mardi 13 mai 2008

État nounou, parents absents et l'aide aux devoirs — déres­pon­sa­bi­li­sa­tion croissante des parents

On sait que les gouvernements québécois successifs encouragent le retour des femmes au bureau (plutôt que l'aide à tous les jeunes parents) à travers des garderies qui sont loin d'être universelles ni même souhaitées par toutes les jeunes mères. Eh oui, certaines gardent elles-mêmes leurs jeunes enfants, elles sont pénalisées car elles ne reçoivent pas d'aide équivalente à celle versée aux femmes modèles qui confient leurs jeunes enfants aux garderies (environ 5 000 $ par an par enfant).

Il semble bien qu'il faudrait encore ajouter les subventions que devraient percevoir ces parents qui s'occupent de leurs enfants et les aident à faire leur devoir. En effet, depuis trois ans, le Monopole de l’Éducation (MELS) a investi 48 millions $ dans un vaste programme d’aide aux devoirs, aujourd’hui offert dans environ 1800 des 2000 écoles primaires du Québec.

Or, non seulement ce programme semble sous-financé et pâtit d'un manque de personnel qualifié et stable, mais il entraînerait, selon les personnes interrogées par la Presse, la déres­pon­sa­bi­li­sation des parents à l’égard des devoirs et des leçons : « En effet, la prise en charge en grande partie des devoirs et leçons par l’école fait en sorte que les parents peuvent présumer que les travaux seront faits, peut-on lire dans le rapport. Ce constat dénature en partie le rôle des devoirs et leçons, qui est de donner une rétroaction aux parents par rapport aux apprentissages réalisés durant la journée de classe. »

On note également que ce programme ne semble « pas démontrer beaucoup plus d’intérêt à l’égard de l’école ou de leurs devoirs et leçons ».

À quand une subvention pour les parents qui gardent leurs enfants, à quand une subvention pour les parents qui instruisent leurs enfants à la maison ?

Écosse — des écoles privées boycotteront le nouveau programme du ministère de l'Éducation.

On se prend parfois à vouloir vivre ailleurs qu'au Québec.

Le Scotman, nous apprend qu'ailleurs, en Écosse en l'occurrence, les écoles privées sont libres de choisir les programmes qu'elles enseignent. Ce qui, à la réflexion, semble la moindre des choses quand on considère que les parents paient doublement pour ce « privilège ».

C'est ainsi que les élèves de deux écoles indépendantes parmi les plus prestigieuses en Écosse ne participeront à la réforme de l'enseignement qui doit prendre place dès septembre 2008.

M. Gray directeur de ces deux écoles a déclaré : « Nos enseignants continueront à faire ce qu'ils ont toujours fait avec le programme actuel jusqu'à ce que le nouveau programme soit prêt, peu importe le temps que cela prendra. Les écoles choisiront par contre les bonnes idées du nouveau programme et les intègrerons dans notre propre programme. »

M. Gray ne semble pas être le seul à se plaindre du nouveau programme, mais contrairement à celui-ci les directeurs des écoles publiques ne pourront attendre que la réforme mûrisse.

Sauve-qui-peut à la Commission scolaire de Montréal

Plus de 175 enseignants ont demandé à être mutés dans une autre commission scolaire, comme le permet leur convention collective. Seuls cinq professeurs d'école d'autres commissions scolaires souhaitent venir enseigner dans une école de la Commission scolaire de Montréal.

« C’est évident que les enseignants cherchent à fuir vers des milieux où ils vont trouver une qualité et des conditions d’emploi qui sont moins éreintantes, a dit à La Presse Christian St-Louis, vice-président aux relations de travail de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE). À la CSDM, la tâche s’est alourdie, le personnel vit dans des milieux multiethnique, où il y a plus d’élèves en difficulté et plus de services à donner. »

Un professeur du secondaire a confirmé à La Presse que son travail est de plus en plus difficile. « Les écoles privées et les écoles spécialisées nous enlèvent de très bons candidats, a-t-il indiqué. La clientèle qui reste est de piètre qualité. La réforme est un échec, les enseignants sont brûlés, les parents sont absents… Je me souhaite maintenant de trouver des élèves qui sont motivés d’aller à l’école. »

Désenchantement similaire chez une institutrice : « Les conditions sont extrêmement difficiles », a-t-elle confié à la Presse.

Finlande — Immigration à 2 % dont beaucoup de Caréliens

L'école finlandaise fait tout pour assurer l'intégration la plus rapide possible des élèves ne parlant pas le finnois.

Certes la Finlande a encore un taux d’immigration parmi le plus faibles d’Europe (2 %) ; mais depuis la chute de l’URSS, le nombre d’immigrants russes a fortement augmenté et la province limitrophe de Carélie est bien sûr une des premières touchées (10 % de ces citoyens russes sont toutefois d'ethnie et de langue finnoise).

Confrontée à ce problème, la municipalité de Joensuu a encouragé la création d’un établissement finno-russe. Les nouveaux arrivants y bénéficient non seulement de cours de finnois intensifs mais aussi d’un assistant parfaitement bilingue qui les suit, par groupe de 5 maximum, dans tous les cours afin de leur donner au fur et à mesure toutes les clés de compréhension nécessaires.

Voir également ce reportage belge qui compare l'école belge (à forte immigration et haut taux de redoublement) à l'école finlandaise.

Finlande — Valeurs religieuses et morales fortes revendiquées à l'école, présence d'icônes en classe

Trouvé au détour d'une une étude sur l'école finlandaise auréolée du prestige de ses très bons résultats aux évaluations internationales PISA (Programme international pour le suivi des acquis des élèves) :
« Autre paradoxe finlandais : la revendication de valeurs morales et religieuses fortes, et affichées dans les discours, dans les programmes et jusque dans les salles de classes (où il n’est pas rares de voir des icônes), et parallèlement une très grande tolérance. Rien d’étouffant ni de contraint dans l’éthique finlandaise, mais au contraire le sentiment que l’affirmation de ces valeurs a essentiellement pour but de favoriser l’épanouissement de la personne. »
On imagine difficilement cette affirmation tranquille et non contrainte à des racines spirituelles et morales communes dans un Québec que les gouvernements veulent de plus en plus « divers ».