jeudi 18 décembre 2008

Cours d'éthique et culture religieuse enregistré sur le vif

Radio-Canada est allé écouter ce qui se disait dans un cours d'éthique et de culture religieuse au premier cycle du secondaire.

Trente élèves et un professeur « dialoguent » autour des récits de la création du monde.



Plusieurs remarques :
  1. Les enfants réagissent en disant qu’on ne peut pas savoir quelle est la vérité.
  2. Selon un des élèves, le cours est intéressant comme la mythologie grecque est intéressante (le christianisme dans le panthéon post-moderne ?)
  3. Les enfants parlent de dieux païens en les appelant « dieu » ou « un dieu ».
  4. Les enfants tentent de régler entre eux ce qui est plus plausible.
  5. Les enfants rient de certaines croyances (« enfantines »).
  6. Les récits sont racontés comme s'ils étaient d'une égale valeur entre eux.
  7. Les enfants sont invités à laisser de côté leur esprit critique (valorisation de l'originalité, absence de critique des récits de la part du professeur).
  8. Les enfants rationalisent en discutant à savoir si c’est plus profitable de se poser ces questions ou non, de croire ou non.
  9. Sont appelées religions, des croyances non jusqu’ici retenues dans le terme religion qui est normalement réservé aux grandes religions.
  10. Le professeur parle de la religion comme si celle-ci est inventée par les humains (ce qui va à l’encontre de la Révélation selon la perspective judéo-chrétienne).
  11. En d’autres termes, les enfants tentent en classe de résoudre le problème de la foi, de la création, de l’au-delà, et de ce qui est digne d’une certaine croyance ou non. Le tout sans aucun élément de direction ou de perspective ou de réplique selon la religion d’origine de ces enfants qui sont probablement pour la plupart catholiques ou chrétiens.
  12. L'animateur déclare qu'on lui aurait dit que c'est l'éthique et le dialogue qui primaient dans cette séquence. D'une part, pourquoi alors choisir un sujet aussi délicat que la religion pour dialoguer ? D'autre part, en quoi le « dialogue » est-il promu ici ? Les enfants rient de certains récits...

L’inquiétant nouveau programme québécois

Barbara Kay, National Post
Mercredi 17 décembre 2008

Une maxime souvent attribuée aux jésuites proclame « Donnez-moi un enfant jusqu'à sept ans, je vous donne le reste. »

Jusqu’à sept ans ? Amateurs ! Depuis septembre tous les élèves du Québec du début de l’école primaire à la fin du secondaire, doivent suivre le nouveau cours d’éthique et de culture religieuse (ECR). Les enseignants, quelle que soit leur foi, doivent également l’enseigner.

Jonathan Gagné, un courageux élève de l'école secondaire Joseph-Hermas-Leclerc de Granby, vient juste d’être suspendu, et sera probablement expulsé, parce qu’il a boycotté le cours d’ECR. Il est devenu le héros de milliers de Québécois, principalement des catholiques, furieux de l’imposition du programme d’ECR qu’ils considèrent être une violation de leurs droits fondamentaux.

L’objectif du programme d'ECR est d’introduire les élèves à la riche diversité des religions du Québec et de leurs rites et « de faciliter le cheminement spirituel de l'élève afin de favoriser son épanouissement ». Depuis quand l’État « favorise-t-il » l’épanouissement spirituel ? Pour les parents qui prennent la religion au sérieux, il s’agit d’une intrusion horrifiante dans ce que toutes les chartes des droits démocratiques considèrent comme du ressort de l’autorité parentale.

Le programme d’ECR a été adopté à la quasi-unanimité, sa mission consiste à inculquer « le pluralisme normatif » aux élèves. Le « pluralisme normatif » est du relativisme moral remodelé, cette idéologie selon laquelle il n’existe pas de bien ou de mal absolu et il y autant de « vérités » que d’opinions. Le programme fut imposé en l’absence de toute consultation publique.

Le programme adopte la pire des pédagogies pour de jeunes enfants : la « pédagogie du conflit » du philosophe Hegel. Comme l’indiquait un des pères du cours, il faut « ébranler la suffisance identitaire » des élèves pour que, « par delà les divergences et conflits de valeurs », il apprenne grâce « au questionnement ».

Le cours d’ECR est à la compréhension authentique de la religion et de la spiritualité ce que l’espéranto est à la connaissance de l’espagnol et de l’anglais – dans les deux cas il s’agit d’ornements inutiles et artificiels plutôt que de constructions organiques. Pire, ils peuvent même dégoûter l’élève et le détourner d’une connaissance sérieuse.

La lecture des manuels et des cahiers d’activités ECR révèle un salmigondis superficiel fait de platitudes à la mode dont l'effet cumulatif sera de convaincre l’enfant que toutes les croyances se valent et que toutes les religions – y compris l’animisme et les cultes païens – sont toutes « vraies ». Le matériel est parsemé d’éléments du prêt-à-penser politiquement correct qui dénaturent clairement les valeurs judéo-chrétiennes. Plusieurs manuels combinent idéologie et religion. La manipulation des structures sociales est au cœur du programme d’ECR : dans le plus récent des cahiers d’activités publiés, par exemple, le christianisme a droit à 12 pages alors que le féminisme en a 27.

Le manuel n’interroge aucun chef religieux, mais Françoise David, la dirigeante radicale et féministe du parti marxiste Québec-Solidaire est « interviewée ». À côté d’une grande photo de Mme David, au sourire bienveillant et au visage légèrement penché vers le haut à l’ancienne mode soviétique, les auteurs demandent : « Qu’aimeriez-vous dire aux adolescents et adolescentes qui ne se sentent pas concernés par le féminisme ? » Mme David répond : « [Les adolescents] auront besoin d’une analyse féministe dans leur vie. »

Françoise David dit merci aux éditions de la pensée

(page 198, du cahier d'éthique et de culture religieuse, Dialogue II, publié par les éditions La Pensée, 2008)

Le paganisme et les sectes bénéficient d’un traitement égal à celui du christianisme [dans ce cahier]. Les sorcières « sont des femmes comme les autres dans leur vie quotidienne. » « Technologiquement, [les raëliens] sont en avance de 25 000 ans sur nous ». Quand on considère que seuls 700 des 80 000 autochtones du Québec s’identifient d’abord aux spiritualités autochtones (l’immense majorité des autochtones se disent chrétiens), les manuels accordent une place et un respect tout à fait disproportionnés aux spiritualités autochtones (identifiées à tort à l’écologisme).

Les sorcières sont des femmes comme les autres

(page 103, du cahier d'éthique et de culture religieuse, Dialogue II, publié par les éditions La Pensée, 2008)


Dans cette monoculture d'ECR, seules les similitudes entre les religions sont valorisées afin de promouvoir l'illusion béate que toutes les religions sont de simples variations sur un même thème de l'amour fraternel.

Prenez comme exemple subtil l’interprétation que fait un manuel d’ECR de la règle d’or – Le « fait à autrui ce que tu veux qu’il te soit fait » du christianisme, l’« Aime ton prochain comme toi-même » du judaïsme et l’« Aucun d'entre vous n'est véritable croyant tant qu'il n'aimera pas pour son frère ce qu'il aime pour lui-même. » Tous sont présentés par le manuel ECR comme une reconnaissance identique de l’humanité commune de tous les enfants de Dieu.

règle d'or

(page 59, manuel de l'élève A d'éthique et de culture religieuse, 1re année du 3e cycle du primaire, publié par les éditions La Pensée, 2008)


Mais, en réalité, il existe un gouffre interprétatif entre l’« autrui » du christianisme et le « prochain » du judaïsme – qui désignent tout être humain – et le « frère » de l’islam qui renvoie aux seuls coreligionnaires musulmans. Voilà une « divergence » vraiment digne de « questionnement ». Mais le développement d’un véritable esprit critique est précisément ce que le cours d’ECR s’efforce sournoisement d’éviter.

Au premier abord, le programme d’ECR présente une image multiculturelle innocente qui paraît même édifiante. Mais son ordre du jour subliminal est pernicieux : court-circuiter le développement spirituel authentique en banalisant les grandes religions afin que l’enfant s’identifie plutôt à la religion d’État québécoise marquée à gauche et à son idéologie rétive à tout patrimoine.

Le Québec s’engage ici sur un terrain politique dangereux et digne d’Orwell. Je souhaite à Jonathan Gagné et à sa famille toute la force morale – et l’appui du public – afin qu’ils puissent résister pacifiquement jusqu’au bout à la coercition de l'État. Ils doivent savoir qu'ils ne luttent pas seulement pour eux-mêmes, mais aussi pour la liberté de conscience de tous les citoyens du Québec. En d’autres mots, l’essence de la démocratie, rien de moins.