d'aucune religion. Notons également que les immigrants, toutes périodes d'établissement confondues, représentent 18,2 % des Québécois sans religion alors qu'ils ne forment que 9,9 % de la population québécoise. Ces chiffres suggèrent que, loin d'être l'apanage des natifs québécois, la non-affiliation religieuse, l'incroyance, l'athéisme et l'agnosticisme - toutes des postures que l'on peut raisonnablement associer à la réponse « aucune religion » - touchent davantage les immigrants en général, et a fortiori les immigrants récents. »

(...)

« La plus grande surprise provient des immigrants québécois de foi musulmane. Ces derniers occupent le 21e rang au classement de religiosité relative, figurant ainsi au palmarès des cinq groupes les moins religieux au pays, et faisant même preuve d'une ferveur religieuse plus modérée que celle des Québécois protestants, qu'ils soient nés au Canada ou à l'étranger. De tels résultats mettent à mal l'image stéréotypée de fervents pratiquants que les médias et l'opinion publique ont l'habitude, au Québec, d'associer aux immigrants musulmans. Fait intéressant, les musulmans d'origine étrangère sont beaucoup moins dévots au Québec que dans l'ensemble canadien, où ils occupent le 15e rang au classement de religiosité relative. »

(...)

« Étonnamment, les natifs de parents catholiques sont ceux qui maintiennent le mieux une affiliation religieuse d'une génération à l'autre, bien que, dans la majorité des cas, les écarts avec les natifs dont les parents professent une autre foi soient marginaux. Seuls 5,4 % des natifs catholiques au Canada et 4,7 % au Québec déclarent n'adhérer à aucune religion. »

(...)

« Chez les immigrants, dans l'ensemble du Canada, seuls les répondants de parents chrétiens orthodoxes affichent un taux moyen de désaffiliation religieuse et d'incroyance (légèrement) inférieur à celui des Canadiens et des Québécois de parents catholiques. »

(...)

« En résumé, ces résultats nous obligent à nuancer l'idée largement répandue selon laquelle le fait d'appartenir à un groupe religieux minoritaire, ou encore d'être né à l'étranger, constitue systématiquement le signe d'une plus grande dévotion religieuse. Il est apparu que de telles dichotomies de type Nous - Eux comportaient plusieurs limites lorsque soumises à l'épreuve des faits. »
Au vu de ces résultats, force nous est de nous questionner sur la pertinence de cet enseignement des "cultures religieuses" qui risque plus d'enfermer les immigrants dans des caricatures d'eux-mêmes plutôt que de l'inviter à réaliser l'idéal héroique qui l'a mené jusqu'ici; être (enfin?) libre de son destin en cette nouvelle terre d'Amérique. »