samedi 6 décembre 2008

Il faut que l'enseignement de l'histoire cesse d'être « une catéchèse du multiculturalisme »

Nous en avions déjà parlé ici : le cours d'éthique et de culture religieuse n'est pas le seul cours à imposer une vision multiculturelle à tous les enfants du Québec (même ceux des écoles privées). C'est également le cas du nouveau programme d'histoire d'un affligeant correctivisme politique et dont la qualité objective, pour au moins un des manuels approuvés, est en outre très médiocre.

On a accusé l'ADQ de vouloir attiser la division et de tenter de faire renaître la polémique sur l'identité québécoise face à une immigration croissante et de plus en plus diverse au Québec, car il osait critiquer l'imposition du cours d'éthique et de culture religieuse dès six ans. En effet, ce programme fait une très large place aux religions associées aux minorités visibles (parfois infimes au Québec au demeurant) et les traite toutes comme aussi légitimes les unes que les autres. C'est ainsi que les religions pratiquées par 3,7 % des Québécois occupent près de 63 % des pages à contenu religieux des deux manuels du 3e cycle du primaire publiés par Modulo. On comprend mieux pourquoi les émissaires du gouvernement envoyés à Valcourt ne voulaient pas quantifier le caractère prédominant censément accordé à la tradition chrétienne dans ces manuels.

Mais voilà qu'on apprend dans Le Devoir de ce samedi que s'il était porté au pouvoir, le Parti québécois reverrait de fond en comble l'enseignement de l'histoire à tous les niveaux afin que ce programme cesse d'être « une catéchèse du multiculturalisme ». Ce serait, en effet, la conclusion à laquelle serait arrivé un comité « histoire » du PQ formé par Pauline Marois et qui a récemment présenté ses conclusions sur le sujet.

Depuis quelques années, l'enseignement de l'histoire soulève un débat au sein du Parti québécois quand on y a inclus — pour des raisons de calendrier, le cours d'éthique et de culture religieuse n'ayant pas encore êté imposé en classe — un volet « éducation à la citoyenneté » pour les troisième et quatrième années du secondaire dont les partisans ont dit qu'il visait à présenter une version moins « conflictuelle » de l'histoire.

Alors que certains membres du PQ voyaient d'un bon œil cette « ouverture », leur haute direction a tranché en faveur d'une vision plus « nationale » en entérinant le rapport de ce comité qui propose de « redonner toute sa place à la dimension nationale ». Il est intéressant de noter qu'alors que, sur le plan des valeurs et de la religion, le PQ a adopté une vision multiculturelle empreinte de relativisme (« le pluralisme normatif » comme certains auteurs l'appellent), dans le cas de l'histoire laïque, le comité « histoire » du PQ n'hésite pas à prendre parti et affirme que « l'histoire n'est pas qu'une juxtaposition de sociétés diverses, mais implique une dynamique et, souvent, des conflits que ne saurait dissimuler une idéologie multiculturaliste ».

Le rapport propose aussi de dissocier l'éducation à la citoyenneté et l'histoire, qui sont actuellement regroupées. Ce sont là, tranche le comité péquiste, « deux choses distinctes et de nature différente, bien que la seconde soit essentielle à la première ». Selon le PQ, à titre de matière distincte, l'éducation à la citoyenneté devrait être intégrée au cours d'éthique et de culture religieuse dont un des buts, selon ses thuriféraires, est d'améliorer le « vivre-ensemble » des Québécois. Rappelons que cette fusion avait la faveur de nombreux partisans de ces deux nouvelles matières dès l'élaboration du volet éducation à la citoyenneté, mais qu'elle n'a pas pu se faire, car le cours de religion dans les écoles publiques n'allait être aboli par l'État qu'à partir de 2008.