mercredi 7 novembre 2007

Les électeurs de l’Utah ont rejeté le premier programme de bons scolaires universel à l’échelle d’un État fédéré

Les électeurs de l’Utah ont rejeté le premier programme de bons scolaires universel à l’échelle d’un État fédéré. Ce programme visait à aider tous les parents quel que soit leur revenu. Toutefois, la valeur des bons scolaires aurait varié de 500 $ à 3000 $ selon le revenu familial. Selon les partisans de ce programme, non seulement ces bons scolaires auraient-ils offert un plus grand choix éducatif aux enfants, mais chaque élève inscrit dans une école privée à l'aide d'un chèque-éducation aurait fait épargner plusieurs milliers de dollars à l'État puisqu'un élève instruit dans une école publique coûte environ 7 000 dollars. Il aurait ainsi été possible d'offrir un plus grand choix et de libérer plus d'argent pour les élèves qui seraient restés dans les écoles publiques.

L’Utah et son électorat conservateur, un gouverneur républicain et une assemblée législative républicaine paraissait être un État idéal pour sonder les électeurs sur les chèques-éducation. Toutefois, les adversaires de ce programme, soutenus par les millions de dollars dépensés par un syndicat national américain des enseignants, ont réussi à convaincre les électeurs de voter dans une large majorité contre les bons scolaires. En effet, c’est par plus de 60 pour cent des suffrages exprimés que ce projet, déjà approuvé par l’Assemblée législative de l’État, a été défait.

Les sondages effectués avant le référendum indiquaient une forte opposition aux bons scolaires, plus particulièrement dans les zones rurales où il n’existe souvent aucun choix d’école à des centaines de kilomètres à la ronde.

Des programmes de bons scolaires existent dans une douzaine d’États américains. La plupart sont, toutefois, souvent réservés à des enfants de familles pauvres ou qui fréquentent des écoles dans des quartiers difficiles.

Andrew J. Coulson de l’Institut Cato, laboratoire de pensée conservateur, en faveur du programme des chèques-éducation, a déclaré : « Il est triste que la plupart des familles en Utah ne pourront bénéficier dans un avenir proche d’un choix en matière scolaire, mais cette défaite lors de ce référendum ne ralentira pas la marche de la liberté scolaire. » M. Coulson justifie son optimisme par le fait que les pressions qui poussent à plus de libertés scolaires ne font que s’intensifier. « Notre système scolaire hérité du XIXe siècle ne tient pas ses promesses d’éducation publique et ne correspond pas aux attentes des Américains. Nos écoles devraient promouvoir la cohésion sociale, au lieu de quoi elles suscitent des heurts ethniques et sociaux. Elles devraient dispenser connaissance et compétences, mais nous sommes à la traîne des pays industrialisés quant aux résultats scolaires en fin du secondaire. En outre, d’ajouter M. Colson, étant donné nos ressources financières limitées, il est impératif que chaque dollar soit utilisé au mieux. Mais le secteur public est devenu de plus en plus coûteux au cours de ces dernières décennies. Les élèves qui quittent nos écoles n’ont pas de meilleurs résultats que ceux d’il y a trente ou quarante ans, alors que nous dépensons aujourd’hui deux fois plus par élève en dollars constants. »

Cet optimisme n’est cependant pas unanime et beaucoup pensent que le rejet de ce programme de bons scolaires aura un impact ailleurs aux États-Unis et limitera les chances de voir apparaître des programmes similaires de choix scolaire subvention par les États dans les années à venir.

John Stossel, journaliste à ABC, semble trouver que ces raisins étaient de toute façon trop verts. Il rappelle que les subsides gouvernementaux s’accompagnent habituellement d’une mainmise plus grande de la part de l’État (suivre le programme établi par celui-ci, engager du personnel diplômé auprès de ses écoles normales). Stossel se demande alors que faire pour aider les enfants prisonniers d’écoles publiques médiocres. Selon lui, une meilleure solution consisterait à accorder un crédit d’impôt à tout parent qui n’envoie pas ses enfants à une école publique. On peut craindre cependant que l’État n’accepte d’accorder ce crédit d’impôt qu’aux les parents envoyant leurs enfants aux écoles « approuvées ».